Wasted
— Mara ♥

J'avais mal au coeur. Peut-être que j'en voulais à ces deux-là, peut-être que j'avais ce goût amer en bouche en pensant à ma meilleure amie. A ce silence qu'il y avait entre nous depuis qu'on s'était croisées chez Adri, à cette tension palpable qu'il y avait entre nous à.. la fin d'une amitié ? Non ça, je ne pouvais même pas l'envisager. Alors peut-être que tout ça faisait que je ne voulais pas entendre parler d'eux, que j'voulais faire comme si je ne savais pas, comme si Adriel n'était pas en train de se taper ma meilleure amie là, maintenant en ce moment même qui sait, après m'avoir baisé moi pendant plusieurs mois. Peut-être que j'aurais dû rester indifférente à ce que j'avais lu sur formspring, à ce que tout le monde pouvait lire librement: ma meilleure amie en train de se faire lyncher par un connard. Sauf que j'pouvais pas. J'avais mal au coeur. Et je ne supportais pas qu'on lui fasse du mal. J'imaginai très bien l'état dans lequel elle devait se trouver actuellement, alors je lui avais envoyé quelques sms pour lui demander comment ça allait. Peut-être que j'étais faible au final, mais je m'en foutais. Oui, j'étais faible quand il s'agissait de Margot. Et la réponse que j'avais eu n'avait fait que confirmer mes craintes. Sans réfléchir davantage, j'avais pris ma voiture direction la Mather House, puisque c'était là bas qu'elle logeait depuis quelques semaines. Sauf qu'une fois sur place, je ne la trouvais pas. Je pétais presque un scandale auprès de certains membres qui devaient littéralement me prendre pour une folle, avant qu'on m'indique enfin l'adresse de la soirée. Celle qu'on lui avait déconseillé, mais où elle s'était de toute évidence tout de même rendue. Et vu la tête des quelques Mather à qui j'avais parlé, c'était pas vraiment l'adresse la plus conseillée. Dans quoi tu t'es fourrée Margot.. ? Sans chercher à comprendre, je repartais en voiture direction le centre de Boston et quelques minutes plus tard, j'arrivais dans cet espèce de boite souterraine à l'allure douteuse. Ca puait à drogue à des kilomètres, et plus je me frayais un passage parmi la masse de fêtard-toxico, plus je sentais mon rythme cardiaque s'emballer en craignant de trouver ma meilleure amie dans un sale état. Je ne cessais de regarder partout autour de moi, stressant à chaque fois que je croisais une fille qui avait à peu près les cheveux roux. Puis enfin je la voyais. Prendre ce verre qu'on lui tendait entre ses doigts, alors que le mec en profitait clairement pour limite la peloter. Sans réfléchir un instant de plus, je m'avançai d'un pas terminé vers eux et arrachai le verre des mains de Margot, avant de le vider par terre juste à côté pour le reposer sur le bar, vide. Dégage dis-je fermement au pauvre type complètement défoncé qui essayait de faire boire je ne sais quoi à mon amie. Il s'éloignait, et je soupirai en regardant Margot. Elle était complètement stone, ça se voyait à des kilomètres. T'as pris quoi ? demandai-je en posant le dos de ma main sur son front. Elle était brûlante.

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— Mara ♥

J'suis à côté de mes pompes, mais c'est tellement plus agréable en fait d'être comme ça. Détendue, je plane, je souris, j'écoute sans vraiment écouter ce que les autres me disent. Et ce gars qui a son bras autour de ma taille, c'est pas si désagréable, même si une part de moi a envie de lui dire de me lâcher. Peut-être que c'est tout ce que je mérite au fond, d'avoir ce genre de proximité qu'avec des abrutis finis. Ma tête oscille de gauche à droite sur le rythme de la musique, jusqu'à ce que mon verre m'échappe. D'abord, j'ai cru que je l'avais laissé tomber, jusqu'à ce que j'entende une voix que je ne connais que trop bien, disant: Dégage avec fermeté à mon compagnon du soir. Je fais une moue boudeuse en le voyant partir, tendant une main vers lui. « Oh nion, t'en vas pas toi aussiii.. » J'suis triste. J'connaissais même pas son prénom, mais j'suis triste. Je me décide finalement à regarder à côté de moi la responsable: Lara. Je fais une moue boudeuse en croisant les bras pendant qu'elle me colle le dos de sa main sur le front. J'suis pas malade. T'as pris quoi ? Haussement d'épaules. Je regarde la brune sans vraiment la voir, sans trop regarder quoique ce soit, et je fais un sourire niais. « Je sais pas trop, c'était happy hour j'ai bu beaucoup beaucoup d'verres. Et ils m'ont touuuuuut offert! » Je pointe des doigts tous les gens autour, puisque je sais plus exactement qui m'a offert un verre. Puis j'ajoute, fièrement, ravie: « Et y avait des petits cachets en forme de coeur, ils étaient trooooop mignons Lara! » Et zou, je pique le verre du voisin pour le boire. C'est la fête, yolo. Il l'a même pas remarqué, et à cette pensée, je rigole, tournant à nouveau les yeux vers ma meilleure amie. Enfin, est-ce que c'est encore ma meilleure amie vu qu'elle doit me haïr comme Adriel? « Et toi, qu'est-ce tu fais là? J'ai plus de cachets roses, j'suis triste, sinon j't'en aurais passé. » Elle est peut-être venue pour ça aussi, c'est pour ça qu'elle voulait autant savoir où j'étais ?

