It's always gonna be you and me — J’étais à peine revenue à Harvard/Boston et tout ça que déjà je prenais le large. En même temps, comment refuser l’invitation ? Je veux dire, Aisling m’avait demandé d’être sa partenaire pour l’accompagner à l’Event Dunster qui se passait au Mexique. Je ne pouvais clairement pas dire non premièrement parce qu’il n’était pas dans mes habitudes de lui refuser quoi que ce soit et deuxièmement parce qu’il était hors de question que je le laisse partir plusieurs jours à peine revenue. Non, je voulais passer du temps avec lui et personne ne m’empêcherait de le faire. Alors hop, valise faites, maillot de bain prit et j’étais enfin prête pour cette petite escapade à deux. Parce que ouais, tous les autres Dunsters je ne les comptais pas. De toute manière, je me fichais bien des gens présents à partir du moment que moi j’étais avec lui. Ce qui était étrange, par contre, c’était la facilité déconcertante avec laquelle on avait mis de côté ce qui avait pu se passer pendant notre soirée de retrouvaille. Mes lèvres contre les siennes, le baiser langoureux à n’en plus finir, le cœur qui palpite un peu trop et cette envie de ne jamais m’en détacher. Non. J’secouais la tête pour repousser cette idée au loin cherchant à me convaincre que l’alcool avait joué un rôle majeur dans tout ça et que ça ne se produirait plus jamais. On été amis, juste ça. Et à la rigueur, ce n’était rien d’autre qu’un échange qui pouvait arriver à n’importe qui. Pas de quoi en faire un drame, pas de quoi en reparler. Rabaissant mes lunettes de soleil sur le nez, je traînais des pieds pendant quelques instants avant d’esquisser un sourire. « Pourquoi tu veux pas aller dans l’eau ? » Moi je voulais profiter du beau temps et de la chaleur pour aller faire trempette. Puis peut être aussi coloré légèrement ma peau aussi blanche que celle de Snow White. « Allez, arrête de faire ta petite nature et vient avec moi.. J’balançais un léger coup de pied dans le sable avant de me mettre rire. Sans plus attendre, je retirais tee shirt et short pour courir jusqu’à l’eau m’écriant par la même occasion « Le dernier à plonger aura un gage. » Et ouais, c’était de la triche vu que j’étais déjà pas trop loin et déjà en maillot de bain mais personne n’avait dit que ça devait se jouer fair-play de toute façon.

Premier voyage avec les Dunster depuis son entrée chez eux. Bien entendu, il en faisait partit, ce n’était pas une question, et vu qu’Agathe venait de revenir, elle était presque obligée de venir avec lui. Les deux ne se quittaient pas d’une semelle depuis que la blonde était revenue. Autant lui qu’elle ne voulait absolument plus être séparé. Alors plus d’une semaine loin de l’autre était évidemment exclus. Ils se devaient d’être ensemble. Le vol avait duré quatre heures, et ils l’avaient passé à dormir l’un contre l’autre, une habitude. Aisling adore dormir dans l’avion et ne pouvant pas lui parler pendant des heures, Agathe avait suivis bien entendu. A peine sortit de l’avion, ils étaient déjà à la plage. La peau blanche du jeune homme allait prendre cher sous le dur soleil de Cancun, mais ce n’était pas grave, au moins, il serait heureux d’être rouge tomate. « Parce que l’eau est froide. J’ai pas vraiment envie d’attraper une pneumonie, à part si tu me sers d’infirmière par la suite. » Pas question qu’il ne plonge dans la mer des Caraïbes comme ça. Il avait beau vouloir faire plaisir à la jeune femme, il tenait à sa vie quand même. Mais elle le provoque, testant ses limites. « Moi, petite nature ? » qu’il réplique en retirant son t-shirt juste après elle, et courant la rejoindre au final dans l’eau. Pas question qu’il ait un gage. Bien que vu qu’elle était déjà au bord de l’eau quand elle a crié cette condition, il l’aura très probablement. « Bon, je suis dernier, et je risque de mourir noyer. C’est quoi mon gage ? » Il se mouille complètement, nageant un peu à côté d’elle. Il a beaucoup