Il y a deux mois :

Je sors de l’avion, je vais vivre dans cette nouvelle ville. Je vois alors mon amie qui m’attend. Une amie d’enfance, une meilleure amie à mes yeux, je la connais depuis pas mal d’années déjà. Je tiens ma valise par une main, j’ai fait venir par avion un peu de mes affaires afin de les faire venir dans ma nouvelle maison. Je souris, je me diriger vers la sortie. Mon accent anglais bien prononcée, je passe les douanes avec mon bagage. Je sors enfin du hall pour retrouver mon amie.

« Annalynne. Je suis contente que tu sois venue me chercher. Tu vas bien ma belle ? » Je lui fais la bise gentiment afin qu’elle puisse reprendre son souffle. Je tiens toujours mon bagage par l’anse. Ma valise n’est pas trop lourde, mes autres cartons iront par camion demain à la maison. Je préfère donc me concentrer sur ma meilleure amie qui est là. Je lui demande : « Quoi de neuf ma toute belle ? »

Je fais partie des privilégiées de privilégiées. Depuis toujours, depuis que mes parents ont décidé de venir m'acheter en Inde, je le sais. Je suis de ces filles qui ont voyagé plus que n'importe qui, qui ont vu le monde et les merveilles de la vie. Qui ont tellement de choses qu'elles en sont blasées. C'est comme cela, qu'étant enfant je me suis retrouvée à Londres, en compagnie de papa. C'est la-bas que j'y ai rencontré Honey. La-bas que deux gamines se sont liées d'amitié, sans penser au fait que leurs destins allaient diamétralement s'opposer. Elle future professeur à Harvard, libérée. Moi, en passe de devenir gérante d'Omnicom, fiancée. Amoureuse implacablement de Clay. Enlisée dans mon propre merdier. Mais aujourd'hui, le temps est aux retrouvailles, de ces deux filles qui ont un jour décidé de rester en contact, de se créer en l'autre un échappatoire.

A l'aéroport, je regarde les avions décoller, certains atterrir, venue en avance pour être certaine de ne pas la louper, quand son vol est enfin annoncé à l'arrivée. Quelques minutes de plus défilent, et j'aperçois son visage au loin, accueille avec un sourire succinct. Peu coutumière de contacts physiques ou affectueux, je reste un tantinet sous le choc de la bise naturelle qu'elle me fait. « Annalynne. Je suis contente que tu sois venue me chercher. Tu vas bien ma belle ? » Bien … Ô tout est relatif tu sais. Je viens tout juste de décider de garder un enfant, bravant de ce fait mon père et son ascendant, sans le faire vraiment, puisque personne n'est au courant. « Quoi de neuf ma toute belle ? » C'est sûrement mon silence qui fait qu'elle répète sa question d'une autre façon, j'en mords mes lèvres, sans trop savoir comment commencer. « C'est le bordel. » Au moins c'est cash, c'est sincère. Ma franchise m'a très souvent représenté, donc elle ne doit pas s'étonner. « Mais le chauffeur nous attend. » Un petit nouveau que j'emploie depuis quelques temps. « Ton vol s'est bien passé ? » Détourner le sujet de ma personne à tout prix, ce n'est pas encore le moment des grandes révélations.

Il y a deux mois :


«  Le bordel ?! Comme ça le bordel ?!  » Je ne sais pas trop ce que cela va donner, mais bon, je réfléchis un peu plus à la suite. Je me demande bien ce que mon amie peut me dire. Elle va sans doute devoir prendre un peu de temps afin de pouvoir me répondre à nouveau. Je ne vois pas trop ce que je dois faire pour qu’elle aille mieux. Je suis riche aussi, mais je ne pensais pas qu’elle ferait appel à une voiture. Je remarque qu’elle change de conversation, je ne vois pas trop comment est-ce qu’elle pourrait me parler si elle change comme ça. Mais bon, je la connais bien, je trouve qu’elle va me parler lorsqu’elle le voudra. Je réfléchis un peu plus, et je lui réponds en souriant :

« Oui dans l’ensemble oui, j’avais une place en première. J’ai pu profiter du calme. J’aime bien la première, on prend soin de toi, tu as la place suffisamment pour dormir. C’est le pied.  » Je ne sais pas trop ce qu’elle va me demander par la suite. Mais bon, je tiens toujours ma valise pour me diriger vers sa voiture. Je peux voir qu’il y a quand même un peu de monde. Je dis en enlevant mon écharpe : « Et bien, je trouve qu’il fait chaud dans ta ville.  » Je la met dans mon sac tout en me disant qu'il faudrait sans doute que je passe à mes vêtements d'été. Mais bon, je ne sais pas non plus si je ne vais pas prendre une petite laine le matin pour aller faire ma sortie en ville. Je suis tout de même un peu frileuse.

