Je fais comme si le fait qu'il ne s'en foutait pas lui ne m'intéressait pas alors que c'est tout le contraire. Sauf que comme je ne peux pas avoir l'air de la fille qui se ramollit rapidement, j'hausse les épaules, fermant mon clapet. De toute manière, je n'ai rien à lui répondre, c'est ça le problème. Il pourrait être en train de me faire la plus belle déclaration pour essayer de m'enlever mon attitude chiante, j'resterais chiante. Je suis orgueilleuse, je le vis bien, merci. Je lui dis qu'il y a la chambre d'Anastasia qui est disponible et qu'à partir de maintenant, je ne suis plus disponible pour lui et je vois bien que Royce ne comprend pas. Ça se voit sur son visage. « De rien. » Même chiante, je reste gentille. Enfin, pourquoi est-ce que je suis toujours dans cette cuisine à argumenter avec Royce ? Pourquoi il est toujours là à la place de se coucher ? Cette conversation m'agace, je suis de mauvaise humeur et habituellement j'évite comme la peste les conversations de ce genre. Pourquoi pas là ? « Va dormir Royce, tu t'imagines que je suis énervée contre toi alors que ce n'est pas le cas. Le seul crime dont t'es coupable est d'être trop con, mais ça ce n'est pas nouveau. » Répondis-je en passant près de lui en direction de ma chambre. « J'aurais juste apprécier savoir que tu ne passais pas la nuit ici. » Je pousse un long soupir. « Mais j'imagine que Walter a raison à ton sujet. »

What? Je n'imagine rien, je constate, c'est simple. Elle me retournait le cerveau et j'avais de plus en plus de mal à la cerner. Je suis con. Aha, merci, on me le dit trop souvent, du coup, ça ne me fait plus rien, ça devient une habitude. J'ai aussi envie de la traiter de conne mais je me retiens. J'insulte pas facilement les filles que j'aime, ouais enfin j'ai dis j'aime car c'est vrai. La seule fois que j'ai insulté Leevy de salope j'ai aussitôt regretté. « Ouais et ça ne changera pas, faudra que tu t'y fasses ma belle. » je lui disais ça comme si c'était un calvaire de supporter mes conneries. Bon, c'est bon, je peux aller dormir? Je soupirais puis je m'apprêtais à faire demi-tour lorsqu'elle disait quelque chose qui hérissa mes poils. Si j'avais un objet à porté de main je serais déjà en train de le détruire. Parler de Walter, c'était déjà un truc qui m'énervait facilement. Alors dire que son frère avait raison, ça me rendait hors de moi. D'après les dernières nouvelles, Palmyr et Walter avaient du mal à s'entendre. J'ai du loupé quelque chose. « Il avait raison à propos de quoi?! Vas y exprime-toi Palmyr! Dis le que je suis qu'un enfoiré, qu'un gros baiseur, qu'un connard qui pense qu'à sa queue! Dis moi que je me fous de ta gueule, que je t'utilises que pour ton petit cul, que je ne t'aime pas! Ose me le dire! » criai-je la tête rouge. Tant pis si je réveille tout le quartier. Je ne gueulais pas souvent, mais quand j'haussais le ton c'était que ça ne me plaisait pas du tout. « Tu sais quoi? Va bien te faire foutre. » dis-je dégoûté en allant dans sa chambre pour prendre ma valise et rassembler mes affaires.

Ouais, il est con, Royce le sait et franchement, je n'y suis pas habitué. Je ne comprends pas comment un être humain fait pour être aussi con. Puis, il le prends comme si c'était un compliment alors que ce n'en est pas un. Donc, ma réponse? Je roule les yeux en poussant ma porte afin de m'y réfugier avec au passage, un petit commentaire. Je l'ai dis, je le regrette. Amèrement. Ils étaient amis, ils ne le sont plus. En le disant, j'ai donné raison à Walter d'une certaine manière alors que je lui ai affirmée le contraire. Bordel, je n'ai pas eu mal à la main après l'avoir giflé pour rien. Puis, j'ai donné une raison à Royce de se mettre en colère et de le faire savoir au bâtiment complet. Le pire est qu'il visait juste, Walter avait employé les mêmes mots... Presque. « Je n'ai pas besoin de m'exprimer, tu le fais à ma place. Et arrête de te voiler la face, Royce, je n'appelle pas ça de l'amour. » Une petite baise par-ci et une dispute par là. Certes, j'aurai dû m'arrêter à ce détail, mais la suite me mettait davantage en colère. Il est chanceux que le souvenir de la gifle administrée sur la joue de Walter soit encore vif parce qu'il en mérite une. « Toi, va te faire foutre. J'crois que t'as encore le temps, d'ailleurs. Peut-être qu'elle pourra t'héberger comme t'es à la rue ! Mais qu'est-ce que j'en ai à foutre? J'suis bonne qu'à aller me faire foutre. » Le sarcasme est un mécanisme de défense, dans mon cas. M'empêcher d'avoir mal suite à ses propos.

Je n'en revenais pas de la tournure de la discussion. Je pensais pas que miss Palmyr la toute gentille arriverait à me faire... mal, elle avait réussi. J'en ai marre de recevoir des coups de couteau par des filles que j'apprécie. J'ai parlé trop vite, j'ai insinué que je l'aimais, car c'était plus facile à dire pour essayer de la faire réagir. Mais rien, niet. Madame disait que ce n'était pas de l'amour ça. Je sais bien, c'est tout sauf de l'amour, c'est de l'acharnement, de la souffrance gratuitement donnée. J'en peux plus, je veux me barrer d'ici et penser à autre chose. Etre tout seul avec mes emmerdes. Je n'ai pas besoin d'une fille en plus dans mes soucis. Pourtant elle était là et je sais que demain dès le réveil elle va me manquer. Je ne répondis pas, je mettais ça sur ma fierté et je la laissais partir de son côté, tandis que je prenais ma valise pour ranger mes trucs. C'était une mauvaise idée de vivre avec elle. On finissait toujours par se crêper le chignon. Je vais la laisser tranquille puisqu'elle me fout dehors. Je préfère encore squatter ma vieille chambre pourrie à la Winthrop House plutôt que de me les geler dans une chambre vide. Je faisais exprès de traîner ma valise pour faire du bruit, pour lui comprendre que je me cassais vraiment! Je ne cherchais même pas à lui adresser un dernier mot, j'ai juste foutu le camp en claquant la porte derrière moi. Où est-ce que je vais? Je ne sais pas, je traînais les pieds sur le trottoir à la recherche d'une voiture qui passerait dans le coin. God ça on dirait penser à Harry Potter qui quittait la maison des Dursley après une dispute en traînant sa grosse valise.