Elle avait fait une overdose. Une putain d'overdose et je ne sais pas qui l'avait retrouvée mais je lui en étais extrêmement reconnaissant. Si nos deux chemins se sont légèrement éloignés ces derniers temps, l'attachement restait le même putain.. pourquoi elle s'était embarquée dans cette pente... que, soyons honnêtes, je commençais à emprunter moi aussi. Bon, elle allait mal, mais pourquoi aller forcément dans l'excès ? Des questions que je ne devrais pas poser puisque je savais la réponse. Elle allait mal, elle voulait oublier. Et c'était que dans l'excès que la douleur disparaissait, malheureusement. Et là, ça avait pu lui être fatal. J'en pouvais plus... j'allais la perdre réellement si elle continuait ainsi. Il en était hors de question. Alors après quelques sms envoyés, j'avais chopé un paquet de M&Ms de 1kg, offre spéciale fin d'année... et les billets, tout le package, pour aller voir l'avant-première de Star Wars. Elle allait y aller putain, c'est moi qui vous le dit. J'avais tout foutu dans mon sac à dos, en plus de magazines et d'une tablette avec tous les films de la saga. J'avais pris mon casque ainsi que ma veste et je rejoignais ma moto pour aller jusqu'à l'hôpital de Boston afin de la rejoindre. Alaska. Une fois le trajet parcouru, je me garais sur le parking visiteurs et je me dirigeais vers l'accueil afin de connaitre l'emplacement exact de mon ex-petite amie. Dès que j'avais les informations, je m'y rendais d'un pas décidé, afin de respecter mon engagement. Devant la porte, je frappais deux coups avant d'ouvrir la porte, la laissant découvrir mon visage. « Hey » disais-je simplement en pénétrant, remarquant bien qu'elle était seule avant de refermer la porte derrière moi.

Un truc est certain, c'est qu'entre le moment où j'avais sniffé de l'héroïne et le moment où je commençais à reprendre conscience, les effets de la drogue avaient été horrible. Sérieusement, j'ai bien cru que j'allais crever. En même temps, pour la troisième fois en vingt-trois ans, je venais de passer à côté de la mort. Fallait croire que j'étais faite pour vivre. Bon, je fais peut-être la maligne comme ça, mais c'est pour cacher un réel mal-être, je ne me mettais pas en danger par pur plaisir. Non... Je faisais cela parce que ma vie me paressait bien trop fade et que bon sang, j'avais que vingt-trois ans et j'avais aucune envie de me dire que plus rien ne me faisait vibrer. J'avais passé un Thanksgiving formidable avec la meilleure des sœurs que l'on puisse rêver et mon neveu et ma nièce, tous les deux plus adorables l'un que l'autre. Quatre jours au paradis et un retour à la réalité brutal où tu te dis que tu as passé un moment merveilleux parce que ta sœur t'a offert une place de luxe dans sa vie pendant quatre jours et après ça, tu devras reprendre ta misérable existence. Celle où tu te rends à une soirée Mather et où tu déambules comme un véritable zombie sous l’œil inquiet de ton meilleur ami. Celle où tu n'as aucune volonté pour t'en sortir et qu'en un claquement de doigt, tu te retrouves seule avec tes démons. Le pire, c'est qu'ils ont failli gagner. Alors, une fois de plus, je me retrouvais à l'hôpital de Boston avec une sœur inquiète pour le boulet qu'elle se traîne et un père à deux doigts tout envoyer bouler. Ah, mais... C'est ce qu'il a fait ! Après quelques sms échangés avec mon ex-petit ami, me voilà dans l'attente de son arrivée. Je ne sais pas ce que nous sommes. Non, toujours pas. Tout ce que je sais, c'est que je n'avais pas eu envie de me remettre en couple avec lui. Pourquoi ? Regardez-moi, je suis un déchet. « Hey » Je tourne vivement mon regard perdu vers le jeune homme, éteignant la télé qui ne servait à rien. « Salut ! » m'exclamais-je avec un faible sourire en le regardant entrer dans la pièce. Je me redressais finalement pour m'asseoir en tailleur dans le petit lit d’hôpital. J'étais simplement vêtue d'un pyjama que Feldt m'avait apporté.