«  Le bordel ?! Comme ça le bordel ?!  » A la vérité, c'est on ne peut plus compliqué à expliquer. Je suis enceinte, mais pas d'Alan, d'un gars que j'ai rencontré, il y a bientôt un an, qui s'appelle Clay. Mais vu que je vais me marier, enfin vu que je suis forcée à me marier pour garder mon titre de future directrice d'Omnicom, je veux me débarrasser de l'enfant, d'ailleurs je ne me suis jamais franchement vue devenir une mère aimante. Sans tergiverser, je serai horrible dans le rôle, passant bien trop de temps à m'aimer. Mais le problème aussi, c'est que ce Clay, j'en suis tombée amoureuse, oui, je sais, c'est assez drôle à dire, surtout de moi. Comme si un monstre de mon gabarit pouvait aimer. Finalement, perdue dans les délires inconstruits de mon esprit, j'en viens à frotter mon front, nerveusement. « Franchement ? » Par où je pourrai commencer ? J'ai bien du mal, à me confier … « C'est compliqué. » Vraiment, ça paraît des fois trop gros pour être vrai.

Alors lorsqu'on arrive face à la voiture, je lui demande comment elle, elle se sent, priant pour qu'elle ait des tourments qui se pourraient m'éloigner des miens, de ma cage dorée. « Oui dans l’ensemble oui, j’avais une place en première. J’ai pu profiter du calme. J’aime bien la première, on prend soin de toi, tu as la place suffisamment pour dormir. C’est le pied.  » Je n'ai, à la vérité, que très rarement voyagé dans un vol … partagé. J'ai à ma disposition, ce qu'on appelle, un jet privé. Mais bref, vaut mieux passer les détails sur mes comptes bancaires pourvus de soldes bien trop démesurés. « Et bien, je trouve qu’il fait chaud dans ta ville.  » L'observant ranger son écharpe, je ris sur le côté, en précisant que « C'est différent de la pluie de Londres, on dira. » Parce que oui, le cliché au sujet de Londres et de son mauvais temps reste tout de même un peu véridique. Le chauffeur sort finalement de la berline, attrape les sacs de celle que j'ai connu il y a quelques années, et puis il nous ouvre la portière pour que l'on puisse s'installer. Une fois côte à côte, je lui demande. « L'adresse c'est quoi ? » De son nouveau chez elle, cela va de soi. Réprimant une nausée, du a cet être dans mon utérus, indésiré. Bientôt seulement quelques jours encore à patienter. Quelques jours à douter. Je repense au fait que c'est si compliqué … alors je dis d'un ton dépité. « Les préparatifs de mon mariage avec Alan ont bien avancé. » Elle plus que quiconque sait que ses noces ne sont pas désirées. Que j'ai l'impression que mon père me vend, au plus offrant. Tout, absolument tout, est une histoire d'argent. Peu de place pour les sentiments.

Il y a deux mois :


« Si tu ne craches pas le morceau, il est fort possible que je te tires les vers du nez….   »  Je souris, je ne sais pas trop ce qu’elle va me dire, mais bon, je trouve qu’il est bien agréable que je trouve donc les choses pour la faire dire les choses, je lui donne un coup de coude amicalement tout en lui disant : « Allez, tu peux me le dire, je ne le répèterai pas promis. On se connait depuis tant d’années, tu sais bien que je garde toujours tes secrets.  » Je tire toujours ma valise, je ne sais pas ce qu’elle va me répondre, en tous les cas, je trouve que pour le moment, je dois juste savoir si je dois ou pas y aller un peu plus fort. Je réfléchis à comment continuer afin de pouvoir lui faire vide son sac.

