Vingt heures approche. Tu es encore une fois, en retard. Par chance, tu rejoins Anna à son appartement ce soir. Tu sais déjà que ton retard ne sera même pas mentionné, chose que tu apprécies chez elle. Tu prends rapidement une douche, t’habilles confortablement et ramasses tes clefs avant d’attraper le volant de ta voiture. Ce genre de soirée est maintenant un rituel depuis plusieurs mois, seulement ce soir tu as choisi d’apporter un petit plus. Tu t’arrêtes à quelques rues de chez elle, achètes une bouteille de vodka ainsi qu’un paquet de douze bières. Ah et puis merde, il te faut aussi un paquet de clopes. Tu essaies d’arrêter depuis quelques temps déjà, mais tu sais que ton manque de nicotine s’éveil avec l’alcool.

Le programme de ce soir ; un marathon à la Quentin Tarantino. C’est pourquoi tu ne doutes pas une seconde qu’Anna soit déçu de ton choix cinématographique. Après tout, vous êtes deux fans fini de ce dernier.. Tu te stationnes dans le stationnement de l’un de ses colocataires qui sont de toute façon, absents pour la soirée. ¸À tes côtés, sur le siège passager, tu ramasses deux sacs, dont l’un contient l’alcool, tandis que l’autre comprends quatre de tes films préférés ; kill bill vol 1 & 2, pulp fiction et inglourious basterds. T’approchant de la porte d’entrée, tu vois peu de lumières à l’intérieur. Tu frappes à la porte et espère une réponse rapide parce que ouais, la pluie, tu l’emmerdes. Étrangement, tu attends et tu ne vois et n’entends personne. « Livraison express de Tarantino et d’alcool! C’est toi la pire si tu me réponds pas! » dis-tu, espérant finalement une réaction.

Toujours rien. Tu décides alors de t’allumer une cigarette que tu fumes en moins de cinq minutes. C’est lorsque tu t’apprêtes à aller t'asseoir sur le banc face au logement que tu entrevois une lumière jaune dans l’appartement. Tu comprends donc qu’elle prenait probablement sa douche et que pour une fois, elle ne t’abandonne pas dans ton retard. Légèrement impatient comme tu es, tu renchéris. « Alors, tu m’ouvres ou tu me laisses là comme un con devant ta porte? » Une chance qu’Anna connaît une bonne partie de “ta” personnalité, parce que honnêtement, tu sembles souvent avoir la même chose au cul que Donald Trump.

J'étais enfermée depuis plusieurs jour à l'appartement. L'incendie de la Lowell était encore frais dans mon esprit et même après avoir séjourné à l'hôpital pendant deux jours à cause de mon exposition à des fumées toxiques, je me sentais encore un peu fatiguée. J'avais vécu des moments durs, des flashs faisaient irruptions dans ma tête un peu trop souvent. J'avais juste besoin de me changer les idées, de voir quelqu'un qui a la faculté de me faire oublier mes pensées négatives.

Il était presque vingt heure, l'heure à laquelle Caleb était censé arriver. Nous avions échangé quelques sms plus tôt dans la journée pour prévoir une soirée marathon Tarantino. Je ne pouvais pas rêver mieux, car franchement la semaine avait été plus que désastreuse. Il était temps que j'aille prendre une douche, il ne manquerait plus que ce soir il ne soit pas en retard. Je suis fin prête alors que vingt heure est carrément dépassé. J'allume la lumière du salon et décide d'aller voir s'il n'attend pas derrière la porte d'entrée. Visiblement j'avais vu juste, mon beau brun de meilleur ami est entrain d'attendre comme un con sous l'eau. Je suis sur le pas de la porte en shorty et débardeur et je me les gèle. Rentre, dépêche il fait trop froid ! Oui, je me permets de l'engueuler alors que c'est moi qui l'ai fait attendre dehors. Je sais qu'il ne m'en voudra pas.

