Depuis que j'avais perdu la mémoire, c'était la course aux flashbacks pour essayer de sauver quelques bribes de souvenirs qui pourraient éventuellement me revenir, afin que je n'ai pas tout perdu... même si le médecin était catégorique, je ne recouvrerais jamais entièrement la mémoire, pas même la moitié de ce que j'avais perdu. Des années de ma vie étaient parties en fumée, heureusement j'avais laissé des traces écrites mais, dans un livre ou un journal intime, je lisais ma vie comme si c'était celle de quelqu'un d'autre. Je devais revoir Apple, j'le savais, même si j'appréhendais beaucoup cette rencontre. Pire encore celle de Coraleen, ma fille -il parait. Après avoir obtenu son adresse, il ne me fallut pas longtemps pour me rendre à Cambridge, le cœur lourd. Elle venait seulement de réemménager sur place, je savais qu'elle avait été prévenue de mon "état" mais on ne s'était pas encore reparlé. J'arrêtais pas de me poser mille et une questions, de me demander à quoi elle ressemblait désormais, ce qui avait bien pu se passer dans sa vie au cours de ces dernières années... à quel point avait-elle changé ? J'me rappelais d'elle pure, chaste, vierge. Si on avait une fille ensemble, elle ne l'était clairement plus. Fuuuuck, tropc de choc d'un coup. Je déglutis péniblement en m'arrêtant devant sa porte, inspirant un grand coup avant de sonner. On inspiiire, et on expiiiiire.

La vie m'avait gâtée sur plusieurs aspect : L'argent, l'amour, ma fille, mes amis, mes études... Je ne pourrais le nier, j'ai eu une vie facile malgré les mésaventures. Peut-être que c'est Harvard qui nous a tous porté malheur en fait, et qui continue de porter encore malheur à Andy aujourd'hui. Le pauvre... lorsque j'ai appris qu'une partie de sa mémoire s'était effacée, je n'ai pas su comment réagir. Comment dire à ma fille que son père n'avait plus le moindre souvenir d'elle ? J'ai moi-même du mal à réaliser qu'il ait pu oublier nos péripéties, notre mariage, notre fille... Et nos nuits chaudes hein, inoubliables à mon avis mais bon ! huehue. Je ne savais pas comment Briony le prenait de son côté... je ne sais pas ce qu'il en est d'eux tout court en fait.

Coraleen et moi venions tout juste d'emménager dans une plus petite maison, rien que tous les deux. C'était la première fois depuis... toujours ? La maison me paraissait vide sans Roxanna et ses petites bêtes, mais il fallait bien qu'un jour on finisse par grandir et vivre séparément. Andy était censé nous rendre visite, et Cora avait insisté pour se mettre ultra belle pour l'occasion, bien que je ne croyais pas ça une très bonne idée de la présenter sur le champ. Alors je l'ai convaincu de passer l'après-midi avec sa grand-mère pour finalement faire "une surprise" à papa le soir.

J'allais répondre à la porte, les mains moites. J'étais partagée entre l'envie de lui rappeler le bon vieux temps ou saisir l'opportunité d'oublier moi aussi, tout ce qui a pu se passer les 4 dernières années... Le silence s'installa pendant plusieurs secondes, aka le moment le plus awkward depuis la fois qu'on s'est embrassé alors que j'étais avec Royce... Mais ça aussi, il ne s'en rappelait pas.

- Hey. Je posais la tête sur le rebord de la porte, puis recula pour le laisser entrer.

J'avais pas la moindre idée de ce que ça allait donner. J'étais resté dans l'ombre longtemps avec Apple et aujourd'hui elle était, concrètement, la seule femme dont j'me souvenais, j'avais appris qu'on avait été mariés, qu'j'avais fait l'con et que depuis, on s'reparlait, mais surtout pour notre fille. J'avais du mal à le croire alors que dans mes souvenirs, on était comme les doigts de la main, j'passais mon temps à la protéger avec Kenny et à rager sur tous les mecs qui lui tournaient autour, ooooook. Du coup c'était carrément awkward comme situation et quand elle ouvrit la porte, il y eut un silence, un blanc, quelques secondes de flottement nécessaires pour que mon cerveau fasse la mise à jour. Voilà voilà, j'suis face à "ma" Apple, quelques 9 ans plus tard, enchanté. Hey, répondis-je aussi, simplement, en entrant dans la maison quand elle m'y invita. Je sentais mon cœur battre à tout rompre, j'étais anxieux, fallait s'l'avouer, si bien que mon regard parcourut longuement la maison le temps que je me remette de mes émotions et que je la regarde à nouveau. Je pinçai les lèvres avant de lancer, un sourire plaisantin sur les lèvres : j'avais bon goût t'es devenue canon. J'préférais sortir des conneries plutôt qu'de rester dans ce silence trop bizarre, j'y peux rien. Un back-up d'Andy à ses 15 ans, c'forcément un back-up à mes sentiments pour elle que j'avais à 15 ans. Et elle le savait certainement si on avait été mariés, ça m'foutait terriblement mal à l'aise pour le coup. Je me raclai la gorge et me tournai, cherchant Coraleen du regard, non sans stresser. Elle est pas là ?