« En été, il fait chaud à Londres, il ne pleut pas tout le temps.  » Je ris, je sais qu’elle disait juste cela pour me taquiner. J’ai une grande maison à Londres, que j’ai pu acheter avec l’héritage bien riche de mon père. Mais, je pense que je vais la garder pour y aller durant mes vacances, puis, j’ai mis aussi de côté afin de pouvoir avoir de l’aider au cas où. Je ne tiens pas à avoir des soucis financiers. Je regarde mon amie, je lui dis amusée : « C’est à Along Charles River au numéro 24 s’il te plait. » Je regarde mon amie, je sais qu’elle doit se marier avec un type qui ne vaut pas la peine de se bouger pour lui, je réfléchis, et je lui dis sérieusement : « Si c’est pour divorcer dans deux ans, ce n’est guère la peine de le faire sauf pour l’argent comme d’habitude…. Nos pères sont vraiment deux grands idiots qui font la paire…  »

Je soupire, puis, je dis en regardant dehors par la fenêtre : « Au fait, je ne t’ai pas dit, mais j’ai hérité de mon père le mois dernier…  Je ne sais pas encore ce que je fais de son entreprise…. »  Une simple question qui va sans doute me trotter dans la tête pendant un long moment…

« Si tu ne craches pas le morceau, il est fort possible que je te tires les vers du nez….   » En haussant les épaules, moi, je me dis, que ce serait bête, parce que si elle insiste trop, elle sait, que je vais me renfermer. Que le genre de soirée confidence sur canapé entre fille en pyjama cela ne me ressemble pas. Lorsque je révèle les choses, il faut que cela vienne de moi. Que l'on me force la main est une chose que je n'ai jamais apprécié. Recevant son coup de coude, que je sais destiné à me faire réagir de manière amusée, histoire de me décontracter, je la regarde et l'écoute un peu plus gratter. « Allez, tu peux me le dire, je ne le répèterai pas promis. On se connait depuis tant d’années, tu sais bien que je garde toujours tes secrets.  » Le problème en réalité, ce n'est pas une question de secret gardé. Bien loin de là, c'est une question de l'image que j'ai de moi. Des bêtises que j'ai fait. Celles là même que j'ai tant aimé. Que je me refuse à voir se terminer. Si je lui dis, de façon détaillée, que je suis tombée amoureuse après des années à dire que l'amour c'était pour les cons, des années encore à assurer à qui voudra l'entendre que mon mariage avec Alan se fera, que je suis enceinte, et que je ne veux pas le garder, que le père est loin d'être mon fiancé. Je suis juste, et serai, cette connasse indécise qui abîme les gens. Ca ne posait pas de problème avant … Avant lui, évidemment. « Honey ... » Laisse moi le temps de choisir où et comment je vais t'en parler.

On se retrouve dans la voiture, finalement, et après la pluie et le beau temps, elle donne son adresse au chauffeur. Mais moi, comme je n'ai toujours pas trouvé comment en venir au sujet des aléas de mon coeur, et sûrement aussi, partagée entre l'idée que le chauffeur pourrait tout balancer et voir donc mon père devenir fou de cette révélation, j'en reste sur mes positions. Je lui vends, comme à tous, mon mariage bidon. « Si c’est pour divorcer dans deux ans, ce n’est guère la peine de le faire sauf pour l’argent comme d’habitude…. » Ce n'est pas aussi simple que cela. Il est vrai que tout le monde le croit, mais il n'y a que cinq personnes qui ont connaissance du contrat. Mon père, le sien, Alan, un avocat, et moi. Rien n'a été laissé au hasard. Je ne serai dirigeante que si le nom Suttler est associé au mien, sinon rien. Déchue dès l'instant où j'envisagerai de divorcer. Et comme elle le dit, ce n'est que pour l'argent. Mais je l'aime mon confort, je me complais dedans, je ne sais pas vivre autrement. Je ne peux lâcher ma cuiller d'argent. Le nirvana n'est qu'un passe temps, un moyen de faire un doigt d'honneur à mon père, en attendant. « Nos pères sont vraiment deux grands idiots qui font la paire…  » Le mien pour le coup, même si je le hais pour ce qu'il me fait, je ne peux m'empêcher de le penser parfois, plus que brillant. « Au fait, je ne t’ai pas dit, mais j’ai hérité de mon père le mois dernier…  Je ne sais pas encore ce que je fais de son entreprise…. » Et j'en oublie presque mes démons intérieurs, mon délire et mes erreurs. « Hériter ? » C'est à elle maintenant de préciser. Puisqu'elle me disait que le mien et le sien faisaient la paire il y a quelques secondes encore j'ai du mal à penser qu'il pourrait ne plus exister. « Tu veux dire qu'il t'a laissé ses parts ? » C'est ce que le mien fera, lorsque j'aurai accompli la tâche qu'il attend de moi. Il me désignera comme son successeur. « Ou qu'il est … ? » Décédé.