nagé lors de son programme d’entraînement. Et en plus, dans l’eau, il se sent léger, comme si tous ses problèmes partaient avec l’eau autours de lui. C’était un bel élément, et un environnement qui changeait énormément de la grisaille de Boston. « Ne me dis pas que c’est de manger du sable, je l’ai déjà fait, et je te jure que ça n’a pas le goût de l’océan. » En parlant de goûter, il se souvenait encore de la douceur des lèvres d’Agathe sur les siennes, de la passion qui les avait consumé dans cette boite de nuit. Mais bien entendu, ils n’en parlaient pas. Absolument pas. Ils ne pouvaient décemment pas détruire une des choses les plus merveilleuses qu’ils ont dans leur vie. Aisling est de plus terriblement gêné car si il n’avait pas insisté pour boire, cela ne se serait jamais passé. Mais en même temps, il ne regrettait pas cet épisode et aurait volontiers voulu retenter l’expérience. Dans ses rêves peut-être, là où tout est possible et où il peut faire ce qu’il veut sans que ça ait des répercussions sur leur relation si parfaite. « Allez, arrête de me faire poireauté Blondie. Je suis patient mais y’a des limites quand même. » dit-il en l’éclaboussant légèrement.

It's always gonna be you and me —De toute manière, ça reste ambiance bonne enfant. Juste s’amuser, ne plus penser à rien, arrêter le temps pour au moins quelques instants. J’aimais cette décontraction soudaine, comme si quand j’étais à l’écart de tout, je pouvais enfin respirer. Clairement, à Boston, je me sentais oppressée. Pas réellement à ma place. Et le sentiment pouvait vite devenir pesant puisqu’il n’y avait pas si longtemps que j’étais là. J’arrivais à trouver un tant soit peu de sens à tout ça quand j’étais en sa compagnie, quand j’étais avec lui. Comme si tout s’allégeait soudainement en sa présence. Alors pouvoir être avec Aisling loin de cette ville, ça avait un côté libérateur. Concrètement, je me sentais mieux. C’était peut-être pour ça que je prenais les choses avec autant de légèreté à ce moment présent. Je voulais juste me sentir un peu insouciante, m’amuser d’un rien et jouer à l’enfant pour quelques heures. Personne n’allait m’en empêcher ici, personne ne jugerait puisque j’étais enfermée dans ma bulle avec lui. Alors oui, je comptais bien en profiter même si je devais passer par des gamineries. C’était pas important, on s’en fichait. Tout allait bien comme ça. « Y a plein de jolies filles qui peuvent te servir d’infirmière, j’vois pas pourquoi ça devrait tomber sur moi. » Puis arrête un peu de faire la fine bouche. Je suis certaine que l’eau n’est pas si froide que ça. Que c’est supportable. « Oui oui, t’as bien entendu. » Et je sais que te provoquer de la sorte va te faire venir. Tu crois que c’est pour quoi que je joue à ça ? Puis regarde, il ne t’en a pas fallu plus pour que tu retires ton tee shirt finalement prêt à me rejoindre dans l’eau pas si chaude que ça. Ok, t’avais raison. Mais je le dirais pas à haute voix, question de fierté. « Mh, laisse moi réfléchir » Je prends un air réellement concernée tentant de trouver ce que pourra être ton gage. Parce que forcément en tant que grande gagnante, il faut que je t’en donne un. On s’fiche bien qu’il y ait eu triche et puis tu ne relève même pas alors forcément, ça m’arrange. « Je crois que c’est dans ce genre de moment que je suis forcée de te demander.. Pourquoi t’as bouffé du sable ? » Non mais clairement, c’est une pratique bizarre et à aucun moment on s’dit « mh, ça l’air bon, j’vais prendre ma pelle et en manger ». Quoi qu’au final, j’savais bien que t’étais pas net par moment, ça expliquait un peu le truc du coup. « T’as fini de te plaindre un peu ? » J’rouspétais lui balançant de l’eau au passage. « Ton gage viendra en temps et en heure, prépare toi à le subir. » Je me réservais donc le droit de le lui donner n’importe quand. Tout à l’heure, demain, dans deux mois.. C’était à ma guise en fait. Quand je voulais, où je voulais.

