Donc donc donc.. Etre à la Eliot House n’était pas aussi terrible que ce que les gens pouvaient laisser entendre. Du moins, pendant que j’avais été à la Mather, j’en avais entendu des rumeurs, des méchancetés et tellement d’autres encore sauf que.. Révélation, c’était pas aussi moche que ce que l’on pouvait dire. Puis mine de rien, c’était calme chez les bleus et quelque part, ça faisait du bien. En somme, j’allais clairement pas me plaindre de la manière de vivre de cette maison puisque je m’y retrouvais un peu et qu’en soit, pour le moment, je m’entendais plus où moins avec tout le monde. Mon bizuteur n’était pas un monstre ce qui remettait clairement en doute les paroles que les gens pouvaient avoir sur le vice-président de la Eliot House et mes colocataires étaient sympathiques. J’avais pas tellement discutée avec la première, Aymaline, mais le courant passait carrément bien avec Ludmila. Au fond, je savais qu’elle et moi ça pouvait réellement donner quelque chose. C’était comme trouver sa moitié d’un coup et clairement, on avait bien plus en commun que ce que l’on pourrait penser au premier regard. C’était comme un coup de foudre amical en fait et j’allais pas m’en plaindre. Vue le remue-ménage que mon retour avait fait du point de vue de ceux qui avait été mes proches par le passé, j’étais plutôt satisfaite de trouver mes marques avec d’autres. Disons que ça facilitait mon retour que de ne pas être détestée par le monde entier. Et puis c’était en trouvant ce genre de relation que je remettais en doute ce que les gens pouvaient dire. Peut être que j’appartenais à la Eliot depuis bien longtemps et que je n’avais mis qu’un certain temps avant de m’en rendre compte. Bref. J’venais de finir les cours et j’passais la porte de la maison au pas de course grimpant quatre à quatre les escaliers pour finalement pousser la porte en trombe. « LUDMILAAAAA ! » J’hurlais à plein poumon alors que la blonde était juste en face de moi, tranquillement assise sur le lit. Petite erreur tactique. Je me laissais tomber sur son lit esquissant un grand sourire sachant par avance qu’elle devait s’demander quel genre de problème j’pouvais avoir pour hurler comme ça. « T’as passé une bonne journée ? » Ouais, j’en faisais des tonnes pour pas grand-chose au final.

Si Ludmila avait constamment ce besoin d'attention, de se sentir entourée telle une reine avec sa cour, la demoiselle ne désirait pas moins pour autant se retrouver seule par moments, en confrontation à elle-même. Faire en sorte de toujours être parfaite et ce, en toute circonstance, était fatiguant, bien plus que l'on ne pourrait le croire. Alors même après plus de vingt ans d'existence, la blonde profitait de ces petits instants de solitude rares et précieux à ses yeux. Assise sur son lit, un flacon rouge à la la main, Ludmila se vernissait les ongles de pieds parce que oui, même en hiver, c'était important. Fredonnant les paroles de la chanson qui défilait sur son iPhone, elle ne prêta même pas attention aux bruits alentours, trop concentrée, jusqu'à ce qu'un cri ne retentisse, la tirant de ses pensées et la faisant sursauter par la même occasion. Mais ce  n'était qu'Agathe, sa nouvelle coloc' depuis qu'elle était de retour à la Eliot House, depuis qu'elle avait accepté l'idée que ce fameux incendie ne soit pas forcément une tentative d'homicide contre la eliot house. Alors elle avait fait son grand retour, bien que toujours sur ses gardes. Et ainsi la Thomspers était apparue dans sa vie. "Si tu refais ça encore une fois, je te jure que..." Elle lança un regard noir vers la Thomspers avant de reprendre, presque aussitôt : "Tu vas finir par avoir ma mort sur la conscience."lança-t-elle à la blonde qui venait de la rejoindre sur le lit après avoir failli lui provoquer une énième crise cardiaque. "Hum... banale ?" lança-t-elle pour répondre à la jeune femme. Ouais, une journée on ne peut plus normale et à vrai dire, elle n'allait pas s'en plaindre. Il s'était déjà passé assez de choses dans sa vie dont elle n'aurait pas souhaité la venue alors si elle, comme sa famille, pouvait être tranquille pendant un très long moment, ce ne serait pas de trop. "Et toi ?  Cole ne t'en fait pas trop baver pour ton bizutage ? Je sais qu'il a un peu tendance à... abuser de ses pouvoirs, parfois." Et pas seulement en tant que vice-président d'ailleurs. Ludmila était habituée au bizutage, elle, puisque c'était déjà la troisième fois qu'elle avait droit et on peut dire qu'à chaque fois,  les choses s'étaient bien déroulées. Qui oserait s'en prendre à la petite soeur des deux présidents en même temps ?

Disons juste que quand j’étais enjouée, ça se savait. C’était presque si je pouvais être un libre ouvert par moment. Vachement expressive au point que chaque trait de mon visage pouvait trahir mes émotions et au fond, je m’en fichais un peu. Par moment, j’avais juste besoin de lâcher prise sans revêtir à chaque fois ce masque de marbre qui me faisait passer pour la plus grande des garces aux yeux du monde entier. Et puis de toute manière, j’étais à la Eliot ce qui faisait qu’ici, j’avais quand même le droit à plus de liberté que quand je côtoyais me monde extérieur. « Que quoi ? » J’esquisse un sourire angélique consciente que j’avais presque faillit réduire à néant toute sa manucure ce qui en soit était un sacrilège. « Fais pas la petite nature Ludmi » Je souris une nouvelle fois ramenant mes jambes en tailleur avant de secouer la tête. J’avais envie de discuter, d’une soirée entre fille et d’oublier tout le reste. Le retour à Harvard était vraiment compliqué. Après presque un an de procrastinage intensif, c’était plutôt compliqué de reprendre les bancs de l’université sans s’attendre à toute la fatigue derrière. Alors oui, là, je voulais décompresser. Parler de tout, de rien, de garçon et de plan machiavélique puis me taper douze heures de sommeil par la suite. A la mention de Cole, j’haussais les épaules, nonchalante comme bien souvent, taisant que je connaissais le secret. Après tout, je ne pouvais pas balancer Aymaline qui avait eu la sympathie de me tenir au courant des défis pouvant courir sur ma personne. « Non ça va mais.. J’crois qu’il en pince pour moi. » J’esquissais un sourire malicieux avant de me mettre à rire. « Il est.. Cool mais j’suis sûre qu’il y a autre chose qui tourne dans sa tête. » Après tout, n’était-il pas réputé pour être vicieux ?