Je n'ai aucune attente vis à vis de ce que je tiens en main. Plutôt persuadée que ce sera un truc qui enfonce les couteaux dans les plaies. Oui, j'imagine déjà une babiole qui pourra me briser, achever en beauté la comédie que l'on vient de s'offrir. Et je m'en veux, bordel que je m'en veux, d'avoir cédé aussi facilement à son petit jeu. C'est une défaite qui s'apparente à l'autre, qui rend le reste encore plus réel. Il s'octroie le droit de démarrer le moteur, coupant mes réflexions tandis que je l'observe en biais, approuvant d'un faible haussement de tête l'idée de recevoir une brise réchauffée. Alors que mon déballage touche à sa fin il en ressent le besoin de poser quelques cartes qu'il tient encore en main. " C'est à prendre au second degré . " D'accord, donc d'en avoir imaginer le pire et le mauvais, je n'avais pas tort. Puisque je me dois d'user de second degré, évidemment que la chose va me blesser. Par avance, j'appréhende, peu certaine de pouvoir me contenir face à une autre attaque de sa part. J'estime que j'en ai bien trop essuyées. Mais alors que les secondes s'égrènent dans un sablier invisible, enfin, j'ouvre et je découvre ce que c'est en un soupir inaudible. Il est clair que c'est peu de le dire ou de le penser mais j'en ai le souffle coupé. Bonhomme en mousse destiné à faire souffrir quelqu'un. Poupée vaudou qui – forcément – dans son esprit doit le représenter lui. Je me mitige entre raillerie et colère, encore et toujours, je détaille la chose en lui tortillant les bras. Mais c'est l'une de ses jambes qui attire presque trop vite mon regard. « cocu », et ça me rend dérisoire à souhait. « Tu es sérieux ? » Ok, je ne m'attendais à rien mais … putain. Je ne voulais pas un bijou, une corde au cou, mais quelque chose de plus … j'n'sais même pas. Je reste parfaitement stupide face à ça, et j'en crache un faible rire ironique teinté d'un « Ah ah. » Pour le poser finalement sur le tableau de bord, enrageant de ce présent, je démarre en trombe – ou presque – tout en pensant au petit homme qui derrière nous commence à sombrer, doucement. Silencieuse, je me plonge dans une introspection, seulement pas de ma personne mais de la sienne. Lâche incapable de souffrir, de regretter, sans que je doive recourir à un gadget chiffonné. « C'est bien, tu pourras m'accuser de tous tes prochains maux. » Puisqu'à l'évidence, pour l'instant, tu n'en as aucun.

 

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A mes paroles, il fait volte face et me gratifie d'un regard traduisant une surprise certaine, un brin de satisfaction à l'idée que je puisse bien prendre son présent. Un sourire même, et j'en gave mon énervement. " Parce que tu comptes vraiment l'utiliser... " Non, mais puisque c'est un cadeau, il est de coutume de faire semblant d'apprécier. Même lorsque la personne l'ayant offert est la même qui a provoqué votre enfer. Puis de toutes les manières, ce que j'ai dit tendait surtout à lui faire penser qu'il allait encore une fois trouver des raisons de m'amoindrir. De me réduire. Peut-être est-ce plus simple pour lui de m'envisager comme celle ayant tout détruit, mais je n'en démords pas, son âme est voilée, puisqu'à l'évidence, en ayant touché une autre femme, c'est lui qui l'a fait. Le destruction, l'incapacité à ma voix de prononcer le mot pardon.


" Et...Par quoi tu vas commencer? " Il me tire de mes réflexions à notre sujet, le clos, sans même s'en apercevoir, et moi je réalise plus encore que je broie du noir. Il attrape, malgré l'alcool ingurgiter, le carton pour continuer sur sa lancée. " +20 kilos, j'suis déjà charnu alors… " Bedonnant, c'est ce que j'aurai rectifié si nous avions encore lui et moi une certaine proximité. " Dégâts des eaux, ce serait de bonne guerre. " Nos débuts … cette nuit où il a fait irruption dans ma vie. Où j'ai fait preuve de remord quand au fait de l'avoir conduit à l'ivresse et où j'ai bien voulu le faire entrer dans un monde qu'il a décimé. Ca me prend aux tripes de constater à quel point – au fer rouge – je suis marquée. Cette soirée là, j'aurai du me pendre plutôt que de venir vers toi. Parfois, je le regrette si fort, si tu savais. Je n'aurai jamais du te donner autant le pouvoir de me briser.