Le soleil, la mer, le sable blanc et la bonne compagnie. Il n’en fallait pas plus pour être heureux de son existence. Et Aisling l’était complètement. Un mois déjà qu’elle était revenue, qu’ils avaient pu se revoir après près d’un an séparé, et les voilà sur une plage du Mexique à se dorer la pilule. Franchement, y’a pas mieux comme retrouvaille. Et puis comme ça, il pouvait garder les mecs un peu trop collants loin de la blonde, ce qui était parfait parce qu’elle méritait mieux que de se faire utiliser par les gars qui gravitent autours d’elle comme des mouches autours d’un repas. Hors de question qu’elle soit dans le même état que l’an dernier. « Peut-être, mais aucunes ne me supporteront plus de deux jours. Toi, tu sauras me faire taire quand je vais me plaindre jusqu’à ce que mort s’en suive. » qu’il affirme en la regardant droit dans les yeux. Elle le connaît bien, elle sait qu’il est imbuvable lorsqu’il est malade. A se plaindre, vouloir tout et n’importe quoi, et surtout à être tellement lamentable à voir qu’on ne pouvait qu’en rire ce qui l’énervait au plus haut point. Et Aisling ne s’énerve pas souvent. Mais elle le provoque, voulant qu’il la suive dans l’eau froide de l’océan qui les borde. « Attend que je t’attrape. » Il court vers elle, riant de sa propre bêtise. Elle lui avait tellement manqué que même si elle lui donnait un gage pourri, il serait content de l’exécuter. Il le ferait avec le sourire et la joie au cœur. Il arrive dans l’eau en retenant un cri face à la température glaciale de la mer. Il avait raison, il allait attraper une pneumonie à être ici. Et il voyait bien qu’elle aussi, dans son petit bikini, avait froid. Mais pas question de lui donner raison. Elle voulait entrer dans l’eau, et ben voilà, t’es dans l’eau Agathe. « J’ai peur quand tu réfléchis toi. » Mais bon, ça voulait dire qu’elle allait imaginer quelque chose d’assez élaboré pour qu’ils puissent le faire à deux tiens. Ce serait bien qu’ils repartent à l’aventure comme deux loups en meute. Enfin, peut-être pas des loups, mais bon, vous voyez le truc. « J’étais jeune, con, et franchement, j’ai pas envie d’en parler. » Parce que ça le ramène à cette époque. Celle où il était le punching ball de tout le monde. Celle où il se faisait harceler à faire des trucs débiles juste pour se faire accepter. Il avait été faible et minable, mais plus jamais. A son visage, Agathe sur qu’il ne valait mieux pas pousser trop loin. Elle sait déjà. « Jamais. » dit-il en souriant largement. Fini les pleurnicheries, on passe aux choses sérieuses. « Tu rigoles, je voulais savoir moi. » Il saute sur elle, et l’entraîne dans l’eau avec lui. « Pas question que je me les gèle dans l’eau et que tu restes à moitié mouillée. » Il la plonge d’un coup, sauf qu’elle l’attrape dans sa chute et l’entraîne sous l’eau avec lui. Ils sont proches, beaucoup trop proches, mais ne le voit pas comme ça. Ils sont meilleurs amis et s’amusent tranquillement. Sortant de l’eau avec une énorme éclaboussure, il reprend sa respiration. « T’as faillis me noyer Agathe. » Il rit aux éclats devant la tête chamboulée de la blonde.

