est-ce que c'est toi ?

~ hello, it's me ~

T'étais sortie te promener, tu traversais le campus lorsque tu passais devant le stade d'Harvard. T'entendais des cris, une foule qui semblait être déchaînée. Tu souriais, c'était jour de match. Il faut bien avouer que tu ne comprends rien au football américain, que tu ne suis pas l'actualité sportive.. mais de temps en temps, tu trouves ça à ton goût. Et aujourd'hui, ça l'était. Tu allais donc t'installer dans les gradins, tu sympathisais vite avec tes deux voisines. Elles t'entaient de t'expliquer les règles, mais en vain, tu ne comprenais rien. Lorsque l'épique marquait -tu suivais les préférences de tes voisines- tu te levais, tu criais, tu applaudissais. T'étais contente d'être là, supporter éphémère d'une équipe qui prenait largement le dessus sur l'autre. Finalement, ta journée était productive d'une certaine manière. Tu rigolais avec les deux jeunes femmes, jusqu'à ce qu'on te bouscule. Tu te retournais, tu voyais une fille accompagnée de deux hommes. Elle avait les sourcils froncés, tu te doutais qu'elle devait supporter l'autre équipe. Elle commençait à t'insulter en anglais, elle a de nouveau mis un coup léger dans ton épaule. Toi qui en temps normal, essaye d'être la plus calme possible, tu finissais par exploser. Les mots français venaient plus rapidement que l'anglais, tu commençais à les provoquer également. "MAIS C'EST QUOI TON PUTAIN DE PROBLÈME ESPÈCE DE POUFIASSE ? T'EN AS PAS MARRE D'AVOIR LA RAGE ? GROSSE CONNE LAISSE-MOI TRANQUILLE, TU CROYAIS QUE J'AVAIS PEUR MOI ? CASSE TOI OU MOI AUSSI J'PEUX TE FRAPPER SALOPE." Tu t'avançais pour lui faire affront, elle te regardait avec des points d'interrogation dans les yeux. Tes nouvelles amies rigolaient jaune, elles venaient te tenir le bras pour te faire reculer. Oui, tu faisais la moitié du poids de la fille adverse mais tu n'en avais rien à faire. Là, tout de suite, tu voudrais juste lui mettre une droite pour calmer les nerfs.

© charney for ilh

est-ce que c'est toi ?

~ hello, it's me ~

Alejandro a horreur du froid. Même s'il porte un manteau d'hiver de grande qualité, il n'arrive jamais à échapper au froid de l'hiver une fois à l'extérieur. Le seul moyen d'y échapper, c'est de rester à l'intérieur, bien au chaud. Or, dans un stade extérieur, à regarder un match préparatoire de football américain, difficile de rester au chaud. Régulièrement, il se frottait les mains ensemble, en était aussi à son deuxième café en bien peu de temps, histoire d'avoir un breuvage chaud dans les mains et dans les veines. Le beau brun regardait aussi sa montre et pour tout dire, dès la mi-temps, il comptait filer d'ici, quitte à échapper à ses amis avec qui il est venu et se faire gronder la prochaine fois qu'il les verra. Non, un tel temps froid n'est pas fait pour un Espagnol!

Assis, il essayait de survivre à ce deuxième quart, quand soudain, une voix nette se fit entendre et attira son attention, comme celle de plusieurs personnes, mais à la différence de certains, il comprenait de manière assez nette ce qu'elle disait. C'était une crise toute française, dont la colère se révélait presque poétique. Ah, ce qu'il peut aimer cette langue. Quand ses yeux trouvèrent la source de cette scène, il eut aussitôt la sensation de connaître ce visage angélique, mais prit un peu plus de temps à se souvenir de qui était cette femme au juste. Puis, il la reconnut de manière plus nette et eut un petit sourire. Alejandro se leva alors et s'adressa en français à celle qu'il avait toujours appelé "Eva".

-Eva, je t'en pris, ne te fâches pas ainsi. Tu vas faire peur à cette pauvre américaine. Viens t'asseoir par ici, c'est plus tranquille.

Le beau brun espérait aussi que cela ferait baisser la pression un peu de part et d'autre. En espérant qu'Eva ne voit pas la chose comme une forme de fuite, ce n'était pas du tout ça! Au contraire, Alejandro croyait plutôt qu'il sauvait peut-être la vie de cette pauvre Américaine, pas habituée au colère bouillante française. Si Eva s'approche pour venir le rejoindre, avec sa politesse habituelle, Alejandro se lève et la prend dans ses bras de manière chaleureuse quand elle arrive à sa hauteur, comme s'ils étaient des amis de longue date, bisous en prime.