Et pourtant, je le ressens, que la tension s'amenuise, que ce trajet a changé l'ambiance de la soirée, mais ça m'étouffe rien que de le constater, parce que ma rancoeur je me refuse à la voir rapetisser. De fait, je commence par un « Non. » et pas seulement pour avoir le plaisir d'entrer en contradiction, mais parce que forcément j'ai en tête une toute autre idée. « Cocu. » comme quoi, je n'avais pas buté sur celui là par hasard en observant ton magnifique cadeau. Et frappe sur le volant pour feindre une surprise en argumentant. « Mais non, je suis conne ! » Mes maux de coeur, je les ai en horreur. « Ca c'est ta spécialité. » Pas la mienne, moi, je me suis contentée de rester à garder notre fils pendant que tu te disais que la meilleure façon de me prouver que tu m'aimes était de me tromper.

 

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" Une fois. Bordel, une fois! " Il en frappe sa jambe, comme si encore une fois cet argument pouvait tenir la route. J'ai un flot d'insulte que je me retiens de lui sortir, à la limite de lui cracher réellement à la gueule en fait. Je m'interroge encore sur ma présence dans cette foutue voiture. Même Noël ne saurait justifier un tel degré de folie. Ce n'est pas possible, je suis masochiste, et j'avais juste envie de retourner le couteau dans une plaie encore béante. Foutrement saignante.  " Ne peux-tu pas essayer d'oublier ?! " C'est de sa main élevée en ma direction qu'il souligne sa pensée. Oublier ? Mais tu ne comprends strictement rien. C'est tous les jours que ta connerie elle vient me hanter. Je suis à l'envers et tes remords, je te promets que j'ai bien du mal à les imprégner. Vraiment, à te voir offrir des culottes et à rigoler, c'est fou ce que tu sembles me regretter. Non, monsieur Cooper, lui va parfaitement bien. Il peut se vider autant qu'il le peut, à présent sans plus aucune entrave, et d'ailleurs … Lorsqu'il se retourne afin d'arrêter les prémices de sanglots de la part de l'enfant commun, je me permets de lui balancer une autre vérité, certaine qu'elle ne sera pas appréciée si seulement il est assez attentif pour l'entendre. « T'avais qu'à utiliser ta main, cette fois. » si ça te démangeait trop, et bordel ça accentue encore plus mes maux.

Alors je me concentre sur la route, tandis que notre allure semble de plus en plus ralentir, prenant conscience de ce qui est en train de se passer et du fait que pour le coup, ça ne fait que redoubler l'effet de me savoir énervée. Présentement bloquée. " Et pour l'être, faut être en couple j'te rappelle... " Il me signale comme si c'était quelque chose que j'ignorais. Est-ce réellement nécessaire de préciser que c'est à cause de lui si on en est à ce point ? Si mes nuits se retrouvent bien vide, faute de lui. Que même si je les passe dans mon bar, je m'y ennuie ? Ce serait que de lui donner trop de satisfaction, rendre ma situation encore plus risible et con. Il y a tout qui se mélange lorsque je comprends que le trajet ne vas pas en se réduisant. « Putain » que je lâche au moment où mon pied délaisse l'embrayage et le droit l'autre pédale, pour finalement tirer sur le frein à main, me rendant à l'évidence. Avec cette soirée à la mairie, l'entrain des gens pour les fêtes de fin d'années et leur tendance à attendre le dernier moment pour acheter … Embouteillage. Puis pour être en couple, j'te rappelle … « Il faut être fidèle. »

 

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Il râle, soupire fortement, je m'attends à toutes les attaques, et même à ses possibles justifications en lesquelles e n'ai pas encore trouvé de nom, cependant, ce serait encore une fois que trop lui demander, si e suis bornée, je sais avoir trouvé un adversaire difficile à achever. Il n'abdique jamais. Et dans son silence je me morfonds, dépitée de le voir abandonné comme un pauvre couillon, ce n'est même pas comme si je venais de remporter une joute verbale, je n'estime pas avoir gagné la bataille, non loin de là, parce que de notre guerre, j'en suis carrément ressortie perdante. Les cicatrices que je porte ne se voient pas, mais je lui promet qu'elles peinent plus que ce que je ne saurai l'expliquer à se refermer. Ce sont des stries que jamais je ne parviendrai à effacer. Le temps amoindrira, recouvrira, colmatera aussi, cependant je le sais que mon être ne voudra jamais – de lui – se délier. Il est entré dans ma chair a contaminé les moindres recoins, il est devenu ce si perfide venin. D'amour à la haine … Je m'aliène.

