Boulot, dodo, enfants, auto, c'était mon train train depuis ma dernière discussion démoralisante avec Priape. J'avais le moral dans les chaussettes, aucune envie qu'il sorte de ma vie et pourtant c'est bien ce que je lui avais demandé. J'envoyais chier tout le monde depuis quelques jours à cause de ça et à lui, je faisais plus, simple, je ne lui répondais pas, j'avais même pris la décision de bloquer son numéro, c'était bien trop dur de voir ses mots et de ne pas y répondre. Sauf que quelques minutes après j'avais annulé la manipulation, faible que je suis. J'étais dans mes pensées, tête baissée pour que personne ne puisse voir mon teint blafard et les cernes sous mes yeux, je filais jusqu'à ma voiture à une allure vive quand je percutais de plein fouet quelqu'un qui arrivait en face de moi, le choc me faisant tomber à la renverse sur les fesses. « Aïe, merde. » Le sol est dur il ne faut pas croire, alors oui je me suis fait un peu mal mais rien de grave, je me relève et je me frotte les mains puis mon regard se pose sur celui que j'ai percuté. Matthéo. Merde je suis sûre qu'il va pas être content suite à mon petit texto mais avec ma seule gueule il va peut être faire un effort de compréhension.

J'en avais marre de me prendre la tête pour retrouver la mémoire, non pas que je n'avais pas envi, juste je voulais un instant penser que tout allait bien et juste profiter. C'était d'ailleurs ce que je faisais durant les nombreuses soirées auxquelles j'assistais, comme pour vivre pleinement le moment présent, alcool, nana, musique et encore alcool, c'était sympa comme rituel. Il était tôt dans l'après midi, j'avais décidé d'aller faire un peu de sport, rien de mieux pour se changer les idées, mais finalement ma course vers le gymnase fut ralenti par une collision, un choc, je venais de propulser une nana dans le bitume, mais lorsqu'elle se releva, je reconnus Talya, qui faisait presque peur à voir ... surement encore des histoires avec son Priape, j'en étais déjà désabusé pour le reste de la journée. Désolé ... Mais promis je t'opportune pas, j'suis pressé ... Ou j'avais encore mauvais le sms qu'elle m'avait envoyé, elle s'en foutait de ma vie, de mon mal être, tant pis j'allais pas lui courir après et encore moins essayer de faire un effort à être son meilleur ami.

Je n'ai envie de voir personne, mais alors vraiment personne, voilà pourquoi je cours presque pour rentrer chez moi et le faire au plus vite. Sauf que le destin met Matthéo sur ma route. Il est pressé, il m'évite, je le comprends, après mon message il y a de quoi. Ca m'arrange mais mon corps n'a pas l'air d'en dire la même chose. Ma main retient son bras tout en lui disant : « Attends Matt. Qu'est ce qui ne va pas ? » Je ne suis pas la pire meilleure amie qu'il soit, j'ai bien retenu qu'il n'allait pas bien même si je n'ai pas la tête à prendre les problèmes des autres pour le mather c'est différent. Est ce qu'il va m'envoyer chier comme je l'ai fait moi ? Est ce qu'il va me répondre ? Est ce que je vais devoir lui courir après ? Je n'espère pas.

Ce foutu destin, des fois j'aimerais bien qu'il me laisse tout simplement sur son passage, ne m'embarque pas encore et encore dans des situations insupportables, tordues et étouffantes ! Oui moi aussi j'ai le droit pour une fois de ne pas me soucier de la vie de ceux qui étaient autrefois mes amis et que j'apprenais à connaître depuis que je les avais retrouvé sans un souvenir ! Il fallait juste se rendre à l'évidence, que je n'étais plus ce mec qui allait mourir pour ses potes ! Non j'allais juste vivre pour moi, enfin ! Son emprise sur mon bras, je l'écoutais rapidement, avant d'ôter mon bras délicatement même si j'avais juste envi de me barrer vite fait bien fait ... Rien tout va bien ... tes problèmes sont certainement plus importants, jt'embpeterais pas avec ça et autant dire que tu me racontes tes déboires avec Priape j'ai pas trop envi non plus ... Non j'suis en overdose, comme si toutes les fois qu'elle m'en avait parlé ou toutes les fois où j'avais du supporter Priape dans ma vie même avant mon accident s'accumulaient dans ma tête rendant les choses juste trop trop trop !

« Putain Matt arrête de tout ramener à Priape ça me gave. Oui je vais pas bien, oui c'est à cause de lui mais j'en ai rien à foutre. Je te demande là ce qui ne va pas chez toi. On s'en fout de moi. » Je suis apte à entendre qu'il n'est pas bien, je ne suis peut être pas apte à le faire sourire et tout mais je peux être une oreille attentive. Je ne lui demande pas d'écouter le millième épisode de la série Prialya, je lui demande juste de me parler de ce que lui a envie, ce qui ne va pas dans sa vie. Je sais que ce n'est pas facile pour lui depuis l'accident et à chaque fois qu'il a voulu j'ai été là, mais pour une fois que j'ai dit non, il ne peut pas m'en vouloir, il doit passer au dessus et me parler maintenant. « De toute façon tu traineras ma tête de merde à côté de la tienne tant que tu ne m'auras pas parlé. » Et comme il continue de marcher, je mets mes paroles à exécution et je marche à côté de lui. Il ne se débarrassera pas de moi comme ça.

Oui mais moi ça va ... j'ai eu une pote au téléphone après avoir compris que tu ne pourrais pas m'aider, et j'crois qu'elle a été top ... Oui je savais que malgré tout entre nous il y avait toujours une certaine jalousie, peut être parce qu'on avait du mal à imaginer l'autre pouvoir se débrouiller sans nous, même si pour ma part c'était peut être plus parce que je misais beaucoup de chose en espérant retrouver mes souvenirs et ma place dans ma vie, et par la même occasion et de façon inévitable une place qui semblait être liée à Talya. Je tournais les talons mais elle semblait prête à faire quelques pas pour ne pas me lâcher, je levais les yeux au ciel ... C'est pas juste quand toi tu as bien envi, j'veux dire quand j'avais besoin tu m'as renvoyé pètre dans le champ d'à côté, là promis ça va mieux ! Même si ce n'est pas réellement la vérité vraie, surtout que j'ai vraiment l'impression qu'à chaque fois qu'on se voit cela semble tendu, peut être parce qu'on tout simplement pas sur la même longueur d'onde dans deux mondes différents.