It's always gonna be you and me —Donc pour le moment, j’avais pas vraiment d’idée et je ne voulais pas le gâcher pour un truc stupide. Après tout, j’avais bien le droit de prendre un tant soit peu de réflexion pour pouvoir lui donner quelque chose à la hauteur. Et j’comprenais l’appréhension parce que dans le cas contraire j’aurais probablement pas appréciée mais c’était la vie et il n’avait qu’à s’en accommoder. Son gage viendrait en temps et en heure, il fallait juste qu’il prenne son mal en patience mais clairement, je n’allais pas oublier. Même pas pour une fraction de seconde. « C’est fou le pouvoir que j’ai sur toi » que je balance dans un rire avant de secouer la tête. Mais je devais avouer que ce n’était pas vraiment faux. Aisling était un homme et comme tout homme qui se respecte, c’était un calvaire de le supporter quand il était malade. Même un rhume semblait le faire souffrir au plus haut point et je comptais plus le nombre de fois où l’envie passagère de l’étouffer avec un coussin m’était passé par la tête. « Faudrait encore que t’y arrives. » Et ça, c’est pas gagné. Ouais, je te cherche encore et encore. J’aime jouer, tu le sais. Et j’sais pas, depuis que je suis revenue, j’en profite encore plus qu’avant. Parce que je sais maintenant que les choses sont éphémères et qu’un jour tout pourra s’effacer. Tu sais que je suis terrifiée en réalité ? Terrifiée de te perdre un jour. Parce que sans toi, je ne serais plus grand-chose. « T’as raison d’avoir peur » Sourire sadique au rendez vous j’étais prête à lui laisser imaginer tout et n’importe quoi. Parce que ça me faisait rire et que je savais qu’il était capable de partir bien loin quand mon gage serait sûrement une demande absurde un jour de flemme. Comme lui demander d’aller me faire un sandwich par exemple. J’me pinçais les lèvres reconnaissant son regard entre mille. Sujet sensible, mieux valait s’abstenir. Et c’était exactement ce que je faisais parce qu’on se connaissait assez pour savoir quand on dépassait les limites et quand il valait mieux éviter de parler. « Oh ne t’avises même pas d’essayer de me couler. » Ne joue pas à ça. Sauf que j’avais l’air ridicule avec mes menaces. Il en avait strictement rien à faire et l’instant d’après, il me plongeait dans l’eau. Aha. J’y vais pas sans toi. J’enroulais mes bras autour de son cou pour l’entraîner dans ma chute le gardant avec moi sous l’eau salée pendant quelques secondes. Se débattre, sentir nos peaux se frôler, se toucher et pourtant, agir comme si ce n’était rien, comme bien souvent. Notre quotidien. « Toujours en train d’exagérer. J’passais mes mains dans mes cheveux trempés les tirant vers l’arrière. « Mais regaaaarde, j’ai l’air d’une phoque maintenant. » Ouais, j’étais très loin de la sirène pour le coup. Merci toi.

Rien n’est plus beau que ça. Cette communion entre deux personnes. Aisling l’a trouvé. Deux fois. Entre Agathe et Mila, il ne sait pas vraiment avec qui il se sent le plus proche. Sans doute Agathe. Et parfois Mila la fait douter parce qu’il lui parle de ce qu’il se passe avec Agathe. Il a une relation spéciale avec la blonde, surtout depuis leur baiser dont il ne parle absolument pas. C’est ça qui fait que parfois, il se dit qu’il est plus proche de Mila. Et puis, Agathe revient et il dit le contraire. Mais en tout cas, c’est avec la suisse qu’il est au Mexique, sur cette plage de Cancun. Pas avec Mila, et ça compte. « Ouais, ouais, la ramène pas trop non plus Blondie. » Déjà qu’il est troublé sans le dire par ce qu’il s’est passé, elle ne peut même pas imaginer à quel point il est sous son joug. A quel point elle peut faire absolument tout ce qu’elle veut de lui. N’importe quel gage. N’importe quel crime. Il est à elle parce qu’elle est elle. Il court derrière elle, riant aux éclats. Ça fait du bien. Être comme ça, simplement. Être eux. Ils se chamaillent, comme deux vieux amis, comme deux enfants. Comme deux êtres qui se sont trouvés l’un l’autre et ne veulent plus se