Je suis pas des masses expressif pour le coup mais c'est parce que j'ai réfléchi à tout ça et.. non, je ne pouvais pas changer d'avis. J'ai déjà tout préparé administrativement et.. je la mets sur le fait accompli. L'idée, c'est quand même de lui laisser l'opportunité de vivre heureuse avec ses proches ici, à Cambridge et à Boston. C'était pas de m'attendre patiemment. Je ne voulais pas ça, la rendre misérable. C'était juste.. le mieux. Pour elle, pour moi. J'étais heureux avec elle mais depuis l'instant où elle m'a avoué ses sentiments pour son ex, un truc s'est brisé. C'est comme si on était vulnérable. C'est comme s'il nous était possible de ne pas survivre à la moindre vague. Et ouais, elle a tiré un trait sur lui mais.. ça changera pas. S'il se repointe dans sa vie, ça va être lui avant tout. Pas moi. Et je l'ai compris assez rapidement. Mais tout ça, ce n'était pas sa faute au final, c'était moi. C'était moi qui avait un problème pour ne pas apprécier comme il se fallait cette relation qui m'apportait bien plus que celles passées. Moi qui avait aussi cette fixette sur ma meilleure amie, et ce, depuis cet été. Rien que je n'ai pu dire, avouer ou encore confié. Mais c'est là. Et il fallait que je m'éloigne. Ses mots, ils me faisaient mal, évidemment. Je n'étais pas comme les autres, j'avais tout fait pour ne pas l'être. Et malgré un an de relation, elle me considérait quand même comme tel. C'était triste de réduire une personne à un acte, et surtout de prendre ça de cette façon... mais je subissais. Baissant la tête, je ne savais pas quoi dire. “Amuse toi bien à Washington.” Je soupirais, c'était pas ce dont il fallait retenir. « Holly » J'avais relevé la tête et puis l'avais approchée de toi pour venir t'embrasser une dernière fois. Je t'aime bordel, fallait que tu le comprennes. C'était pas un choix à prendre à la légère, c'était pas sans cul ni tête. C'était ce qu'il y avait de mieux et j'étais conscient que ce n'était pas facile à accepter. Seulement, je savais que tu saurais en tirer le meilleur.

J'ai cette sensation d'injustice qui me laisse un gout amer dans la bouche. Le fait d'avoir tout misé sur notre couple, de l'avoir fait passer avant tout, même devant Avery dont oui, je suis encore amoureuse. Le fait d'avoir décidé avec lui, d'un accord à accord qu'on devait arrêter de se voir pour laisser une chance à nos couples respectifs. Le fait d'avoir perdu mon meilleur ami pour Lincoln. Lincoln qui est en train de me quitter. Partir à Washington n'est qu'une excuse: on aurait pu essayer de rester ensemble. Ne serait-ce qu'essayer pour ne pas dire qu'on a abandonné, que Washington nous a séparé. Non, au lieu de ça, il préfère mettre un terme maintenant à notre histoire d'une manière tellement brutale que j'ai l'impression que tout ça n'a jamais voulu rien dire pour lui. J'me sens blessée, j'me sens tellement.. tellement malheureuse. J'ai envie de pleurer, j'ai envie de crier et de le gifler aussi, parce que j'ai mal. Parce qu'il me laisse comme les trois quart des hommes que j'ai aimé mon laissé. Mais je le cache tout ça comme je peux, je m'arrache la muqueuse buccale avec mes dents pour me retenir de m'effondrer en larmes dans cette voiture. « Holly » Je sais que ça n'est pas son intention, je sais tout ça mais c'est plus fort que moi. Y'a absolument aucun positif à retirer quand la personne qu'on aime nous quitte. Il vient m'embrasser et au début, je veux le repousser mais je finis par le laisser faire, parce que c'est la dernière fois que je vais sentir ses lèvres contre les miennes. Et rien qu'à cette pensée, je finis par séparer nos lèvres pour fondre en larmes. Je me recule, je cache mon visage entre mes mains pendant quelques secondes avant de me reprendre. J'essuie mes joues, le coeur battant et je me penche pour récupérer le parapluie que j'avais mis à mes pieds en entrant dans sa voiture. « J'vais.. rentrer à pieds », que je lance dans un murmure sans même oser le regarder. « J'espère que tu trouveras ce que tu cherches là-bas »  Je lui offre un sourire triste. Une vie sans moi, visiblement. Je déglutis et je baisse les yeux, ajoutant d'une voix tremblante, « Tu pourras venir chercher tes affaires chez moi avant de partir » Il ne doit pas y avoir grand chose mais j'veux rien de toi chez moi. Les prochaines semaines seront assez difficiles comme ça à gérer.