- Hey

Une année plus tard, je ne comprends toujours pas. Je ne comprends toujours pas comment il a pu me faire ça à moi, tout ce qu'il s'est passé entre Briony et lui... Est-ce que j'étais responsable de mon sort ? Peut-être que notre couple était bien trop cassé, entre Aleksei qui avait truqué des photos de nous deux dans un lit, ou l'espece d'impasse avec Hendrix qu'il n'avait pas trop apprécié à l'époque. Peut-être qu'il n'était réellement pas fait pour être en couple durablement, ou peut-être que si et c'est pour ça que le destin lui a permis de recommencer à 0 sans le moindre souvenir...

Je le laissais entrer dans mon nouveau nid. La maison était propre et ne restait plus de carton à défaire, c'était officiellement une nouvelle vie qui démarrait pour nous deux. Alors que je m'attendais à un commentaire sur le décor comme n'importe qui ferait pour apaiser l'ambiance, je me retrouvais surprise à entendre un compliment.

- J'avais bon goût t'es devenue canon.
Je passais ma main dans mes cheveux, ne sachant pas trop comment réagir à ça. Un simple sourire suffisait, j'imagine.
- Eh bien, ce qu'on sait tous les deux, c'est que t'as attendu foutrement longtemps pour me dire ça.
Je faisais bel et bien référence au fait qu'il l'avait toujours pensé tout bas, et qu'aujourd'hui avec ses souvenirs... c'est comme s'il ne me l'avait jamais réellement dit. Cette pensée m'atteignait d'une drôle de façon.

- Elle est pas là ?
- Huh ? Comprenant qu'il parlait de Coraleen...
- Non, j'ai pensée que ce serait mieux si on y allait graduellement...

Je fermais la porte et marchai jusqu'au canapé pour l'inviter à s'asseoir.
- Est-ce que... t'as des craintes par rapport à nos retrouvailles... ou quelque chose à me demander ?
Je ne savais pas trop pourquoi on se voyait en fait... S'il voulait que je lui parle de nous, ou s'il venait rien que pour Coraleen. Je ne savais pas s'il voulait se rappeler, ou s'il voulait juste passer du temps avec moi, comme avant.