Je rentre la première et il referme la porte derrière lui laissant le froid et la pluie dehors. La tempête à dévaster pas mal de trucs sur son passage, les inondations ont ravagé des tas de quartiers. Par chance nous n'avons pas été inondé et notre rue est toujours accessible. Fais comme d'habitude. Fais comme chez toi quoi. Je l'embrasse sur la joue et observe les sacs qu'il tient dans sa main. Je repère une bouteille d'alcool et mon sourire s'agrandit. Je vais dans la cuisine pour ramener deux verres et des chips avant de m'installer sur la canapé.

Dès que l’opportunité s’offre à toi, tu la saisie et franchis la porte avant de refermer cette dernière. C’est pas que tu te les gelais mais… enfin, ouais c’est pas mal ça. « C’est pas trop tôt! » dis-tu, esquissant un sourire taquineur. Tu déposes les sacs sur la table après qu’elle t’aies invité à faire comme chez toi. Habituellement, tu laisses très peu de gens t’approcher, te toucher ou peu importe ce qui implique quelque chose de social. Mais bon, de toute façon, cet aise que tu as avec Anna te donne carrément l’impression que tout avec elle est normal. Aucune gêne, aucun jugement, une relation tout de même simple en soie. C’est probablement ce qui t’amènes à passer beaucoup de temps avec elle. Parce que outre le fait que tu sais très bien que tu n’es pas normal, avoir une impression de l’être est parfois nécessaire et bénéfique.

Ton attention reste sur Anna qui s’occupe de ramasser l’essentiel pour la soirée . « J’ai apporté un remède à ce temps de merde. Quoi de mieux qu’une bouteille de Vodka pour rester au chaud, hein? » Tu sors la bouteille du sac et l’apporte auprès d’Anna. Elle tient toujours les deux verres dans ses mains que tu t’empresses de lui piquer et de remettre dans l’armoire. « On va boire au goulot, on est pas des faibles! Tu me remercieras demain, après la gueule de bois que tu vas avoir, bien entendu! » Tu as toujours eu cette impression que de boire de la Vodka à la bouteille même, avait cette étrange caractéristique de te saouler encore plus. Probablement parce qu’à la bouteille, tu ne remarques pas nécessairement la quantitée ingurgité. Tu retournes à la cuisine quelques secondes afin d’apporter la bière près du canapé et tu prends le sac contenant les quatre films.

« Vu que je suis vraiment génial, je te laisse choisir par quel film on commence. Et pas le droit de t’endormir avant la fin du dernier film! » dis-tu, lançant les quelques dvds que tu avais dans ton sac. Tu te fais finalement une place sur le canapé, juste aux côtés d’Anna. Depuis plusieurs jours déjà, tu as cette rage d’alcool et tu sais que ce soir, tu pourras l’assouvir. C’est pourquoi tu la vodka et en prends une quantité considérable. Tu la déposes sur le sol avant d’échapper un ; « Putainnn! » Tu aimes la sensation que la vodka amène à ta gorge. Mais t’as pas pensé au fait que tu en as pas bu depuis quelques temps déjà. Alors la ta gorge, c’est un vrai putain de volcan en éruption. « J’suis peut-être rendu trop vieux et faible pour boire à la bouteille finalement. » Tu boiras à la bouteille par fierté, mais putain, des shooters seraient pas si mal finalement.

Il s'installe, fait comme chez lui comme je le lui ai dit. C'est très simple entre nous, les choses se font sans aucune gêne. Je le connais, je sais qu'il n'est pas du genre câlins et autres conneries. Je dois bien avouer que contrairement à lui j'ai besoin de ce petit côté tactile avec un geste qui passe inaperçu mais qui est présent quand même.
Je reviens donc de la cuisine, deux verres en main pensant que ça nous serait plus qu'utile pour boire de la vodka. T'as bien fait, j'ai besoin de boire. Ca me fera du bien.
Je prends place sur le canapé m'apprêtant à poser tout ce dont on a besoin sur la table basse. Mais visiblement Caleb a prévu d'autres plans pour ce soir, il veut me souler et je n'ai absolument rien contre. Je hausse les épaules quand ils ramènent les verres dans la cuisine, c'est lui qui prend les choses en main ce soir. Ca me va mais si je vomis tu vas être obligé de me tenir les cheveux ! Je lui fais les yeux doux en imaginant cette situation que je n'aimerai pas que l'on vive ce soir.

