We Built Our Own World  

Hélios & Clay / Septembre 2015

" Qu'est-ce que tu souhaites en échange? " La voyant faire tourner du bout de ses doigts le trousseau de clefs, je sais que la réponse de Malcolm ne va pas être pour me déplaire. De toutes façons, j'aurai tout accepté pour conduire ce soir l'Aston de son père. Hélios, ce jeune PDG que j'ai "sauvé" m'a gracieusement convié à l'une de ses soirées mondaines où bon nombre de mannequins en strass et paillettes fouleront le tapis rouge jusqu'à son yacht privé. J'accepte la proposition qu'Annalynne me soumet et me retrouve derrière le volant de sa berline. Sièges en cuir, vitres teintées, entièrement automatisée, cette voiture me permettra de ne pas attirer de trop l'attention et de me fondre parmi la foule une fois sur les lieux. Ma thèse s'avère exacte lorsque je pose le pied sur les dalles pavant l'allée centrale déjà inondée de flash. Les paparazzis ne semblent cependant pas être très intéressés par mon visage alors j'en profite pour avancer d'un pas rapide jusqu'à bousculer une brune au galbe parfait qui tentait vainement de se défiler d'un entretien que j'imagine mortel à souhait. Elle se confond aussitôt en excuses. J'en fais de même pour ma part mais trop tard, les hostilités sont lancées: une journaliste saute aussitôt sur l'occasion en m'agressant d'un micro sous le nez " Du renouveau parmi les têtes de la jet set, seriez-vous le nouveau compagnon de Mlle Dalbesio? " Je fixe cette reporter avec un faux semblant de sympathie avant d'ajouter tout sourire en ricanant  " Non...L'un de ses nombreux amants ", sans savoir que je viens de bafouer l'image d'une égérie. Une fois ma connerie lancée, je reprends ma route en direction du ponton qui nous permet d'embarquer. Les deux gorilles de chaque coté s'empressent tout naturellement de vérifier nos invitations.... carte que je mets un certain temps à trouver dans mon veston. Un murmure au derrière me fait comprendre que ma petite blague n'a pas été au gout de tout le monde :" Je ne sais s'il faut vous remercier ou vous trainer en justice, mais vous avez de l'aplomb ". C'est elle de nouveau, mielleuse lorsqu'elle me passe devant, exhibant fièrement son passe-droit avant de se faire élégamment saluer par l'un des deux vigiles " Mlle Mila Dalbesio ". Dalbesio, un nom que je n'oublierais pas de si tôt. Il est vrai que je n'ai jamais eu l'occasion d'approcher de si près de telles femmes alors mon regard suit sa trace lorsqu'une main vient s’apposer sur mon épaule et me sortir de ce songe.   

We Built Our Own World  

Hélios & Clay / Septembre 2015

Je m'imagine mal à sa place vivre sous les feux des projecteurs quoique être un fils à papa doit avoir ses avantages. A cette pensée, mes yeux se sont déportés sur le châssis de l'égérie que j'ai outrée et sourie à l'idée de pouvoir de nouveau l'approcher de plus près. Les flashs des paparazzis scellent  notre poignée de mains ainsi que notre amitié par une nuée de flashs et Hélios, avec un naturel déconcertant, se met à me murmurer lorsqu'entre deux clichés je tente de faire bonne figure en leur offrant le meilleur de ma personne: "Je vois que tu fais déjà parler de toi."  Je m'incline vers lui et marmonne l'évidence même: " Ils auront tôt fait de m'oublier " Ce n'est pas un inconnu qui défrayera la chronique à moins de.... de continuer dans ma lancée et de parader devant quelques célébrités. Mais ce serait impromptu et égoïste car de cette soirée je ne suis que l'invité et non le protagoniste.


Cela dit je ne peux réprimer l'envie d'en connaitre d'avantage sur ses connaissances dont une en particulier et dès que les photographes ont finit de nous tirer le portrait, j'hoche la tête en direction de la brune avant de souffler discrètement à mon acolyte " Une de tes amies ? " Intéressé je le suis assurément mais je n'irais pas jusqu'à dire que la dame le sera par un vulgaire snobinard branché. Et tandis qu'Hélios prend le temps de me répondre, je glisse ma main à l'intérieur de mon veston pour finalement trouver ce qui m'avait fait défaut quelques secondes plus tôt: mon carton invitation. Une fois mon droit de passage approuvé par les deux vigiles dans leurs costards cintrés, j'espère enfin pouvoir aller vagabonder parmi la haute société quand une journaliste nous stoppe net dans notre avancée d'une question saccarique, plutôt destinée à mon ami " Monsieur Errington. Vous, l'égérie d'une marque prestigieuse, riche héritier... N'est-ce pas un peu déplacé que d'organiser cette soirée? Ne feriez-vous pas mieux d'utiliser votre richesse en dons humanitaires? "   La question est totalement inutile mais semble avoir été posée pour embarrasser Hélios. Visiblement hors du jeu, je tourne la tête en me caressant la lèvre inférieure, une seule pensée en tête .... * sale d'emmerdeuse *

 