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J'ignorais sa phrase concernant ce pauvre type qui s'était approché d'elle, me doutant qu'elle était bien trop à l'ouest pour pouvoir comprendre les évènements avec lucidité. Je fronçai les sourcils en sentant sa peau brûlante contre le dos de ma main froide, et par réflexe, mes doigts glissaient jusqu'à son cou, soupirant en sentant son rythme cardiaque prêt à décoller. « Je sais pas trop, c'était happy hour j'ai bu beaucoup beaucoup d'verres. Et ils m'ont touuuuuut offert! » Ok Génial. Quelle générosité, merci les gars. « Et y avait des petits cachets en forme de coeur, ils étaient trooooop mignons Lara! » D'accord, donc c'était bien ça. On lui avait filé de l'ecstasy et elle était complètement défoncée. Au fond, ça ne me surprenait pas vraiment que Margot n'ait pas sû ce que c'était et.. c'était certainement pour ça que je l'aimais autant cette fille. Mais là pour le coup, j'étais terriblement inquiète, ayant déjà assisté par le passé à des bad trip pas amusant du tout. Je soupirai à nouveau en la voyant attraper un nouveau verre au mec un peu plus loin. Une vraie gamine. « Et toi, qu'est-ce tu fais là? J'ai plus de cachets roses, j'suis triste, sinon j't'en aurais passé. » Ca aurait fait un beau bordel tiens. Sans lui demander son avis, je lui prenais une nouvelle fois son verre des maisn et le posais un peu plus loin. Je suis venue te chercher. On s'en va de là viens dis-je en attrapant sa main fermement, pour l'obliger à me suivre vers la sortie. Si je restais encore ici une minute de plus, j'allais être stone à mon tour rien qu'à respirer leurs merdes.

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J'ai poussé sur la bouteille. Et sur le reste, ok, je l'admet, mais au moins ça me permet de me changer les idées, pourquoi Lara elle a pas l'air de comprendre ça ? J'suis triste, pourtant, je lui propose gentiment des cachets roses mignons en forme de coeur. Bon, si on omet le fait que j'en aie plus, ils ont l'air de traiter ça comme de la monnaie rare, faut dire que j'en avais jamais vu auparavant. Mon verre - enfin celui d'un autre - en main, j'adresse un large sourire à ma meilleure amie qui me reprend le verre une dernière fois, m'arrachant une moue réprobatrice. Pourquoi tant de haine ? Je suis venue te chercher. On s'en va de là viens Pas le temps de réfléchir plus que ça qu'elle attrape ma main, de cette manière qu'elle a clairement d'être quand elle ne veut pas me laisser de choix. « Mais... » Je regarde vers ma place, mécontente, voyant que celle ci a déjà été reprise par d'autres gens. Tristesse, j'avais galéré à la trouver, cette place. Une fois arrivées dehors, je tire vaguement (n'ayant pas des masses de résistance) sur mon bras, et donc, sur la main de Lara. « Pourquoi tu m'laisse pas ? J'étais à ma place, là bas. » Si c'est pas la place que je voulais, c'était celle qu'on m'a choisie. Celle d'une moins que rien, d'une inutilité de cette planète. A quoi bon rester sobre si c'est pour lire des trucs aussi méchants que ce que j'ai vu sur Forms ? Si c'est pour me disputer avec Adriel et le perdre définitivement ? Je regarde vers le mur contre lequel j'ai éclaté mon portable, lequel git encore par terre, et je serre la mâchoire. Le fun est parti. J'ai juste envie d'crever, Lara, me laisse pas retourner à cette réalité.

