"the extent of all my worthless rage."

« Ça fait bientôt vingt minutes que j'attends bordel, grouillez-vous ! » Tu hurlais sur le premier interne qui vint passer devant toi, ce dernier ne prenant même pas la peine de te répondre puisqu'il continua droit devant son chemin. Il était une heure du matin passée, tu étais crevée mais surtout, tu avais encore eu une crise d'hyperventilation. Depuis les années, tu étais habituée à ces moments où l'air te manquait, mais ce soir la crise avait été particulièrement forte, et il t'avait fallu un long moment avant de reprendre calmement tes esprits. Tu t'étais alors rendue aux urgences en pleine nuit, prenant tout de même soin de bien t'habiller et de te maquiller en vitesse avant de sortir. Tu avais beau te sentir mal, tu ne changerais jamais tes habitudes. Les couloirs de l'hôpital était quelque peu rempli, et tu savais pertinemment que tu n'allais pas passer avant un moment. Certain était en sang, d'autre avait eu un accident. Toi, tu avais juste du mal à respirer. Alors oui, certainement qu'ils allaient te laisser poireauter un moment. Il en était hors de question, tu voulais retourner au plus vite chez toi pour terminer ta nuit et être un minimum en forme pour tes cours du lendemain.

Tu n'arrêtais pas de te lever, de te rasseoir, de te relever et de te rasseoir encore une fois. La patience n'était définitivement pas ancrée dans ta nature. Tu savais que t'énerver n'allait servir à rien, à part à déclencher une nouvelle crise. Mais tu avais juste horreur de l'ambiance des hôpitaux. Tu t'y rends tellement souvent pour cette foutue maladie, que tu ne supportes plus d'y rester ne serait-ce que quelques heures. Quand tu vois une nouvelle blouse blanche passer devant tes yeux, tu bondis alors de ton siège sans prendre la peine de réfléchir. « He, toi là, ça fait un moment que j'attends, c'est à mon tour de passer maintenant ! » Tu avais pris le culot de tutoyer la jeune brune, dont tu venais d'attraper le bras, jugeant qu'elle devait avoir environ le même âge que toi et que donc, elle ne méritait pas ton vouvoiement. « J'ai mal au cœur, je galère à respirer. J'dois me couper la main pour qu'on s'occupe enfin de moi ou quoi ? » Tu étais sur les nerfs, tu sentais ton cœur s'emballer sous ta poitrine. Mais tu n'arrivais définitivement pas à te calmer.