Cela faisait déjà une semaine qu’il bossait pour ce magasin de jouets et Paris commençait déjà à en avoir marre… Putain mais quelle idée avait eu le gérant d’affubler les employés de tenues de lutin de noël ? Il était deux fois plus grand que tous ses collègues et donc deux fois plus repérables -surtout que les mamans n’arrêtaient pas de le draguer ou de lui laisser leur numéro. Enfin bref, Paris bossait comme à son habitude quand il vit une magnifique blonde entrer dans le magasin. ALERTE GENERALE !! Bon sang, mais qu’est-ce que foutait sa femme ici ? Elle lui avait pourtant dit qu’elle allait bosser toute la journée et qu’elle ne pouvait pas passer à l’appartement. Sur le coup, cela l’avait bien aidé puisque comme ça, il pouvait continuer de lui cacher son travail clandestin. Merde et re-merde. Le Dunster se planqua dans le premier rayon qu’il trouvât, essayant de ne pas trop secouer les grelots de ses chaussures… manque de bol, il s’était planqué dans le rayon pour les bambins. Génial, il n’avait plus qu’à fuir le plus loin possible avant qu’elle ne tombe sur lui.
Courses de Noël en avance ! Quelle Bénédiction. Entre les cours, le stage, et la vie de famille, je m’étais demandé quand j’aurais pu prendre le temps de m’occuper de mes achats de Noël. Et finalement, l’opportunité s’était présentée comme par enchantement. Une enseignante malade, une remplaçante pas habilité à me gérer en tant que stagiaire…et un directeur assez conciliant pour me donner ma journée. Voilà comment j’avais fini dans ce magasin, à flâner dans les rayons à la recherche de quelques idées de dernières minutes. Pour l’occasion, le magasin n’avait pas lésiné sur la déco et sur les costumes de ses employés, Ne sachant pas trop quoi chercher pour le moment, j’avançais tranquillement dans l’allée principale jusqu’au rayon bambin. Ah bah voilà : j’y trouvais sans doute une perle rare pour la petite ?
Comment dire : la perle rare ? Pas vraiment. Mais un grand gaillard de presque deux mètres, habillés en lutins et à moitié caché derrière des jouets en exposition ? Ca ouais ! « Paris ??! » J’avançais vers lui, alors que lui me donnait l’impression de ne pas vouloir me voir. « Qu’est-ce que tu fiches ici ?! » Et surtout, en lutins, comme tout le reste des employés du magasin
Elle l’avait grillé mais rien de bien étonnant, des lutins de presque deux mètres, cela ne courrait pas les rues et certainement pas si vous rajoutez le critère : rouquin. Toutefois, Paris ne pouvait pas lui expliquer concrètement les raisons de sa présence en ces lieux et encore moins pourquoi il lui avait caché ce travail tout cela pour sauver la surprise qu’il lui préparait. Qu’est-ce qui pouvait bien le pousser à jouer les lutins de Noel ? Leur mariage. Ils avaient appris il y a quelques jours qu’ils étaient mariés et il avait bien senti que sa femme souhaitait vraiment une cérémonie pour « officialiser » les choses. Or, qu’est-ce qu’il fallait pour s’unir à une femme ? Des alliances. Le Dunster voulait vraiment faire les choses bien pour Summer et il comptait les lui offrir pour Noël. D’ailleurs, il avait réservé dans une petite joaillerie les deux précieux anneaux. Tout ce qui lui manquait, c’était le financement d’où ce travail très chiant. « Hey hey…Bébé… qu’est-ce que tu fiches ici ? » lui demanda-t-il, vraiment gêné en tirant sur sa veste verte. « Euh… je joue au lutin de Noël ?! » tenta-t-il de jouer la carte de l’humour.
