Personne ne vous l’avait dit, mais être gay, ça coute cher !
ft. LAWRENCE & CLAY

Un fou rire, c'est tout ce que j'ai pu exprimer face à ce texto reçu à peine quelques secondes plus tôt de la part de l'un des agents infiltrés. Même pour tout l'or du monde je ne me serais abaissé à ce genre de rôle: un pd, un gay, moi... jamais. Ce n'est pas que je les exècre comme je le fais de la haute société, surtout depuis avoir appris à connaitre l'un d'entre eux. Non, à présent je les laisse de coté bien qu'il m'arrive d'éprouver du dégout lorsque dans la rue j’aperçois quelques doigts entrelacés, la main de l'un des deux posée là où il ne faudrait. Heureusement, ils préfèrent la plupart du temps se cacher, attendre la nuit tombée pour se retrouver dans des lieux tel que ce bar au petit sobriquet très explicite. Le Minou...  Lawrence... Faut lui reconnaitre un certain courage pour oser ce travestir le temps d'une soirée, ou une certaine stupidité.

Claquant la couverture cartonnée d'un dossier sur son contenu, je me laisse retomber dans le confort d'un siège surpiqué, les quelques petits à-côtés que je suis en droit d'exiger.  Et à cette heure tardive sous l'effet de la fatigue, je l'imagine déjà en plein travail, me demandant même comment et à quel point il se confond dans son rôle. Lawrence est un homme qui exige beaucoup de lui, sans doute ce pourquoi il est tant apprécié. Une brève œillade sur la toquante poussiéreuse qui me surplombe et j'accuse le temps qui défile, presque minuit. Cette fois-ci, Annalynne n'a pas pu s'empêcher de m'envoyer quelques messages écourtés et je n'ai trouvé d'autre moyen de la rassurer que de lui refiler mon numéro fixe d'ici qu'elle a tout de même, par pur orgueil, mis du temps à composer. Je lui ai finalement dit que je resterais au bureau jusqu'à la fin de son service pour passer la prendre, bien avant qu'une autre idée ne me traverse l'esprit: aller sur le terrain observer cet agent d'un peu plus près. Mais les gays... me posent encore problème surtout si de surcroit l'un d'entre eux pousse le vice à m'approcher de trop. Cependant, j'en ai par dessus la tête des chemises que j'ai compilées toute la soirée, tout cela parce que je souhaitais récupérer mon retard suite à notre voyage improvisé et mettre un terme à certaines affaires encore non classées. Après quatre rapports signés et enchemisés, trois dossiers parachevés et tout autant de paperasse classifiée, les bras croisés derrière ma tête, je m'octroie un bref instant de répit et ricane à celui que je vais devoir rédiger si Lawrence me laisse un jour clôturer le sien. Dommage qu'on ne doive poser sur papier tous les détails et c'est justement pour cette raison qu'il ne me dira rien de cette fameuse soirée passée dans cette boite branchée. Il me faut m'y rendre en personne pour étancher ma soif de curiosité et presque dans l'instant, je quitte le rembourrage de mon dossier, vais choper ma veste pendue à l'entrée pour me rendre sur les lieux histoire de le couillonner.

Les minutes défilent à ma montre tandis que j'enquille les kilomètres, espérant qu'entretemps une certaine brune n'aura pas l'ingénieuse idée de m'appeler une dernière fois. le Minou, enfin... L'enseigne baigne mon tableau de bord d'une clarté blafarde aux reflets irisés, bleutés. Une fois en dehors de l'habitacle, c'est sur les murs que je m'attarde ainsi que sur le videur, armoire massive qui me détaille longuement de la tête au pied. Je sais... J'aurais du enfiler l'un des mini-shorts d'Anna. Le seul problème, c'est que je n'aurais même pas pu y glisser l'une de mes cuisses sans en faire sauter les coutures... Au final, il me permet de pénétrer à l'intérieur et de découvrir ce monde si particulier. Quelques regards insistant me font vite ressentir que je fais légèrement tache parmi les clients, femmes et hommes aux costumes exubérants et ceci quand ils ont quelque chose sur le dos. Très vite, ma chemise est jetée sur mon épaule, me laissant errer en marcel d'un blanc agressif sous la lumière noire qui redessine ma musculature. Aborder Lawrence n'est pas encore dans mes objectifs parce qu'il me faut le trouver avant, parmi cette foule d'hystériques qui se paluchent les uns les autres. Tout ce qui me répugne est là, sous mes yeux: les vieux pervers qui s'octroient le droit de serrer de jeunes éphèbes, les bodybuildés - auxquels je pourrais m'apparenter - qui s'adonnent à des danses transgressives, ceux qui se chauffent au bar avant de s'éclipser sans aucune honte vers l'étage. Par bonheur, aucun ne semble être intéressé pour le moment alors c'est vers le comptoir que me décide à trainer. Avec un peu de chance cela va continuer... Si Lawrence est comme moi, il y viendra chercher un peu de courage pour affronter ce que recèle ce genre d'endroit.