Christmas tree and secret santa
ft. STAFF & CITIZ'

Cette lettre envoyée quelques jours plus tôt annonçait la veillée d'un événement nouveau et très attendu de tous: Noël et sa féérie, ses chansons et ses illuminations. Je sais qu'elle l'a eu également pour en avoir aperçu un bout dépasser très légèrement de sa boite aux lettres. Mais qui sait si elle compte y aller également.... C'est ce soir que le sapin revêtira pour la première fois de l'année son manteau de lumières et nous y sommes tous conviés. C'est aussi le premier Noël de Tobias que je suis allé chercher juste après avoir quitté le service, non sans l'appréhension certaine de me retrouver face à face avec Annalynne. Nous avions convenus que puisqu'elle le garde assez souvent et que ses croyances font fi de cet avènement, j'étais en droit de l'avoir pour cette soirée, un choix, une autorisation cédée avec un lourd regret.

Pourtant au moment de quitter l'appartement, le petit retenu contre moi dans une écharpe sous mon blouson laisse s'échapper quelques sanglots à peine je m'étais mis en chemin. C'est vrai... Noël est une fête familiale et la savoir derrière ce mur, seule, n'est pas pour m'enchanter même si je sais qu'elle ne veut plus rien partager. Quelques secondes de réflexions, à juger des effets et risques encourus et je fais volte face après une œillade lancée au mouflet qui se terre, suçotant son pouce en silence.  Trois frappes sur le bois vernis et cette attente qui me parait interminable lorsqu'elle ouvre finalement alors que je m'étais déjà fais une raison, prêt à repartir. " Prends ton manteau , viens marcher avec nous. " Aussi délicat qu'à l'accoutumée pour lui demander de bien vouloir m'accorder cette dernière faveur, essayant maladroitement de recoller les bouts. " C'est Noël "ou presque et c'est en famille qu'il doit être partagé. Je me suis déjà assez éloigné de mes parents, ai perdu tout contact avec ma sœur, alors ce n'est pas pour en faire de même avec celle qui m'a donné un fils.  

Christmas tree and secret santa
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J'aurais sans doute pu trouver mieux pour lui faire comprendre que sa compagnie m'importe plus qu'elle n'ose le croire. Mais cela ne fait rien puisqu'elle se décide finalement et empoigne un manteau suspendu là tout en soulignant l'unique raison de son revirement. « Pour lui. Pas pour toi. » Si fut un temps son regard pouvait me rendre l'expression de son affection, il est clair qu'à présent je n'y vois plus que de la haine et du dégout, une puissance aversion, ce pourquoi d'ailleurs je ne cherche même plus à en explorer les tréfonds.

Et cotes à cotes, pourtant légèrement plus en retrait, nous descendons silencieusement les escaliers jusqu'à parvenir à mon véhicule non loin de là garé. Inutile de faire preuve de galanterie, ce n'est plus ce qu'elle attend de moi aujourd'hui. Une pression du pouce sur la clef et la fermeture centralisée cède pour nous laisser nous y installer, moi plus affairé à attacher le petit dans un premier temps et lançant quelques œillades vers la passagère juste dans l'espoir de la voir en de meilleures dispositions à mon égard. J'ai cru un instant d'ailleurs, rassuré sur le coup, qu'elle s'était aventuré à déposer les yeux dans son rétro de courtoisie lorsque le rire de Tobias me rappela à l'ordre. Ce devait être pour le regarder lui... Alors mes doigts terminent avec application ce qu'ils avaient entamé, s'assurent encore une fois du maintien du couffin avant de le quitter et de prendre place derrière le volant.
Mais le trajet est à peine entamé que ce silence, autrefois plaisant, devient rapidement pesant. " Ton père t'as redonné ta carte bleue?  " Ou la sienne peu importe puisqu'il s’agit du même compte de débité... La fortune des Malcolm de nouveau à sa disposition, à sa portée. Pourtant je la pensais plus orgueilleuse et ne la voyais pas retourner pleurer auprès de ses parents, tout cela pour un dérapage qu'elle n'est pas prête à me pardonner. Alors après quelques sous-entendus houleux restés en suspend, nous arrivons aux abords de la Grand-Place où déjà nombre de citoyens se sont réunis. De visu, j'ai cru apercevoir en nous garant la voiture d'Alekseï et celle d'Alysse que je croise une peu trop ces derniers temps...

