« -Maman je veux que ça soit une fille ! »
Ma mère me regarde avec étonnement.
« -Pourquoi une fille ? Si c’est un garçon tu pourras lui apprendre plein de chose et…
-Oui mais les filles elles sont plus gentilles, et en plus je pourrais la protéger. »

A vrai dire c’est tout ce que je me souviens de cette conversation. C’était en 98, je ne m’en souviens pas très bien j’avais 5 ans à peine à l’époque, et on venait d’apprendre que j’allais être un heureux grand frère. Je ne sais pas si c’est mon instinct qui a parlé ou si c’est juste que j’avais bel et bien un chance sur deux d’avoir raison toujours est il que Hannah est belle et bien arrivée quelques mois plus tard. Bon je ne peux pas dire qu’elle a vraiment été gentille avec moi, et que j’ai eut besoin de la protéger, mais je pense que vu de l’extérieur on peut dire que j’ai fait de mon mieux. Hannah a toujours été très indépendante, alors venir me rendre des comptes n’a jamais été sa priorité.
J’ai bien essayé de m’en plaindre, à ma mère d’abord, mais j’ai toujours eut le droit à la réponse suivante : les femmes sont indépendantes nous ne sommes plus au moyen âge, une femme peut se débrouiller seule. Alors je me suis tourné vers mon père : il a haussé les épaules et m’a dit de me mettre à sa place. Aucune de ses deux réponses ne m’a jamais convaincu. Alors j’ai continué à la chérir.
Comme vous le voyez je suis assez proche de ma soeur, même si ça ne l’arrange pas toujours… Pour ce qui est de mes parents ça n’est pas tout le temps le cas. Mon père a toujours été distant. On a compris plus tard avec ma soeur que si il avait fait des enfants c’était pour assurer la succession de l’empire, comme il l’appelle et pas pour nous faire des câlins et nous raconter des histoires avant d’aller nous coucher. En fait il aurait très bien pu s’arrêter avec moi, un fils c’est amplement suffisant, deux ça crée des discordes. Mais ma mère voulait un autre enfant, alors ma soeur est arrivée. Je ne me rappelle plus de la tête qu’il a fait quand il a appris que Hannah était une fille mais j’en mettrais ma main à couper qu’il était soulagé. A l’époque il était convaincu que ma cadette ne s’occuperait pas des affaires familiales. Avec son héritage elle aurait de quoi vivre sans travailler -comme ma mère- et ne poserait pas de problème. En un sens il ne s’est pas trompé, Hannah n’a jamais été intéressée par Andersen&Son, mais elle a causé des problèmes. Elle continue (et continuera) d’en poser du haut de ses 18 ans.
Moi par contre on peut dire que je suis rentré dans le moule. Les mêmes études que papa, et feu Benjamin Andersen (mon grand père), la reprise de la branche de New York, jamais un mot plus haut que l’autre, toujours poli, toujours à chercher la bonne affaire, le bon plan, jamais la bonne arnaque par contre. Je ne sais pas si on peut me le reprocher, mais je me souviens avoir entendu mon père dire de moi que je suis trop protocolaire.

Pour le reste je suis issu d’une famille Américaine, New Yorkaise, du côté de mon père, et anglaise du côté de ma mère. D’ailleurs je crois qu’elle a un dixième de gêne royal dans les veines, c’est ce que prétend ma grand mère qui vit à Londres, elle serait une cousine éloignée de la reine. Je n’ai jamais osé remettre ses dire en question. Si vous ne l’avez toujours pas compris, je suis issu d’une famille relativement riche. L’entreprise familiale est très prospère, et mes aînés se sont toujours mariés à des riches héritières histoire de ne pas “perdre” en valeur. Si on avait été à Poudlard on pourrait presque dire que je suis un sang pur.
Nous avons déménagé en Californie en même temps que le gros des affaires en 2010, mais arrivé à 17 ans je ne me suis jamais senti à la maison là bas.






