Je suis réveillée par des bruits qui ne font pas partis de mon rêve. Ou cauchemar, i don’t know. Ce ne peut pas être Septembre parce qu’elle est comme une petite souris à 6 heures et des poussières du matin. Et comme la place près de moi est froide, je me doute que c’est Royce. Du coup, je grogne et je râle lorsque le froid du matin transperce ma peau. Un énorme frisson me traverse le corps avant d’enfiler une veste. Fuck. En mode silencieux, je sors de ma chambre et je prends la direction de l’entrée. Le vacarme vient de là. J’ai raison lorsque je vois Royce faisant signe au meuble chut. Dans ces moments-là, j’ai l’impression de m’occuper d’un enfant. « T’as une belle gueule, Magyar. Si je veux me procurer la même, je dois faire quoi ? » Est-ce que malgré son état, il peut reconnaître l’énorme sarcasme dans le son de ma voix ? J’espère que oui parce que sinon je ne vois pas l’utilité d’être sarcastique si la personne est incapable de le décerner. « Oh attends ! Je sais : disparaître une nuit entière. » Ce qu’il a fait, by the way. Je ne suis pas fâchée, juste énervée. Énervée contre lui et son comportement irrationnel. De ne pas m'avoir averti ni rien et d'avoir oublier son portable. « Je t’en prie, fais plus de bruit et réveille le bâtiment au complet. »

Ce n'était pas prévu, non non, j'avais même dit à Palmyr que je rentrerai tôt car ma journée était très peu chargée. Mais le fait est que des amis m'ont kidnappé pour aller faire la fête. Enfin non, juste boire quelques verres au Lord Hobo mais la soirée a pris une toute autre tournure lorsque je me suis retrouvé au Royale... puis dans un club de strip-tease. La totale. Ils m'ont fait boire, ils voulaient que je m'amuse pour fêter mon célibat et on peut dire que je l'ai vraiment bien fêter. Quelques filles m'ont embrassé - pour ne pas dire moi - et j'ai eu droit à une danse sexy avec une danseuse. Et vous savez quoi? Ça m'a vraiment fait du bien, d'être libre, de pouvoir faire ce que je voulais. Mes amis me connaissaient bien et ils ont toujours apprécié l'ancien Royce, celui qui est célibataire et qui croque les filles la vie à pleines dents. Le truc, c'était que je devais rentrer chez Palmyr aka mon nouveau crush du moment et que je ne sais pas comment j'ai fais pour retrouver mon chemin avec autant d'alcool dans le sang. C'est pas la première fois qu'elle me verra saoul, mais quand même j'ai envie de passer inaperçu. Echec, je venais de me prendre la porte d'entrée. Voilà une belle bosse sur ton crâne imbécile. Soudain, une jolie fleur qui venait de se réveiller se tenait en face de moi. J'affichais un grand sourire en la voyant. « Euuh te prendre une porte dans la gueule. » répondis-je naïvement en pensant qu'elle parlait de ma bosse. Je me rapprochais d'elle et je me collais à elle comme une sensu. Mmh je dois vraiment sentir bon. « Pardon j't'ai réveillé, viens on va se r'coucher. »

Lui, il affiche un grand sourire, moi, j’affiche une moue. Je suis certaine d’avoir l’air d’une professeure stricte avec les lèvres pincées. Pourtant, je fais mon possible de ne pas avoir l’air aussi distante voir même froide sauf que Royce me donne toutes les raisons de l’être. Je lui fais remarquer qu’il fait trop de bruit pour une seule personne et que s’il continuait, le bâtiment au complet serait éveillé comme je le suis. D’ailleurs, ça ne me met pas de bonne humeur, je n’aime pas dormir trop longtemps, mais être debout à 6 heures ce n’est pas ce que je préfère. J’ai une mine de dégoût lorsqu’il s’approche et se colle à moi. Je secouai la tête en le repoussant parce qu’il y a aucune chance que je retourne au lit avec lui ; il va infecter mes draps. « Tu peux aller te coucher, mais pas dans mon lit. Tu sens mauvais, tu ne rentres pas dans mon lit. » Je m’en fous qu’il retire tous ses vêtements, je ne le veux pas dans mon lit. Voilà, je suis chiante, je l’accepte. Une main devant la bouche afin de m’empêcher de le sentir, je secouai la tête. Je n’étais plus énervée, mais déçue. Déçue de Royce, de son comportement. « Et je n’ai pas envie de me recoucher près de toi. » Ni même de me recoucher tout court, j’étais éveillée, j’allais le rester. En secouant la tête, je quittai l’entrée et me dirigeai vers la cuisine.

