Les vacances étaient terminées. Tu étais rentrée depuis quelques jours du Chili, et déjà ce pays te manquait. Tu avais eu un réel coup de cœur, et t'étais presque promis d'un jour y retourner – quand ton porte-monnaie te le permettrait. Mais là, c'était le dur retour à la réalité, au petit quotidien qui était tien depuis pas mal d'années maintenant. Pour autant, tu ne t'en plaignais pas trop. Tu aimais ce que tu faisais, autant tes études que ton petit job au zoo. Tu étais d'ailleurs de service, en ce samedi. Le monde se bousculait, en ce dernier week-end de vacances scolaires des plus petits. Il fallait parfois s'armer de patience, quand on tenait un stand de friandise comme tu le faisais. Entre les enfants capricieux qui ne cessaient de pleurer, la mine désespérée des parents qui doivent claquer dix dollars pour une barbe à papa et une bouteille d'eau, et les éternels râleurs qui te reprochaient – justement – les pris trop élevés, la soit-disant mauvaise qualité. Parfois même, il venait à toi pour se plaindre d'allées mal nettoyées dans le zoo, par exemple, ou pour te prévenir qu'il n'y avait plus de papiers toilettes aux sanitaires. Ça te faisait doucement rire, mais tu gardais ton sang-froid et ton éternel sourire, leur promettant que tu verrais ce que tu pourrais faire. Alors que tu étais juste une vendeuse de friandise à l'entrée d'un zoo. Les gens ont le don pour se plaindre aux mauvaises personnes. Soit. Il faisait particulièrement beau aujourd'hui, et rien ne pouvait gâcher ta si bonne humeur matinale. Entre l'odeur des cacahuètes caramélisées et du sucre fondu des beignets, tu adorais particulièrement ton petit métier. Il ne te rapportait pas grand chose, servant tout juste à payer tes nombreux paquets de cigarettes et tes quelques folies imprévues. Mais tu n'étais pas du genre à travailler par seul besoin. Non, tu avais vingt-quatre ans et tu souhaitais juste entrer dans le monde actif. De plus, il était hors-de question d'avoir trop de temps libre à ta disposition, il fallait sans cesse que tu t'occupes.
Encaissant une nouvelle commande, tu levas les yeux vers le zoo. D'ici, tu pouvais aisément tout voir, du parc aux enclos de l'entrée. Et parmi la foule, tu reconnus aisément une tête qui t'était bien familière.