Et si on pratiquait un peu ?

Pouvoir enseigner ce qu'on m'a appris durant mes dix années d'études de médecine est quelque chose qui me tient à cœur, voilà pourquoi je prends toujours mon rôle de jeune médecin titulaire qui est déjà passé par la case d'"interne" et de "résidente". C'est aussi pour cette raison qu'aujourd'hui pour faire le tour de mes patients dont un petit patient arrivé la veille avec une petite plaie sans trop de gravité dont on a réussi à soigner en la nettoyant avec un antiseptique mais il faut faire une suture afin de le laisser sortir. Je décide donc de proposer à mon interne préféré de me montrer comment elle se débrouille. Après tout, c'est en pratiquant qu'on devient forgeron non ? Enfin médecin dans notre cas mais passons. Je vins donc l'encourager sur ses capacités et que je ne lui demanderais pas si je ne la pensais pas apte à le faire.

Allez Summer, tu peux le faire. et puis n'oublie pas que je suis là en cas de besoin, je reste toujours à côté de toi pendant la manipulation d'accord ?

Oui je croyais en elle comme on a pu croire en moi par le passé. Parce que c'est quand on croit en des personnes que cela les motive à donner le meilleur d'elle même. Je vins lui sourire, la laissant se concentrer mais tout en restant proche d'elle et prête à intervenir en cas de besoin. Je tentais de rassurer aussi l'enfant et ses parents d'un sourire car j'avais confiance en min interne et il faut qu'elle apprenne à pratiquer car la théorie ne fait pas tout.

Je savais bien que j’allais devoir à un moment donné faire mes preuves dans un domaine qui jusque-là ne m’avait pas été confié. Non pas qu’on ne me faisait pas confiance loin de là ; Je suivais bon nombre de Médecin dans le service hospitalier qui savaient prendre en charge les internes et les faire participer, et également quelques résidents qui n’hésitaient pas à me prendre en assistance pour quelques soins. Sauf que jusqu’ici mon rôles dans les soins c’était tenu à des soins de bases : nettoyage, pansement, plâtrage aussi une fois durant les urgences, bien que ce soit plus le rôle des infirmiers de le faire dans ce genre de cas. Mais suturer des plaies ? Là c’était nouveau pour moi….enfin nouveau sur une personne consciente et un enfant de surcroit. On nous apprend bien évidemment à suturer durant nos études, mais il ne s’agit que d’entrainement et pas d’un cas réel.

J’étais en train de regarder Leanne s’occuper de cet enfant venu pour une plaie juste au-dessus de l’œil, au niveau du front, qui avait été nettoyé minutieusement. J’assistais Leanne en lui fournissant les compresses et l’antiseptique, et l’observait faire les choses sans trop me manifester sauf pour sourire de temps à autre à l’enfant pour le rassurer.

Et bien que je savais qu’un jour j’allais devoir montrer mes capacités à faire des soins plus minutieux, plus précis –et également plus douloureux pour le patient – je ne m’étais pas préparée à le faire aujourd’hui, et qui plus est sur un enfant. Bon en même temps, quand on choisit la pédiatrie comme service principal ne faut pas non plus s’étonner.

Leanne me passa alors le relai me rassurant sur mes capacités à gérer la situation et j’hochais la tête, bien que très nerveuse. J’avais tout de même peur que cela se ressentent auprès des parents de l’enfant, et de ce dernier. Leanne se décalait pour me laisser la place et je commençais à parler au petit garçon.

"Mon grand, ta plaie est désinfectée, mais il va falloir la refermer. Tu vas avoir une petite cicatrice sur le front. Tiens regarde, un peu comme ça mais plus petit"
Pour lui montrer à quoi ça ressemblerait, je n’hésitais pas à lui montrer ma propre cicatrice, point mon front au-dessus de l’œil droit et souriait.
"Tu vois ça se voit presque pas à la fin…Seulement, pour fermer la plaie, il va falloir que j’utilise du fil et une aiguille. Il ne faudra donc pas trop bouger quand je le ferais. Tu penses que tu sauras faire ça ?!"