La question que j’avais posée à Paris me revenait comme un boomerang, ici, dans ce rayon pour bébé. Si moi, je pouvais encore aisément expliquer que je venais pour mes pré-emplette de Noël, je doutais sincèrement qu’il soit aussi simple pour Paris de me dire ce qu’il fichait là, dans cet accoutrement. Réponse simple de sa part…Et air ahurie de ma part ! « Nan mais ça tu vois, je l’avais remarqué ! Je veux dire : tu ne passes pas inaperçu habillé ainsi ». Je croisais les bras devant ma poitrine et penchais la tête sur le côté, en le regardant de haut en bas, puis reformulais ma question « Donc, on recommence : pourquoi tu joues au lutin de Noël dans ce magasin ? » J’avais voulu rajouté «…surtout que tu m’avais dit que tu avais du travail à la salle de sport… » Mais m’étais abstenue à la dernière minutes, histoire de voir où son explication me mènerait…
Paris s’était souvent senti con dans sa vie mais là, face à sa femme, habillé comme un lutin de Noël élevé aux OGM… il se sentait plus que con. La honte totale. « Bah… j’ai vu de la lumière ? » tenta-t-il la carte de l’humour mais à la voir croiser les bras sur sa poitrine, la tête sur le côté, attendant une véritable réponse de sa part, il soupira. « Je voulais juste me faire un peu d’argent de poche pour Noël c’est tout ! Je vais pouvoir me dégager un salaire à la salle de boxe mais il va être rapidement englouti dans les frais alors je voulais juste… un peu de fric » marmonna-t-il en essayant de ne pas trop lui mentir car s’il y avait bien à une personne qu’il refusait de faire cet affront, c’était bien à elle. « Du coup… besoin d’un coup de main d’un lutin de Noël ?! Normalement je suis censé te faire une petite danse pour faire sonner mes petites clochettes et te balancer le pitch de la maison » soupira-t-il.
J’étais prête à répondre du tac-au-tac qu’il ne devait s’amuser à se foutre de ma gueule comme ça, mais apparemment mon comportement répondait de lui-même : Paris m’expliqua sa raison, et bien vite, je me décrispais le haut du corps, mais fronçais tout de même le regard un peu surprise « Je ne comprends pas…pourquoi tu en m’en as pas parlé ?! » C’est vrai quoi, nos problèmes de fin de mois restait monnaie courante – sans mauvais jeu de mots – et j’avais du mal à comprendre qu’il puisse garder sa recherche de job secrète. Concernant la danse que devait exécuter Paris pour amuser la galerie, cela aurait pu être tentant, mais j’ai bien l’impression que mon mari ici présent, n’est pas si enchanté que cela de sa situation. Et je n’avais certainement pas envie de jouer avec son état d’esprit maintenant. « Nan je te remercie pour la danse, mais je vais m’en passer » souriais-je gentiment, avant de m’approcher, en décroisant les bras pour venir observer un peu plus en détails son déguisement « c’est confortable ? » tentais-je de dire, en cachant mon sourire amusé.
Pourquoi ? Peut-être parce qu’elle était la destinataire du cadeau qu’il prévoyait de faire avec cet argent. Paris ne pouvait décemment pas bousiller sa surprise concernant leurs alliances avant Noël. Pour une fois, il voulait verser dans le romantisme et lui offrir un beau cadeau. « Bah parce que techniquement, tu m’aurais dit de ne pas faire de folie pour Noël, que tu avais simplement besoin de ma présence à tes côtés, le truc habituel » tenta-t-il de répliquer en faisant style que c’était pour son bien qu’il lui avait caché la vérité, pour jouer aux héros. Qui sait, cela pouvait fonctionner. « Plutôt à moi de te remercier… je t’embrasserai bien mais j’ai peur que les autres mamans s’imaginent que ça fait partie de ma prestation. Je te raconte pas le nombre de mains au cul que je me suis pris » grommela-t-il avant de grimacer face à sa question. « J’ai l’impression d’être à poil dans ces collants… mais les chaussures sont ultra confortable, on dirait des chaussons » répondit-il en faisant teinter les grelots.
Ouais, c’est vrai, je lui aurais sans doute fourni cette excuse, parce que OUI, c’est exactement ce que je souhaitais dans le fond. « Bah oui je t’aurais dit ça, parce que c’est la vérité ! » boudais-je à moitié vexée de voir qu’il n’avait pas voulu me dire qu’il voulait faire plus pour Noël cette année « Au pire, je ne sais pas mais…j’aurais très bien pu mettre la main à la patte, si il s’agit d’argent pour les cadeaux ? » Etant mariés ils étaient selon moi normal que je participe activement au noël de la famille, et les Maconahey étaient nombreux ! Très nombreux.
