« La santé... c'est vital ! »

L’école… j’avais tant travaillé pour être institutrice, et j’avais enfin eu un poste, à Cambridge. Tout près de chez ce fameux et mystérieux demi-frère que je venais de découvrir et que je voulais connaître. Il avait eu la chance de vivre avec ma mère, enfin, brièvement. Il savait ce à quoi elle ressemblait, comment elle était… J’avais envie de savoir ce qui s’était passé, et d’en savoir aussi sur lui. D’apprendre à le connaître, à savoir qui il est vraiment et peut-être tisser un lien… ? De la famille, j’en ai jamais eu beaucoup. Mais Dieu sait à quel point j’aurais aimé en avoir une plus grande. Avoir un petit-frère ou une petite sœur dont j’aurais pu prendre soin… c’était un rêve, ça. Ce rêve, il venait  enfin de se réaliser, mais c’étais plus compliqué que prévu. J’allais pas me pointer chez lui et lui avouer que j’étais sa demi-sœur, comme ça… Non. J’allais prendre mon temps, voir comment les choses allaient se passer… parce que même si je n’osais pas l’avouer, j’avais peur. De la tournure que pourraient prendre les choses, de sa réaction…

J’étais arrivée une vingtaine de minutes plus tôt, ce matin-là. Le voyage scolaire que j’avais organisé approchait à grands pas et j’aurais vraiment aimé accueillir une pédiatre à l’école pour qu’elle puisse un peu nous donner des conseils de santé, à moi et aux enfants. Leur dire à quel point c’est important de se brosser les dents, ce genre de trucs, quoi… Puis j’aurais aussi aimé qu’elle les examine, fasse un petit bilan… L’infirmière de l’école n’était presque jamais là, et les maladies dans les écoles se propageaient énormément. J’étais assise dans la classe des moyens, cette classe qu’on m’avait attribué à mon arrivée. J’étais assise à une petite table, en train de découper certaines activités au ciseau que j’avais préparées pour les jours qui allaient venir… Je préparais toujours les choses qu’on faisait à l’école une semaine à l’avance pour ne pas me planter et leur faire faire n’importe quoi… puis c’est toujours utile d’avoir des feuilles en plus, au cas où l’un des vingt enfants dont j’avais la charge faisait une bêtise et salissait sa feuille. Les enfants ne devaient arriver que d’ici une vingtaine de minutes, et l’étudiante en pédiatrie que j’avais invitée ne devait pas tarder non plus.

acidbrain