LOST IN MY MIND

Cela faisait plus de six heures que je me trouvais dans l'enceinte de cette foutue police, ce commissariat qui m'avait coûté bien des peines depuis les dernières heures. Oui il avait fallu que le flic qui fasse mon interrogatoire soit nul autre que Hopper, ou plutôt l'agent Cooper comme tout le monde l'appelait ici, ce même mec qui il y a quelques années avaient intégré le réseau de drogues auquel je faisais plus ou moins parti avec Sloan, qu'est ce que ce dernier allait bien pouvoir me dire. Surtout qu'Hopper avait été bien plus que cela, au plus grand malheur de mon frère à l'époque, mais maintenant je savais que tout cela n'était que des mots, des actions sans raisons, sans coeurs, du foutage de gueule en soi ! Une fois l'interrogatoire terminé je n'avais qu'une envie, partir, partir loin, loin d'ici, de ce foutu flic, envoyant un texto à Sloan, il semblait étonné que je sois dans le coin, mais c'était bel et bien le cas ...
C'est longtemps après, bien trop longtemps après que j'entendis la voix d'un flic qui venait m'annoncer que mon frère venait me chercher, enfin ! Sortant alors de la salle d'interrogatoire, je me dirigeais vers le comptoir pour reprendre mes affaires et voir Sloan. « T'en as mis du temps Slo' ... J'ai vécu un enfer ici !   » C'était le moins qu'on puisse dire et puis l'audience aurait lieu dans quelques jours, sauf que de toute évidence j'allais juste devoir faire un beau chèque et tout serait terminé, tout était tellement plus simple lorsqu'on avait de l'argent, finalement Georges pouvait avoir des bons côtés.  

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Il lui aura fallu pas moins de deux semaines avant de se retrouver au commissariat. Cléo n'était pas la soeur de Sloan pour rien. Elle aussi avait hérité du mauvais gène Bushnell. Vous savez, ce gène autodestructeur qui vous gâche bien la vie et contre lequel il est inutile de lutter. Il en faisait les frais depuis sa plus tendre jeunesse et n'arrivait pas à s'en défaire. Quoiqu'il fasse, il était lié à ce gène et ne pouvait pas s'en détacher. Se mettre dans des situations délicates et inappropriées était son lietmotiv. Cela faisait parti de lui. L'Eliot ne fut pas vraiment étonné de recevoir une message de sa petite soeur, lui demandant de venir le chercher au commissariat. Qu'est-ce-qu'elle foutait là celle-là ? Lorsqu'il vit le message sur son portable, il haussa les yeux au ciel, se doutant bien qu'elle n'y était pas pour admirer la décoration des cellules de dégrisement. Il râla légèrement avant de finalement prendre sa veste et quitter sa chambre d'hôtel. Le beau brun ne mit pas longtemps avant d'arriver sur les lieux. Néanmoins, il ne prit pas la peine de rentrer de suite. Il prit appui contre un poteau et s'alluma une clope. Le calumet de la paix. Sloan n'aimait pas particulièrement cet endroit, il s'était retrouvé plusieurs fois au commissariat et parfois bêtement. Ce lieu lui rappelait surtout, une certaine soirée il y a presque un an de cela. Une fin d'après-midi où Charline avait enfin accepté de passer un petit moment en sa compagnie. Des années qu'il ramait pour finalement la voir céder devant le poste de police. Sa respiration était lente. C'est l'esprit ailleurs qu'il fuma sa clope, en prenant le temps de se laisser bercer par cette douce et douloureuse nostalgie. Après quelques minutes, l'Eliot se racla la gorge et se décida enfin à se décoller du poteau électrique. Il emprunta calmement les marches avant de pénétrer dans l'enceinte de l'immeuble. Une fois à l'intérieur, il se dirigea vers l’accueil où il balança « J'viens chercher Cléo Busnell. » un peu séchement. Sloan détestait cet endroit et ne s'en cachait pas. Il avait énormément de mal avec l'autorité et clairement, il avait souffert du manque de présence masculine dans son enfance. Il ne demandait qu'une seule chose, prendre sa soeur et dégager de là. Mentalement très instable, c'était pas très prudent de sa part de se pointer là avec de la weed dans le caleçon. Le jeune homme fumait énormément en ce moment mais n'en parlait à personne. Ni Charline, ni même sa soeur n'était au courant de sa surconsommation de drogue. Il gardait ça pour lui. L'officier de police le regarda en plissant les yeux, l'air de dire on ne s'est pas déjà croisé toi et moi. L'Eliot se contenta d'hausser les épaules et de soupirer. Ouais, en ce moment il était plutôt désagréable avec tout le monde. Peu de temps après, Cléo fit son apparition, elle semblait aussi perturbée que lui. Le beau brun inspira longuement en la voyant arriver. Il aimait sa soeur plus que tout et même s'il avait du venir la chercher, sa présence lui faisait du bien. Elle savait calmer la bête prisonnière de son esprit et semblait avoir une certaine emprise sur sa bipolarité. A peine arrivée, elle lui balança un petit pique auquel Sloan ne répondit pas. Il jeta un rapide coup d'oeil à l'officier de police avant d'attraper brusquement son sac à main, histoire de la presser un peu. « Allez, on dégage de là ! » s'exprima-t-il sur un ton assez mauvais. Non mais quel ours mal baisé en ce moment celui-là. Sans même chercher à comprendre quoique ce soit, il se dirigea vers la sortie et ouvrit la porte à Cléo. « T'as intérêt à avoir une bonne explication. » lança-t-il avant de rigoler légèrement. Ouais avec lui c'était tout ou rien. Difficile à cerner en ce moment le petit Eliot. Même lui n'arrivait pas à se suivre.

