Je n’avais pas pris de douche, je n’avais toujours pas pris le temps de me débarbouiller. Je courais à droite, à gauche, dans les locaux de l’hôpital pour offrir mon aide un maximum. Le tremblement de Terre nous avais surpris, Sanaa et moi alors que nous nous rendions aux chutes. Je l’avais laissés rejoindre le chauffeur pendant que je décidais de rejoindre le groupe qui nous avait devancés pour accorder les premiers soins et les mettre en sécurité. Depuis je n’avais pas arrêté, je n’avais pas pris de pause. J’étais là pour soigner les blesser, si c’était dans mes capacités, aidé à dégager les décombres, rassurer les gens que je connaissais. Je n’avais pas pris le temps de me changer ou de boire quelque chose, mon cerveau fonctionnait à mille à l’heure. Maintenant que je savais que les gens qui comptaient à mes yeux étaient sains et saufs, je m’attelais au travail. Je venais d’ailleurs de terminer un garrot sur une nouvelle victime en attendant qu’un médecin le prenne en urgence, quand une furie brune venait se consoler dans mes bras. « Leanne, tu vas bien ? » En voyant sa tête, je réalisais à quel point elle avait pu s’inquiéter pour moi et à quel point j’avais pu être con de ne pas donner de nouvelles. C’était nouveau pour moi, d’habitude je n’avais personne à qui raconter ma journée, à qui me plaindre, oui je n’avais vraiment personne à prévenir en cas d’accident, de blessure ou ce genre de chose puisque je n’avais pas d’entourage qui devrait s’inquiéter pour moi… Mais maintenant je n’étais plus seul, j’avais Leanne, River et je me devais de les prévenir en cas de pépin. Je m’étais inquiété pour elles, j’avais chargé Sanaa de se renseigner sur elles et elle m’avait prévenu qu’elles étaient en sécurité, j’avais donc continué mon petit bonhomme de chemin comme si de rien n’était. « Je suis désolé de ne pas avoir prévenu, ça m’est sorti de la tête et j’ai perdu mon portable en chemin donc… » Je fronçais les sourcils tout en renforçant mon étreinte autour d’elle, après tout ce qu’elle avait vécu, j’étais heureux de la prendre dans mes bras pour qu’elle se sente à nouveau en sécurité.

Nom de Zeus mais quand j'avais rejoint River qui m'avait aussi annoncé qu'elle n'avait aucune nouvelle de son cousin -autant dire mon adorable jumeau qui a encore du mal à se faire à l'idée qu'il a une soeur qui peut être très pot de colle quand elle le veut-, je me suis dit qu'il était pas possible qu'il lui soit arrivé quelque chose, que toutes ces années perdues on allait pas pouvoir les rattraper dans l'avenir, qu'il devait âtre avec Sanaa sans doute et qu'il allait bien du moins c'est ce que je me suis répété toute la soirée de la veille après avoir quitté ma cousine d'amour. Alors aujourd'hui et un peu en tant que future médecin, je décide de me rendre à l'hôpital afin de voir si on avait besoin d'aide et c'est là que je vis mon frère en train de soigner un blessé. Il semblait bien allé, même s'il semblait ne pas avoir dormi ni avoir pris de douche ni même avoir mangé. Alors quand je vins le prendre dans mes bras comme pour me rassurer que je m'étais sans doute inquiétée pour rien comme toujours, il me demande si je vais bien avant de s'excuser de pas avoir prévenu mais il avait perdu son portable, une occasion en or pour moi de lui en racheter sans qu'il me gronde de lui faire un cadeau, pensais je.

T'es pas possible toi, tu me demandes si je vais bien alors qu'hier on a flippé avec River à l'idée de te perdre grosse nouille et en plus t'as pas l'air d'avoir dormi ni mangé, tu crois franchement que t'es capable de soigner des blessés dans ton état ?, vins je presque le sermonner mais en même temps je sais ce que sont les gardes de nuit sans manger ni boire et autant dire que ce n'est pas tenable du tout alors je vins reprendre. Ca va, tu sais bien que t'es déjà pardonné et fais moi penser à te racheter un portable en rentrant alors, vins je lui faire savoir tout en reprenant. Je te propose une chose, t'arrêtes de jouer à Superman en solitaire, tu vas prendre une douche, on mange un truc et on reprends les soins des blessés ensemble, ça te va, non en fait t'as pas le choix.

Après tout, je suis future médecin et lui pompier, on ira plus vite à deux et puis cela me donnera l'occasion de passer du temps avec lui. Et quand bien même dans le fond je lui laisse pas vraiment le choix rien qu'en le regardant ça se voit de suite qu'il a rien avalé et qu'il pue la mort, ce n'est pas bon de puer autant dans un hôpital censé être stérile et sans bactéries. Alors je vins lui sourire, attendant sa réponse et venant à lui faire terminer le soin qu'il faisait au blessé face à nous.