Je délaisse mes songes estropiés, saccadés par la symphonie nouvelle des klaxons de tous les cons de Boston. C'est légèrement, mais vraiment léger, comme c'est en train de m'agacer. Sous prétexte que vous vous excitez sur vos boutons on va pas rouler plus facilement. Le manque de bon sens des gens. " T'aurais dû prendre par Beacon Street. " Et toi … Ta gueule putain, parce que ma foutue patience possède des limites que t'es à deux doigts de franchir. Incapable de parler quand on attend qu'il le fasse. " ♩ Aurevoir et Adieu jolies filles madrilènes,.. Je viens de recevoir l’ordre de repartir ♩ à Boston, ♫ " J'en arque les sourcils quand je le regarde se fendre la poire à moitié. J'ai encore plus envie de le baffer. Sérieusement, je crois qu'il ne réalise pas, que c'est une bombe à retardement qui se tient tout à côté. Peut-être qu'il se croit drôle, que c'est sa manière de faire retomber la tension de l'atmosphère. C'est son art et sa manière, mais c'est tellement en train d'irriter mon cervelet, ça me fait me souvenir de notre bordélique complicité. Ce que je l'aimais ... Et mon énervement se traduit par mon front s'écrasant sur le volant. Je crache en un soupir, décomposée. « Ferme-la. » J'incline le visage, toujours appuyé sur le volant, afin de le regarder. Ça me crève le cœur, je ne me devrai pas de ruminer son erreur. Je suis épuisée de n'être par la souffrance jamais épargnée. « Sinon, je te jure que les 20 kilos c'est ce soir que je te les refile. » On verra si t'arrives à trouver de quoi combler tes appétits charnels si développés, une fois ça fait. Laisse nous végéter dans le silence ce sera beaucoup plus simple pour moi de le supporter.

 

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C'était un ordre mais aussi un supplie, sauf que lorsque je me retourne et que je suis confrontée à ce sourire que je ne connais que trop bien … Clay putain. N'a-t-il pas remarqué que je ne désire plus jouer ? Le problème, c'est qu'il a des envies de faire l'enfant, et il continue son chant, jusqu'à ce que je reprenne la parole. Là au moins, ses lèvres en restent closes quelques secondes, et j'apprécie mon semblant de répit. " Content d'occuper ta soirée... " Ce serait que trop te demander de rester muet le reste du trajet ? Parce que même s'il n'en a pas conscience, les réflexions portant sur le fait qu'elles sont esseulées, mes soirées, je pourrais m'en passer. Et le fait est que c'est tout le temps que t'es dans mes pensées. La journée quand je suis avec Tobias qu'il me reflète tes traits malgré sa peau légèrement halée, les soirs que je passe au Nirvana et où il semble y avoir partout des marques de toi, les nuits quand je te rêve et que je souhaite si fort avoir le droit à une trêve.

Je suis toujours contre le volant, à l'observer, je soupire, fatiguée, à l'image d'un animal malmené qui s'en trouve à présent bien trop blessé. Il ouvre la boite à gants, et souffle, à la limite de l'inaudible un ; "... à défaut de le faire autrement... " qui s'apparente à une lame bien trop aiguisée. On ne peut pas remettre les compteurs à zéro, faire comme si rien ne s'était passé, prendre un nouveau départ, après tout ce qu'on a pu traverser. Il y a des événements qu'on ne peut balayer. Une goutte d'eau, un débordement. Un tsunami, bien trop grand. Je préfère me dire que je me mens, que je m'imagine des mots alors que je voudrai qu'il pallie aux miens. Je m'enfonce dans une sombre folie, lorsqu'il retire un tissu et que je n'entends pas la raison de son geste. M'intrigue alors que je voudrai qu'il me désintéresse. Tête contre le siège, il termine son action en me tendant la chose. " Ton fond de teint sur le volant. " Et ma réponse dans un mouvement vif pour relever mon échine ne se fait pas attendre. « Excuse-moi ? » Est-il réellement en train de me faire chier pour ça ? Mes prunelles vacillent de son visage au torchon qu'il tient encore entre ses doigts. Pour finalement se poser sur le fameux volant où se trouve une légère trace, presque invisible dans l'obscure clarté qui nous entoure. « Rêve. » Je ne risque pas de le prendre et de nettoyer quoi que ce soit, parce qu'en plus de ne plus être ta femme, je suis bien loin d'être ta bonne.

 

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