lâcher. C’est dingue, impensable. S’il y a dix ans, on lui avait dit qu’il serait ici, sur cette plage, en compagnie de cette jolie blonde, il aurait pleuré. Pleuré de tristesse car il aurait pensé que c’est une horrible blague qu’on lui faisait. La sensibilité d’Aisling étant exacerbé, c’est exactement la réaction qu’il aurait eut. Il aurait pleuré à chaudes larmes, n’aurait pas quitté sa chambre de la semaine. « Je n’ai pas peur. Je tiens juste à ma vie avec tes idées tordues. » Il l’avertis juste, manger du sable, hors de question. Il se souvient encore très bien de la sensation dans sa bouche, du rire des autres, des moqueries, de l’humiliation. Il s’en souvient comme si c’était hier et revivre cette époque est hors de question, impensable. Mais Agathe arrive à faire revenir le sourire sur son visage en une fraction de seconde. Il ne pense pas deux secondes et la fait couler. Sauf que la maligne l’entraîne avec elle. L’eau les recouvre, leur corps percutent contre l’autre, et le jeu commence. Les bras de la blonde autours de son cou, il tombe à l’eau, engloutis par l’océan. Ils se débattent un peu et finissent par revenir à la surface, toussant comme deux malades. Il se souvient encore de la sensation des lèvres d’Agathe sur les siennes et aurait voulu retenter l’expérience encore sous l’eau, mais non, le moment était trop beau pour le gâcher. Comme d’habitude. « J’exagère pas. J’ai de l’eau dans les poumons. » Il rit en la voyant mettre ses cheveux en arrière. Elle était adorablement ridicule. « Un sacré beau phoque alors. » Il vient se mettre en face d’elle et la prend dans ses bras. « T’es pas un phoque. Juste une petite blonde toute mignonne qui vient de se faire couler par son adorable meilleur ami. Meilleur ami qui va encore la couler. » Allez hop, encore un autre pour la route. Il fit bien attention à ce qu’elle ne l’attrape pas et courut se réfugier sur la plage. La voyant sortir de l’eau l’air énervée, il sourit en grand. « Allez viens m’attraper si tu peux petite sirène. »

It's always gonna be you and me — Au final, peu importait la tête que je pouvais avoir sur l’instant présent, il avait sûrement déjà vu pire que ça. Depuis le temps qu’on se connaissait, je ne comptais plus le nombre de dossier qu’il pouvait avoir sur moi. Sans compter tous les snapchats que je pouvais lui envoyer dégainant un faciès toujours plus atroce où il se faisait un plaisir de capturer le moment. « Moi ? J’oserais pas. » Mais m’extasier sur l’emprise que je peux avoir sur lui me plaît même si au fond, jamais je n’en profiterais. Aisling comptait vraiment et il était hors de question que je ne profite de cette fusion entre nous pour obtenir tout et n’importe quoi. « Mes idées tordues ? Non mais n’importe quoi. » J’étais sûrement la personne la plus saine d’esprit qu’il soit, aha. Quoi que.. Il était vrai que par moment je pouvais disposer d’idée plutôt folle mais là, il exagérait. Je ne lui demanderais jamais rien de bien traumatisant à moins de chercher à me venger de quelque chose. Et la bataille commence. Comme deux gamins on se cherche, se coulent, se balancent des trombes d’eau au visage sans trouver le moindre répit. Et puis nos corps se touchent, s’emmêlent, glisse l’un contre l’autre sans voir le mal à tout ça. Rien d’autre qu’un jeu entre deux amis, une habitude prise au fil du temps. « T’en aurais pas eu si t’avais pas cherché à me couler en premier lieu. » C’est toi qu’a déclenché la bataille, pas moi. Tu ne peux pas te plaindre de ce que tu as provoqué. « Le plus beau phoque que t’ai rencontré. » Sûrement le seul aussi d’ailleurs mais là n’est pas la question. Je ne cherchais pas à surenchérir puisqu’à chaque fois que je pouvais avoir un commentaire dégradant sur ma personne, il revenait à la charge pour me répéter à quel point je pouvais être belle et parfaite. J’préférais ne plus vraiment entrer dans ce débat-là à vrai dire. Y avait ses bras qui se refermaient autour de moi et l’espace d’un instant, j’avais