J'ai vu le jour le 16 juillet 1988 dans la jolie ville grecque de Salamine. Fille unique d'un entrepreneur riche et de son épouse, j'étais, dès mes premières secondes, destinée à vivre dans le luxe. C'est donc ainsi que, moi, Calliope-Hemera Delenikas, fit le bonheur du jeune couple en pointant le bout de mon nez au milieu de cette année. J'étais une jolie petite fille respirant la bonne santé, bien vigoureuse et dotée de magnifiques traits et d'yeux enchanteurs à ce qu'avait pu voir mon père peu après ma naissance.
Ma petite enfance fut des plus douces. Ma mère ne travaillant pas, je passais beaucoup de temps avec elle et puisque le lieu s'y prêtait et que les finances le permettaient aisément, j'étais traitée comme une vraie petite princesse. J'avais aussi avec moi une nourrice, jeune, que je considérais comme une soeur, qui me tenait compagnie jour et nuit, me faisait découvrir le monde et était également responsable de mon éducation puisque c'est elle qui me servit de professeur pendant mes premières années.
A 8 ans, ce fut la révélation, j'étais devant ma télévision, c'était un samedi après-midi bien gris, un championnat d'équitation passait et là, j'ai vraiment découvert cette discipline. Scotchée à l'écran pour toutes les autres compétitions, par la suite, j'ai décidé de monter moi aussi. Du coup, puisque j'étais bonne élève à l'école, mon père a décidé de m'inscrire dans un centre équestre et de m'offrir une jument, j'étais alors encore plus heureuse que par le passé, ma vie prenait un sens véritable et unique, j'avais un but, je savais ce que je ferai de ma vie.
Avec du sérieux, un bon coach, une belle complicité avec ma monture et une volonté de faire et de l'entraînement, je suis devenue une excellente cavalière et à 16 ans j'étais déjà dans des compétitions internationales, je ne voyais alors que par la victoire. Ceci dura jusqu'à l'année 2009 où, lors d'un grand concours, j'ai fait une mauvaise chute. Là, je me suis retrouvée à l'hôpital et j'ai subi une importante opération au niveau du genou. Le diagnostic des chirurgiens étaient sans appel, je ne pourrais plus jamais remonter de ma vie, un fait qui m'abattit jusqu'à ce que je me reprenne en main. Heureusement, pour me tenir compagnie, j'avais la visite régulière de l'un de mes adversaires, Luke. Particulièrement gentil, il m'avait promis de m'aider à reprendre la compétition dès que je serais en mesure de le faire.
L'année suivante nous nous sommes installés ensemble dans un petit appartement à Cambridge où il avait trouvé du travail comme comptable. Et ce printemps, nous avons décidé de nous marier, un projet qui fut concrétisé le 5 mai 2012. Au début du mois de juin, nous devions partir tous les deux en voyage de noces dans le Vermont afin que je prenne un premier contact avec les étudiants qui étaient en Summer Camp ici ; mais nous ne sommes jamais arrivés à destination puisque nous avons été victimes d'un accident de la route. Un chauffeur de camion s'est endormi au volant, a dévié de sa trajectoire et est venu nous attrapé dans la file d'à côté. Luke est décédé sur le coup et moi je suis tombée dans une sorte de coma. Admise au service réanimation, les médecins étaient persuadés que je ne me réveillerais jamais mais ils se sont trompés puisque quelques jours plus tard j'ai repris connaissance.
Récemment sortie de l'hôpital, une amie de Luke qui travaille à l'hôtel près du Summer Camp a décidé de s'occuper de moi quelques temps, histoire que je reprenne un peu mes esprits après la perte de mon mari, espérant que je retrouve un jour la parole, lorsque le choc sera passé ou qu'un autre ne vienne me faire un déclic.