Y avait des choses qui n'avaient pas totalement changé, après toutes ces années. Certes j'avais été surpris en la voyant... parce que j'me rappelais de la gamine de 15-16 ans et d'un coup, paf, elle avait 24 ans devant mes yeux. Ça faisait un choc, même si elle était reconnaissable, toujours aussi belle sinon plus... c'était devenu une femme, quoi. Et moi dans ma tête, j'avais toujours l'impression d'être un môme de 16 ans, great. Heeey j'ai l'âge de boire de l'alcoool. Légalement du moins. Parce qu'on dira pas qu'à l'âge-là j'en buvais déjà mais... shhht. J'eus un léger rire à la réponse qu'elle me fit, tâchant de me détendre un peu, autrement le string allait craquer tellement l'ambiance était tendue. Faut dire que c'est pas évident, comme situation. Bah... plus c'est long, plus c'est bon ? S'il te plaît, ne répond pas à ma réponse absooooolument débile, merci au revoir. De toute manière Kenny m'aurait flingué si j'avais osé l'dire avant. D'ailleurs ça s'était passé comment avec lui ? On était tellement proches et j'en avais quasiment pas parlé dans ce que j'avais pu écrire, à croire qu'on ne se voyait plus... ? J'avais tellement de questions, c'était difficile d'en retenir le flot qui me venait à l'esprit. Mais j'oubliais pas qu'si c'était difficile pour moi d'avoir oublié des années de ma vie, c'était aussi difficile pour les autres qui étaient désormais les seuls à se rappeler de ce qu'on avait vécu, le bon, comme le mauvais. Je cherchais Coraleen des yeux, et acquiesçai sans attendre aux paroles d'Apple. Ouais, c'est clairement mieux. J'suis papa, d'une gamine qui va fêter ses trois ans, j'vais bientôt la rencontrer, voilà voilà l'histoire de ma vie. Je m'assis à côté d'Apple quand elle m'y invita, me mordant la langue, réfléchissant un instant pour essayer de mettre de l'ordre dans mes pensées. Ma tête ressemblait à Bagdad. Genre vraiment. J'sais pas tellement... C'était pas clair, j'le savais, et je cherchais mes mots pour mieux m'expliquer. T'es la seule dont j'avais l'air d'être resté proche du début à la fin... même si bon, les derniers moments c'était pas trop ça il paraît, je marquai une légère pause. J'savais pas si elle voulait en parler, je savais pas où elle en était, quelles étaient véritablement nos relations au moment de mon accident, j'avais l'impression de marcher sur des œufs. J'étais pas là pour lui faire du mal après tout. J'voulais te revoir parce que d'une certaine façon t'es devenue un peu comme un pilier pour moi. Genre, une des seules personnes plus ou moins proches dont j'me rappelle encore, tu vois ? Même pas Anya. Ptain avec ce que j'avais lu sur elle j'me sentais tellement pas bien de pas me rappeler d'elle vraiment... Puis, j'ai quand même envie de savoir, si tu veux bien.

Parce qu'il ne se rappelait de rien, et qu'il venait chercher des réponses en quelques sortes... Tout les souvenirs revenaient à moi comme un tsunami, même ceux que je pourrais éviter de parler. Genre, la fois où nous étions sous la douche, à se rappeler de notre jeunesse... La même fois où je lui ai dit que nous étions fait l'un pour l'autre, qu'il avait bien fait de m'attendre, qu'il me méritait... On a dû faire l'amour des milliers de fois, tout ça, effacé aussi. Le threesome avec Elia, ou même les appels pendant l'acte... Putain qu'est-ce qu'on s'est amusé à faire chier notre monde. J'étais la seule désormais à me rappeler de tout, comme si c'était un rêve ou comme si c'était une illusion... Ça m'affectait énormément, mais d'un autre côté... C'était peut-être une opportunité de retrouver mon ami. Celui qui a toujours été là pour moi, coûte que coûte, mon meilleur ami.

- Bah... plus c'est long, plus c'est bon ?
Je pouffais de rire. Ah oui, clairement. Coup de couteau au cœur. Finalement, j'étais peut-être pas vraiment okay à l'idée que tout ça n'a jamais existé pour lui... Ça a déjà été difficile de passé outre le fait qu'il ne souhaitait plus de nous, de notre aventure.

Déviant la conversation sur Coraleen, je lui avouais qu'elle n'était pas à la maison...
- Ouais, c'est clairement mieux.
J'hochai la tête. Mais tu sais Andy... Autant que je ne veuille pas te perturber, que je respecte ton envie de prendre ton temps... Parce que sache que je veux vraiment que ton bien hein. C'est ta fille... et tu lui manques.

Il n'était pas un mauvais père. Autrement, elle ne pleurerait pas le soir, ou ne me parlerait pas encore de toutes ses péripéties avec lui à New York, ou je-ne-sais-où dans le monde lors de ses voyages pour le travail. Je lui souriais, histoire de chasser ses peurs s'il en avait. 'Fin... c'est sure qu'il en avait.

- J'sais pas tellement... me répondit-il. T'es la seule dont j'avais l'air d'être resté proche du début à la fin... même si bon, les derniers moments c'était pas trop ça il paraît

Qui lui avait parlé de nous ? Ses parents ? Briony ? Anya ? J'étais à court d'idée déjà, les autres doivent déjà avoir oublié Andy et Apple en fait. Pour sa perte de mémoire, j'étais au moins contente qu'il n'ait plus à souffrir de la perte de Keanu...

