On pouvait me voler ma sœur. Merci Avery. On pouvait menacer ma mère et mes amis. Merci Petrov et la mafia à ses trousses. On pouvait me prendre la seule histoire sérieuse dans laquelle j’avais eu envie de m’investir. Merci Wade. On pouvait brûler ma confrérie. Merci la poisse, le destin, le pas de bol. On pouvait tout me prendre, tout m’enlever, j’étais Cole Smythe Wildingham et rien de tout cela ne m’atteignait. Je resterais debout, quoi qu’il advienne. Voilà ce que je semblais crier, là, avec mon détachement apparent, ma froideur à toute épreuve, mon armure à moi… Au final, ce qu’il se passait à l’intérieur de mon être, ce trou béant qui semblait s’agrandir peu à peu, c’était avec le vice, la malveillance et la cruauté que j’allais le combler. Si jusqu’à présent, je n’avais pas trop usé de mes pouvoirs de bizuteur, je comptais bien en profiter aujourd’hui. Après tout, j’avais été initié à un bizutage tout à fait particuliers par Naima… Je chassais la pensée de la brune de mon esprit, sachant que trop bien que son souvenir me filerait le bourdon, et je donnais à mon chauffeur l’adresse de Meleya. L’une de mes bizuts. Nos rapports n’étaient pas des plus chaleureux, mais on se refuse rien à son bizuteur normalement, la demoiselle allait donc devoir se montrer accueillante. Je descendis de ma limousine, congédié mon employé en lui soufflant que je le recontacterais au moment venu, puis je pénétrais dans l’immeuble, grimpant les étages jusqu’à la porte d’entrée de la brune, sonnant et patientant ensuite petit sourire salace aux lèvres…

On ne doit rien refuser à son bizuteur normalement
— with cole

Confortablement installée devant une télé-réalité qui passait à la télé et qui était mon petit moment de détente du soir, je dégustais en même temps un bol de soupe industrielle. Avec ce froid de canard qu'il faisait dehors et les derniers évènements, je m'étais remise au soupe le soir, ça faisait du bien et ça n'avait rien de vieillot. Au pire, il n'y avait personne pour me voir manger mon petit bouillon alors je m'en fichais. Et puis quoi ? Comme je suis une eliot, enfin un bizut, je devrais manger que des plats rafinés et cuisinés par des professionnels ? Non ce n'est pas réellement ma philosophie de vie mais ça, je devais mettre mon masque pour le planquer une fois sortie de chez moi. J'étais donc tranquillement dans mon appartement en train de diner enrouler dans un plaid lorsque quelqu'un sonna à la porte. Je fus surprise, je n'attendais personne. Je déposai mon bol sur la table basse, m'extirpai du plaid et me dirigeai vers la porte en lançant un petit : « J'arrive. » Aucune envie qu'on s'excite sur la sonnette et qu'on me donne un mal de crâne. J'arrivai vers la porte et jetai un coup d'oeil à travers le juda. Cole. Qu'est ce qu'il foutait là sérieusement ? Je soupirai un grand coup avant de visser un sourire faux sur mes lèvres et ouvrir la porte. « Monsieur Wildingham ! Bonsoir ! Vous vous êtes trompés d'adresse ? » Non parce que s'il cherchait de la compagnie pour la soirée et pour la nuit c'était loupé, je ne pouvais pas le voir en peinture, ni sa tête, ni son caractère... Bref, insupportable mais comme j'étais bien élevée, je ne lui refermai pas pour autant la porte au nez !