Ça ne sentait pas bon dans l'air. Je ne parlais pas de mon haleine mais de l'ambiance dans l'appartement. Palmyr n'était pas contente, je pouvais le voir rien qu'à la façon dont elle me repoussait. C'était pas tous les jours qu'elle refusait mes câlins. Cela me faisait tout bizarre, j'étais un peu triste sur le coup - l'alcool triste surement - je me sentais rejeté et abandonné. Elle disait que je sentais mauvais et que je ne pouvais pas dormir dans son lit. Ce qui voulait dire que son canapé m'attendait. Oh non. Je faisais une petite grimace comme l'expression d'un gamin qui avait envie de pleurer car on le punissait. « Mais... pourquoi? » qu'elle me dise pourquoi et j'essayerais de m'expliquer. Fuck je ne voulais pas dormir tout seul, j'étais revenu pour aller près d'elle alors que j'aurais très bien pu dormir ailleurs que dans son lit. Surtout avec ce qui s'était passé dans la soirée. Je me sentais couillonné. Je me mordis la joue lorsqu'elle m'annonça qu'elle ne voulait pas se recoucher à mes côtés. Là, j'ai bien capté qu'elle m'en voulait. Je la suivais dans la cuisine en essayant de ne rien casser et je fronçais les sourcils en la regardant. « Tu me vires? Tu... tu ne veux plus de moi? » help je ne comprenais pas son comportement, il fallait qu'elle m'explique. Je ne peux pas croire qu'elle est fâchée juste parce que je l'ai réveillée, il y avait surement autre chose.

Pourquoi ? C’est simple, je préfère qu’il ne souille pas mes draps. D’ailleurs, je préfère ne pas savoir où il a passé sa soirée parce que je crois le savoir déjà. Comme je commence à le connaître, je me doute qu’il s’est au moins ramassé dans un club. Les dernières fois, je le croisais dans un de ses lieux. Pour le reste, je préférerai rester dans l’ignorance, s’il-vous-plaît. « Parce que. » Je lui réponds d’une petite voix pour ne pas réveiller Septembre et je suis choquée de constater le froid dans ma réponse. Le pauvre, je me demande comment il fait pour rester alors que j’suis chiante et exigeante. Loin d’être l’hôtesse la plus exemplaire au monde. Je soupirai en l’entendant me suivre jusqu’à la cuisine, laissant un long silence s’installé entre la réponse que je vais lui donner à sa question. Sans lui jeter un regard, je versai du lit d’amande dans un verre et j’en bois une longue gorgée. En vrai, je ne sais pas quoi lui répondre donc je prends mon temps. « J’te vire pour aujourd’hui, Royce. N’en fais pas toute une histoire. » Comme moi, mais chut. « Je suis certaine que t’as eu des offres à aller dormir ailleurs qu’ici, je ne vois pas ce que tu fais ici. » Aaaah Palm, ne fais pas ta jalouse. C’est moche, je sais, mais ça me fait rire de lui dire un truc dans ce genre-là.