Il retourne dans la cuisine pour revenir quelques secondes plus tard avec des bières, putain j'sais vraiment pas comment on va finir ce soir. Je le regarde vider son sac pour faire apparaitre quatre dvd de tarantino, mes préférés même si j'aurais ajouté Reservoir Dogs. J'en attendais pas moins de ta part, un peu de galanterie ne peut pas te faire de mal, n'est ce pas ? J'affiche un sourire taquin et me penche sur les quatre chefs d'oeuvre qui sont face à moi. Je prends Kill Bill vol 1 et le brandit devant son nez alors qu'il vient de s'envoyer une sacrée dose de vodka. Je secoue la tête en riant et me lève pour aller mettre le dvd. Ouais, ça sert à rien de te la jouer devant moi, j'sais déjà ce que tu vaux à ce niveau là ! Je mets en route le film en appuyant sur tout un tas de trucs et viens me rassoir tout près de lui. Je saisis la bouteille de vodka qui est à ses pieds et bois une gorgée assez longue, peut être un peu trop mais franchement ça m'est égal. Je ferme les yeux quand le liquide descend le long de ma gorge et ma bouche fait une légère grimace mais ça passe mieux que je ne l'aurais pensé. Ca fait du bien par où ça passe..

Ca fait un moment que je n'ai pas bu et encore moins de l'alcool fort et pur. Je sens qu'il ne va pas me falloir beaucoup pour avoir l'esprit un peu dans le cosmos. Je saisis la télécommande et appuie sur play. Plus aucun bruit, ça commence. La musique du générique résonne dans tout l'appartement, j'en profite pour reprendre une autre gorgée qui passe un peu mieux. Je tends la bouteille à Caleb et ne peux m'empêcher de lui lancer Tu comptes me souler pour pouvoir profiter de moi ? Je pose mon regard sur lui un sourire aux lèvres.

J’esquisse un léger sourire, grimaçant mentalement face à l’idée de devoir m’occuper de quelqu’un qui vomit. Après tout, je sais qu’avec la quantité d’alcool qui se trouve dans cet appartement, la soirée ne prendrait pas une tournure surprenante si quelqu’un se retrouve malade, la tête enfoncée dans le bol de toilette.

« Excellent choix! » dis-je, satisfait de commencer par Kill Bill Vol. 1. Alors même qu’elle s'assoit à côté de moi, elle se permet un traitement semblable au mien, en ingurgitant une bonne quantité de vodka. « Avoue que j’ai fait un choix quasiment parfait avec la vodka! » répondis-je, à son affirmation que présentement, ça faisait un de ces biens.

Alors que le générique apparaît à l’écran, Anna se retourne vers moi et m'avertit de ne plus parler. « Oui, maître. » dis-je, étouffant un rire moqueur. Il ne faut que quelques secondes de plus avant qu’elle se serve à nouveau à la bouteille, la tendant vers moi par la suite. À peine ai-je le goulot aux lèvres, que la trame sonore du film n’est plus le seul bruit dans l’appartement. Anna brisait elle-même le règlement qu’elle avait instauré l’instant précédent. Sa question irrigua un grand sourire sur mes lèvres avant de lui répondre narcissiquement. « Pfft, tu crois vraiment que si mon intention était de profiter de toi, j’aurais besoin de te faire boire? » Au moment même où ces mots sortaient de ma bouche, je sentais quelque chose de différent. Avec Anna, c’était platonique. Du moins, c’est ainsi que j’avais catégorisé notre relation. Seulement, mon ton semblait beaucoup plus charmeur que taquineur. Pour rattraper le coup, je n’avais qu’une chose en tête, tourner la situation en mon avantage. « De toute façon, c’est plutôt moi qui devrait avoir peur. » dis-je, prenant une pause de quelques secondes avant de renchérir. « C’est la première fois qu’on boit ensemble et j’ai aucune idée de comment tu réagis sous l’effet. » Ouais, c’était la première fois que ces deux-là allaient se saouler ensemble. « On sait jamais, tu pourrais avoir une folle envie d’être sauvage et de me sauter dessus. » L’alcool frappait déjà? Non. Impossible. « De toute façon, avec la gueule que j’ai, j’te pardonnerais. Comment résister, hein? »