l’impression d’être de nouveau dans cette boîte de nuit. De pouvoir sentir ses lèvres sur les miennes une nouvelle fois et un frisson venait me parcourir l’échine sans que je ne contrôle quoi que ce soit. « Qu.. Quoi ? » Et hop, j’atterrissais sous l’eau une nouvelle fois. Quelque part, je lui étais reconnaissante d’agir de la sorte puisque mine de rien, ça me permettait de remettre aux oubliettes l’égarement que je venais d’avoir. Et quand je remontais finalement à la surface, il atteignait déjà la plage visiblement fier de ce qu’il venait d’accomplir. « Fais gaffe si je t’attrapes toi. » Et à mon tour je sortais de l’eau, scène digne de la série alerte à Malibu, pour tenter de le rattraper. Le sable venait se déposer sur mes jambes virevoltant dans tous les sens et probablement qu’il me laissait arriver à sa portée puisque je finissais par lui sauter sur le dos riant aux éclats. « Ah, tu fais moins le malin maintenant. » Ouais, j’ai peut-être pas l’air terriblement terrifiante mais avec le poid lourd que je suis, ça n’est sûrement pas une partie de plaisir pour lui.

C’est simple, facile. Il faut arrêter de se prendre la tête et vivre pour profiter pleinement de ce que la vie a à nous offrir. Aisling l’a compris à la minute où il est entré à l’université. À la minute où son pied est entré dans la première chambre étudiante qu’il a occupé. Il a compris que son ancienne vie, il peut la mettre derrière lui et commencer ce nouveau voyage qu’on lui donnait sur un plateau d’argent. « Ose dire que tu n’as pas des idées farfelues quelque fois ! Vas-y, ose jeune fille ! » Le doigt pointé vers elle, les yeux un peu effrayant, il essayait d’être drôle mais c’était raté. Agathe sait bien qu’il n’a rien de menaçant ni de vraiment drôle. Enfin, il l’est, quand il veut. Sinon, il ressemble juste à gentil gamin qui avait du vécu derrière lui. Il traîne les pots cassés mais il l’assume. Mais parfois, il se dit que les pots cassés d’Agathe reviennent la hanter un peu trop souvent. « Mais tu sais que c’est drôle. Allez, dis que c’est drôle. Rien que pour moi. » Un beau sourire, une main sur le coeur. Il fait tout pour l’amadouer parce qu’il sait qu’elle ne lui résiste pas et que la réciproque est vrai. Les deux sont le point faible de l’autre, c’est effrayant à quel point ils sont dépendants l’un de l’autre. A quel point ils ont pris LA place principale dans la vie de l’autre. Mila aurait qualifié à ça d’auto-dépendance. Et c’est sans doute vrai. Mais bon, ce n’est pas plus mal. Au moins, la personne dont ils sont dépendantes est une bonne personne, une qui leur veut du bien. « Le plus beau. D’ailleurs, phoque est un mot un peu trop abjecte pour te qualifier. Plutôt une déesse sortie des eaux qui a bu un peu la tasse. » Avouons-le. Agathe est loin d’être moche. Elle a cet éclat quand elle rit, cette cascade de cheveux blonds qui brille sous le soleil de Cancun, ces yeux aussi précieux que des saphirs. Il pourrait continuer encore longtemps. Mais il préfère arrêter de penser aux adjectifs par lesquels il pourrait la qualifier avant de penser quelque chose qu’il regretterait. Il préfère alors la faire replonger dans l’eau, et courir sur la plage afin qu’elle ne l’attrape pas. Un bon jeu d’enfants. Des éclats de rire. Une vraie complicité. « Allez, on court ma belle. » Il la regardait sortir de l’eau, et riait devant son visage faussement en colère. Il pouvait voir de là où il était le sourire qui naissait sur ses lèvres fines. Lèvres qu’il rêvait de ravager encore une fois. Ils se couraient après et elle finit par lui sauter dessus. Attrapant ses jambes pour qu’elle ne tombe pas de son dos il la laissa ébouriffer sa tignasse blonde. Ramenant ses cheveux qui lui tombaient sur les yeux en arrière, il fit passer la jeune femme devant lui et l’allongea sur le sable. A l’attaque des chatouilles. « C’est toi qui fait moins la maligne maintenant. » Il était presque sur elle, lui faisant des chatouilles, prenant à peine compte de ses plaintes. « Et ouais, faut pas jouer avec les écossais, on est une espèce dangereuse tu sais. »

