Les pleurs de Mila se font entendre dans l'appareil et je commence d'émerger doucement. Malgré l'aspirine d'hier soir, ce matin ma tête a envie d'exploser, en même temps, ça ne fait pas si longtemps que cela que je me suis endormie même si je suis rentrée plus tôt qu'à la fermeture des boites de nuit. C'est dur d'être maman dans ces cas là mais heureusement Priape et là et dans le même lit que moi en plus, mais avec un polochon entre nous deux. Je rigole quand il remet le drap sur mon épaule et j'enfouillis ma tête dans le coussin en le laissant aller voir notre fille qui arrête rapidement de grogner pour laisser le jeune papa revenir dans la chambre. « Le traversin et moi c'est une grande histoire d'amour en fait... » J'évite d'utiliser le mot tromperie parce que je n'ai aucune envie que l'ambiance soit plombée alors qu'elle est plutôt bonne enfant et je préfère prendre à la rigolade sa réflexion bien que je me sente obligée de me justifier sur sa présence même s'il a surement compris mon intention. « C'est une manière de te montrer que voilà... » Enfin je sais pas, je suis incapable de mettre des mots sur ce que j'ai voulu lui montrer, peut être simplement du respect par rapport au fait qu'il veuille vraiment passer à autre chose ? « Par contre avec mon grand lit et mon ami paulochon entre nous deux, je t'interdis de retourner poser tes fesses sur le canapé tant que je ne l'ai pas changé ! T'aurais pu me dire qu'il était vraiment pas confortable pour dormir ! » Ouai je ronchonne un peu après lui, parce que je suis vraiment une super mauvaise hôte de l'avoir laissé dans cet inconfort alors qu'il vient adorablement garder les filles. Priape vient finalement se réinstaller dans le lit, Mila nous laisse quelques minutes de répit puis s'amuse finalement une nouvelle fois à grogner, pousser des petits cris, enfin le truc que font les bébés pour embêter leurs parents. « Bouge pas ! C'est mon tour cette fois ! » Je lance la couverture à mes pieds, le froid me glace le sang, j'étais bien au chaud là dessous et je file dans la chambre de la petite, mettant un nouvel aspirine à fondre au passage dans la cuisine. La crevette s'arrêta immédiatement en me voyant. Ok elle avait juste envie de s'amuser de nous. Je lui remis sa tétine et son doudou à côté de sa tête puis me dirigeais vers la sortie de la chambre, mais c'était reparti. Lendemain de soirée, maman fatiguée, bobo tête, je pris la petite avec toute sa panoplie, bus mon aspirine fondu au passage et op me voilà à nouveau dans la chambre. « Princesse Mila aura eu raison de mon amour pour le polochon ! » Et oui, voilà que bébé remplace le polochon, que je me recale tranquillement dans mon lit, une main protectrice sur le ventre de ma fille qui fait de petits mouvements pour la bercer et c'est un miracle, elle se rendort, et moi aussi.

Je ne pus m’empêcher de commenter la présence de l’oreiller entre nous… Elle se mit à rire expliquant son amour pour le traversin en le serrant contre elle. « Je vois ça… J’étais surement trop musclé pour toi, c’est pour ça que ça l’a pas fait entre nous. » Pas aussi moelleux qu’un polochon quoi. Je rigolais mais c’était avec plus de sérieux que la jeune femme expliqua la véritable raison de la présence de cette –barrière- entre nous. « C’est bien… Je… Merci. » Parce que ça coupait au moins cours à toute ambiguïté ou tout risque de dérapage. C’était surement ce qu’il nous fallait. Un polochon entre nous. H24. 7jours sur 7. Elle m’interdit d’ailleurs de retourner sur le canap, du moins pas avant qu’elle ne l’ait changé. « Arrête, quand on a pas quatre grammes dans chaque bras il est très confortable… » répliquai-je. Bon ok, j’avais pas passé les meilleures nuits de ma vie dessus, mais c’était supportable malgré tout. « N’en achète pas un nouveau, il est très bien celui-ci. » Mais je me glissai quand même dans le lit au côté de la jeune femme, preuve que le matelas avait un confort nettement supérieur… Puis Talya avait raison : entre la largeur du lit et le polochon, pas de soucis, pas de raisons de se sentir mal à l’aise en tout cas. Les pleurs de Mila ne tardèrent pas à résonner. Je m’apprêtai à y aller mais la jeune maman me coupa dans mon élan, faisant savoir que c’était son tour.  « Ca va aller t’es sûre ? Tu te rappelles où est sa chambre miss Vodka pomme ? » la taquinai-je, avec légèreté mais aussi pour être sur que les quelques courtes heures de sommeil lui avaient suffit à récupérer. Elle disparut un instant. Elle revint plusieurs minutes plus tard, notre princesse dans les bras. Je poussais l’oreiller et elles prirent place toute les deux à côté de moi, la petite entre nous. Je regardais avec tendresse ma fille qui sombrait peu à peu dans un sommeil apaisé. « Je crois bien qu… » Je me coupais en relevant les yeux vers Talya qui s’était également assoupie. Ce fut finalement mon tour de laisser Morphée m’emporter pour un petit somme appréciable. Les prochains pleurs ne sonnèrent pas pareils : cette fois c’était la bonne, Mila avait faim. Et derrière la cloison, on entendait également Charlie qui se réveillait et réclamait son bib matinal aussi. J’émergeai un peu, me hissai hors du lit et annonçai : « Je vais préparer les biberons… » Je me rendis dans la cuisine et m'y m'activai, réchauffant l'eau, ajoutant la poudre, touillant pour obtenir un lait sans grumeaux, et tout ça avec les yeux encore à moitié fermés. Les nuits étaient trop courtes. Et comment faisait Talya lorsqu’elle était seule avec les petites ? Ca m’impressionnait toujours…