Je m’étais légèrement penché en avant pour m’abaisser au niveau du petit, et me redressait au moment où il hochait la tête pour me signaler qu’il était prêt. Je me tournais alors vers Leanne derrière moi : J’angoissais un peu parce que je savais qu’il n’y avait pas besoin de beaucoup de point de suture, mais je ne voulais pas le faire sans anesthésie.
Je me rapprochais de Leanne pour lui faire part de mon problème

"Est-ce que….est-ce qu’on peut l’anesthésier localement ?! Non parce qu’il lui faut au minimum 4 points de suture, et c’est douloureux pour un enfant. On pourrait peut-être…utiliser le gaz sédatif et amnésiant ? c’est l’idéal non pour un enfant, plutôt que la piqure ?"

Dans un sens, demander l’avis de Leanne avait deux objectif pour moi : La première me rassurer et d’autre part, prouver que je réfléchissais sur la procédure à réaliser face à une situation médicale comme celle-ci.

Et si on pratiquait un peu ?

La médecine a toujours été dans mes veines, même quand j'ignorais tout de mon adoption. Au fond, je savais déjà toute petite que ma vie serait de sauver des enfants de maladies soignables ou non. Pourtant mes parents adoptifs ne sont pas du tout dans ce domaine là mais ils ont toujours voulu le meilleur pour leurs enfants. Après tout, Helios fait peut être du droit pour reprendre l'entreprise familiale mais Six ou Arès n'ont pas pris le même chemin non plus. Alors au final pourquoi devons nous prendre la voie toute tracée par notre père ? Il faut seulement suivre son cœur et ses envies, les miennes ont toujours été de soigner des personnes, c'est ce qui me fait sentir vivante. J'avais encore des choses à apprendre sur la pédiatrie mais je pense avoir fait un peu mes preuves depuis 8 années déjà sinon je ne serais pas résidente après tout. Ni que je n'aurais pas l'opportunité d'avoir une interne à qui je dois apprendre le métier ni mon titulaire ne me ferait pas confiance au point de me confier une interne. Enfin pour l'heure, j'avais un petit patient qui s'était ouvert au dessus de l'oeil et j'avais décidé que je ne ferais que la désinfection de la plaie afin de permettre à Summer de pouvoir faire une suture en toute autonomie. Bien sur je compte rester à côté d'elle en soutien mais je n'allais pas intervenir. Je vins donc lui faire savoir qu'elle allait devoir refermer la plaie toute seule et que je restais là pour la seconder en cas de besoin. C'était une manière pour elle d'apprendre et une façon pour moi de voir si elle connaissait la procédure pour faire une suture, comme l'avait fait mon titulaire avec moi par le passé. Je la laisse donc venir rassurer le petit garçon, ce qu'elle fait avec brio en lui montrant sa propre cicatrice, ce qui fit sourire le garçonnet et ses parents. Un bon point pour la future médecin qu'elle est. Elle lui demande même s'il serait capable de ne pas bouger quand elle refermera la plaie, il hoche la tête en guise de oui. Puis avant de commencer, je la voyais presque angoissée qui me demander si ce ne serait pas mieux de l'anesthésier localement, histoire qu'il n'ait pas mal vu le nombre de sutures à faire. Et en fait elle avait bien assimilé la procédure, puisqu'on pouvait anesthésier localement, sauf que le gaz pour endormir le petit garçon n'était pas vraiment l'idéal. Alors je vins lui répondre, la rassurant toujours.

Tu t'en sors très bien, t'as réussi à le rassurer lui et ses parents. On peut l'anesthésier mais je te conseille de rester avec une petite piqure. Le gaz n'est là que pour endormir pour des cas précis et ce genre de cas ne s'y prête pas. Mais tu as eu le bon réflexe de vouloir l'anesthésier, tu veux que je t'aide pour la piqure ou cela ira ?