Spoiler:

Il y a deux mois :

«  Oui, il a eu mon grand-père sur le dos, donc, il a été un peu oblige…. Enfin, maintenant, il est passé dans un four et j’ai eu l’occasion de mettre ses cendres à la mer. » Je souris malgré moi, dans la voiture, je ne sais pas trop quoi dire, je me demande même si je vais réussir à continuer la conversation. Enfin, je me dis que je vais bien trouver des choses à faire ou à dire. Je réalise que je ne dois pas non plus être comme ça, mais bon, je trouve qu’il est aussi amusant pour moi que je tente d’aller mieux. Je dis à mon amie d’enfance : « Bon d’accord, je ne l’aimais pas du tout, je le haïssais même, mais bon, je me dis que j’ai tout de même perdu quelque chose.  » Enfin, je ne sais pas trop ce que je peux faire de plus, je trouve qu’il est pas mal aussi que je sache si je dois ou pas aller bien mieux. Sauf que parfois, je trouve que j’ai du mal avec les gens.

Ensuite, pour l’instant, la voiture roule, je ne vais pas non plus être triste sauf que pour l’instant, je me rends compte que je ne vais pas non plus être comme ça triste. De plus, je me rends compte que pour le moment, je suis un peu perdue. Je ne souris plus, je réfléchis un peu plus, je tente de voir les choses sous un bon angle. Je préfère aussi essayer de voir les choses dans le bon sens. Je vais aussi essayer de faire rire mon amie, je lui dis en tentant de sourire : « Je me demande bien si tu pourras ou pas venir me voir à la maison pour un petit diner. On peut aller voir un film après si tu veux.  Je sais que tu dois être pas mal occupée, mais je me dis que l’on peut passer un petit moment ensemble. Au fait, tu as prévu un voyage dans les jours à venir ? »

Intriguée par la façon dont elle a pu obtenir son héritage, je redouble d'attention afin d'en savoir plus. «  Oui, il a eu mon grand-père sur le dos, donc, il a été un peu oblige…. Enfin, maintenant, il est passé dans un four et j’ai eu l’occasion de mettre ses cendres à la mer. » Et là je l'avoue, je ne peux empêcher un rire mesquin s'échapper de mes lèvres, ponctué d'un « Charmant. » prononcé à haute voix. Les relations houleuses, bien sur que je sais ce que c'est, je ne dis pas que celle que j'entretiens avec mon paternel est égale à celle qu'elle pouvait posséder avec le sien, mais le peu de respect me fait cependant tiquer. Plus fort que moi, impossible à empêcher. Passé dans un four, oui, charmant, je ne trouve pas d'autre chose pour décrire mon impression. Presque elle en perd de sa prestance, pensée étrange. « Bon d’accord, je ne l’aimais pas du tout, je le haïssais même, mais bon, je me dis que j’ai tout de même perdu quelque chose.  » Je peux entendre et comprendre la haine, et c'est donc pour cette dernière précision de sa part, que je me contente dans un premier temps de hocher la tête, opinant ses paroles. « Tu te contredis, tu sais. » Je la crois paumée, à la vérité. Mais j'imagine que c'est normal, je ne sais pas ce que je ferai, comment je le prendrai, si je perdais mon père. Aucune idée.

« Je me demande bien si tu pourras ou pas venir me voir à la maison pour un petit diner. On peut aller voir un film après si tu veux.  Je sais que tu dois être pas mal occupée, mais je me dis que l’on peut passer un petit moment ensemble. Au fait, tu as prévu un voyage dans les jours à venir ? » Occupée, oui, je le suis, c'est vrai. Il y a plusieurs choses que je me dois de gérer, plusieurs choses que je n'arrive plus à contrôler. Cependant, le fait est que cela fait quelques années qu'elle et moi nous n'avons pu échanger en toute liberté. « Faudrait que je consulte mon agenda. » C'est bien une blague, qu'on ne s'y trompe pas. « Je dois pouvoir libérer du temps pour toi. » Une évidence même, mais je me dois de poser un veto sur l'une de ses volontés. « Mais pas de cinéma. » Là, on est bien loin d'une occupation me ressemblant. Payer dix dollars pour m'enfermer dans le noir. Hors de question, plusieurs années, là encore, que je ne me suis pas permise une occupation aussi loin de mon quotidien. De mon monde à la con. « Un voyage ? » Bien loin de là. J'ai plutôt prévu de m'accommoder de ma condition de femme enceinte et devant annuler le mariage du siècle. « Non, pourquoi ? »

Il y a deux mois :


« Navrée de t’embêter avec tout ça….. »Je souris, je ne sais pas trop ce qu’elle va me dire par la suite, mais bon, je regarde à travers la vitre. Les passants passent sur le trottoir, les gens sont en voiture, il y a cette vie qui m’a sans doute manquée ces derniers jours. Je tente de lui donner une autre phrase bien que j’ai du mal avec Anna qui n’a pas vraiment l’air de vouloir me parler. « Oui, pardon, je suis perdue…. »Je ne sais pas trop comment faire, mais bon, je sais que cela va sans doute m’aider si je change de sujet, je dis en riant : « Tu as une très jolie voiture en tous les cas. » Je sais que cela va être bien, mais bon, je préfère me dire que je vais bien réussir à l’emmener en voyage un petit moment.