J’épargnais Paris en lui demandant de ne pas faire sa danse du lutin – le sachant surtout bien plus talentueux pour oser gâcher cela dans une danse qui ne le mettrait pas en valeur – et m’approchais de lui en riant à ses propos « Tu te doutes bien que me dire cela me donne encore plus envie de t’embrasser pour que ces fameuses maman comprennent que c’est chasse gardée ! » Puis je m’intéressais à son costume, des idées derrière la tête « A poil tu dis ? » j’arquais un sourcil en me mordant la lèvre avant de lever les yeux vers les siens et de demander d’un air mutin « Et c’est le cas en vrai? En dessous ? »
YES ! Il avait réussi à détourner le sujet et surtout à se trouver une très bonne excuse pour affaiblir sa suspicion. C’était moins une mais il était fier de son coup qu’il se sentit poussé des ailes. « Que veux-tu, je te connais trop bien bébé » s’amusa-t-il à répondre en la voyant faire la moue. Bon sang, il adorait l’embrasser dans ces moments-là mais il ne pouvait pas. Foutu boulot de merde ! « Ah non, c’est mon problème bébé… Je veux dire, je veux alimenter mon compte en banque donc je ne vais pas te faire bosser pour moi. Je préfère quand tu me paies en nature » secoua-t-il la tête de droite à gauche avec un sourire séducteur pour qu’elle oublie cette histoire d’argent et de cadeaux. Bon, il est vrai que depuis qu’ils étaient mariés, la question de l’argent faisait cause commune mais tout de même : elle n’allait pas bosser pour son propre cadeau n’est-ce pas ?! « Je sais ! J’adore quand tu es jalouse car tu es encore plus sexy » avoua-t-il avec un petit rire qui s’étrangla en voyant cette petite lueur intéressée dans son regard. Pitié, qu’elle ne commence pas à le chauffer, il portait un collant et il ne voulait pas vraiment avoir la trique en plein magasin -D’ailleurs, comment faisait superman pour ne pas se dévoiler devant Loïs ?!; « Bébé, commence pas…. J’ai un boxer ! » grommela-t-il. « Je te signale que le collant ça moule un peu trop… alors calmos sinon je vais avoir un problème »
C’est vaincu par la bêtise de mon homme que je n’insistais pas plus au sujet de l’argent et des cadeaux, surtout que je savais aussi Paris assez fier. Peut-être qu’à sa place, je n’aurais pas aimé qu’on me dise que j’avais besoin d’un coup de main pour assurer dans un projet qu’il s’était fixé « Juste, à l’avenir mon cœur, parles-moi de tes intentions, plutôt que de m’inventer des prétextes comme « J’ai du boulot à la salle de sport, je vais être overbooké »…j’apprécierais. » Ce serait le seule sermon que je lui ferais aujourd’hui, parce que j’imaginais facilement le calvaire qu’il devait vivre à rester là pour appâter la clientèle. J’avais déjà joué les vendeuses, mais heureusement pour moi, on ne m’avait pas affublé de costumes. N’aimant pas l’idée que d’autres femmes cherchent à s’accaparer mon homme, mon instinct s’était tout de suite mis en marche pour assurer son territoire, jouant les prédatrices séductrices face à ce grand lutins sexy devant moi. Forcément la réaction de Paris était prévisible, et j’en riais discrètement « T’es pas drôle, tu le sais ça ?! » disais-je tout en m’approchant un peu plus de lui pour venir faire courir un doigt sur son torse recouvert par ce petit gilet bien flashy ! « T’as le droit d’emmener ton habit de travail à la maison ? » demandais-je en jouant les innocentes « Je demande ça parce que…je trouve l’idée du lutins sexy de Noel tout aussi amusante que l’idée du père Noel sexy, dans la chambre à coucher. »