J’ai toujours été brillant à l’école, mais je n’ai jamais eut le choix. La moindre note en légère chute et il y avait presque de façon simultanée un précepteur à la maison, on m’interdisait de sortir et je devais travailler jusqu’à rattraper le laisser aller. Je ne suis pas dire que je n’avais aucun moment pour m’amuser, mais j’ai été élevé de manière stricte, souvent dénué de sentiments. On ne m’a jamais parlé comme à un enfant, on m’a toujours parlé comme on parle à un adulte qui a déjà beaucoup de responsabilité sur les épaules. Les jeux n’ont jamais été de mon âge. J’avais par contre droit au sport, et étant donné les origines de ma mère j’ai fait du soccer autant que du football américain. Cependant ma mère ne s’est jamais intégrée aux coutumes américaines qu’elle juge toujours autant barbares malgré les années qui ont passé.
J’ai donc été à l’école privée pour garçon jusqu’à mon entrée au lycée, en fait jusqu’à ce qu’on déménage à San Francisco.

Quand il a été l’heure de décider ce que j’allais étudié je me suis donc dirigé vers l’économie puisque c’était ce qu’on attendait de moi. J’ai commencé par étudier à Stanford, où je suis resté 1 an (de 2011 à 2012), de 2012 à 2016 j’étais à Londres, et me voilà aujourd’hui à Harvard. Le trajet à été long jusque là. Pourquoi tout ses changements ? Je suis parti à Londres parce que j’avais besoin de m’éloigner de la famille. 2012 est précisément l’année où mon grand père est décédé, et mon père a littéralement explosé sur moi, je ne comprends toujours pas pourquoi en réalité. Ca faisait longtemps que mon grand père ne faisait plus rien dans la société, mais d’un seul coup il a décidé que ça n’allait pas, que je n’apprenais pas assez vite, que je ne serais pas suffisant. Comme si lui même allait mourir demain. La pression devenant de plus en plus forte au cours de l’année j’ai finalement fait une demande pour une université de Londres avec le même programme et le même niveau que Stanford.
Ce qui m’a poussé à revenir aux Etats Unis après ses 4 ans loin du pays c’est bel et bien mon père. Je ne sais pas vraiment se qu’il s’est passé dans sa tête mais il a fini par se résonné. Il est venu me chercher en personne à Londres, et en parlant j’ai appris qu’il voulait me passer le flambeau de New York comme son père l’avait fait avant moi. Je ne m’attendais pas à ça après 4 ans où nous nous échangions à peine quelques mots à Noël.
Je suis partie à regret de Londres, mais il était temps que je réintègre ma place. Alors j’ai fait une demande à Harvard appuyé par un dossier exemplaire, et ma tante qui y est professeur j’ai été pris sans trop de soucis.




Je ne peux pas dire que je sois un expert en chose de l’amour, qui peut le dire de toute façon ?
Cependant j’ai appris quelques petites choses au fil des ans : où emmener les filles qu’on veut dans son lit, ou qu’on veut garder pour un peu plus qu’une nuit, quoi leur dire pour les attendrir, quel compliment faire… J’ai appris tout ça sur le tas car ça n’a jamais été inné chez moi. Je ne suis pas vraiment coup d’un soir, et je me dirais fidèle en couple, cependant quand on a pas le temps comme c’est souvent mon cas, les plans qui n’étaient pas censés être des coups d’un soir se retrouvent classés comme tels car je ne les rappelle jamais. Oui j’ai un mauvais service après vente, pourtant j’essaye de m’améliorer. J’ai eu quelques relations plus ou moins sérieuses, surtout quand j’étais à Londres. J’avais même rencontré une fille en vacance en Suède, une suédoise, Linnea. Faire l’allée-retour avec Londres et la Suède n’était pas difficile, mais rapidement je n’avais plus le temps et nos emplois du temps étaient de moins en moins compatible, nous avons fini par nous éloigner en douceur, sans cri, sans pleur, sans casse. Quand je suis seul depuis longtemps il m’arrive de repenser à elle, je n’ai pas eut de nouvelle depuis longtemps, mais je n’ose pas en demander, je ne saurais pas quoi lui dire.




Il est loin le temps où l’on m’interdisait de jouer. Maintenant c’est le temps qui m’en empêche, et pourtant il y a quelques petites choses que je me réserve le droit de faire. On va commencer par parler du sport, j’aime ça, j’ai toujours aimé, alors souvent le matin tôt je vais courir, et la fin de semaine j’essaye de participer à ce qu’il se passe sur le campus que ça soit en soirée, ou en activités. J’ai notamment beaucoup voyagé surtout en Europe quand j’habitais à Londres.