- J'voulais te revoir parce que d'une certaine façon t'es devenue un peu comme un pilier pour moi. Genre, une des seules personnes plus ou moins proches dont j'me rappelle encore, tu vois ? C'est mal, si ça me faisais plaisir d'entendre ça ? J'étais entre autre, la seule dont il pouvait faire à 100% confiance. J'hochai la tête. Puis, j'ai quand même envie de savoir, si tu veux bien.

Je relevai les yeux vers lui en soupirant puis ramenai mes jambes vers moi, pour enrouler mes bras autour de mes chevilles. Nos vraies retrouvailles ont été en 2012... Je sais plus, j'avais le cœur brisée, t'avais les oreilles ouvert. On a parlé au téléphone et pis après un conflit entre ta maison et une autre d'Harvard qui a mal viré, on a eu l'idée d'organiser une journée rénovation... Vu la peinture et la poussière, vous avez dormi dans la maison que je présidais à l'époque et du coup t'as dormi dans ma chambre...

Je quittais le monde extérieur pour entrer dans mes pensées. Puis je me suis mise à rire en réalisant le fait qu'il devait encore m'imaginer comme étant la petite fille pure et chaste. Disons que l'expression que t'as dit tout à l'heure, "plus c'est long, plus c'est bon" a vraiment pris tout son sens ce soir-là. Besoin d'un dessin ?

Apple et moi avions toujours vécu un paquet de choses ensemble. Que ce soit depuis qu'on était bébés ou au cours des années en grandissant, on n'avait, finalement, à bien y réfléchir... jamais été séparés. Y avait des périodes où on se parlait plus ou moins mais on était toujours dans la même ville, dans la même école, parfois-même dans la même classe. On s'était toujours suivis, Je l'avais aimée pendant des années, en silence. Depuis le départ j'étais convaincu de fait que j'finirais vieux avec des chats, que j'étais pas fait pour être en couple... que j'en avais, même, simplement pas envie. Pourtant Apple avait su changer ça, elle avait su m'convaincre qu'elle était la femme de ma vie et de fonder une famille, et j'm'en rappelais pas quoi. J'étais vraiment naze quand on y pense, mais le summum du naze parmi les plus nazes des mecs des plus nazes. Je suis Andy McDougall. Belle conclusion. Mon coeur loupa un battement en entendant Apple me parler de Coraleen, essayer de me prendre avec des pincettes pour insister sur le fait que c'était ma fille et que je lui manquais... Je ne répondis rien, esquivant juste son regard en espérant qu'on changerait de sujet. Je n'étais probablement pas encore prêt à en parler, à accepter d'être papa alors que, dans ma tête, j'étais encore puceau y a pas très longtemps ptain, vous imaginez ? J'étais pas prêt, j'avais l'sentiment que tout était à reprendre avec moi, tout repartait à zéro et j'étais au bord de lui taper la même crise de panique que j'lui avais faite quand elle m'avait annoncé qu'elle était enceinte. Sauf que ça, j'm'en rappelais pas non plus, forcément. J'répétais presque l'histoire sans l'savoir. C'était vraiment un nouveau départ pour moi. Je m'installai donc à côté d'Apple pour essayer de m'exprimer, c'qui n'était pas nécessairement facile. Mais c'était normal que j'en parle, il fallait bien qu'à un moment donné, j'en parle, je sache, pour aller de l'avant au lieu de constamment courir après mes souvenirs. Elle finit par se décider à parler de nous, de nos débuts et je l'écoutais attentivement, le regard fixant la table histoire de ne pas la mettre mal à l'aise en la regardant. Mais je ne pus m'empêcher de planter mon regard dans le sien en entendant son dernier commentaire, arquant un sourcil. T'es une grosse cochonne en fait c'est ça ? J'éclatai de rire avant de secouer doucement la tête. J'suis probablement devenu plus chaste que toi maintenant, le truc improbable quoi... Je marquai un léger silence, pensif, avant de reprendre en reposant mes yeux sur elle. Et après ? Finalement, ça devait lui faire tellement bizarre à elle aussi. Elle me racontait ça, sachant qu'on l'avait vécu ensemble mais qu'elle était la seule à se souvenir, la seule à qui, finalement... ça faisait vraiment quelque chose. J'me rappelais pas. Ni du moment, ni des sensations, des émotions.. rien du tout, alors ça ne m'affectait pas de la même manière. Mes commentaires aussi devaient lui faire bizarre... J'lui demandais si c'était une grosse cochonne alors qu'on avait été mariés. En fait, j'devrais ptêtre juste... me taire ? Ouais, bon plan.

