Qui disait rentrée disait shopping et ça, n'importe quelle fille vous le dirait, y compris Braxton. Pouvoir faire les boutiques sans compter, voilà l'un des seuls privilèges qu'elle trouvait à son statut et dont elle profitait sans se plaindre. Parce que sa garde robe n'était jamais assez remplie à son goût alors oui, il était important pour elle d'y remédier et le prétexte d'une nouvelle année qui débutait était tout simplement parfait. Faisant donc le tour de tous les magasins avec une amie, la jeune femme décida d'abandonner cette dernière aux cabines d'essayge un instant, juste le temps d'aller jeter un coup d'oeil dans une boutique qui n'allait pas tarder à fermer. S'empressant de ressortir de l'échoppe, Braxton se repéra tant bien que mal pour savoir quelle direction prendre avant de se diriger vers l’ascenseur le plus proche. Elle monta à l'intérieur de celui-ci dès que les portes s'ouvrirent sans se soucier de qui d'autre se trouvait déjà dedans puis elle appuya sur le bouton de l'étage qui l'intéressait. Cependant, après à peine trente secondes à descendre, elle sentit la machine s'arrêter. Et les portes ne s'ouvraient pas, la petite sonnerie n'avait pas retentit, non plus. "C'est pas vrai..." Euh... c'était une blague ou... il y avait vraiment une panne ? Et pourquoi c'était toujours sur elle que ça tombait et à un moment inapproprié ?  Si ça ne redémarrait pas rapidement, elle pouvait dire adieu à sa visite de dernière minute. Mais il allait redémarrer très vite de toute manière, hein, n'est-ce pas ? Parce qu'elle n'avait pas l'intention de rester enfermée plus longtemps dans un endroit aussi petit que celui-ci avec quelqu'un qu'elle ne connaissait même pas.

• Un bonnet sur la tête, des lunettes de soleil sur le nez, j'étais dans cet ascenseur depuis seulement un étage ou seize, je ne sais plus trop, qu'une personne venait d'entrer, me coupant dans ma solitude et dans ma journée de calme total dans un ascenseur. Bon, dit comme ça on pourrait croire que ça fait plusieurs heures que je suis ici, mais c'est pas le cas, ça fait seulement une quinzaine de minutes en fait. Je n'avais pas fait attention à cette inconnue qui m'avait rejoins, jusqu'au moment où je sentis une petite secousse et là... Plus rien. Sérieusement ? C'était une blague ou c'était réel ? Est-ce que l'ascenseur venait vraiment de s'arrêter ? Je suis dedans depuis tout à l'heure, je suis descendu, je suis monté, et rien, aucun problème, limite l'ascenseur il kiffait me transporter, et là, elle monte dedans, et bim, grosse panne. Je jette un coup d’œil rapide à ces fesses mais, non... Elle n'a pas de gros cul en fait, donc ça vient pas d'elle... "T'aurais pas une clope ?" Avais-je lâché en sa direction. Je n'avais pas demandé ça parceque je voulais fumé, même si ça serait bien passé, mais... Cette fille, je l'avais déjà croisé, et ça ne c'était pas passé extrêmement bien. Donc... Si je pouvais détendre un peu l'atmosphère pour éviter de me retrouver enfermer ici avec une folle, ça m'arrangerait... •

Elle était entrée dans cet ascenseur de la manière la plus normale qui soit, n'avait même pas pris la peine de jeter un coup d'oeil à qui d'autre se trouvait dedans parce que ça ne servait à rien, normalement. Monter et descendre ne devait pas prendre plus de... dix secondes peut-être ? Et encore, la jeune femme était presque certaine que c'était encore moins que ça. Sauf quand l'appareil décidait de s'arrêter en plein milieu et de faire durer la chose un peu plus longtemps...  Si, c'était bien vrai, ça n'était pas une mauvaise blague, elle était bien coincée entre deux étages et tout ça pour aller voir une foutue boutique. On ne pouvait pas faire pire pour la mettre de mauvaise humeur. Ah, en fait si. Parce que Braxton avait presque oublié la présence de l'autre personne qui se trouvait dans la même galère que lui. Et lorsqu'il prit la parole pour lui demander si elle n'avait pas une cigarette, la Rosebury ne put s'empêcher de lui lancer un regard noir, après avoir tourné sa tête dans sa direction. Le mec du summer camp, génial. Franchement, elle n'aurait pas pu rêver mieux, ça c'est sûr. "Non." répondit-elle froidement, n'ayant absolument pas envie de rire. Monsieur se croyait drôle et bah pourtant, il ne l'était pas. Elle ne comprenait pas ce qu'il pouvait trouver de si amusant au fait de se retrouver coincé dans un ascenseur. "Et même si j'en avais une, je ne te ferais pas ce plaisir." Il avait réussi à l'intoxiquer une fois, mais pas deux. Surtout pas dans un espace aussi restreint que celui-ci sans la moindre entrée d'air frais. Croisant les bras, elle pivota davantage pour le détailler, avant d'esquisser un petit sourire narquois. "Tu pars au ski ?" Bonnet + lunettes de soleil, elle ne comprenait pas trop la logique et c'était la seule explication plausible qui lui venait à l'esprit.