Elle me vire pour aujourd'hui. C'est ce qu'elle a dit, et rien que ces petits mots ont réussi à fermer mon clapet. Je ne savais pas quoi dire en fait, j'étais juste... je ne m'y attendais pas. J'ai pourtant commis aucune erreur avec elle? Okay j'ai pas commis aucune imprudence à faire le fou dehors, mais vis à vis d'elle, je ne comprenais pas. Je les hais ces moments où elle me  fait la tête et où je me pose trente mile questions pour essayer de résoudre le problème. Le truc, c'est que je n'ai même pas le courage, même pas la tête lucide pour avoir une discussion avec elle. Alors je ne répondis pas tout de suite, je me contentais de la regarder boire sa boisson en me demandant ce que c'était. Surement pas de l'alcool. Palmyr disait juste et je comptais lui dire la vérité. C'est ce qu'on dit quand on est bourré, généralement. « Je... ouais, c'est vrai, j'ai eu quelques propositions mais j'ai pas voulu. » vouloir est un grand mot, disons que j'ai assez de résistance pour dire non, quelqu'un m'attend. Et je préférais être près de Palmyr plutôt que de dormir avec une inconnue. « Et je viens ici parce que tu m'héberges, enfin jusqu'à nouvel ordre. » elle voulait que j'aille où? J'ai nulle part où aller, je suis un vrai sdf. Je passais une main dans mes cheveux puis je sortais mon téléphone portable pour voir qui j'allais sonner pour m'héberger à six heures du matin. Je vais quand même pas aller chez ma mère, god. Sur le coup, elle était chiante, mais quand elle insinuait que j'ai eu des propositions pour passer la nuit, ça me laissait croire qu'elle était jalouse.

J’essaie de me convaincre que ce n’est pas de la jalousie, mais pour de vrai, c’est ça. C’est vilain, je déteste ce sentiment pourquoi est-ce qu’il existe ? Du coup, je dissimule du mieux que je peux cette foutue jalousie en évitant de le regarder. Une personne jalouse, tu peux le voir sur son visage. J’haussai les sourcils, surprise de l’entendre me dire la vérité puis je me souviens que son sang est devenu de l’alcool alors l’honnêteté, bonjour. Mais je me tais. Si je dois répliquer un truc, ça serait trop sarcastique. « Ne t’empêche pas d’aller dormir ailleurs parce que tu dors ici. T’es un grand garçon, Royce, tu fais ce que tu veux. Si tu veux dormir ailleurs, fais-le, tu n’as aucun compte à me rendre, point barre. » Je dis ça, mais j’aimerais qu’il me prévienne d’avance. Comme ça, ça m’évite de l’appeler et de lui envoyer des sms dans le vide. M’enfin, je tente de le dire de manière désinvolte comme ça aucune chance qu’il décerne de la jalousie sous tout ça. « Ouh, tu devrais essayer de sonner une des filles qui t’ont faites des propositions, il n’est jamais trop tard. » Aller, j’ajoute avec ça un clin d’œil et un thumbs up parce que je suis jalouse et chiante et sarcastique. Dans ma tête, les paroles de Walter tournent en boucle. J’essaie de me persuader du contraire, mais s’il s’avère avoir raison, j’ai l’air de quoi ? La cruche de service, bien sûr. La naïve, la conne qui y a vraiment cru. Et je ne veux pas que Walter ait raison. Il n’a pas le droit d’avoir raison, il est trop con pour ça.

Je l'adore mon palmier mais pas quand elle venait de se réveiller. Elle était bien grincheuse le matin. Je savais qu'elle ne m'empêchait pas d'aller dormir ailleurs car elle ne me l'avait jamais dit, on en avait pas parlé depuis la fois où on s'était pris la tête. Alors, okay mais pourquoi elle pique une crise du coup? J'étais lessivé, j'avais qu'une envie c'était de me foutre au pieu et d'oublier cette conversation. J'avais l'impression d'avoir fais quelque chose de mal et je n'en connaissais pas la raison. Le point barre me restait au travers de la gorge. « Très bien. » répondis-je en haussant les épaules pour lui montrer que je m'en foutais. Elle m'énerve alors je l'énerve aussi. Je regardais mon téléphone portable et je souriais d'un rire idiot en entendant ses paroles. « C'est pas ce que tu veux Palmyr. Tu m'en veux, mais j'sais que tu n'as pas du tout envie de me laisser filer aller voir quelqu'un d'autre. » je me rapprochais d'elle et je cherchais son regard. « Je me trompe? » n'essaye pas de me mentir, je connais ça. Je soupirais puis je remettais mon phone dans la poche de mon jeans. J'aimerais bien faire quelque chose pour qu'on oublie cette conversation mais je ne savais pas quoi faire. Quand elle avait décidé d'être chiante, elle était clairement chiante. « T'as vraiment pas une chambre en trop pour moi? » je demandais au cas où ses colocs n'étaient pas tous présents. Sinon, je prendrai le canapé, histoire de lui montrer que je dormais quand même dans son domicile même si elle me disait d'aller dormir chez d'autres filles.