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« Mais... » Je n'écoutais pas ses protestations, faisant comme si je n'avais rien entendu. J'arrivais à traîner Margot jusqu'à la sortie, sentant bien qu'elle n'était pas vraiment ravie que j'interrompe sa soirée. Mais tant pis. On arrivait sur le parking extérieur, et je soupirais de soulagement en sentant l'air frais infiltrer mes poumons. Margot tirait sur son bras, essayant de se dégager avec maladresse et finalement, je la lâchais en laissant retomber mon bras mollement le long de mon corps. Elle m'inquiétait et à cet instant, je savais que j'étais incapable de le cacher. « Pourquoi tu m'laisse pas ? J'étais à ma place, là bas. » Je la voyais tituber, son regard tentant d'accrocher quelque chose autour d'elle.. avant de se poser sur un téléphone éclaté par terre. Et immédiatement, je reconnaissais le sien. « Tu dis n'importe quoi » dis-je en soupirant, avant de faire quelques pas et de me baisser pour ramasser le téléphone en miette et le mettre dans ma poche. Puis je revenais vers elle, et sans vraiment réfléchir, je la prenais dans mes bras. Pourquoi est-ce qu'elle se mettait en danger comme ça ? Pourquoi est-ce qu'elle se laissait toucher par autant de connerie humaine hein ? Déjà que j'étais plus grande qu'elle, à cet instant, elle me paraissait encore plus fragile qu'à l'habitude. « Ne fais plus jamais ce genre de conneries » dis-je en m'écartant légèrement pour la regarder.

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— Mara ♥

Dans la famille, je me suis toujours efforcée d'être la figure forte, même en étant la plus jeune. Gros caractère, paroles parfois incisives, et pourtant, à cet instant précis, je suis à fleur de peau, plus fragile que jamais. Lara finit par me relâcher, et je lui demande de but en blanc pourquoi. Pourquoi tu m'as pas laissé là où j'ai ma place, chez les moins que rien, les inutiles? « Tu dis n'importe quoi » Je soupire presque en même temps qu'elle, tandis qu'elle va chercher mon téléphone émietté sur le sol. « Ça sert à rien, il est foutu.. » Marmonnais-je, mais je n'ai pas le temps d'en dire plus car je finis dans les bras de Lara. Et là c'est le coup de grâce. Dans un premier temps, je reste immobile, les paupières closes, comme si j'essayais d'une certaine manière de me convaincre que rien de tout ça n'est réel. Peut-être que je suis encore à l'intérieur, que je divague, que Lara me manque tellement que je l'imagine contre moi. Puis, sa voix revient: « Ne fais plus jamais ce genre de conneries » Et quand elle recule pour me regarder, ce sont des yeux verts bordés de larmes qu'elle rencontre avant que je ne retourne dans ses bras. « J'en peux plus Lara ... Je .. J'en peux plus. » La situation, les critiques, l'incendie, j'ai l'impression de vivre plus de blessures depuis mon retour de Corée que de bien, et au final, je répand le mal autour de moi. Mes bras autour d'elle, je profite juste de l'étreinte de ma meilleure amie, parce que j'ai besoin d'elle, parce qu'elle est vraiment là, malgré toutes les raisons qui devraient la pousser à me détester. « Ca fait trop mal. » Tout ce qui se passe, Adriel, elle, le Formspring. L'alcool, la drogue, c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour que ça cesse. Au moins dans mon esprit.

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— Mara ♥

Ca me faisait tellement mal au coeur de la voir comme ça. Margot comptait énormément à mes yeux, elle était ma famille.. et le simple fait de la voir souffrir me faisait du mal. Je ne voulais plus la retrouver dans ce genre d'endroit, dans un état pareil. Malgré moi, je ne pouvais m'empêcher de me dire qu'elle avait évité le pire. Un viol, une overdose, ou tout un tas d'autres horreur. Jamais je n'accepterai qu'on lui fasse du mal, je ne pouvais tout simplement pas l'accepter. Et malgré la situation, tout ces mots sur son formspring m'avaient révoltés tellement j'imaginais l'état dans lequel elle avait dû se trouver. Et je ne m'étais pas trompée.  Je voyais les larmes dans ses beaux yeux vert en relevant son visage vers moi, et la serrais encore un peu plus fort quand elle se blottis à nouveau dans mes bras. « Allez c'est bon, c'est fini.. » dis-je avec douceur en caressant ses cheveux roux. « Faut pas que tu les écoute, ce sont juste des gros cons. Je veux pas que tu les écoute, j'veux pas que tu les écoute même une seconde » dis-je d'une voix légèrement tremblante, touchée malgré moi de la voir ainsi. Elle était mon tout, ma faiblesse. Et bon dieu ce que je détestais cette situation entre elle et moi. « Je suis tellement contente que tu sois avec moi. On pouvait juste pas prévoir.. tout ça. »