Le choix du film est fait et j'en suis déjà à ma deuxième longue gorgée de vodka. Je suis contente qu'il ai ramené de l'alcool et que les choses se fassent si naturellement entre nous. L'amitié homme/femme est tellement délicate que c'est rassurant d'avoir un ami tel que lui. Je crois même que je me considère comme chanceuse de pouvoir faire partie de son cercle d'amis connaissant ses relations avec les autres. Il a fait un excellent choix en matière d'alcool même si je ne suis pas vraiment fan de vodka, c'est tellement dur et fort que tu sais pourquoi t'es bourré à la fin.

Je mets en route le film et lui demande ou dis plutôt de ne plus faire de bruit. Faut que tu m'appelles maître plus souvent. Ça sonne tellement bien dans ta bouche ! Quoique maîtresse ce serait mieux. J'affiche un sourire satisfait et nous ne parlons plus. Je suis la première à rompre ce silence qui s'était installé, c'était plus fort que moi. Je le regarde d'un air outré pour ce qu'il vient de dire et me retiens surtout de rire. Mais geeeenre ! Je lui donne une petite tape sur l'épaule en riant légèrement. Je sens que quelque chose à changer en une fraction de secondes. Il le sent lui aussi. Jamais je ne n'avais songé à plus avec lui, jamais. Caleb était mon meilleur ami rien de plus, du moins jusqu'à ce que je vienne de saisir qu'il pourrait très bien se passer quelque chose. Il n'avait pas employé le même ton et mon regard à moi avait changé. Mais ce qu'il dit après comme pour stopper cette petite électricité entre nous me fis exploser de rire. Caleb putain ! Prends pas tes rêves pour la réalité ! Je l'écoute me raconter tout un tas de conneries sur le fait que ce serait plutôt moi qui lui sauterait dessus vu sa belle gueule et tout le tralala. Je choppe la bouteille et bois encore une grande gorgée. Tu vois Caleb pour me sortir toutes ces choses, ça veut dire que tu y avais déjà pensé avant de pouvoir me pécho ! Me pécho, je me croyais en France, de retour dans mon pays natal avec mes potes pour parler de cette façon. Vive l'alcool, vive la vodka. Franchement je n'ai jamais pensé à te sauter dessus, t'es mon meilleur pote ! Ça serait trop bizarre, non ? Je ne sais pas vraiment si j'attends une réponse à cette question. Le film continue devant nous et je crois bien que lui comme moi sommes beaucoup plus concentrés sur la conversation actuelle. On risque d'apprendre des choses ce soir.

Tu peux pas t'empêcher de rire à ce qu'elle réplique face à ton maître et tu mets fin à cette interaction en vous offrant à tous les deux une drôle d'image. « Pourquoi pas m’offrir un collier pour chien à noêl? » Tu chasses rapidement l’image de toi à quatre pattes, accompagné d’Anna au bout d’une laisse parce que putain, ça te fais peur. Bah quoi, du coup t'aurais eu une bonne raison de l'appeler maître. Parce que maîtresse, non, tu ne lui offrirais jamais ce plaisir.