Après tout, je pouvais très bien l'assister sans tout lui faire, au moins l'aider à faire un garrot pour qu'elle fasse la petite piqure au bras du petit garçon afin qu'il ne sente rien lorsqu'elle fera les sutures au coin de son oeil. Il allait aller au pays des rêves pour un court moment, je contrôlerais que tout va bien pendant l'intervention en elle même. Je vins lui sourire, attendant sa réponse et tout en adressant un sourire rassurant aux parents et au garçon.

Leanne, bien que toujours très motivante lorsqu’il s’agit de me dire ce que j’avais bien fait, m’expliquait que le gaz anesthésiant n’était pas la solution à prendre pour l’enfant, et je me mordais la joue en me fustigeant intérieurement pour m’être trompée. Elle m’expliquait alors qu’il était préférable de faire une piqûre et à ce mot, je ne me sentais pas très à l’aise.

Les piqûres, je connais ! J’en vois tous les jours ! Mais habituellement, ce n’est pas moi qui les fait ! Ce rôle là étant toujours attribuer aux infirmières lors d’interventions en urgences ou en salle de pré-opération, je n’avais jamais eu à devoir piquer quelqu’un. Si je voulais être médecin, il allait bien falloir que j’y passe, ça je le comprend bien. Mais sincèrement, pour ma première fois ? le faire sur un enfant ? je ne le sentais pas.

J’avais hochée la tête bien qu’angoissée et procédait à la préparation d’une seringue stérile, d’un flacon de produit anesthésiant, tout en vérifiant sur la fiche d’information du patient, la taille et le poids du garçon. Je questionnais les parents pour être sûr que le poids inscrit sur la dite fiche était exacte et je faisais mes calculs afin de récupérer la dose suffisante pour une anesthésie partielle, qui serait suffisante pour effectuer les points de suture par la suite. Je soufflais tranquillement en tournant le dos aux parents et au petit garçon, afin que personne ne puise constater mes craintes, puis perçait l’opercule du flacon avec la seringue tout en positionnant le tout à la verticale avant d’actionner le piston de la seringue pour la remplir d’anesthésiant. Je faisais en sorte qu’il n’y ait pas de bulle, réajustais le piston pour faire sortir du produit et retirer tout air encore présente dans la seringue, et une fois prête, je posais celle-ci sur un plateau prévu à cet effet. Sauf qu’à partir de là, je ne me sentais plus capable. Je tournais alors la tête vers Leanne, l’implorant du regard.

Je savais qu’il s’agissait de faire ses preuve,s je savais que le fait de ne pas faire cette piqûre pouvait avoir des répercussion sur mes résultat à venir mais…cet enfant, ce serait mon premier anesthésié, et je voulais pas lui faire mal en m’y prenant mal. Et si jamais je loupais mon coup, que je piquais mal ?!
Je fis alors un ou deux pas vers Leanne à côté de moi, et lui chuchotais pour que seule elle, puisse l’entendre :

« Je peux pas le faire….j’ai…j’ai jamais fait de piqûre et…je veux pas lui faire de mal en piquant à côté, ou pire encore ! Est-ce que…est-ce que tu veux bien le faire, s’il te plait ?! »

Et si on pratiquait un peu ?

Leanne accepta de s’occuper de l’anesthésie et je soupirais de soulagement. Vraiment, loin de moi l’idée de faire preuve de laisser-aller ! Je ne me sentais vraiment pas prête pour une anesthésie, si courte soit-elle, et encore moins sur un enfant !

Alors quand Leanne se chargea d’endormir l’enfant tout en rassurant les parents, de mon côté je préparais le matériel nécessaire à la suture et présenter ce dernier, stérile à Leanne tout en lui expliquant mes choix comme le ferait tout étudiante en apprentissage : « une aiguille courbée, du fil résorbable attachée à celle-ci – et parce qu’il était plus que nécessaire de ne pas infecter la plaie, une pince pour pouvoir manipuler l'aiguille sans avoir à la toucher avec les mains…et un ciseaux pince pour les mêmes raisons de manipulation et également pour pouvoir couper le fil en fin de suture. »

Je regardais alors Leanne et attendait son accord pour être sûre que je n’avais rien oublié, et m’approchait ensuite de l’enfant maintenant endormi sur la chaise en position allongé. Je posais mon plateau non loin de moi sur une petite tablette incorporée à la chaise et prévu à cet effet, et je dirigeais une lumière puissante juste au-dessus de la chaise, pour l’incliner en direction du front de l’enfant.

