Elle en avait besoin. De s'évader, de laisser le monde de la nuit l'entourer de ses bras accueillants. Alexandra sortait peu. D'un côté parce qu'elle pensait énormément à sa sécurité, d'un autre parce que ce n'était pas trop son genre. Elle aimait aller en soirée, mais lorsque c'était chez une personne, dans un appartement, une villa, un manoir, où elle pouvait partir sans problème, où elle serait à l'aise. Elle n'aimait pas spécialement les boites de nuit, les nightclubs bondé de monde, les uns sur les autres comme dans sardines dans une boite. Mais dans ce genre de cas, elle était incognito. Personne ne penserait que la princesse d'Angleterre sortirait dans ce genre d'endroit, dans une boite de nuit où le pire peut arriver. Mais elle y est. Dans sa robe à cinq milles dollars bleu nuit, dans ses Louboutins argentés ornés de pic, avec sa petite veste gris perle sur les épaules et son port de tête royal. Elle aurait presque pu faire tâche si elle n'était pas accompagné d'une flopée de personnes qui profitent de sa compagnie. Elle rit bêtement, occupe l'espace, boit son champagne offert par la boite. Elle profite d'une jeunesse dont elle n'a pas vraiment conscience quelques fois. Laissant son corps être entraîné par la musique, elle ne pense plus à rien si ce n'est aux mains des hommes sur elle. Ce soir, elle ne veut être à personne et à tout le monde à la fois. Laissant le jeune brun qu'elle venait de rencontrer poser ses lèvres contre son cou, se délectant d'un breuvage euphorisant, elle danse, danse et échappe à une réalité fragile. Son verre vide, et la tête pleine de bulle, elle laisse littéralement son cavalier seul milieu de la piste de danse pour sortir de la boite quelques temps. Alexandra supporte difficilement la proximité d'un homme lorsqu'elle n'a pas forcément choisit la personne. Sam, c'est l'exception à la règle. Il est le seul qu'elle a laissé approché de lui même, elle n'a pas réellement cherché à lui plaire. L'air frais de l'île lui frappe le visage doucement. Elle profite de la fraîcheur mais entend des bruits étouffés dans un coin de mur. Pas effrayé pour un sous - merci le champagne - elle se dirige vers la source de bruit et voit une petite blonde accolée à un mur, pas vraiment consentante alors qu'un brun la colle littéralement. « Hey toi, tu fous quoi là ? » qu’elle hurle sans le moindre problème. Son visage est froid, littéralement glacial. Mais il reste là, à faire peur à la blonde. « Putain, mais dégage du con. » Elle retire sa chaussure et le frappe dans les côtes avec le talon. Ça doit faire vachement mal avec les pics qui orne la chaussure mais elle s’en contre fout la brune.

If you have only one smile in you, give it to the people you love.