Raconter son histoire, c'est comme dans un film. Tu vends ta salade en fait, les spectateurs ne sont que là pour t'écouter, mais ils ne voient rien, ressentent rien... Et mon but, c'était de réussir à lui faire ressentir ce qu'on avait pu ressentir à ce moment-là, sans vraiment le faire sentir mal pour moi... Il ne méritait pas ça. Je ne savais pas ce que je devais lui raconter exactement, autre que notre rencontre, ou quelques souvenirs que j'avais. J'essayerais tout de même d'épargner le plus douloureux...

- T'es une grosse cochonne en fait c'est ça ? J'arquai un sourcil, puis me suis mise à rire. Je ne m'attendais pas à une telle question, surtout venant de lui, venant de la personne qui m'a rendu comme ça en fait. Je ne répondis rien du coup, mais mon rire constant et très nerveux en disait bien long. J'suis probablement devenu plus chaste que toi maintenant, le truc improbable quoi... Mais là... non. Juste non. Je ne pouvais pas laisser passer.

- J't'ai fait découvert l'anal, et t'as kiffé. Alors non. Désolée... Je ne pense pas que tu voulais découvrir ça comme ça Andy, mais c'était pour ton bien. J'pense pas que t'aurais kiffé d'croire que t'étais plus chaste que moi t'vois ?

Je lui souriais, finalement il suffisait d'parler un peu d'cul pour nous détendre un peu quoi. J'trouve ça presque étonnant !

- Et après ? Me demanda-t-il, avide d'en apprendre plus. Après... après c'était bizarre. Je replaçais une mèche de cheveux derrière mon oreille et me raclai la gorge. Je n'avais pas spécifiquement envie de parler de Coraleen... mais comme c'était le prénom du bébé... C'était plus que du sexe, des deux côtés et on le savait tous les deux. Tu ne retournais pas mes appels... ni mes sms... un soir j'suis sortie avec une amie qui a trop bu, j'avais pas encore mon permis et je n'ai laissée conduire. On a eu un accident... et elle n'a pas survécu. C'était difficile d'en parler, mais le temps avait réduit la douleur d'au moins la moitié même si je n'oublie rien. Je m'en suis sortie avec quelques blessures et des traumatismes... Mais c'était assez pour que tu t'inquiètes, et que tu viennes me voir finalement... Tu m'as dit que t'avais besoin de temps, alors je t'en ai laissé mais ça ne me faisais pas plaisir. J'me suis endormie... et au réveil, tu m'attendais encore pour m'annoncer la mauvaise nouvelle. Je déglutis. Il pleurait, et je m'en rappelais comme si c'était hier. Je me rappelle lui avoir dit qu'il avait un grand cœur, plus qu'il ne le pensait... C'est la première fois que je me suis vraiment sentie spéciale pour toi. murmurai-je, en hochant la tête, nostalgique.

Au bout de quelques secondes à réfléchir, je pris une grande inspiration. Tu m'as ignoré pendant plusieurs jours, puis le Spring Break est arrivé. J'ai décidé d'te confronter, et tu m'as dit que t'avais passé la veille avec Chuck et ça m'a rendu FOLLE. Et j'insistai sur le mot "folle" en riant. J't'ai forcé à m'dire ce que tu pensais, et tu l'as fait en me faisant bien comprendre que tu avais des sentiments pour moi... mais ça t'avais un peu (beaucoup) fais chier d'me l'avouer. Je me pinçais les lèvres avant de mordre ma lèvre inférieure en repensant bieeen au moment. J'en avais des frissons tellement c'était... fort. Bon je sais plus pourquoi, mais le seul moyen que j'ai trouvé pour que tu boudes pu, c'est en me foutant à poil sur ton lit. J'éclatai de rire toute seule. Oh bordel, quand j'y pense aujourd'hui... Ouaip, ça fait p'tite cochonne tout ça il a bien raison. ... En tout cas, c'est à partir de là qu'on a décidé d'être exclusif. Le problème c'est que t'étais fiancé... et j'étais en couple. Nous n'étions pas heureux du tout dans nos couples respectif mais ensemble, on l'était plus que n'importe qui d'autre. Je levai les yeux vers lui, en pinçant les lèvres.