It's always gonna be you and me — J’aimais cette insouciance. Cette capacité qu’on avait à être deux éternelles enfants quand ont était ensemble. La vie semblait tellement plus facile. Et peut-être que le fait d’être au Mexique nous aidait aussi à voir les choses avec plus de légèreté. J’savais pas réellement en fait mais j’appréciais juste nos éclats de rire et les batailles enfantines qu’on semblait vouloir se livrer pour l’instant. Disons que je me sentais plus.. Libre. Comme si tous mes soucis s’étaient désormais envolés pour me laisser un peu de répit et j’aurais souhaité que jamais ce moment ne s’arrête. Mais je savais aussi que la réalité finirait par nous rattraper tôt ou tard et que le répit qu’on pouvait s’octroyer n’était qu’éphémère. Quoi qu’il en soit, je me complaisais de ce moment de simplicité venant oublier le froid de l’eau et la fraîcheur que les brises de vent s’amusaient à faire souffler sur ma peau. Rien n’avait d’importance à ce moment-là. Je devais aussi souligner la capacité extraordinaire qu’on avait de mettre les choses de côtés. On avait partagés un baiser, le genre à chambouler de toute part et pourtant, ni lui ni moi n’avions repris la parole sur cet échange. Et peut-être qu’au final, j’étais la seule à avoir été réellement perturbée par ça. Peut-être que de son côté, seul l’alcool l’avait poussé à agir ainsi alors que pour ma part, au fond de moi, je savais très bien que c’était tout un lot d’envies refoulés qui avait pris le dessus lors de cette soirée. « J’oses. Je n’ai jamais d’idées farfelus. » Et je le regarde d’un air moqueur attendant le châtiment à la hauteur de mon affront. Probablement que j’aurais le droit à une giclée d’eau en plein visage pour accentuer l’idiotie de nos jeux. « Si ça peut te faire plaisir, alors oui, c’est drôle. » De toute manière, à partir du moment où je pouvais le contenter j’étais prête à le faire. Il n’y avait rien de plus beau au monde que le visage d’Aisling qui s’éclairait. Son sourire, c’était sûrement la plus belle chose qui m’ait été donné de voir et si je pouvais passer chaque seconde de ma vie à le faire rire encore et encore, je le ferais. « Mais.. » Un rire franc sortait de ma bouche alors que je secouais la tête. « En fait, je suis un peu comme une sirène. Mi-femme, mi-thon. » Ouais, j’ai un don pour tourner au péjoratif tout ce qu’il pouvait me dire mais.. C’était pas de ma faute. J’avais de plus en plus de mal à sortir des choses positives de ma personne et c’était pas le genre de chose qui allait s’effacer du jour au lendemain. Probablement que ça resterait ancrée à vie d’ailleurs. Puis la nouvelle bataille commencé, j’courrais sur la plage le rattrapant finalement pour sauter sur son dos sans ménagement. Et l’instant d’après, utilisant sa force ce qui n’était pas vraiment fair-play, il inversait la tendance me déposant sur le sable pour m’attaquer de la manière la plus fourbe qui soit. « Arrête ça, je t’en supplie arrête ça » et mes éclats de rire venait couper mes paroles m’empêchant de protester plus longtemps. A la place, je me débattais dans tous les sens cherchant à me dégager de son emprise sans grand succès. Et quand finalement il se décidait à arrêter le supplice, je laissais échapper un soupir de soulagement le regardant quelques instants. Sa silhouette imposante au dessus de la mienne, nos positions laissant à désirer, la proximité de nouveau installé. Oh, je détestais quand je réfléchissais de la sorte, quand je sentais le désir prendre le dessus sur la raison. Je détestais le regarder de cette façon là parce que je m’interdisais de le faire pour ne rien briser entre nous. Détournant le regard, je le poussais légèrement pour me redresser époussetant mes jambes enduites de sable. « J’ai du sable absolument partout, t’abuses » Parce que du coup, ça voulait dire que j’étais obligée de retourner à l’eau pour m’en débarasser.