Je me tournais une dernière fois vers Leanne, pour me rassurer, puis je me lançais dans la suture de la plaie, sans me mettre trop de pression bien que je savais bien que le temps m’était compté. J’essayais de ne pas trembler, et plantait pour la première fois l’aiguille dans la peau du front, m’aidant de la pince pour pousser le métal courbé dans la plaie et une fois que j’atteignais la partie inférieur de la plaie et que l’aiguille ressortait de la peau, je prenais la pince dans l’autre sens, pour venir recherche l’extrémité de l’aiguille et l’attirer délicatement vers moi pour que le fil qui suivait le trajet de l’aiguille puisse venir resserrer les deux bords de peau l’un sur l’autre. J’entamais alors une nouvelle entrée de l’aiguille dans la chair, reprenant la suture par le bord supérieur de la plaie et redescendant vers le bord du bas de la plaie…le tout bien surveillé par Leanne non loin de moi, qui m’observait et s’assurait de la bonne suture.

« Combien de point de suture me conseillez-vous de faire ?! » avais-je osé demander à Leanne, préférant la vouvoyer sur le moment parce que je m’étais cette fois-ci exprimé à haute-voix et que je ne voulais pas que les parents du petit garçon pensent que je me montrais trop familière avec celle qui me formait. Il fallait savoir se montrer professionnelle dans ce genre de situation. J’avais besoin d’être sûre de ne pas me montrer sur le nombre de point de suture à effectuer, et l’expérience de Leanne ne pouvait que me donner les meilleures réponses aux questions que je me posais !

Et si on pratiquait un peu ?

Avoir peur de mal faire, j'ai eu cette peur à maintes reprises par le passé et encore aujourd'hui il m'arrive de manquer d'assurance dans mes gestes, si bien que le réflexe de demander à l'aide à mon titulaire se fait tout naturellement car je sais qu'il ne me jugera pas. En cet instant qui peut s'avérer délicat pour Summer, c'est ce qui venait de lui arriver, elle avait peur de mal faire l'anesthésie. Je ne pouvais pas la juger puisqu'elle débutait, elle n'était qu'interne alors à sa demande, je décide de faire la piqûre et pendant ce temps, elle vint préparer le matériel pour les sutures, un bon point pour ma jeune interne. Après avoir fait la piqûre au garçon, je la vis me demander si la procédure pour faire une suture était bien celle là, je vins la rassurer en acquiesçant d'un léger signe de tête et ce fut parti pour le grand bain. L'enfant était en effet bien parti au pays de Babar et il ne fallait pas tarder si l'on ne voulait pas qu'il se réveille en plein milieu d'une suture. Elle s'installe donc, son chariot près d'elle et se lance, je reste à ses côtés bien évidemment en soutien. Elle sait que je suis là si elle a besoin d'aide et après une suture de faite, elle vint me demander combien de sutures elle devait faire déjà, ou du moins le nombre que je lui conseillerais. Alors je vins lui répondre en l'encourageant un peu.

Vu la petite surface, fais en encore une et on va voir si cela peut suffire. Tu te débrouilles très bien autrement. Tu verras un jour, tu seras la pro des sutures.

Vu comment elle se débrouillait, je me devais de l'encourager afin qu'elle prenne un peu confiance en elle. Alors je vins lui sourire, tout en attendant sa réponse et la laissant se concentrer. Je reste près d'elle afin de venir lui dire s'il en faut une autre ou non. Mais à mon sens, vu la plaie assez petite, deux devrait suffire mais je lui demanderais son avis par la suite.