We Built Our Own World  

Hélios & Clay / Septembre 2015

Mais cette réflexion est balayée si tôt que la main de mon hôte vient s'apposer dans mon dos.... Attention.... Les helléniques sont réputés pour avoir le sang chaud. J'ai d'ailleurs encore en tête cette petite vidéo que j'ai visionnée tantôt, amusante parodie d'un 24 heures chrono faite par un certain Mozinor qui met en scène deux protagonistes se mordant l'oreille dans une lutte gréco-romaine, tout du moins appelaient-ils çà comme tel. Mais non pas lui, pas Hélios. S'il n'avait ne serait-ce qu'un léger penchant pour ce genre de pratiques, la presse en aurait déjà fait depuis bien longtemps l'étalage. Alors je me déraidis et lui rends son sourire mais ses premiers mots m'interpellent aussitôt: moi, son agent. Lui aussi est un petit emmerdeur décidément. Et tandis que je scrute la réaction de la journaliste face à cette révélation surprenante, lui alerte d'un simple geste de la main les deux gardes qui rappliquent pour écarter l'importune. La jeune femme rebrousse chemin pour être reléguée derrière les palissades au simple titre de spectatrice impuissante. C'est alors qu'il me pose la question à laquelle je suis bien incapable de répondre: " Qu'est ce que tu en dit? J'ai pas d'agent et j'ai une confiance aveugle en toi. Ça te dirait d'être mon agent?" Il était donc sérieux. Un peu confus par cette proposition, dès plus alléchantes si je n'avais déjà une profession, mes yeux s'égarent sur l'horizon avant de rire moi aussi de cette déconvenue. " J'ai déjà un travail. Et pour être sincère, j'y connais rien. " Par pur hasard, mes yeux se reposent à nouveau sur un groupe de demoiselles qui ondulent dans leur robes satinées jusqu'au pont supérieur et me vient cette outrageante idée qu'une fois dans la sphère d'Hélios, il me serait plus aisé d'en côtoyer quelques unes. Mesquin suite à cette pensée, je le regarde à nouveau lui et lui insuffle une idée sous un travers de plaisanterie " Mais qui sait, après quelques verres, j'accepterais peut-être d’être ton garde du corps. Vu les problèmes que tu t'attires..."  
 

We Built Our Own World  

Hélios & Clay / Septembre 2015

Nous prenons place tout deux sur l’une des nombreuses banquettes raffinées qui ornent le ponton, vaste salon aménagé où nombre de people jacassent déjà des potins et commérages qui font la une. Mais déjà l’ambiance se présente différemment, plus décontractée loin des objectifs indiscrets. Il aura suffi d’un seul regard lancé pour qu’un domestique ne s’empresse les mains chargées d’un saut de glace jusqu’à nous. Envieux, j’observe l’étrange manège auquel je ne suis habitué  et adresse un regard entendu à Hélios lorsque celui-ci empoigne ce qu’il contient. Une bouteille et pas n’importe laquelle : un champagne millésimé et de grand renom pour l’occasion. A présent, je commence à saisir dans quel monde Annalynne a jusque-là gravité et ce à quoi elle a tourné le dos mais n’en comprend pas la raison. Peu importe, là n’est pas la question…. J’accepte volontiers la flute que me tend mon hôte et le remercie tandis qu’il impose un nouveau jeu auquel j’entends bien participer alors qu’il remplit nos verres. Laquelle ? Mes yeux s’égarent quelques temps sur les paires de jambes dénudées qui nous entourent, choisis méticuleusement selon le galbe avant de remonter sur les courbes plus charnues dissimulées sous des étoffes plus échancrées les unes que les autres. Après mûres réflexions, je m’attarde sur l’une d’entre elles plus particulièrement, jolie blonde dans les un mètre soixante-dix sans talons, guindée dans une robe en satin d’un rouge vermillon. Le verre porté à mes lèvres, je l’étudie avec convoitise mais ce n’est qu’après quelques gorgées que finalement je me décide à parier sur elle plutôt que sur une autre. «  La blonde à trois heures. » Mais avant d’aller plus loin dans les enjeux et de parler mises, je tiens à faire le point sur un détail. «  Mais j’te préviens le grec, je vais toujours au fond des choses.  » Petit sous-entendu amical pour signaler que je ne m’arrêterai pas à un simple tête à tête ou à un léger pelotage. J’espère seulement pour lui qu’il a fait préparer plus d’une chambre sur son palace flottant en vue de sa réception, car si j’ai bien compris son jeu, nous parlons bien de baise et non de flirt amoureux. Quant à lui, j'émets quelques réserves sur celle qu'il choisira. La réputation du play boy n'est plus à faire et toutes pourraient facilement lui céder. Non, il lui faudrait.... Mes yeux s’arrêtent sur une petite rouquine au chignon tiré, jupe noire et tailleur cintré, avec des lunettes par dessus le marché. Plutôt mignonne - à sa manière - mais loin des bombes que je me l'imagine se faire. Alors j'incline la tête vers lui ne la perdant pas de vue et lui souffle en ricanant " Par contre pour toi elle sera imposée. Je ne voudrais pas que tu choisisses une fille avec qui tu as déjà couché, comprends-tu..." et hoche la tête en direction de la petite intellectuelle élancée.