Deux gamins. Deux vrais gamins qui se courent après, se coulent l’un l’autre, se font des blagues et tout ce qui s’en suit. Deux gamins qui ont souffert, qui ont eut mal, qui ont pleuré et crié. Deux personnes qui se sont trouvés et ne se lâchent plus, qui luttent contre ce qu’ils ressentent pour ne pas gâcher ça. Pour ne pas gâcher ces merveilleux moments qu’ils partagent à deux, qu’ils vivent à deux. C’est tellement plus beau quand c’est à deux, quand l’union de deux personnes rends le moment unique, impossible à recréer. Parfait. Il rit à ses blagues, à ses mensonges à peine voilés, il rit parce qu’il sait qu’il connaît la vérité et qu’elle ne  fait que nier une évidence qu’ils connaissent tous les deux. Souriant de toutes ses dents, il fait le fier et leur petite bataille recommence. Leur petite chamaillerie qu’ils adorent cultiver. C’est trop facile, trop parfait pour être vrai. Surtout dans la vie d’Aisling qui a toujours été pleine de blagues horribles et méprisantes. Parfois, il a l’impression de rêver ou qu’on lui joue une mauvaise blague. Que la seconde qui suit, il va se retrouver avec une tarte en pleine tête et un public riant de lui. « Plutôt mi femme, mi trésor. » Il n’aime pas l’entendre se dénigrer autant, l’entendre dire du mal d’elle. Il a envie qu’elle reprenne confiance en elle, qu’elle se livre totalement sur ce qui s’est passé avec Jaden. Sur tout. Parce que, oui, il sait tout d’elle. Sauf ce qu’elle a vécu ces derniers mois. « Tu es belle, Agathe. Je te le dirais tous les jours jusqu’à ce que tu y crois toi aussi. » Presque du bourage de crâne, mais ça ne l’empêche pas de la couler quelques secondes plus tard et de courir comme un malade mental sur la plage. Le jeu, toujours le jeu. La course qui vire court quand elle lui saute dessus et essaye de le soumettre. Pas question belle blonde. L’allongeant sur le sol, il l’attaque de chatouilles. Les rires des deux jeunes gens se mêlent, s’emmêlent. Il aime ça. Cette connexion qu’ils ont, ce lien particulier que personne ne peut leur enlever. C’est comme ça que la vie devrait être. Aussi belle et facile. Aussi pleine de bonheur et de joie que ça en devenait écœurant. Mais non, il fallait souffrir avant et même pendant pour cinq minutes de bonheur. « Ok, ok, j’arrête. Si tu admets que je suis le meilleur meilleur meilleur ami au monde. J’insiste sur les trois meilleurs. » dit-il en continuant à la chatouiller. À ce stade là, il était presque sur elle et leur position pouvait être très mal interprété. Sauf pour eux. Sauf pour ceux qui les connaissaient. Il finit par arrêter et elle soupira de soulagement devant la fin de la torture. Leur souffle se mêlait et Aisling luttait pour ne pas regoûter à ses lèvres. Mais il reprit ses esprits et s’éloigna, l’aidant même à se relever. « Partout partout ? » Ouais, bon, pour l’esprit pervers, appelez Aisling. « Quoi ? C’est une question purement théorique. Je ne vais pas aller vérifier si tu as du sable partout partout quand même. » Il s’embrouille, il commence à être nerveux. « Et puis, de toute façon, à force d’agiter tes jambes comme une cinglée, normal que t’en ais partout. » On arrête le massacre Aisling. Stop stop, arrêt du massacre.