LOST IN MY MIND

Rien que de voir sa tête apparaître de l'autre côté de la cellule, dans laquelle ils avaient osés me mettre, les connard, je revivais. Le visage de mon frère avait toujours eu cette action sur moi, me rassurer, me sauver de toutes les mauvaises passes que j'avais pu traverser. D'ailleurs c'est peut être aussi pour cela que lorsqu'il s'était fait la mal en désintox, j'avais tant sombré sans réellement avoir réussi à me relever, il m'avait lâchement abandonné, contre son gré certes mais tout de même, non je ne lui en tenais plus rigueur, sauf que j'espérais réellement que cela ne se produirait plus. Oui possessive envers mon frère, je l'admettais, même si au fond je savais aussi que je n'avais besoin de personne pour arriver à vivre ma vie, sa présence était juste un bonus, le jackpot ! Sortant de la cellule, et reprenant mes affaires sur le comptoir je suivais Sloan dehors, un bol d'air frais que j'allumais déjà une cigarette que j'allumais de mon briquet pour m'enfumer la tête et l'esprit. « Avoir insulté un agent qui me rendait tarée, ça fonctionne ?   » dis je en affichant le sourire le plus angélique possible, je savais bien que cela ne lui conviendrait pas et pourtant toute cette histoire partait bien de cela, mon excès vitesse et ce con de flic. Le tout alimenté par le fait que j'avais menti à Hopper, qui s'appelait en réalité Cooper, j'avais le chic pour ouvrir ma grande gueule dans les mauvais moments, pousser à bout les gens, sauf que pour le coup des flics ce n'avait pas été le bon plan ! Tirant sur ma clope pour me détendre, je le regardais. « En tout cas ici ils sont encore plus cons qu'à New York, j'te promets ici ça pue, les gens sont plus que bizarres et ringards, j'sais pas comment tu fais ... » Du moins ceux que j'avais rencontré, j'crois que j'avais du mal à m'y faire, même si certains étaient réellement très sympathiques, la classe new yorkaise me manquait.

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Il n'y avait rien à faire, Sloan n'aimait pas cet endroit qui lui rappelait beaucoup trop de souvenirs à son goût. Il en regrettait presque l'époque où c'était Cléo qui venait le chercher chez les flics avec sa mère. Une époque où son innocence n'avait d'égale que sa liberté et son indépendance. Depuis que Georges avait fait irruption dans leur vie, il se sentait prisonnier de son deal et ne savait pas vraiment comment lui échapper. D'un côté il avait l'ambition de devenir quelqu'un et de briller dans le monde des affaires mais d'un autre côté, sa liberté n'avait pas de prix. Et plus les mois avançaient et moins Sloan n'arrivait à suivre le rythme qu'il lui imposer. Sa bipolarité n'a jamais été aussi présente qu'en ce moment. Il avait besoin d'aide mais ne savait pas vraiment comment s'y prendre. A peine avaient-ils franchis la porte du commissariat que déjà Cléo alluma une clope. L'Eliot leva les yeux au ciel en la voyant faire. Il attendait ses explications et ne comptait pas la lâcher tant qu'elle ne lui aura pas dit toute la vérité. « A d'autre, qu'est ce qui s'est passé ? » répondit-il bêtement. A son tour, Sloan sortit une clope qu'il apporta directement à se lèvres. Il fronça les sourcils et reporta son regard sur sa petite soeur. « Attends, t'as dit quoi là ? Qui te rends tarée ? » dit-il sur un ton un peu agressif. Le beau brun sentait que quelque chose de pas clair se tramait là dessous, il n'aimait pas ça du tout. Cléo bifurqua ensuite sur un tout autre sujet, les gens de Boston. Sloan leva les yeux au ciel en l'entendant parler. « Tiens, file ton briquet deux secondes. » lui demanda-t-il en tendant sa main. Il avait la flemme de chercher le sien. Alors qu'elle lui tendit son briquet, l'Eliot rigola légèrement. Il se tourna dos au vent pour allumer sa clope avant de lui lancer le briquet. « Merci. C'est la merde ici, j'te le fais pas dire. Franchement, au bout d'un moment on s'y fait. J'avoue que les flics d'ici sont tous plus cons les uns que les autres. C'est comme ça, tu les évites au maximum. » dit-il avant de déglutir. Cléo avait raison, New York lui manquait terriblement aussi.

