Un harem, voilà où j'étais, entouré de femmes plus jolies les unes que les autres qui me regardaient avec désir et envie. Comment avais-je fini là ? Aucune idée, je n'arrivais pas à m'en souvenir et, de toute manière, je m'en fichais. Les filles étaient là, autour de moi alors pourquoi me poser des questions ? Autant en profiter ! Tout à coup, j'entendis une voix familière, une que je reconnaissais aisément : Kara. Relevant la tête, je l'aperçus sur son trône, me regardant de haut avec dédain. Tout à coup, les autres femmes n'étaient plus là, il n'y avait que celle qui m'avait appelé et vers qui je courais maintenant. Mais, au premier pas, je tombais dans l'eau, tentais de rester à la surface mais mes pieds semblaient figés, devenu muet il m'était impossible de crier à l'aide. Alors petit à petit, je commençais à sombrer dans le fin fond de l'océan, me laissant mourir, pensant que ma vie allait se finir comme ça jusqu'à ce que j'ouvre les yeux. La lumière du soleil traversait la vitre, venant m'éblouir pendant quelques secondes, le temps que mes yeux s'habituent à la clarté, tout ça n'avait donc été qu'un rêve. Fatigué, je me levais pour fermer un peu les volets, la lumière accentuant mon mal de crâne. Il fallait vraiment que j'arrête de boire autant mais bon, cette fois je pouvais être fier d'une chose : aucune femme n'avait été ramené, pour l'instant je tenais ma promesse à Kara. Alors que je m'apprêtais à me rallonger, quelqu'un entra dans la chambre, Alba ou la femme qui m'avait rejeté à maintes reprises. Vêtu que d'un caleçon, je l'observais avec curiosité, me demandant ce qu'elle pouvait bien faire ici, peut-être avait-elle changé d'avis sur nous deux ?

Alba semblait surprise, comme si me voir dans la chambre de Sixtine était quelque chose d'inhabituel alors que je vivais avec elle et Annukka. Certes, nous ne nous étions jamais croisés dans la maison des Dunsters, et, à chacune de nos rencontres, je portais au moins un jean. Mais là non, elle était entrée comme ça, sans prévenir qu'elle passait alors, évidemment, j'étais en caleçon, debout devant elle, les sourcils froncés, tentant de comprendre ce qu'elle voulait. « Je vis ici depuis la rentrée mais bon, pas étonnant que tu l'ignores vu que tu ne t'es jamais intéressée à moi. » lui répondis-je sèchement. Alba avait été un coup de cœur, pendant des mois je l'avais surveillée, m'étais occupé d'elle, avait tenté de la connaître mais elle m'avait directement jugé, me prenant pour un dragueur de bas étage, incapable d'avoir des sentiments. Mon regard planté dans le sien, je me remémorais notre dernière discussion, ses paroles cassantes, ses piques non méritées et ma rancune grandissait. Elle n'avait aucun droit de se croire supérieure à moi, elle était prête à pardonner son mec « par amour », continuant à vivre sa vie pleine d'illusions, devenant ainsi plus désespérée que moi. Et pourtant je ne pouvais m'empêcher de ressentir de la peine pour elle, cette femme qui aimait éperdument un idiot. Soupirant, je me dirigeais vers l'armoire, lui tournant ainsi le dos avant de murmurer : « Tu veux quoi Alba ? Si t'es là pour m'engueuler encore une fois, retiens toi car je ne m'intéresse plus à toi, ça ne servirait à rien. »

Alba me demandait de baisser les crocs, d'arrêter d'être sur la défensive, expliquant qu'elle était la meilleure amie de Six et qu'elle ignorait que cette chambre était aussi la mienne, ce qui semblait évident étant donné que la jeune brune ne m'avait jamais demandé quoi que ce soit sur ma vie. La femme qui se tenait maintenant derrière moi m'avait jugé dès notre première rencontre, se fiant aux rumeurs qu'elle avait pu entendre, ne me laissant ainsi aucune chance. Déçu et vexé, j'avais alors abandonné tout espoir de recevoir ne serait-ce qu'un baiser ou une attention de sa part. Cependant, ce qu'elle disait là changeait la donne, ses excuses me touchèrent en plein cœur car signifiaient qu'elle baissait enfin sa garde pour s'ouvrir à moi. Tout jugement, tout les clichés de l'homme séducteur et insensible étaient tombés. Soupirant, j'attrapais une chemise et enfilais les manches puis, me tournant vers elle, je croisais les bras sur mon torse encore visible. « Je suis prêt à te pardonner mais de là à devenir amis je ne sais pas ! Je veux dire, on est pas du tout pareils toi et moi, j't'aime bien mais je suis pas sûr que tu me supporterais » avouais-je l'air fatigué. Là tout de suite je n'étais pas d'humeur à réfléchir ou me prendre la tête mais je ne voulais pas non plus qu'elle pense que je la rejetais. « Je te propose un truc : plus de jugements entre nous, j'arrête de critiquer ton ex et tu ne t'occupes plus de ma manière de penser, deal ? »

Alba semblait s'être adoucie, moins gênée et, pour la première fois depuis qu'on se connaissait, elle m'apparaissait autrement. Auparavant, j'avais toujours vu la jeune femme comme quelqu'un de dur, avec un tempérament de feu, qui ne laissait passer aucune erreur et c'est ce qui m'avait intéressée chez elle : ce contraste, cette hésitation entre être une femme douce et céder à son mec ou rester forte et toujours faire les bons choix. Honnêtement, je ne savais pas si, à sa place, j'aurai eu la force de pardonner quelqu'un qui m'avait ainsi abandonné. Oui, il était facile de fuir et de revenir comme si de rien n'était, comme si aucune souffrance n'avait été causée, et sortir, avec la plus grande des facilité, la simple et bonne excuse que le passé restait inchangeable. Au fond, on savait tous que si nous étions face à la même situation, nos actes ne changeraient pas, tout simplement car on était conditionné à penser d'une certaine manière, on avait été influencé par notre éducation et cela causait parfois notre perte. « Non je ne la connais pas depuis si longtemps que ça, enfin pas depuis la maternelle quoi mais on s'entend bien... Disons que le feeling est tout de suite passé mais... » commençais-je à dire en refermant ma chemise, laissant planer le silence le temps de réfléchir à la suite de ma phrase. Devais-je lui annoncer ou cela risquait-il de tâcher notre amitié naissante ? Peu importait, je pouvais vivre sans Alba, la preuve, je l'avais fait pendant des semaines. « Mais je vais déménager, on a quelques problèmes et c'est mieux que je parte ! Et toi qu'est ce que tu fais là ? C'est une habitude de débarquer sans prévenir ? » continuais-je, esquissant un petit sourire.