D’abord le Chili, ensuite la Russie ? Où irait-il de nouveau ? Nul ne savait le programme du jeune Prince mais toujours est-il qu’il allait très souvent se retrouver sur les routes maintenant. En effet depuis que sa grand-mère, la Reine d’Angleterre, l’avait nommé ambassadeur de la Couronne, il accomplissait ses missions avec la qualité qu’on lui connaissait. Pour le moment ce n’était que des missions diplomatiques mais peu difficiles à mener à bien sauf qu’un jour ou l’autre, il allait se retrouver devant des murs infranchissables. Heureusement que c’était un battant dans l’âme parce que c’était le genre de choses qui donnaient envie d’abandonner, sauf qu’avec l’attentat qu’il avait connu début janvier et le séisme au Chili, Andrew savait comment se sortir de situations réputées inextricables. Il s’était retrouvé plusieurs fois au pied du mur et il était grand temps qu’il reprenne sa vie en main. Bref aujourd’hui, alors qu’il venait à peine d’atterrir à Boston, il avait décidé de retrouver Madisson. Ces derniers jours sans elle lui avaient paru être une éternité, il n’arrivait pas encore à définir exactement la nature de ce qu’il éprouvait mais toujours est-il qu’il ressentait ce besoin de la voir. Pendant son court séjour en Russie pour cette mission diplomatique, il n’avait pas cessé une seule seconde de penser à elle et ce même pendant son meeting avec le président Russe… Sauf qu’il avait du résister à la tentation d’envoyer des messages parce que cela l’aurait déconcentré et il n’avait pas besoin de ça surtout qu’il se trouvait dans un territoire légèrement hostile.

En effet il était hautement protégé pour ce voyage puisqu’une petite dizaine de soldats d’Elite du SAS (les Forces Spéciales britanniques) étaient chargés de sa protection donc oui il avait pris un jet privé de la Royal Air Force alors qu’il avait sa petite flotte personnelle. Fin bref son voyage s’était bien déroulé dans l’ensemble même s’il y avait eu quelques petites tensions mais ses hommes n’avaient pas eu besoin de faire usage de leurs armes. Par ailleurs, les négociations furent assez fructueuses et maintenant il espérait que ça soit très rapidement mis en application. C’était pendant son vol de retour qu’il avait envoyé son compte rendu à la Reine. Il n’avait même pas attendu la réponse de celle-ci pour penser à autre chose surtout qu’il en avait sacrément besoin là. Voir Madisson allait certainement lui faire un peu de bien, du moins il l’espérait de tout cœur. Dans la limousine qui l’emmenait jusqu’à la demeure de la Cabot, il s’était mis à bosser sur des dossiers concernant son entreprise. Il avait quitté son poste de PDG pendant trop longtemps et bien qu’Alexander s’était bien employé en le remplaçant au pied levé, il y avait tout de même un travail considérable pour remettre Windscorp Industries sur de bons rails ! Bref pendant tout le travail ralliant l’aéroport à la demeure de Madi, il travaillait sans relâche et on va dire qu’en arrivant à destination, il était très fatigué. Sauf qu’il allait éviter de le montrer devant la jeune femme. Il sortit de la limousine avec ses béquilles et il se rendit jusqu’à l’appartement de la Cabot, il n’avait même pas remarqué qu’il portait encore son smoking gris anthracite : bref il était encore vêtu comme il sied à un PDG. Il appuya sur la sonnette et attendit qu’elle l’ouvre.

Mon cerveau était au bord de l'implosion depuis le tremblement de terre au Chili. Cela ne se voit pas extérieurement ? Tant mieux. Depuis cet événement, mon petit quotidien paisible a complètement vacillé. Ce jour-là, durant le Spring Break, j'avais failli dire à Andrew que je l'aimais. Ça aurait été naturel et.. C'est vrai que j'étais bien avec lui. Ça changeait de mes relations avec Austin ou de la dernière avec Colin, mais.. Je m'étais faite avoir à mon propre jeu. De retour à Cambridge, j'avais passé énormément de temps avec Athéna et Emilia pour ne plus penser à toutes ces horreurs que j'avais vu lorsque la terre tremblait. Comme mes meilleures amies allaient bien mieux, j'avais surtout posé mon attention sur Andrew qui avait des béquilles et.. Sur Austin. Cela pouvait paraître illogique. C'est mon ex petit ami, il m'a trompé, point final. Sauf que.. Sauf que ça ne sera jamais aussi facile entre lui et moi et notre dernière discussion m'avait mis le cerveau à l'envers. J'avais beau étouffer ce sentiment si grand que j’éprouvais pour lui, il revenait encore plus fort à la charge. Je l'aime toujours, c'est indéniable et lui aussi m'aime. Néanmoins, i l y a toujours ce mur entre nous et j'hésite à y foncer tête baissée alors que.. Un autre chemin se présente à moi. Plus calme, plus sûr et surtout probablement plus durable dans le temps. Oui, mais voilà, je ne suis pas sûre que ce soit forcément le bon choix. Peut-être que prendre des briques de plein fouet est ce pour quoi je vis. Après tout, peut-être que la troisième fois sera enfin la bonne ? Qui pouvait le savoir ? Mais plus je regarde ce chemin en jouant avec les briques, plus je me dis qu'un jour, il me sera totalement fermé d'accès parce que j'aurais trop hésité, trop joué.

Mon coeur fit un énorme bond en entendant ma sonnette. Je n'attendais personne. Nous étions en plein milieu d'après-midi et j'étais encore en pijama. De toute manière, Andrew était en week-end en Russie, Colin ne débarquerait pas comme ça et Austin devait sûrement être entrain de prendre un énième rail de coke. Alors.. Je ne comprenais pas trop qui cela pouvait être. Vérifiant mon portable, je ne voyais aucun message de Nana, Mimi ou Kyky. Étrange. Quoiqu'il en soit, le fait d'être en vêtement de nuit ne me perturbait pas plus que ça. Après tout, c'était un short et un débardeur, rien de grave. Enfilant tout de même un gilet, j'allais ouvrir la porte sans prendre la peine de regarder qui cela pouvait être avant. « Oui c'est qu- Andrew ? » demandais-je en essayant de savoir si c'était une hallucination ou pas. Un. Deux. Trois. « Tu es déjà de retour ?! » criais-je à moitié avant de venir contre lui. Tu as deux mots à dire à ton chemin paisible, tu ne peux pas lui cacher que tu embrasses les briques quand il a le dos tourné. Conscience de merde. « Tu m'as manqué » Attention Madisson, tu deviens hypocrite par moment. Non, je le pensais vraiment. Même si j'avais passé énormément de temps avec un certain mouton à bouclette, je l'avoue avec un peu de honte..