• J'ai des journées comme ça où je pète littéralement un câble, ou je ne sais pas trop ce que je fais et ce que je vais faire. Me retrouver dans un ascenseur, monter, descendre, descendre, monter et ainsi de suite, faut vraiment rien avoir à faire, encore moins avec un bonnet vissé sur la tête et des lunettes de soleil. J'étais pas une star, je n'étais pas quelqu'un, je n'avais pas besoin de me cacher, c'est juste que... J'étais pas très net en réalité, par moment, je faisais des trucs incompréhensible. Alors, lorsque cet ascenseur se bloqua et que je me retrouva enfermé, je ne bougea même pas, lâchant seulement un petit soupire. La jeune femme qui était là, elle, elle avait l'air d'être au bout de sa vie, alors que c'est bon, t'es juste coincé dans un ascenseur, dans un grand centre commercial, tu vas pas rester là encore longtemps t'inquiète pas, ils vont tout faire pour le remettre en route et te laisser aller dépenser tout ton argent.  "T'es toujours autant pas drôle comme personne toi !" Avais-je répondu lorsqu'elle me refusa une cigarette. Ce n'était pas la première fois que je la croisais, et à ce que j'avais remarqué, c'était une fille assez droite, avec ces propres règles, limite on dirait une prof vachement strict. "C'est mon côté anticonformiste le bonnet et les lunettes ! Mais j'sais pas si tu connais ce mot moi..." Alors j'allais te l'expliquer, je t'expliquerais le pourquoi du comment je suis comme ça, tu vas surement gueuler, me dire de me taire, mais je ferais de toi ma recrue, et un jour, tu me proposeras une cigarette sous un abris bus. •

Ils étaient coincés dans un ascenseur alors non, Braxton n'était pas drôle. Elle n'avait pas envie de rire et se fichait éperdument de ce que ce type pouvait lui dire. Ils n'étaient même pas obligés de se parler alors si jamais elle le faisait chier, ils pouvaient toujours s'ignorer, ce n'était pas la blonde que ça allait déranger. "Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle." Même sa tête ne la faisait pas rire et puis, elle préférait faire la gueule, c'était l'un de ses passe-temps favoris. Heureusement que ça ne semblait pas être le cas du jeune homme aussi sinon, ils seraient déjà en train de se taper dessus. D'ailleurs elle ne pouvait s'empêcher de faire une remarque sur sa tenue vestimentaire, ce à quoi il ne paraissait pas du tout vexé, bien au contraire. Au lieu de ça, cet inconnu s'empressait de lui expliquer qu'il était anticonformiste. Ahah, ouais pourquoi pas. "Cool pour toi. Et ouais, je connais ce mot." Non mais il la prenait pour qui franchement ? Avait-elle l'air de sortir tout droit d'un bidonville où on apprenait à peine à lire et à écrire ? Certainement pas. Mais ce n'était pas parce qu'elle connaissait le sens de ce mot qu'elle était convaincue de ses propos. En fait, pour elle il n'avait juste pas de style en plus fe ses mauvaises habitudes mais à  chacun sa vision des choses. La seule chose qu'ils avaient en commun c'était de souhaiter que cet ascenseur redémarre. À moins que là encore, monsieur ne soit anticonformiste.

• Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle, je ne vois pas ce qu'il y a de drôle... "Mais souris à la vie un peu ! T'es tout le temps déprimé on dirait !" Direct, je n'avais pas pu me retenir. Elle n'aimait pas l'odeur de cigarette, à croire que chaque respiration qui ont apporté de la nicotine dans son nez sont allé tout droit jusqu'à ces poumons, dessinant de belles tâches noirs. J'y crois pas moi, ça doit être des conneries inventé par des scientifiques pour nous faire croire que le tabac, c'est nocif. J'avais voulu être gentil, du moins... Légèrement, j'me dis que lorsque t'es coincé dans un ascenseur, alors autant en profiter pour faire connaissance avec la personne qui est avec toi. "Tu dois surement te dire que j'suis un branleur... Et, je te comprends ! J'me verrais dans la rue j'aurais surement la même réaction mais..." Enlevant mon bonnet ainsi que mes lunettes de soleil, histoire d'avoir un peu plus sérieux, je repris. "Tu t'es  jamais fait chier dans cette vie ? J'veux dire... On est tous les mêmes ! Toi t'es le cliché de la petite fille qui n'aime rien, pourri gâté, et moi... J'suis le cliché du junky ou du branleur, au choix !" Elle ne pouvait pas dire le contraire, dans son attitude, sa façon de parler, d'être quand même hautaine, ça se voyait qu'on lui avait torché le cul pendant pas mal de temps. "J'ai choisi d'être libre moi, et de dire merde au cliché ! J'ai choisi de vivre ma propre vie sans faire comme tout le monde, sans suivre une mode, sans suivre un chemin déjà tracé ! Tu devrais faire pareil, et ça commencerait par fumer une clope ! T'es sûre tu veux pas une clope ?" Honnêtement, je n'aimerais pas rester enfermé avec moi même dans un ascenseur... •

Non mais qu'est-ce que ça pouvait lui faire sérieusement, qu'elle fasse la gueule ou pas ? C'était pas possible, ça, de toujours tomber sur des personnes aussi déterminées qu'elle, à croire qu'il n'y avait que ça à Harvard. Enfin soit, non elle n'avait pas envie de sourire et si ce mec la connaissait mieux, il saurait que ce n'était pas dans les habitudes de Braxton de se montrer joyeuse, pas sans raison particulière du moins. "Et alors ? Qu'est-ce que ça peut te faire ?" répondit-elle en le regardant toujours de là où elle se trouvait, d'un oeil mauvais. La situation n'avait rien de propice à ce qu'elle en rit ou sourit alors il allait devoir trouver mieux. Pourtant, le voilà qu'il commençait à réfléchir sur des sujets philosophiques sans qu'elle ne lui ait rien demandé. Voilà que c'était encore pire, maintenant, parce que la blonde n'avait d'autre choix que de l'écouter. Et ça la faisait chier, parce qu'il n'avait pas tout à fait tort. En fait, Braxton était complètement d'accord avec lui mais n'avait aucune envie de lui accorder cet honneur. "La différence entre toi et moi, c'est que toi, tu as choisi de représenter ce cliché." C'était vrai ça, personne ne lui avait demandé de se déglinguer la santé en fumant tout et n'importe quoi ou bien avec un style vestimentaire sans goût. Elle, elle ne pouvait rien y faire si elle était la fille d'un acteur et qu'on l'avait éduquée avec certaines règles et principes à respecter. Mais contrairement à ce qu'il croyait, la Rosebury travaillait là-dessus. Braxton voulait son indépendance et surtout qu'on arrête de voir en elle une petite fille pourrie gâtée et capricieuse. Oui c'était ce qu'elle était, mais pas ce qu'elle voulait. Parce que ça fait bientôt vingt-et-un ans qu'elle était enfermée,  en quelque sorte,  dans cette prison dorée qu'était le monde de la célébrité et de la richesse. Et cette prison était plus difficile à quitter que ce mec semblait le croire. "Je ne vois pas en quoi fumer me rendrait plus libre... Et je pensais que tu n'en avais pas, de clope." Lâcha-t-elle toujours sur le même ton, en insistant davantage sur le dernier mot. Fallait savoir, quand même.