Shaïna profitait de sa dernière semaine au Summer Camp. Bien loin de ressembler aux années précédentes, elle avait apprit la véritable définition du mot s'amuser. En deux mois, elle avait vécut plus de choses qu'en vingt trois ans d'existence. Des soirées, des sorties, des balades, des rencontres et des rêves plein la tête. Les idées fusaient pour sa nouvelle collection de vêtements, elle se sentait d'humeur créative. Après avoir passé plus d'une semaine à essayer d'échapper à Gauthier, elle décida, sur un coup de tête, de sortir seule. Chose qui ne lui était jamais arrivé. En règle générale, elle n'aimait pas trop ça et se débrouillait toujours pour être accompagnée par des amis. Mais pas ce soir. Non, elle voulait pousser le vice toujours un peu plus. En fait, la Cabot espérait tomber sur Gauthier. C'était incroyable, il l'avait prise pour la dernière des connes et pourtant, elle n'arrêtait pas de penser à lui. Obnubilé par cette homme qui lui avait fait vivre et ressentir des choses uniques, elle se laissa tenté par cette boîte de nuit. Comme à son habitude, elle avait sorti le grand jeu question vestimentaire. Une magnifique robe noire épousait ses courbes félines, un beau collier discret ornait religieusement son cou. Une magnifique paire de Louboutins aux pieds, elle mettait le paquet pour aller danser. Perchée sur des hauts talons depuis son plus jeune age, danser toute la nuit sur vingt centimètres ne lui faisait absolument pas peur. Shaïna était un peu stressée de sortir seule, heureusement la boîte de nuit ne se trouvait pas très loin de son hôtel et une horde de taxis l'attendrait à sa sortie. Elle hésita légèrement avant de se lancer sur la piste de danse. La belle blonde passa plusieurs heures à se déhancher sur la musique. Elle oubliait tout, ne pensait à rien. Sa tête était vide, elle se laissait bercer par le rythme endiablé de la chanson. Sa respiration était haletante, elle avait le sourire aux lèvres. Hors de question pour elle de toucher à l'alcool, elle était sobre de tout cocktail ou tout champagne. Non, pas ce soir. Elle comptait bien rentrer en vie. Un joli brun s'était approché dangereusement de la petite Cabot. Elle se laissait faire, tout ceci faisait parti du folklore du Summer Camp. Il n'y avait aucun mal à se faire draguer un peu. D'ailleurs, Shaïna aimait plaire et quand cela devenait trop sérieux à son goût, elle partait en courant. Lorsque le beau mâle posa ses mains sur ses hanches, elle déglutit et ouvrit les yeux. Elle ne mit pas longtemps à se reculer légèrement. Il revint à la charge et se colla à la blondinette. Cette dernière fronça les sourcils et sortit une excuse bidon du genre. « J'vais aux toilettes me rafraîchir un peu, j'en ai pour une seconde. » Pure mensonge. Shaïna se précipita vers la porte de derrière pour prendre un peu l'air. Elle se sentait oppressée et les mauvaises manières du mec ne lui plaisaient pas du tout. Une fois dehors, l'air frais se plaqua sur ses joues rouges. Ses chaussures étaient lourdes et ses jambes tremblantes. Elle ne supportait pas le fait qu'on la considère comme un vulgaire bout de viande pourtant, elle s'était déhanchée de manière assez subjective. La Cabot voulait effacer l'image de nunuche qui lui collait à la peau depuis toutes ses années et ne savait pas trop comment s'y prendre. Elle ferma la porte derrière elle et avança de quelques pas. Shaïna essayait de rependre sa respiration et ses esprits. Mais c'était sans compter sur un mec complètement ivre qui ne semblait pas avoir comprit sa phrase. Il l'avait suivit, certainement dans l'optique de se la taper dans les chiottes. « Qu'est ce que ... » bredouilla-t-elle en entendant la voix rogue du gars. La blondinette se retourna et sentit son coeur s'arrêter lorsque l'homme la plaqua contre le mur. Sa tête heurta violemment le béton du mur. « Mais lâche moi, sale brute ! » hurla-t-elle, en vain. Shaïna n'avait pas vraiment de force et ne pouvait rien faire face à cette bouteille ambulante. Elle essaya de se débattre et essaya même de le repousser, c'était peine perdue. Comme une impression de déjà vu, elle sentait les larmes monter en elle, prise de panique elle se débattait de toutes ses forces. « Mais ! Putain lâche-moi c'est pas drôle ! » dit-elle sur un ton assez agressif. Alors que tous ses espoirs semblaient s'atténuer, elle entendit une voix féminine. Elle essaya de regarder de qui il s'agissait mais l'homme effectuait une pression trop grande sur elle, c'était clairement impossible. Soudain, l'étudiant relâcha légèrement son emprise et la regarda d'un air menaçant. Shaïna fronça les sourcils, on pouvait sentir la peur dans ses yeux. La voix féminine se fit de nouveau entendre et la Cabot vit une brunette enlever sa chaussure pour lui foutre le talons dans le dos. Un rire nerveux s'échappa de sa bouche. C'était plus la panique qu'autre chose. Alors que l'homme allait se retourner pour faire face à l'inconnue, Shaïna attrapa son sac et donna un grand coup dans sa figure. Le sac hors de prix vint s'écraser sur son oreille et le déstabilisa instantanément. « Pas avec tes chaussures ! Tu vas abîmer tes rouges ! » lança-t-elle à l'inconnue. Abîmer des Louboutins sur un gars comme ça était un vrai sacrilège. Quoiqu'il en soit, ce mec en question tituba légèrement et Shaïna, prise d'une pulsion d'adrénaline, lui donna un nouveau coup de sac. « Sale porc ! » jura-t-elle avant de rigoler. Elle pouvait se permettre de rigoler, étant donné qu'elles semblaient le maîtriser à deux. Sinon, j'vous jure qu'elle n'aurait pas fait la maline du tout.