Je sais que c'était prendre la fuite, la solution de facilité. Mais je ne me voyais pas imposer à notre relation la longue distance. Huit heures qui nous espace, c'est trop. Juste.. je n'étais pas prêt. Peut-être qu'elle l'était, mais je ne l'étais pas. Et puis, qui sait, peut-être qu'un jour, on se remettra ensemble ? J'en sais trop rien. Mais là, pour moi, rien n'allait plus et c'était préférable ainsi. Je finissais par l'embrasser, parce que j'avais besoin d'un dernier baiser. De lui montrer que malgré tout je l'aimais et que rien de tout ça n'était facile. Ni pour elle, ni pour moi. C'était compliqué à comprendre pour elle mais.. c'était vrai. J'avais pas envie de la laisser mais j'en avais besoin. Égoïstement. Sauf que, si elle s'était mise à répondre à cet ultime baiser, elle l'avait rompu pour fondre en larmes, déchirant mon coeur de bien des manières. Non, non.. Holly. Je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même après tout, je la mettais dans cette situation, sans pouvoir faire quoique ce soit pour arranger les choses. « Okay.. et j'espère oui.. Merci » Non mais parce qu'elle aurait pu partir sans dire un mot. Ou alors elle n'en pense rien. Mais la connaissant, elle le pensait. D'où mon remerciement sincère. « Je viendrai alors » Bien sûr, cette conversation actuelle était difficile, mais cette prochaine entrevue allait l'être bien plus. Parce que ce sera vraiment la fin. Je partirai à Washington et.. ouais, elle ne sera plus mienne. Elle sera seule et à la merci de tous. Je me détestais rien que d'y penser. C'était encore une fois égoïste mais c'était son droit. Elle devait tourner la page. Trouver quelqu'un qui l'aimerait autant que j'ai pu. Trouver quelqu'un qui la fasse vibrer bien plus que j'ai pu le faire. Ouais, quelqu'un qui la rende heureuse, de la façon la plus pure qui soit.

C'est vrai que je suis quelqu'un d'assez franche et malgré la situation, si je lui dis que j'espère qu'il trouvera ce qu'il cherche à Washington, je le pense. A l'heure actuelle, je le déteste de me faire ça. Je le hais du plus profond de mon être de m'abandonner mais malgré ça, je reste amoureuse de lui. Et dans quelques jours, quelques semaines quand son absence se fera sentir, je me détesterais d'être tombée amoureuse de lui. Alors je sèche mes larmes, déjà honteuse et beaucoup trop fière pour m'être laissée aller devant lui et j'essaie de rester polie, même si j'ai envie de le gifler et de le traiter de tous les noms de partir. « Okay.. et j'espère oui.. Merci » Je lui parle de ses affaires parce que.. faut voir les choses comme elles sont, je vais devoir faire le tri et lui rendre ce qui est resté chez moi. C'pas un moment franchement facile mais il faut bien passer par là. « Je viendrai alors » J'hoche la tête en restant silencieuse. J'essaie de calmer mon cœur, de ravaler mes larmes pour affronter le froid dehors que je vais devoir affronter pour rentrer chez moi. Je le regarde une dernière fois et je souris tristement avant d'attraper la poignet de la portière et de l'ouvrir pour sortir de la voiture. Mon parapluie dans les mains, je ne l'ouvre même pas et je reste sous la pluie battante pour rentrer chez moi sans regarder une seule fois derrière moi.