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Après tout j'avais juste insulté un flic mais à dire vrai il l'avait bien mérité, ou alors j'étais trop énervée pour me contrôler, et puis Cooper était arrivé dans l'histoire et autant dire que les choses avaient tourné au vinaigre. Arrogance, affrontement, je m'étais livrée à une bataille sans savoir jusqu'où tout cela allait pouvoir aller, insouciance à la Bushnell. « J'déconne pas ... J'ai déjà essayé de te mentir et autant dire que ton radar m'avait vite foudroyé. Un connard de flic, un flic vereux, mais j'préférerais l'oublier et parler d'autre chose ...  » Oui autant parler d'autre chose, sinon j'allais encore péter un câble et autant dire que je bouillonnais tellement de l'intérieur que la simple clope que je portais à mes lèvres n'allait pas suffire. Balançant le briquet à Sloan, comme au bon vieux temps, lorsqu'il était comme moi, moins sage, moins sous la coupe de Georges, moins clean, moins tout ce qu'il était devenu aujourd'hui : un mec presque rangé. Quelques fois, je me satisfaisais, contente qu'il se soit sorti de toutes ces merdes, ces embrouilles, mais merde qu'il me manquait, que sa connerie me manquait ... « Au bout de combien de temps ?! Et pour les flics je fais tout pour les éviter mais à croire que le sort s'acharne ... En tout cas merci d'être là Slo' ... enfin tu vois ce que je veux dire ! » Merci d'être là pour moi, d'être le frère qui me comprend ou du moins essaye à sa façon, la seule famille qui me reste avec Georges, sauf que ce dernier n'est pas réellement celui à qui je pourrais me confier, malgré les années passées avec lui, c'est comme un étranger ... J'crois en réalité que depuis le décès de ma mère, j'erre plus que je ne vis, je survis plus que ne profite de la vie ... Slo' need you ! Sauf que j'le dirais jamais, trop de fierté, trop d'égo ...

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Sloan apporta sa clope à la bouche et inspira longuement dedans pour en dégager un maximum de tabac. Sa soeur était arrivé il y a quelques jours et franchement, sa venue tombait à point nommé dans la vie du jeune homme. Il avait besoin d'elle et de ses conseils. Certes il ne l'écoutait pas forcément tout le temps mais il lui arrivait de prendre en considération ses remarques. Il avait besoin de Cléo dans sa vie, peu importe ce qu'il peut dire ou laisser paraître, sa petite soeur était tout pour lui. A l'inverse, il savait la fliquer, en étant parfois un peu trop protecteur envers elle. Chercher sa petite soeur au commissariat n'était pas une chose anodine, peu importe si elle était en tord ou pas, il la défendrait. Sloan la regardait parler d'un air suspicieux. « Comme tu veux Cléo, ne crois pas que je vais lâcher l'affaire aussi facilement. » dit-il en rigolant légèrement. La brunette savait y faire avec son grand frère, elle pouvait le mener à la baguette comme bon lui semblait. « Franchement ? Ca va prendre des années avant que tu t'habitues à la population. J'veux pas te faire peur mais tu vas avoir le mal du pays ! » dit-il bêtement. Et le pire c'est que c'était exactement ça. Même encore maintenant Sloan regrettait son passé, sa vie à New York. A la suite de ça, elle le remercia d'être venu le chercher. Non mais là, il ne pouvait pas râler dessus, il était impuissant face à elle. « Ca va, tu sais que je ne te laisserais pas tomber. » dit-il avant d'apporter sa clope à sa bouche. Olala, toute cette affection ne leur ressemblait tellement pas. Ils étaient beaucoup trop impulsifs pour ça. « Allez vient on décolle d'ici, j'ai prévu ton arrivé, si tu vois ce que je veux dire ! » Evidemment qu'elle voyait de quoi il voulait parler. Sloan avait tout prévu, de la weed les attendait bien sagement dans sa chambre d'hôtel. Ils allaient se fumer un bon joint et peut-être manger dehors. En tout cas, Cléo était à lui ce soir et il comptait bien en profiter pleinement. « T'es là depuis deux semaines et je viens déjà te chercher au commissariat, ça promet. » dit-il en éclatant de rire. Ils commencèrent à marcher vers son hôtel. En chemin, il se tourna vers elle. « J'ai eu vent d'une discussion que t'aurais eu avec Charline Granger, nan ? » lui demanda-t-il subtilement. Bon voilà, la bombe était lâchée, ça lui brûlait les lèvres depuis un moment déjà.