• Qu'est-ce que ça peu me faire ? En soit, pas grand chose, je ne sais pas qui elle est, je ne sais pas d'où elle vient, tout ce que je sais sur elle, c'est ce que je me suis imaginé, ce que je me suis inventé. Alors, qu'est-ce que ça peu bien me foutre qu'elle soit tout le temps déprimé ? "Rien, mais c'est pas vraiment agréable ! Y'a des gens que t'aimes bien au moins ? Avec qui tu rigoles et tout ça ?" Parceque les seuls fois où je l'avais vu, à chaque fois elle tirait une gueule de six pieds de long, c'est dommage avec un jolie visage comme le siens. J'avais touché un point sensible, cette image que je m'étais faite d'elle, elle était juste... Elle venait de me le dire, de me l'avouer. J'avais raison, elle était cette petite princesse qui a toujours tout eu. "Et alors ? Tu vas rester dans ce cliché où un jour tu vas te décider à en sortir ?" Parcequ'honnêtement, elle a l'air d'être super chiante comme fille. Elle ne fume pas, elle ne rigole pas, elle te casse quand tu parles, elle te regarde comme si tu n'étais qu'une merde, c'est pas agréable pour les gens qui l'entourent. Et là, elle m'arracha un rire, ouais, elle a réussis. Peut-être que j'étais sur le bon chemin pour la décoincé un peu ? "C'était ma façon de briser la glace !" Super drôle le mec... "Fumer, ça m'aide à me relaxer, toi, ça te fera surement tousser et tu vas me dire que c'est dégueulasse, mais j'suis sur qu'une fois terminée, tu voudras recommencer !" La première clope, tu ne la sens pas, t'as l'impression d'avoir rien fait, alors tu veux recommencer pour voir l'effet que ça a sur toi. •

Ah, ce n'était pas agréable ? Bah tant mieux, car c'était le but, un peu. Et puis lui n'était pas mieux, avec ses cigarettes qui n'étaient agréables que pour lui alors pour être honnête, Braxton se contrefichait de ce que ce mec pouvait penser. Elle ne connaissait même pas son prénom alors il n'allait pas lui apprendre les bonnes manières, fallait pas abuser non plus. S'il ne voulait pas la voir tirer la gueule, il lui suffisait de se retourner pour ne pas le regarder, rien de plus simple. "Je ne te connais pas, c'est tout." Mouais, c'était à moitié vrai. Parce qu'il lui arrivait aussi de se montrer négative et désagréable avec les gens qu'elle connaissait, même ceux qu'elle appréciait en fait, mais on s'y habituait à force. C'était à prendre ou à laisser mais Braxton n'allait certainement pas changer pour plaire aux autres, hors de question. "Tu poses toujours autant de questions ou c'est juste pour passer le temps ?" Parce que depuis qu'ils étaient dans ce foutu ascenseur, il ne faisait que ça et là blonde avait limite l'impression d'être agressée. Pourquoi s'intéressait-il autant à elle ? Qu'est-ce que ça pouvait lui faire franchement ? Une fois de sortis de là, ils ne se reverraient pas non ? "Et ce n'est pas aussi simple que tu le crois, pour info." Mais il allait lui dire que si, qu'il lui suffisait de changer de look et de se mettre à fumer, hein ? Bah il avait tort, tout ne se résumait pas à une garde-robe et quelques habitudes malheureusement.  "Super, ça donne envie ton truc... Et je n'ai pas besoin de me relaxer."  S'il tenait tellement à ce qu'elle ne fasse comme lui, il n'avait qu'à lui proposer quelque chose d'autre, qui n'imposerait pas de se détruire les poumons.

• Elle ne me connait pas donc, elle est désagréable... Je ne sais pas si sa réponse est vraiment honnête. J'pense qu'il doit y avoir une part de vérité, qu'elle doit se mettre vachement de barrière, ce qui correspond pas mal à l'image que je me fais d'elle en fait. Du coup, j'hausse les épaules, parceque je peux pas vraiment faire grand chose pour ça. "D'accord..." On allait pas polémiquer sur sa façon d'être encore et encore. On était différent, complètement différent, avec deux caractères à l'opposé. C'était dommage, car je suis sur que derrière cette espèce de carapace se cachait une jeune femme super sympa. "Et toi, tu clashs toujours autant ou c'est juste pour passer le temps ?" Il fallait que j'arrive à la décoincer un peu, il fallait que je la fasse sortir de ces retranchements. Elle était trop dans son image de petite fille modèle. Et j'pense qu'aujourd'hui, c'était la seule fois où j'allais pouvoir réussir, la seule fois où elle n'allait pas pouvoir prendre la fuite. "J'pense qu'il faut que tu sortes un peu plus ! J'aurais pu te proposer de s'envoyer en l'air dans l'ascenseur, mais c'est trop dans la norme pour moi, tout le monde fait ça de nos jours..." J'pense surement que là, elle va essayer de m'agresser, de m'arracher un œil ou un truc du genre, mais c'est pas grave... •