Le terme pécho amène ton visage à extraire un sourire ridicule. Tu trouves ce mot rebutant, tu sais pas pourquoi, mais ça sonne faux. Tu ressens cette ambiance qui vire à l’imprévu. T’aimes flirter, mais quand y’a pas d’attaches le lendemain. Le problème, c’est que là, t’as toute ta tête pour te remettre les idées à la bonne place, mais si tu continues de boire à ce rythme, il ne faudra pas bien long avant que la folie surpasse ton raisonnement. « J’crois que je vais me souvenir beaucoup plus longtemps de toi qui utilise le terme pécho, que toi qui insinues que j’me suis déjà vue te pécho. » Tu peux pas t’empêcher de prononcer longuement les deux fois le mot pécho avant d’étouffer un rire moqueur. T’esquives toujours aussi bien ce à quoi tu ne veux pas répondre. Tu prends finalement deux longues gorgés de vodka, l’une après l’autre avant de sortir deux bières du paquet qui se tient à tes pieds. T’ouvres la première, la tend à Anna et fini par ouvrir la tienne et l’initier.

Les mots suivants ton changement d’alcool te font perdre tout semblant d’amusement sur ton visage. Tu diriges ton attention vers la télévision, tu sais juste pas quoi dire. Meilleur pote. Tu sais pas pourquoi, mais ça te colle à l’oreille, comme si meilleure pote ne faisait pas partie de ton vocabulaire. Anna, tu l’apprécies. Mais t’as jamais pris la peine de mettre une étiquette à votre relation. Tu n’utilises même pas le mot “pote” avec personne, encore moins précédé du mot meilleur. T’aimerais répondre quelque chose de mieux, mais t’échappes juste quelques paroles qui tendent encore plus l’ambiance. « Ouais, trop bizarre. » C’est pas à ton habitude, mais t’as l’impression de ressentir un semblant d’anxiété. Puis t’as qu’une idée en tête, fuir quelques secondes à l’extérieur en allant fumer une clope. « J’sais que tu détestes qu’on fume à l’intérieur, alors tu m’en veux pas si je sors quelques minutes? L'alcool commence à frapper et j'entends carrément la clope me supplier d'm'occuper d'elle. » Tu t’exprimes et pourtant, tu fixes la télévision, comme si t’avais pas envie de croiser son regard. Tu le sens quand même sur toi. Ton excuse pour t’évader quelques instants est franchement bidon. Et Anna n’est pas idiote ; même si tu sens le parfum, tu dégages quand même un semblant d’odeur de fumée fraîche que tu fumais à peine avant d'entrer. Elle sait très bien que tu n’es pas tant pressé que ça à t’emboucaner les poumons. Tu sirotes à nouveau ta bière, espérant qu'elle ne voit pas dans ton jeu de fuyard.

Je manque de m'étouffer de rire avec son idée de cadeau pour Noël. j'ai juste pas du tout envie de me promener en laisse avec lui, ça serait trop bizarre. Surtout que comme chien il ne serait pas très obéissant j'en suis sûre. Mais nos propos dérivent et deviennent bien plus sérieux qu'une relation de maître/animal.

Oui, je viens d'employer le terme pécho, celui que j'emplois sans aucune gêne avec mes amis en France. En y réfléchissant bien ce mot fait ringard et pas très poli dans la bouche d'une femme. Mais je m'en contre fou et je suis plutôt contente de faire rire Caleb qui essaie de ne pas me le montrer. Il l'utilise ensuite deux fois dans une même phrase et là c'est moi qui ris à plus pouvoir m'arrêter. L'alcool commence sérieusement à contaminer mon sang, je le sens s'infiltrer dans me veines. Je me sens bien et j'ai besoin de continuer à aller vers cet état second, de pouvoir divaguer sans vraiment pouvoir me poser de questions. Et bien, si un jour tu me péchos tu t'en souviendras plus que de ce mot. Tu peux me croire. Je lui fais un clin d'oeil, et c'est à ce moment là que je dérive. Je me rends compte que je nous mets dans une situation délicate, et que nos paroles dépassent la limite de l'amitié.

