Le coup de foudre est quelque chose de flou, d'impalpable mais qui existe bel et bien. Amanda l'a ressenti avec Noah et ça a eu comme l'effet d'une rédemption pour elle. Rédemption pour toutes les relations gâchées qui ont rythmées sa vie. Ça lui a fait toucher le bonheur alors que dans son esprit, à ce moment là, cela lui paraissait être quelque chose d'impossible. Noah a été sa lumière au bout du tunnel. Tunnel beaucoup trop long au goût de la jeune femme mais le fait est qu'il a été la et que ça lui a permis d'oublier un peu plus les malheurs de sa vie.

Et quand il parle de l'unique éclair qu'il a entrevu lors de leur relation, Amanda prend une inspiration qu'elle retient longuement parce qu'à ce moment là elle ne sait pas quoi dire et qu'au fond, elle adorerait pouvoir lui apporter la relation qu'il veut tant. Elle sait pertinemment qu'elle est l'unique femme qui ne pourrait jamais lui faire de mal, parce qu'elle est comme ça, Amanda, à préserver tout le monde, tout le temps. Noah c'est encore autre chose, c'est encore plus intense, il est comme l'enfant qu'elle doit protéger parce qu'il lui rappelle trop ces moments où il a été fragile, comme là.

Alors elle laisse ses yeux glisser dans les siens, les sourcils tristement retroussés. Elle cherche un instant la lumière qui fait des yeux du garçon les billes bleutées qu'elle adore tant. Sauf que présentement, elle ne la retrouve pas vraiment. "J'aurais aimé que ça dure plus longtemps, tu sais..." qu'elle avoue enfin, parce que les regrets sont là et qu'elle non plus elle n'arrive pas à l'effacer concrètement. Elle a aimé Noah comme on aime l'homme de sa vie. Elle l'a aimé tellement fort qu'il est indéniable que jamais son souvenir ne la quittera. C'est également pour ça qu'elle ne le quitte pas, qu'elle reste toujours tout près, au cas où, comme un ange échoué prêt à surgir au moindre tracas, aux moindres larmes. 

Amanda parle sans vraiment se rendre compte que ses paroles peuvent blesser le garçon déjà torturé qu'elle tient entre ses bras. Elle est dure, un peu trop même, et ça s'éclaircit dans son esprit à l'instant même où Noah entrouvre les lèvres. La jeune femme reste sans voix, presque bouche-bée et elle déglutit difficilement puisqu'une boule vient de se former au fond de sa gorge. "Je..." qu'elle lâche en fronçant les yeux. L'étreinte se resserre et toujours muette, elle fait en sorte de le serrer le plus fort possible, voulant à tout prix défaire l'idée qu'elle ait pu lui faire du mal en parlant uniquement.

Lorsqu'il décline la proposition qu'elle lui fait, elle se recule doucement, voulant regarder le visage de son compagnon. Elle cherche ses yeux  et quand elle les trouve enfin, sa main se dépose sur la sienne délicatement pour resserrer ses doigts. "Non, non... je ne veux pas te laisser seul. Noah désolée, je n'ai pas eu envie de te blesser, j'essaie de te comprendre mais ce n'est pas simple. Je fais de mon mieux, je te le jure." Dit elle, vraiment l'air désolée, et ça fait écho à leur première rencontre, lorsqu'il lui avait dit qu'elle était incroyable, qu'elle s'excusait des lors qu'elle sentait les gens blessés, ce qui avait été récurrent ce soir là. 

La jeune blonde reprend donc une nouvelle inspiration, profonde, et rajoute: "Je suis persuadée que tu trouveras un équilibre... Noah, je sais que t'es pas le garçon méchant et détestable que tu décris... Alors peut être que tu devrais essayer de t'ouvrir un peu plus aux autres... Mais aux bonnes personnes, hein ?" Et sa main se hisse sur sa joue froide à la peau laiteuse. Lui remontant légèrement le visage baissé qu'il a. Elle le regarde, profondément, essayant de le rassurer par son  regard bienveillant et aimant, voulant chasser toutes ces noirceurs de son âme meurtrie. Elle ne peut supporter ça, elle n'y arrive tout simplement pas. Sauf qu'elle ne peut pas aspirer tout le mal qu'on lui a fait, ni tout le mal qu'il se fait. Les mots ne sont pas suffisants, les actes non plus; elle est alors perdue.

"Dis moi ce que je peux faire, Noah, je t'en supplie." Elle déteste être aussi impuissante,  ne pouvoir rien faire alors qu'elle est là, avec toute la volonté du monde...

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