Sans être une fêtarde, Alexandra aimait se défouler sur les pistes de danses. Son passé de ballerine n’était pas si loin, et la danse est son exutoire. Il n’est pas rare de la voir dans sa chambre chez les Eliots avec une musique en fond sonore, des chaussettes au pieds, en train de danser sur le parquet parfaitement cirée de la résidence. Ses pieds se baladant au rythme de la musique, laissant ses soucis s’envoler quelques instants. C’était pareil dans un nightclub. Elle ne pensait plus à rien d’autre qu’à ses pieds qui virevoltaient au rythme de la musique, à la basse qui résonnait dans son coeur, à la sueur qui coulait le long de son dos, lui rappelant à quel point la chaleur était intense dans la salle. Mais il y avait d’autres choses qui permettait à la jeune femme de se défouler. Lors des agressions, elle avait un seul but. Se défendre et ne pas être sans défense. C’est ce dont Alexandra a voué un culte dès lors. Cours de self défense, apprentissage au kung fu, elle a pris énormément de plaisir à plaquer des hommes au sol durant ce genre de session. Se sentant forte et courageuse, elle n’avait donc aucuns mal à battre ce petit con droguée et soûle derrière la boite de nuit pour sauver la petite blonde. Frappant l’attaquant avec sa chaussure avec toute la force qu’elle avait dans ses bras, elle réussit à le faire lâcher sa proie avec succès. « Ah oui, merde. Bon, je te laisse le reste. » dit-elle en remettant sa chaussure à son pied. Elle avait tellement bien frappé le brun que la blonde n’avait plus grand chose à faire. Si bien que la blonde lui assena un coup de sac à main à la tête et il s’enfuit comme un lâche après avoir perdu un combat contre deux filles en talons aiguilles. « Et ne revient surtout pas si tu ne veux pas te voir émasculer. » Remettant ses cheveux en place, Alexandra revêtit son plus beau sourire et fit face à la blonde qu’elle venait d’aider. « Alexandra Windsor. Ravie de faire ta connaissance. » En générale, quand elle rencontrait quelqu’un pour la première fois, elle ne se présentait pas par son nom de famille. Son nom en disait beaucoup sur elle et les gens se faisaient souvent une mauvaise impression à cause de ça. Mais l’alcool et l’adrénaline aidant beaucoup, elle n’avait pas vraiment de filtre qui l’empêchait de dire ce qu’elle avait envie de dire. De plus, la blonde connaissait la marque de ses chaussures juste en regardant le bas de la semelle alors elle se disait bien qu’elle n’était pas de la classe moyenne et bien d’une classe supérieure. « J’espère que tu n’as pas été blessé par cet imbécile ? » La dernière des choses qu’elle aurait pu faire, être arrivée trop tard et que l’impensable ait été fait. « Bien que vu la manière dont tu lui as donné ce coup de sac à main, tu devais avoir de la force à en revendre. » dit-elle en riant doucement, de peur de l’effrayer ou de paraître inappropriée.