Je bois de nouveau au goulot de la bouteille, m'essuie ensuite la bouche du revers de la main et mes yeux se posent sur le visage de Caleb. Il ne me regarde plus, il n'est pas là entrain de vouloir rétorquer quelque chose. Son regard est fixé sur la télé comme s'il était tout d'un coup captivé par notre film. Il affirme que ce serait trop bizarre et puis plus rien pendant quelques secondes. J'étudies ses traits et me demande ce que j'ai bien pu dire qui ai pu le froisser.  Je porte la bière qu'il vient de me donner à mes lèvres et dirige moi aussi mon regard sur l'écran, peut-être que je me fais des films et qu'il veut seulement regarder Kill Bill. Seulement quand il me demande s'il peut sortir pour aller fumer une cigarette je trouve ça étrange. Habituellement il aurait allumé sa cigarette sans s'inquiéter de si oui ou non ça me dérange. Je sens que je le perds, qu'il se ferme. Il sait que je suis une fumeuse et que même si je ne veux pas qu'on fume dans l'appart, avec l'alcool je peux rapidement changer d'avis. Je m'approche légèrement de lui et sens l'odeur de cigarette qu'il dégage, il a fumé avant d'arriver. Tu peux si tu veux. Mais vu toute la fumée que j'ai inhalé à la Lowell pendant l'incendie, la fumée de cigarette ne risque pas de me déranger. Je tente de capturer son regard mais rien n'y fait.

Je ne sais pas vraiment à quel moment je me suis dit que j'avais l'autorisation de faire ça. Mais ma bière à la main je me poste devant lui et me mets à cheval sur lui, mes fesses posées sur ses genoux et mes pieds posés de chaque côté de son bassin. Au moins comme ça tu ne pourras pas éviter mon regard. Je me sens un peu con à ce moment là. J'aurais très bien pu lui demander de me regarder sans lui grimper dessus mais c'est trop tard. Qu'est ce que j'ai dit de mal? Je plante mes yeux dans les siens tout en buvant une longue gorgée de bière.

T’esquisses un léger sourire au clin d’oeil qu’elle t'envoie. Ça te plaît bien cet endroit où vous avez choisi d’amener la discussion. Mais t’es pas dans ton élément là, t’as pas l’habitude de t’exprimer de cette façon avec Anna. Ta tête divague parce qu’après tout, ça ne te dérangerait pas tant qu’ça qu’elle t’aide à oublier le terme pécho à sa façon. Ta tête d’alcoolique a envie de lui répondre un « c’est ce qu’on verra » mais tu préfères te taire. Faut pas abuser non plus. Tu peux pas t’empêcher de recentrer ton regard sur la télévision à l’écoute des mots “meilleure pote”. T’es naze. Tu te fous d’à peu près tout, mais tu détestes être si important dans la vie de quelqu’un. Tu sens le regard d’Anna constamment sur toi, tu sais que tu t’en sortiras pas aussi facilement que tu le souhaiterais. Tu profites du moment où elle se remet à fixer la télévision et lui demande si ça lui dérange que t’ailles régler ton problème de manque de nicotine à l’extérieur. T’es surpris. D’habitude, elle te réprimande que de fumer à l’intérieur est carrément dégueulasse. Bon, pour l’odeur t’es d’accord, c’est jamais très accueillant. Mais là, tu viens de te tirer dans le pied avec cette excuse bidon. Tu pouvais pas prévoir que l’alcool lui donnait un semblant de “je m’en foutisme”. Tu ne la regardes même pas, t’es juste trop silencieux et tu l’sais. Tu souris légèrement lorsqu’elle te fait comprendre que de fumer à l’intérieur ne lui dérange pas. Tu sens une légère pointe de sarcasme lorsqu’elle prend la peine de te rappeler l’incendie à la Lowell House. Mais bon, elle a raison. Un peu plus de fumée ou moins, elle va survivre, elle s’est bâtit une vraie résistance avec cet événement à -si possible-, ne pas répéter.