-J'ai mille et une questions à te poser, mais je ne voudrais pas te faire manquer le match.

Tenue:

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est-ce que c'est toi ?

~ hello, it's me ~

Tu continuais de t'énerver et les cibles de tes cris te regardaient d'un air penaud, ne comprenant pas un mot de ce que tu disais. Tu soupirais plus fort, la femme te disait de parler anglais, qu'ici personne ne comprenait. Tu te passais une main sur le visage quand quelqu'un venait t'aborder. Une voix douce qui te disait de te calmer, viens par là, c'était l'appel pour dire arrête-toi, regarde-moi, on s'en va. Tu finissais pas regarder le jeune homme, au premier coup de oeil, il fallait avouer que tu ne le reconnaissais pas de suite. Puis les souvenirs remontaient à la surface rapidement, Alejandro. Tu faisais les gros yeux, ceux quand tu t'étonnes de voir quelqu'un chose à tel endroit, une chose qu'on pourrait qualifier d'improbable. Il t'invitait à le rejoindre, tu t'exécutais rapidement, prise de curiosité et d'avoir l'impression de voir un fantôme de ton passé. Quand tu arrivais près de lui, il te prenait dans ses bras, t'embrassas la joue. Tu étais complètement déconcentrée de tout, plus aucun repère, plus aucune réaction. Tu ne savais ni quoi faire, ni quoi penser. Tu lâchais un petit "salut" timide. L'incident des fous de football ? Tu les avais déjà oublié ces abrutis. Tu finissais par t'asseoir, tu repensais à tes vacances, à sa douceur de l'époque, au moment où tu es partie comme une voleuse. C'était il y a longtemps, pendant des vacances. Puis tu te souviens de ce baiser, tu rougissais légèrement, honteuse. Tu avais changé depuis le temps, depuis cette époque. Tu ne savais pas trop comment agir. Et il parlait, il avait des questions. Tu tentais de sourire "Non ça me dérange pas de louper le match, de toute manière, je ne comprends pas grand chose". Tu finissais pas te reprendre, oui ça allait mieux. Tu tentais un petit "Ça me fait plaisir de te voir, bien que ce soit étrange de te voir ici". Tu souriais plus franchement en le regardant. Il avait changé, ses traits étaient plus dur, d'un jeune homme il se transformait en homme. Et comme à l'époque, Alejandro n'était pas déplaisant à regarder.

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est-ce que c'est toi ?

~ hello, it's me ~

Alejandro était du type enthousiaste, peut-être un peu trop, surtout quand il voyait quelqu'un qu'il connait, qu'il aime bien et qu'il n'a pas vu depuis longtemps et à ce sujet, la liste des personnes qu'il apprécie est assez courte ces temps-ci. La liste des personnes qui l'apprécie l'est davantage. Sauf qu'il se rendit compte qu'Eva ne le reconnaissait pas, c'est du moins l'impression qu'elle donnait, avec ces yeux interrogés, son air timide et déconcerté.

-Oh, excuses-moi, tu ne me reconnais peut-être pas. Alejandro? On s'est rencontré sur la côte d'Azur. Il y faisait beaucoup plus chaud qu'ici.

Se souvenait-elle un peu plus de lui? Ou peut-être que son français est plus rouillé qu'il ne le pense, quoique Margaux arrive à le comprendre et il a eu maintes occasion de parler cette langue qu'il adore. Toujours timide, l'air mal à l'aise, tandis que de son côté, le beau brun respirait la confiance et la certitude, Eva avouait quand même ne pas tenir à suivre le match et suivi avec une nouvelle phrase qui le fit davantage sourire. Il eut un léger rire.

-Étrange? Si, la vie nous réserve bien des surprises. Je suis tout aussi étonné de te voir ici, saches-le. Étonné, mais content aussi. J'étudie à Harvard en fait, depuis quelques années déjà. Et toi?

Eva avait changé un brin. Elle semblait moins sûre d'elle, certes, mais bon, faut dire qu'il y a longtemps qu'ils ne se sont pas vus. Du reste, elle était toujours aussi belle, peut-être même un peu plus. Le souvenir est vague, tandis que la belle qu'il a devant lui est d'une beauté définie et indéfinissable.

© charney for ilh