Une overdose. J'arrêtais pas de me dire que c'était en partie ma faute et ça m'énervait de la voir se détruire comme ça. Enfin, je disais ça mais j'étais pas mieux puisqu'au final, je retombais petit à petit dans ce qui était mon enfer personnel. Je pensais plus à rien, je me confinais dans ma chambre et je me laissais aller le temps d'un rail de poudre blanche. On risquait de me détester si ça venait à être appris par quiconque chez mes proches mais bon... J'en avais besoin, ça n'avait cessé de m'appeler comme l'anneau pour Gollum. Oui oui, je me compare à Gollum, même si j'avais carrément plus de charme. Et de cheveux. Peut-être que si je donnais ces arguments à Alaska, peut-être me reprendrait-elle ? J'en savais trop rien. Du coup, je m'étais pointé dans sa chambre d'hôpital, dans le but de lui venir en aide et puis peut-être qu'elle aussi arrivera à me venir en aide. Je frappais et j'entrais dans la pièce. Au moins, cette fois, elle avait le don d'être en vie et consciente, pas comme la dernière fois. « Comment tu vas..? » disais-je en refermant la porte derrière moi avant de rejoindre le siège à côté de son lit. Ouais enfin non, je m'installais pas de suite, je préférais déposer mes lèvres sur son front avant. Voilà, maintenant je peux m'installer. Le regard inquiet, je ne cachais pas ce que je pensais pour le coup. J'ai eu peur pour elle, j'ai encore peur pour elle et je pense pas que ça puisse changer de sitôt.

Je n'avais pas eu à attendre très longtemps avant qu'Alexander ne me rejoigne à l'hôpital. Au fond, je savais que je pouvais compter sur lui. J'étais curieuse de savoir jusqu'où cela pouvait aller... Est-ce que nous serions capables de redevenir des amis s'il ne se passait plus jamais rien entre nous ? Le sujet était encore délicat et il était clair que je n'avais aucune idée de comment allait se dérouler les choses par la suite. En attendant, il venait de faire son entrée, me saluant timidement. « Comment tu vas..? » Mal, obviously. Je ne voyais pas ce que je pourrais dire d'autre. J'hausse mes épaules avec une légère grimace sur le visage. Je n'étais pas certaine de vouloir répondre à cette question. Si j'allais bien, je ne serais pas assise sur ce lit d'hôpital et nous n'aurions pas cette relation bizarre. « Et toi ? » lui demandais-je simplement en retour. Il avait l'air fatigué, ça se voyait à sa tête. Je m'immobilise totalement quand je le vois s'approcher de plus en plus, fermant les yeux quand il dépose finalement ses lèvres sur mon front. C'était un peu devenu sa façon à lui de m'embrasser depuis quelque temps. Il s'assoit finalement sur le fauteuil positionné à coté du lit. « Tu as une mine à faire peur... Tu devrais dormir la nuit ! » m'exclamais-je doucement en fronçant mes sourcils et passant délicatement le bout de mes doigts sur ses cernes.

C'était la question con, je sais. "Comment tu vas ?" La meuf venait juste de faire une overdose, c'était très peu probable qu'elle aille bien. Genre vraiment très peu probable. Mais bon pour le coup, je l'avais demandé par simple politesse, n'attendant pas réellement de réponse. Je savais qu'elle était du genre à esquiver pour le coup et bien que je n'en ai pas envie, elle risquait de le faire malgré tout. Et voilà, j'ai gagné mon pari. Elle esquivait, préférant me retourner la question. Je haussais les épaules pour le coup, l'embrassant sur le front avant de m'installer sur le siège des visiteurs. « Ouais bah ouais moi ça va, même si j'ai bien flippé pour le coup » Apprendre que mon ex avait fait une overdose et qui avait été trouvée à temps pour l'emmener aux urgences, ça fout un coup ouais. J'avais pas envie de la perdre et... la simple idée me donnait envie d'aller me shooter. Encore. Parce que j'avais déjà sauté le pas. « Je... ouais, je sais » Si seulement. Ça pouvait être moi dans ce lit maintenant, si je reprenais pas tout de suite mes esprits avant de continuer mes conneries. Ouais mais non, je pouvais pas, c'était trop tard. J'avais replongé la tête la première là dedans et je ne savais pas comment je pouvais m'en sortir. Je ne savais même pas si j'en avais envie. Et puis même que je fermais les yeux, au contact de ses doigts sur ma peau. « J'vais tenter à l'avenir »