Dehors, le ciel est encore légèrement sombre. Je crois que c’est la première fois que j’en suis témoin depuis le changement d’heure. J’aimerais juste être un gosse et être dans la capacité de me rendormir sauf que c’est impossible, j’en suis incapable. Du coup, oui, ça m’énerve d’être debout à cette heure et je suis grincheuse, que Royce fasse avec parce que c’est la vie. Au moins, moi, grincheuse je ne vole pas Noël. « Très bien. » Je répète ces mots et après je lève les yeux. Entre nous, c’est donnant-donnant; si l’un énerve l’autre, l’autre doit énerver l’autre. Que c’est beau. Il a raison sur ce point, je n’ai pas envie qu’il aille dormir ailleurs sauf que j’ai un orgueil du coup j’agis comme si j’en ai rien à foutre. « Tu te trompes, j’en ai rien à foutre. » Haussement d’épaules désinvolte en mode je fais ma dure alors que ce n’est pas du tout moi. Je suis chiante, mais pas méchante du coup comme je sais qu’il déteste mon canapé et que je risque de m’y installer pour regarder la télévision, je réfléchis. Un appartement avec trois chambres dont deux occupées, je crois qu’il en reste une. Laissez-moi réfléchir quelques secondes. « Celle d’Anastasia, elle y a laissée son lit. » Après une semaine sans nouvelle de sa part, j’ai décidé de tout emballer et aussi de nettoyer son lit. Maintenant, sa chambre est pour les invités autres que Royce qui squatte ma chambre. « Débrouille-toi pour le reste, je suis indisponible à partir de maintenant jusqu’à je-ne-sais-pas-quand pour toi. » Moyen de lui dire que je n’ai pas envie de continuer cette conversation. Non, moi, je retourne à ma chambre et au chaud de mes couvertures.

Elle en avait rien à foutre? Oh, j'avais du mal à y croire mais c'était peut-être vrai. Après tout, elle se lassait peut-être de moi et c'était l'occasion de dramatiser les choses pour me foutre dehors. Je m'attendais au pire, sincèrement. Je ne pensais pas avoir été méchant, mal poli, irrespectueux. Sauf ce soir, je l'ai réveillée en rentrant, mais c'était tout. Elle pourrait faire une petite exception non? Faire comme à l'école, après trois bêtises c'est dehors. « Moi je m'en fous pas. » soupirai-je en regardant le sol. Je lui demandais quand même si elle n'avait pas une autre chambre pour moi et je fus un peu soulagé de voir qu'elle n'allait pas m'abandonner dans la rue comme un pauvre con. Voilà, je reconnaissais son âme charitable de quincy. Par contre, je ne comprenais pas ce qu'elle disait par me débrouiller. Je devais réellement quitter les lieux alors? Je faisais une drôle de tête avec un air interrogateur pour lui montrer que je ne comprenais pas. « Merci. » dis-je peu convaincu alors que je ne savais même plus où se trouvait la chambre d'Anastasia. « Qu'est-ce que j'ai fais de mal? Tu peux me dire pourquoi tu m'en veux tout à coup? A t'entendre, on dirait que j'ai commis un crime. » dis-je en levant les bras pour ensuite les faire tomber d'un geste las le long de mon corps.