Je vois bien qu’elle me cache quelque chose mais bon, je ne sais pas trop comment aborder le sujet. En tous les cas, je préfère sourire. Je la connais bien, elle me dira les choses lorsqu’elle le voudra. En ce moment, je vois bien qu’elle m’a fait une petite blague. « Pas de soucis, on ira pas, on fera les balades que tu veux. Comme ça je pourrais te voir un petit moment. » Je sais qu’elle va sans doute avoir des choses à faire j’en profite donc pour lui demander pendant que je l’a vois. Je continue donc de réfléchir un petit moment avant de lui parler. « Je dois retourner à Londres aux prochaines vacances, je me demandais si tu voulais venir avec moi si bien entendu c’est possible pour toi de voyager. »

« Navrée de t’embêter avec tout ça….. » Non, non, ce n'est pas ça. Ce n'est pas que ça m'embête, c'est juste que c'est un terrain inconnu pour moi. Alors lorsqu'elle en détourne son regard par la fenêtre, je réalise que j'ai peut-être manqué de plus de tact que ce que je le pensais. Mais en même temps, c'est elle qui a commencé, en parlant de four et de cendres. C'est en levant les yeux au ciel, râlant presque quand je racle ma gorge et je soupire, ce n'est que pour très peu de monde que je fais cela, ils se comptent sur le bout des doigts, cependant elle en fait partie, alors je me reprends. « Tu ne m'embêtes pas. » Jamais, sinon dans ma vie je ne perdrai pas de temps à la tolérer. « Honey, tu m'as prise de court. » Et je suis très peu encline aux surprises. Bien que je me dois de constater que je me suis bel et bien éloignée de ce monde de paillettes si souvent côtoyé, assez pour ignorer, la mort de son père.

Quand je lui souligne qu'elle s'est égarée au fil de cette histoire et dans les complaintes de ses pensées, sa réaction, encore une fois, me surprend un tantinet. « Oui, pardon, je suis perdue…. » En même temps, j'imagine que ce n'est pas vraiment étonnant. Perdre l'un de ses parents, même en le détestant, changer de pays, d'université où enseigner, devoir tout – ou presque – recommencer. « Les Malcolm ne s'excusent pas. » Je prononce en souriant, comme une règle de vie oubliée, et lui conte de ce fait la suite de mes idées. « Ca ne marche pas avec les Scott aussi ? » Manière détournée de lui faire comprendre qu'elle n'a aucune raison de le faire, avec moi, de demander pardon, ou je ne sais quoi. Elle n'est pas l'une de mes employés ayant fait n'importe quoi, loin de là.
« Tu as une très jolie voiture en tous les cas. » Alors impossible à retenir, je lui crache un rire, avant de le justifier, en lui disant la vérité. « Elle est à mon père. » Lui qui fournit les choses devant me transporter, de manière directe ou autrement.

Elle me propose alors de se voir ailleurs, comme si nos retrouvailles improvisées étaient déjà achevées. J'en fronce les sourcils, non pas le cinéma, hors de question, ce n'est pas pour moi. « Pas de soucis, on ira pas, on fera les balades que tu veux. Comme ça je pourrais te voir un petit moment. » Maintenant que nous sommes dans la même ville, cela me paraît tout bêtement évident. « Je dois retourner à Londres aux prochaines vacances, je me demandais si tu voulais venir avec moi si bien entendu c’est possible pour toi de voyager. » A cet instant précis, je remercie le ciel de me faire ressentir le moteur de la voiture s'arrêter, signe que nous venons d'arriver. A peine la voiture stopper, ma main va s'appuyer sur la poignée, devançant le chauffeur n'étant pas arriver à temps à la hauteur. Il en grimace, lorsque je lui lance un regard, de ce fait, se précipite presque afin d'ouvrir à mon amie. Une fois dehors côte à côte, c'est en confidence que je lui dis. « Je peux pas bouger. » En ce moment. « Et le mariage n'en est pas la raison. » Non, la vrai est Clay et tout ce qu'il arrive à faire avec la moindre de mes émotions.