« Ouais bah ouais moi ça va, même si j'ai bien flippé pour le coup » Je plisse mes yeux en le regardant alors qu'il vient de s'asseoir sur le fauteuil à côté du lit. "Ça va" ? Il a une tête à faire peur, il ressemble à un mec qui n'a pas dormi pendant des nuits entières et "ça va". Tant mieux pour lui hein, mais je ne suis pas encore entièrement attardée, faut pas qu'il me prenne pour une nouille non plus. Puis, pourquoi il flippe ? Roooh, je l'ai quitté, j'lui ai rendu sa liberté, pourquoi il continue à s'inquiéter pour moi ? Je vais bien physiquement, pas psychologiquement, mais ça je peux le lui cacher. Là, c'est juste moi qui m'inquiète pour lui. Normalement, dans mes plans, il devrait m'avoir oublié et ne pas être là à se faire du souci. Mais détective Hamilton est très douée pour percer les secrets. Alors, je passe délicatement mes doigts sur ses cernes pour lui dire qu'il n'est pas très beau en ce moment. Même si c'est pas vrai, mais au moins pour le faire réagir. « Je... ouais, je sais » Il me faisait de la peine au final. Le voir juste à côté avec cette mine à faire peur et ses yeux fermés sous le contact de mes doigts sur sa peau. « J'vais tenter à l'avenir » Je pinçais mes lèvres en le regardant. « Viens » m’exclamais-je en tirant un peu sur le col de son t-shirt et en tapotant le bord du lit. Il va s'allonger avec moi sur ce micro lit d'hôpital parce que je l'ai décidé et que quand l'Alaska a une idée en tête, elle ne l'a pas ailleurs. « Avec les m&m's... viens avec les m&m's, je les invite eux aussi ! Ce sont les soldes en Alaska... Tu as le droit à un câlin pour guérir les peines ! » En même temps, il en a peut-être pas envie. Il a l'air triste, enfin, il a l'air bizarre... Si ça se trouve, il est passé à autre chose et il s'en fout de moi et il est triste pour une autre fille ? Comment on met le cerveau en off déjà ? Il est où le bouton pour arrêter de se dire des conneries et des trucs déprimants ?

J'avais pas envie de lui faire part de mes problèmes de drogue, de ma descente aux enfers depuis que je m'étais séparé de deux femmes importantes de ma vie. Entre elle et Az, j'avais touché le fond. Tellement qu'au final, j'étais retombé dans la cocaïne. C'était dingue comment j'avais ces habitudes auto-destructrices. Elle avait bien vu les cernes que j'avais sur le visage, sous les yeux et ça l'inquiétait elle aussi, si bien que ses doigts venaient toucher ma peau et je fermais les yeux à ce contact. Ca faisait du bien mine de rien, de la sentir me toucher. J'avais l'impression ça faisait une éternité et elle me manquait, bien plus que j'aurais pu l'admettre. Voilà qu'elle tirait sur mon t-shirt, m'invitant à la rejoindre dans le lit. Est-ce que c'était une bonne chose ? Je pense pas non, pour le coup. Mais j'en avais envie, et du coup je me redressais, attrapant les M&Ms à sa demande parce qu'il fallait bien respecter les envies de la malade. « Tiens » Je lui donnais le paquet et je retirais mes baskets pour venir m'installer à côté d'elle, comme elle me l'avait demandé. Me glissant bien, on se positionnait en cuillère pour optimiser l'espace et je restais ma tête sur le bras, n'osant pas trop me coller à elle pour le coup, pour pas me montrer intrusif.