T’étais prêt à plusieurs choses, sauf ça. Anna qui s’assit sans gêne sur toi et qui te défis de lui faire comprendre ce qui se passe dans ta tête de con. Tu détestes la pointe qu’elle te lâche en te faisant comprendre que de cette façon, tu peux plus éviter son regard. C’est une pointe certes, très futile, mais tu détestes paraître faible au point de fuir même un simple regard. Tu sais pas trop c’qui te prends, mais t’enlaces de tes deux bras Anna, t’avances légèrement sur le devant du canapé en te levant, empêchant cette dernière de quitter ton étreinte parce que t’as les bras placés dans son dos et son visage à quelques centimètres du tien. Elle ne touche pas le sol, puisque tu la supportes, décidant de déplacer un bras à la fois sous ses cuisses, question de te donner une poignée beaucoup plus facile à supporter. Par réflexe probablement, Anna enlace ses bras autour de ton cou, question de ne pas tomber. « Tu trouves que je fuis ton regard là? » dis-tu, déposant ton regard provocateur dans le sien. Tu sais pas vraiment pourquoi tu la provoques, mais avec l’alcool, on s’entend qu’on a parfois de drôles de réaction. Tu te surprends à quitter ses yeux et à descendre quelques fois ton regard au niveau de ses lèvres. T’es pas sûr si elle s’en rend compte, y’a que les scènes très éclairées du film qui illuminent nécessairement la pièce pour voir le visage de chacun. « Laisse moi fumer une clope avant qu’j’ai envie de faire autre chose de mes lèvres. » En fait, t’es vraiment imprévisible là. Tu ne lui laisses pas le temps de répondre que tu la lâches, la déposant sur le sol alors que ses bras sont toujours autour de ton cou. Tu tends ta main dans l’une de tes poches et y sort ton paquet de cigarettes. Ta dernière réplique, tu l’as placé parce que t’aimes les sous-entendus, parce que t’es probablement saoul (ouais, déjà bravo!) et parce que t’es un pro pour éviter les sujets que tu préfères ne pas discuter. Donc, dans le fond, tu préfères flirter que d’assumer que tu préférerais n’être rien pour elle. Qu’une connaissance, parce qu’y faut pas s’attacher à toi. T’es un connard et tu finis toujours par disparaître. Toujours.

Je supportais pas qu'il invente un vieux truc pour pouvoir me fuir. Pas de ça entre nous, la sincérité y a que ça de vrai pour moi. Regarde moi, regarde moi. Mais je n'ai pas pu attendre plus longtemps, j'avais besoin que ses yeux se rivent aux miens pour savoir que tout va pour le mieux. Je n'aime pas me sentir fautive de quoique se soit surtout qu'avec plusieurs verres dans le corps j'avais de plus en plus de mal à rester sage. Je me retrouve donc sur lui sans avoir vraiment réfléchit à mon acte. Je plante mon regard dans le sien et lui fais remarquer qu'à présent il ne peut plus m'éviter. Je suis contente de moi, je l'ai piégé. On se regarde un peu sans savoir vraiment quoi faire, je sais que dans le fond tous ces contacts le dérangent. Un sourire s'affiche sur mon visage et sans que je m'y attende il passe ses bras autour de moi et m'enlace. Je suis surprise, ce contact me fait du bien. Je me laisse aller contre lui alors qu'il se lève en m'entrainant avec lui tout en me soutenant pour ne pas que je tombe. Nos visages sont tout prêts l'un de l'autre et cette sensation de proximité est étrange et excitante. Non.. Je déglutis légèrement et ne trouve rien d'autre à lui répondre étant bien trop captivée par sa bouche qui s'offrait presque à moi. La tension est palpable et c'est plus qu'appréciable sauf que ce n'est pas n'importe qui, c'est Caleb. L'alcool m'empêche de réfléchir et le sous entendu qu'il me lâche n'améliore pas les choses. Il me dépose ensuite sur le sol sans me prévenir. Mes mains restent posées délicatement sur sa nuque, tandis que mes yeux ne quittent pas les siens. Je ne regarde pas sa main qui cherche son paquet de clopes, je ne m'intéresse pas au fait qu'il veut fumer. Je n'ai pas oublié le pourquoi on en est arrivé là. Essaie pas de t'échapper Pecorella, dis moi pourquoi j'ai réussit à te mettre mal à l'aise. Je retire mes bras de son cou mais je reste quand même devant lui attendant sa réponse. Une nouvelle gorgée de bière pour affronter la suite.