Même si je l'ai fait, je n'apprécie pas forcément d'avoir dû mettre ce coussin entre nous, alors forcément quand je dois le justifier, je peine à trouver mes mots, mais Priape me comprend comme toujours. Il a toujours cette gêne, ce truc inachevé entre tous les deux, ce goût de reviens y et pourtant on n'y revient pas. Il faut qu'on se fasse à cette nouvelle situation, qu'on se crée une nouvelle relation, une relation de bons parents, d'amis. Impossible, mais on peut le faire. « Eh j'te permets pas ! J'avais pas quatre grammes sous chaque bras, seulement trois... et plus qu'un ou deux après avoir vomi... C'était tellement humiliant... » Même en couple il ne m'avait jamais vu vomir, et là je l'avais réveillé et il m'avait trouvé comme ça, mal. Quoi que en y pensant bien, avec la grossesse, peut être que si il m'avait déjà vu, mais c'était complètement différent. Mila se décida à grogner et elle atterrit comme elle le voulait surement entre nous deux pour finir sa nuit. Cela marcha un petit temps puis la faim arriva pour de bon. Passer du temps au lit avec sa fille au milieu, c'était quand même top, surtout quand le papa se levait pour faire le biberon. J'entendis en plus Charlie commencer à grogner aussi, je tentais donc à l'égard de mon ex : « Priape ? Tu m’amènerais Charlie et les biberons au lit ? » J'aimais tellement rester dans mon lit à ne rien faire, juste rester allonger et profiter du moment présent et encore plus avec les trois personnes les plus importantes de ma vie, même si l'une d'entre elles ne devrait pas en faire partie... Il ne faut pas, il ne faut plus qu'il en fasse partie... Ca serait mieux pour mon coeur.

« Si tu crois que je vais te faire la morale… » me marrai-je en la voyant toute gênée de cet épisode vidange d’estomac… Elle avait pas à être mal à l'aise, une cuite ça pouvait arriver à tout le monde. J'étais plus que bien placé pour le savoir. « Ca serait un peu l’hôpital qui se fout de la charité… » Parce qu’elle m’avait vu quand même un nombre incalculable de fois saoul devant elle alors je ne me risquerais à aucun sermon, surtout qu’elle était rentrée sagement en taxi, et seule, donc, j’avais rien à lui reprocher… Et puis c’était Talya, même dans un sale état, ça restait Talya. Pas le temps de se moquer d’elle de toute façon, puisque Mila se réveilla. Placée entre nous eux dans le lit, on réussit à grappiller un peu de répit et de sommeil, mais la faim l’emporta et le petit glouton qu’elle était se mit à réclamer, des cris qui résonnèrent bien vite en écho avec celui de l’autre petit monstre. Je me levai, annonçant que je passais en mode biberon-man, et j’acquiesçai à la demande de mon ex. « Bouge pas j’arrive… » Petit bib pour Mila, grand format pour Charlie, une tasse de café pour papa, une nouvelle aspirine pour maman, le tout sur un plateau et je filai chercher la petiote dans son lit avant de retourner dans la chambre de Talya avec tout mon chargement. Petit déj au lit version Prialya. « Je t’ai pas proposé si tu voulais manger quelque chose, je voudrais pas que tu repeignes encore la cuvette des toilettes… » Fallait quand même que je la charrie un peu avec ça quoi.