  La brunette apparut dans l’encadrure, un sourire un peu trop figé pour être sincère sur les lèvres, ma saluant et s’étonnant aussitôt de ma présence, elle supposa même que je m’étais trompé d’adresse. Mon sourire s’élargit quelque peu, amusé, et je la saluais à mon tour : « Bonsoir à toi aussi Meleya… Tu as le droit de m’appeler Cole tu sais, je ne suis pas uniquement ton vice président, je suis aussi ton bizuteur alors pas trop de formalités entre nous. » lui soufflai-je sur un ton qui se voulait sympathique même si, sous mes airs complaisants, c’était surtout par ces mots l’occasion de remettre les deux titres pour lesquels elle me devait donc respect et obéissance, histoire de mieux en profiter ensuite. « Je ne me suis pas trompé d’adresse non, c’est bien toi que je voulais voir, j’ai quelque chose à te dire… » Mon regard se perdit un instant derrière elle, vers ce que j’apercevais de son logement, essayant d’apercevoir si elle était seule ou non avant de planter mes prunelles dans les siennes à nouveau pour reprendre : « Je dérange peut être ? » Je zieutais parce que oui, si il y avait bien un truc qui me manquait depuis la destruction dans l'incendie de notre chère maison, c'était ça : surveiller, contrôler, mettre mon nez dans les affaires de tous. Et je ne savais pas pourquoi, ma petite bizut' là devant moi, je m'en méfiais...

On ne doit rien refuser à son bizuteur normalement
— with cole

« Ah mais ce n'était pas pour marqué un signe hiérarchique que je t'appelais comme cela ! C'était peut être juste une manière de flatter ton égo surdimensionné ! » Je secouai la tête en levant les yeux au ciel, est ce qu'il était sérieux ? Il se pensait réellement supérieur à moi parce qu'il était vice-président ? N'importe quoi, il marche et va aux toilettes comme tout le monde qu'il soit simple étudiant, membre du confrérie ou président de la République, il ne faut pas croire que je vais le surestimer, bien loin de là. Bref, une phrase et le voilà qui me sort déjà par les trous de nez ! Une fois mes yeux revenus de leur petit voyage au ciel, je les plantais dans les siens lui montrant qu'il ne m'intimidait pas du tout avant d'ajouter : « S'il n'y a pas de formalités à avoir entre nous et qu'on est sympathique et franc alors tu ne seras pas vexé d'apprendre que je n'ai pas voté pour toi ! » Il était déjà tellement sûr de lui qu'il n'y avait pas besoin de rajouter un titre à sa collection de trucs qui ne servent à rien mais qui ont l'air de lui faire plaisir. « Me dire quelque chose ? » J'haussai les sourcils tout en continuant de le dévisager et je le vis regarder à l'intérieur de mon appartement. « Tu veux peut être entrer cinq minutes pour me dire ta chose et pouvoir m'espionner un peu plus facilement ? » Non parce que je ne suis pas bête je vois bien son petit jeu alors je m'écarte de l'entrée pour le laisser passer tout en lui disant. « Tu ne déranges pas si tu ne t'incrustes pas trop longtemps. » En clair : tu n'es pas le bienvenu, repars vite d'où tu viens !

  « Mon égo surdimensionné ? Hey ! Quand tu m’arriveras à la cheville petite, tu pourras faire mes lacets. En attendant, c’est ton égo à toi qu’on va devoir redimensionner. » Ouais ouais, parce que c’était ce look mémère là ? Et je rêvais où ça sentait la soupe ? Je débarquais chez une Eliot là ou chez mamie Nova ? En tout cas, la demoiselle n’avait pas la langue dans sa poche. « Puisqu’il n’y a pas de formalité entre nous alors tu ne seras pas vexée d’apprendre que j’hésite à valider ton bizutage. » repris-je, en imitant mot pour mot sa formulation, petit sourire faux aux lèvres. Même si c’était vrai, je me tâtais. On arrivait bientôt à la fin de la première session des bizutages et les infos sur sa cousine lowell là, j’attendais toujours. Bref, je ne m’étais pas trompé d’adresse, c’était bien miss Emerson que je voulais voir et d’ailleurs, ça avait le don de me frustrer qu’elle me laisse planter là sur le pas de sa porte. Y’avait quelque chose de louche là dessous. Cole parano, le retour. Elle capta mon regard et finit par me laisser entrer. « Faut pas être pressé avec toi, elles sont où tes bonnes manières ? On ne vous apprend donc vraiment rien à vous, les américains. » soufflai-je outré en pénétrant finalement dans son appartement. « Je voulais te parler de ton bizutage justement… Comme je te le disais, j’hésite à le valider… » repris-je avec un air grave et sérieux.