Je tâchais d’être la plus délicate possible dans mes gestes, de faire attentions à ce que les points soient les plus discret possible, tout en étant le mieux aligné du monde, mais il faut quand même avoué que les premières sont toujours une véritable galère. Heureusement pour moi, Leanne se montrait encourageante encore une fois, n’hésitant pas à me rassurer et me dire que je me débrouillais bien. Et sincèrement, cela me suffisait à prendre confiance et tâcher de faire de mon mieux. Il faut être honnête : ça ne pouvait pas être parfait vu que je faisais cela pour la première fois sur un vrai patient et en dehors du cadre scolaire d’apprentissage….mais hey, ça pouvait être pire également ! Et là, Leanne m’assura que c’était bon. J’avais juste à continuer sur ma lancé et tout irait bien !

Oui, mais jusqu’où devais aller ? C’était la question qui m’était venu au fur et à mesure ou je procédais à la suture. C’est pourquoi, en n’oubliant pas le protocole hiérarchique, j’avais demandé à la résidente pédiatrie de me conseiller sur le nombre de point à faire, ne sachant pas trop si je devais m’arrêter à deux ou trois points, avant de fermer définitivement la plaie. Leanne, toujours très conciliante avec moi, m’avait assuré que deux points suffirait alors j’hochais simplement la tête, pour rester vraiment concentrée sur ce que je faisais, entamant le deuxième point qu’il me restait donc à faire. Je me stoppais un instant, pris le temps de relever la tête parce que j’étais courber devant la plaie et que ma légère nervosité m’avait crispé un peu les muscles de la nuque. Ce geste me permettant de jeter un œil à Leanne qui ne me lâchait pas du regard mais qui me souriait chaleureusement. J’inspirais alors profondément, lui rendant son sourire, me sentant comme rebooster et je me courbais à nouveau, mes yeux au plus proche de la plaie pour bien voir ce que je faisais.

Je terminais le deuxième point et annonçais à Leanne : « Voilà. Je remonte sur la partie supérieure de la plaie et je fais un nœud au fil… » jusqu’ici, rien de trop compliqué, mais j’avais juste besoin qu’elle vienne m’expliquant en détails comment m’y prendre pour ne pas faire un nœud trop voyant qui finirait par faire une petit boursouflure disgracieuse à l’extrémité de la cicatrice si je venais à m’y prendre mal…

« Est-ce que vous pouvez juste venir voir pour le nœud. C’est quoi le mieux pour le fermer correctement ? » Osais-je demandé alors que Leanne arrivait derrière moi pour m’expliquer.

Et si on pratiquait un peu ?

Ce moment purement professionnel entre Summer et moi même était en train de considérablement nous rapprocher car je la guidais en étant proche d'elle mais à la fois en la laissant gérer presque toute cette petite intervention que j'ai eu l'occasion de faire des tonnes de fois quand j'étais à sa place par le passé. On a su me donner ma chance pour réaliser ce genre d'intervention alors aujourd'hui, c'est à mon tour de rendre l'appareil en montrant ce que mon titulaire a pu m'apprendre à une interne plutôt douée je dois le reconnaitre. Pourtant, je suis loin de me douter qu'en dehors des quatre murs de l'hôpital, cette dernière se rapproche de mon meilleur ami, il va me falloir lui faire savoir qu'elle va devoir aussi me supporter en dehors de notre relation professionnelle car il est hors de question que je m'éclipse de la vie de Paris et je ne suis pas certaine qu'il le voudrait non plus. On tient à l'un comme à l'autre plus que tout alors même s'il se met en couple et que je serais très heureuse pour lui, je souhaite plus que tout que mon amitié avec lui reste telle qu'elle est. Mais pour l'heure, il n'était pas question de venir la perturber plus que cela avec des interrogations qui ne regardaient absolument pas les parents du petite patient dont elle était en train de s'occuper. Parce que oui elle avait repris la main sur les sutures à effectuer après que j'ai posé l'anesthésie du garçonnet et je dois avouer qu'elle se débrouillait comme une chef. Mais Summer ne serait pas la personne qu'elle est si elle ne doutait pas autant de ses capacités et pour cause, elle voulait avoir mon avis sur le noeud qu'elle venait de faire après le second point de suture qui allait sans doute être le bon et le dernier. On allait pouvoir sans doute réveiller le petit garçon car deux sutures pour une petite plaie me paraissait plutôt pas mal. Alors je vins lui répondre en l'encourageant afin qu'elle prenne confiance en elle.