« S’il y a une chose que j’ai appris au cours de ces années, c’est que je suis increvable. » Un sourire se dessinait sur ces lèvres, c’était plutôt ironique mais au fonds, ça en disait long. Ma vie avait commencé avec de la merde et je n’avais pas fini d’en bouffer. Le monde autour de moi avait beau s’effriter, je resterais toujours debout pour constater les dégâts et souffrir des multiples absences ou des choses que j’avais pu perdre. J’essayais d’en rire mais au final, ce n’était qu’une triste constatation que je m’étais fait au bout de quelques années, j’avais tant perdu… « D’accord maman. » Mon sourire s’agrandissait, j’étais heureux d’avoir Leanne dans ma vie même si pour le coup, me faire materner aussi subitement avait le don de me déstabiliser. Mais Leanne était prête à tout pour garder au chaud au sein d’un nid douillet, toute sa famille et ça, je l’avais bien compris. J’arquais mes sourcils alors qu’elle reprenait du poil de la bête, c’est qu’elle mordrait si elle n’obtenait pas ce qu’elle désire. Surpris par tant d’acharnement dans le corps de cette petite bonne femme, je me mettais à rire tout en fermant le rideau d’un des blessés pour nous séparer. « Bien, je vois que je n’ai pas le choix… » Je le vais les bras, oui il fallait que je capitule. Je me mettais à soupirer puis j’acquiesçais de la tête. Je la regardais prendre en main le blessé dont je m’occupais, les mains sur les hanches. Sauver les gens, c’était finalement de famille, dommage que je ne sois pas assez intelligent pour être médecin et de toute manière, en y repensant, le feu de l’action me manquerait… c’était le cas de le dire. Je la regardais jusqu’à ce qu’elle me chasse d’un coup de main, je rigolais alors et tournais les talons, attrapant par-là une infirmière pour qu’elle m’adresse le coin des employés. Je n’allais pas perdre de temps à rentrer à l’hôtel pour me changer et me laver, ils avaient bien du matos ici non ? Je rentrais dans la salle de pause vide, normal étant donné la pagaille qu’il y avait au sein de l’hôpital. J’attrapais un sandwich qui traînait sur un plateau puis je l’engloutissais, filant ensuite sous la douche.

Mon jumeau me tuera un jour car s'il pense que ma vie a toujours été magique et que j'ai vécu dans le monde des bisounours et bien il peut se mettre le doigt dans l'oeil car même si j'ai pas eu la même vie misérable que lui et que j'ai été plutôt heureuse en famille, ce n'est pas pour autant que je suis hyper heureuse aujourd'hui. En effet, l'amour me fait défaut et ce depuis toujours, j'ai eu des ex petits amis dans ma vie -encore heureux- mais aucun n'a été réellement l'homme de ma vie, même celui que je pensais être mon prince charmant et qui était revenue dans ma vie y'a peu de temps semble vouloir foutre le camp à nouveau loin de moi. Si c'est pas avoir la poisse, j'ignore ce que c'est. Malgré tout, il me fit sourire en acquiesçant et en venant m'appeler maman mais de toute manière, je ne lui laissais pas le choix car en tant que médecin, je sais parfaitement que soigner une plaie en étant sale sur soi ne faisait qu'infecter plus la plaie et ce n'est pas le but quand on soigne une blessure. Je le vois lever les bras en guise de capitulation mais il se mit à soupirer alors je vins lui répondre.

Tu sais que t'es pas le seul à avoir la poisse, j'ai jamais vraiment trouvé l'amour si ça peut te rassurer et les rares fois ont toujours finis en départ sans nouvelles, vins je lui confier cette chose dont je ne parle qu'à peu de personnes et j'ai envie que Jarod fasse partie de ces rares personnes avant de reprendre en riant. T'es bête toi, je suis pas ta mère mais ta soeur, t'as pas oubli quand même ?, me mettant à penser qu'il pourrait me prendre pour notre mère alors que je n'ai rien d'elle et que je ne veux rien avoir affaire à cette femme qui a séparé ses jumeaux à la naissance, tout en reprenant à nouveau. Vas donc te laver toi, tu pue sérieux Jarod.

Moi et mon tact, on se demande d'où je dois le tenir mais c'était la vérité, Jarod puait la sueur, la transpiration vu qu'il s'était pas lavé depuis la veille. Alors je le vis suivre l'infirmière qui allait lui montrer la salle de pause de l'hôpital. Je décide d'en profiter pour terminer les soins qu'il avait commencé sur son patient avant qu'il ne revienne mais je me demandais au bout de plusieurs minutes ce qu'il foutait, il avait du se noyer sous sa douche c'était pas possible autrement mais je ne pouvais pas m'échapper car on n'avait besoin de moi aux urgences alors j'allais devoir attendre patiemment que monsieur mon jumeau décide de revenir parmi nous. Faut croire que l'idée de la douche avait du faire son chemin dans son crâne pour mettre autant de temps ou alors il avait rencard avec sa chère blondinette peut être ? Moi qui espérais passer un moment avec mon frère, s'il doit me lâcher pour une fille, je pourrais mal le prendre.