Je l'invitais à me rejoindre sur le petit lit d’hôpital avec le paquet de m&m's que je lui avais demandé de m'apporter. Il faisait la gueule, non ? Je venais de faire une overdose et j'étais la plus joyeuse de la pièce. Après, fallait aussi comprendre que "faire de l'humour" c'était mon moyen à moi de cacher ma nervosité. Il était là, il avait une mine affreuse, celle d'un homme qui ne dort pas et qui semble au bout du rouleau. Je n'étais pas mieux, mais disons que j'étais meilleure pour camoufler tout ça pour le coup. « Tiens » dit-il en me donnant le paquet de friandise jaune tout en retirant ses chaussures. Il avait vu les choses en grand, il ne s'était pas foutu de ma gueule, j'avais le temps de faire une crise de foie avant de terminer ce gros paquet. Il s'allongeait alors sur le côté, prenant clairement ses distances avec moi. En même temps, je m'attendais à quoi ? Ce n'était pas lui qui allait me donner un peu d'affection apparemment. D'ailleurs, on se retrouvait dans une position cool quand on est en couple et qu'elle est vraiment respectée. Là, je lui tournais le dos avec une distance de sécurité, c'était juste assez gênant pour le coup, alors je me retournais pour lui faire face, allongée sur le côté, les friandises entre nous. « Qu'est-ce qui ne va pas ? » lui demandais-je doucement en cherchant son regard.

J'avais pas envie de déraper pour le coup, faire des choses qu'elle risquait de mal prendre et m'avouer, ce qui allait me froisser. Je tenais à elle ouais, mais j'en avais marre de me prendre des vestes de sa part. Alors j'y allais doucement, je mettais de la distance, surtout pour me protéger. Me protéger de ce que je pouvais possiblement ressentir pour elle pour le coup. Du coup, je lui filais le gros paquet de M&Ms avant de retirer mes chaussures et de m'installer, assez loin d'elle. Mais c'était bizarre pour le coup, je m'en rendais moi-même cool et j'espérais qu'elle fasse un pas pour retirer cette gêne, puisque moi-même je n'arriverais pas à le faire. Elle se retournait, me faisant face, me regardant et c'était, en quelque sorte ce que je voulais. Je levais ma main pour venir caresser sa joue doucement avec mon pouce. « Tu m'manques, principalement » Je soupirais avant de fermer les yeux et de les rouvrir pour la regarder « Je pensais que tu allais mieux.. tu t'prenais en main et j'faisais attention à toi mais visiblement c'était pas assez » Je me pinçais les lèvres avant de hausser doucement - et comme je peux - les épaules « J'ai pas envie de t'perdre Al »

Je préférais lui faire face parce que la position jusqu'ici était totalement ridicule. Puis, je voyais bien que rien n'allait, alors je préférais simplement le regarder dans les yeux pour lui parler, c'était quand même mieux et puis la moindre des choses. Au moins, je pourrais peut-être réussir à discerner le vrai du faux. Sa main vint se poser sur ma joue. J'étais certaine qu'il pouvait voir la panique dans mon regard, entendre mon souffle qui se coupe. Si moi, je me sentais capable de faire ce genre de geste envers lui, je n'étais pas certaine de pouvoir les recevoir. C'était un peu comme continuer à aggraver les choses que de recevoir de l'affection de quelqu'un qui ne vous aime pas au fond. Enfin bref, la réflexion commençait à être compliquée. « Tu m'manques, principalement » Doux Jésus, pas ça. Est-ce que je peux lui hurler dessus ? IL me manque, parce que je suis amoureuse de lui. Il n'a pas le droit de me dire ça, il a juste pas le droit... « Je pensais que tu allais mieux.. tu t'prenais en main et j'faisais attention à toi mais visiblement c'était pas assez » Je pinçais mes lèvres en le regardant. « J'ai pas envie de t'perdre Al » Qu'est-ce que je pouvais bien lui dire ? « Comment tu veux que ça aille mieux Alex ? Rien ne va. » Ouais, déjà, c'était un bon début. « Je suis désolée... J'essaie de faire de mon mieux... » lui confiais-je doucement avant de cacher mon visage dans mes mains.