Alors déjà ton noeud est parfait et j'ai pu observer ton geste, tu as très bien fait. On aurait même dit que tu avais fait ça toute ta vie. Je pense que deux sutures devrait faire tenir la plaie, qu'en pense tu ?

Je vins donc lui sourire légèrement, attendant sa réponse à ma question de savoir si selon elle, il fallait un autre point ou si ces deux là allaient suffire, ce qui n'était pas un piège loin de là, juste une manière de tester ses connaissances comme on a pu me le faire avant elle.

Toute cette pression pour quelques point de sutures, me disais-je intérieurement…qu’adviendra-t-il le jour on l’on me demandera d’assister une opération ? Est-ce que j’allais me montrer tout aussi angoissée ? Peut-être même pire ! Je préférais ne pas y penser au risque de faire n’importe quoi maintenant, et foirer totalement la suture de ce petit garçon. Je prenais vraiment mon temps pour faire les choses bien sans pour autant oublier que ce fameux temps jouait contre moi et que l’enfant pouvait se réveiller de lui-même d’une minute à l’autre si je me montrais trop lente.

J’avais finis mon deuxième point de suture et avait une nouvelle fois demandé de l’aider à Leanne parce que je ne pouvais faire autrement. J’avais toujours ce besoin viscérale d’être sûre avant de faire les choses, et Leanne était ma bouée de secours, mon repère, mon alliée dans ce genre de cas. Et heureusement pour moi, elle était suffisamment conciliante pour répondre à mes angoisses et me tourner vers le droit chemins à chaque fois ! Il n’y avait pas un jour où je remerciais le ciel de l’avoir mise sur mon chemin et d’avoir eu la chance de tomber sur une résidente en pédiatrie de cette qualité.

Elle vint voir mon travail sur le petite garçon et me rassura sur mon noeur, en allant même jusqu’à me dire que je donnais l’impression d’avoir fait sa toute ma vie ! Sa remarque m’arracha un petit rire de soulagement et je me sentais à nouveau bardée d’une nouvelle confiance. Lorsqu’elle me demanda mon avis sur le nombre de points sutures qu’elle m’avait conseillé, je lui avouais sincèrement :

« Pour être honnête je pensais pouvoir faire 3 points de sutures ! Mais je remarque maintenant qu’étant donné la taille de la plaie, je n’aurais pas pu aller jusque-là. Les deux points de sutures et le nœud finalement recouvre plutôt bien la plaie sur toute sa longueur, je trouve… »

Je terminais mon travail en coupant les deux extrémités du fil au maximum, grâce aux ciseaux que j’avais gardé en mains, et je me reculais quelques peu, faisant rouler mon tabouret de quelques centimètres en arrière afin d’avoir une vue d’ensemble du résultat. Je penchais un peu la tête pour observer avec suffisamment de recul, et la pression retomba soudain, mon corps se sentant libéré d’un énorme poids. Un grand sourire de soulagement se dessinait alors sur mon visage et je déclarais : « Et voilà ! C’est terminé… » Je laissais Leanne jeter un dernier coup d’œil parce que c’était à elle de toute façon de conclure sur le cas, et quant à moi je reculais encore plus sur mon tabouret pour lui laisser les champs libre, avant de me lever pour poser le matériel sur le plateau que j’avais posé sur la table à roulette non loin.

Je profitais de ce moment pour rappeler un dernier choix que j’avais fait concernant le fil « J’ai opté pour du fil résorbable étant donné la taille de la plaie et la non gravité de cette dernière…les fils partiront d’eux-même une fois la cicatrisation complètement terminée » je regardais les parents en disant cela, afin de les informer, mais je ne pus m’empêcher de jeter un regard à Leanne pour m’assurer que mon choix avait été le bon et qu’elle était de mon avis…