IN
Aujourd'hui était un jour spécial pour moi. C'était la première fois de ma vie que j'allais participer aux festivités de Noël et je n'avais pas l'habitude de m'y intéresser. Seulement depuis quelques temps, je fonçais tête baissée dans le travail pour essayer d'oublier les tensions que j'avais subi ces quelques derniers jours. J'étais tendue et ma relation compliquée avec Dimitri me rendait plus que fébrile. Aujourd'hui, j'allais essayer d'oublier tout ça et de passer à autre chose. C'est pourquoi lorsque Kyla m'avait proposé de participer à cette soirée, j'avais accepté sans même hésiter une seule seconde. Kyla était une de mes amies, une de meilleures d'ailleurs. On s'était rencontrées grâce à son ex, Cole. À l'époque, ils étaient encore ensemble et j'adorais venir la voir pour discuter de tout et de rien alors... lorsqu'il l'a quittée, j'avais tout fait pour la soutenir du mieux que je le pouvais, lui prouvant à maintes reprises qu'elle pouvait se reposer sur moi et me faire confiance. Je n'avais pas aimé l'attitude de son ex et maintenant, je n'avais presque plus de contact avec lui. On pouvait dire ce que l'on voulait mais je la soutiendrais toujours, solidarité féminine oblige. Aujourd'hui, j'étais presque surexcitée à l'idée de passer une soirée en sa compagnie parce que cela faisait longtemps que je n'avais pas pu passer un peu de temps avec elle et je devais bien l'avouer, elle me manquait un peu...

Je m'étais donc rendue à la mairie, seule avant de lui envoyer un sms afin de lui signaler que je venais d'arriver. J'étais impatiente, je regardais les décorations et j'étais vraiment émerveillée. Dans ma culture, on avait pas vraiment l'habitude de fêter Noël. Certains le faisait parce que c'était devenu quelque chose de moins religieux qu'auparavant mais dans ma famille, mon père n'avait jamais voulu le faire. On avait toujours fêté l'Aïd comme les occidentaux fêtaient Noël et cela ne nous avait jamais dérangés. Aujourd'hui pourtant, j'avais décidé de faire un effort et de me joindre aux autres pour partager cette magie. Je regardais alors les personnes présentes non loin de moi et je ne reconnaissais encore personne. Kyla ne devait pas encore être arrivée. Frigorifiée, je frottais mes mains en essayant de me réchauffer, continuant de lancer des regards à droite à gauche en tentant d'apercevoir ma douce amie...

@Kyla Carmichael-Jobs

Christmas tree and secret santa
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" Oh non..." Quelques syllabes qui viennent heurter les synapses de ma mémoire. Alysse. Elle est si sociable cette fille que c'est toujours un plaisir de la croiser. Cela fait peut-être à peine une semaine que nous ne nous sommes pas vus, à mon grand soulagement je dois dire. J'avais presque cru à des vacances, un congés bien mérité. Moi aussi, je suis tout comme elle ravi de la voir ce soir même si pour cette occasion j'ai laissé toute haine et toute rancœur de coté. " Tu t'es reproduit. " Non, t'as remarqué... Et face à son petit air taquin je m'autorise à prendre le même chemin, désirant ironiser sur cette petite erreur que nous avons commise. Un accident de la nature qu'avait-elle dit. Mais je n'ai le temps d'ouvrir mes lèvres retroussées que l'ingénue s'adresse à son homologue féminin trépignant à coté. " J'espère qu'il tient plus de sa mère." Oui, et pour sûr qu'ainsi, il détestera la Terre entière. C'est une réflexion qui me fait gentiment sourire parce qu'il est clair qu'elle ne doit pas connaitre la digne fille de Richard. Cela ne m'étonne pas d'ailleurs qu'Alysse ose accoster une parfaite inconnue.

Mais lorsque c'est Malcolm qui l'ouvre, je comprends bien vite ma douleur et le risque de les voir toutes deux échanger à mon sujet...  « Et dites moi donc, Alysse, quel est le problème avec le père ? »  « Tu la connais... » Des mots balancés, une parole qui restera sans réponse puisqu'il s'agissait du contrecoup de la surprise et non d'une réelle question. Le problème... S'il n'y en avait qu'un.... Ce sont alors les abîmes d'Annalynne que je sonde nerveusement, soudainement sur la défensive « "Le" ? Sois pas si modeste Anna, ça n'te ressemble pas. » Je sais ce qu'elle cherche à lui faire dire et si jamais mes prouesses en compagnie de la mère Frank refont surface ce soir, s'en est terminé. Alors mieux vaut pour moi ne pas m'éterniser et presque dans la foulée, crache à l'intention des deux harpies: « Le père » qui a un nom au passage....« va prendre un verre. » Alors d'une main apposée sur le bambin partiellement dissimulé sous ma veste, je m'écarte des deux femmes. Inutile qu'il entende les deux vipères cracher sur les exploits de son père, même s'il n'en gardera aucun souvenir faute de son jeune âge.

Il y a du beau monde ici, des citoyens de Boston mais aussi de Cambridge, du plus respectable comme du moins tolérable. Mais dans tout cela, il y a ce rouquin un peu plus loin là bas qui se désaltère à hauteur du buffet. Au moins un visage amicale et familier, Alekseï, une bouffée d'air avant de replonger dans l'aigreur féminine une fois armé de mon verre. Quelques pas encore et me voilà arrivé à coté de lui, allongeant le bras pour empoigner l'un des récipients au contenu alcoolisé et lui glisser tout sourire : " Laisse moi deviner: Blasé des blouses blanches cintrées ? "