J'avais l'impression pas très compliquée qu'en fait, dès que j'ouvrais la bouche, j'risquais de dire une ânerie qui pouvait blesser Apple alors j'préférais me taire. Pour l'instant au moins... j'étais pas venu chez elle non plus pour me la jouer Magicarpe. L'essentiel était qu'elle savait que de base, je n'étais pas venu dans cette maison pour la faire souffrir et si ça arrivait, ça n'était clairement pas intentionnel. Est-ce que se rappeler nos souvenirs ensemble lui faisait du mal d'ailleurs ? Ça n'avait pas l'air. Et d'aussi loin que j'me rappelle, Apple n'avait jamais été très douée pour masquer son chagrin, ou en tout cas pas avec moi. J'connaissais ses tiques et tant qu'elle se grattait pas les poignets j'avais pas de feu rouge. Ça, y avait pas d'raison qu'ça ait changé avec le temps. C'était machinal chez elle, elle l'avait toujours pas et le ferait certainement toujours. J'esquissai un léger sourire à cette pensée, fier de moi, fier de me rappeler des choses à son propos. Des petites choses anodines auxquelles beaucoup de gens ne feraient pas attention mais que moi je connaissais encore par cœur. Quoi ? Incrédule, je ne pus m'empêcher, une fraction de seconde, de baisser les yeux vers ses fesses. Si y avait bien un truc auquel j'm'attendais pas... c'était ça. J'avais enfin tentééé et avec Apple-Pas-Si-Chaste... tu m'étonnes que j'avais kiffé avec le cul d'enfer qu'elle avait. Et toi ? rétorquai-je quand la nouvelle fut assimilée, haussant à quelques reprises les sourcils pour arborer une tête de gros pervers, me retenant de rire. Au moins je savais qu'on avait une vie sexuelle variée, elle et moi, dans l'temps. J'me demandais qu'est-ce qu'on avait bien pu essayer d'autre... mais, chaque chose en son temps, pas vrai ? Dans la suite de ce qu'elle me racontait, j'me reconnaissais, à deux mille pourcents. C'était la première fois qu'je me sentais proche de ce qu'on me racontait... probablement parce que c'était le moins récent ? Avec Victoria, c'était clairement un inconnu. Alors qu'avec Apple, j'reconnaissais certaines de mes réactions, j'les comprenais, j'me sentais capable de dire pourquoi j'avais réagi ainsi même si je ne m'en rappelais pas, concrètement. Je ne bronchais pas à l'évocation de la mort de l'amie d'Apple... j'n'avais aucun souvenir, mais de mon journal intime, j'avais retenu qu'on avait perdu beaucoup de proches au cours de ces dernières années... J'arquai un sourcil en entendant le prénom de Chuck, droit comme un i. Rassure-moi, c'est un prénom d'fille ? J'étais pas aller ratisser SI large quand même ? Faut pas déconner, j'pouvais juste pas, nooooope, fatal error. Je ne pus m'empêcher de rire à mon tour quand elle parla de la fois où elle s'était foutue à poils dans mon lit pour que j'arrête de bouder. Like... Really ? Fallait qu'elle assume être une coquine à ce stade-là ! Bah c'est sûr qu'avec ça... ça devient compliqué d'arrêter d'bouder. J'imagine que j'ai pas été très long à te rejoindre, répondis-je sur un ton amusé. Je marquai un silence sur ses dernières paroles, le regard pensif. Elysia... Je me reculai un peu, m'appuyant contre les coussins du canapé avant de sourire. Elysia et un mec que j'pouvais probablement pas voir en peinture, alors y a pas d'raison qu'ce soit différent aujourd'hui. Après tout il l'avait rendu malheureuse. C'est vrai qu'j'avais probablement battu des records avec Apple en la faisant souffrir... mais j'm'en rappelais pas, pour moi, c'était juste... pas moi, qui l'avait faite souffrir, je voulais pas y croire. J'te raconte même pas ce soulagement quand j'ai appris à mon réveil qu'Elysia et moi n'étions plus ni fiancés, ni mariés. Libérééé, Délivrééé....... bah non c'est con, j'avais oublié ce film, cette chanson, j'avais aussi toute ma culture cinématographique à refaire. FML. Tu sais, d'une certaine manière... Je me redressai, m'appuyant les coudes sur les genoux pour regarder à nouveau Apple. C'est pas facile de perdre la mémoire et j'vois pas comment rattraper les neufs années de ma vie qui sont parties en fumée.. mais pour autant, je suis pas forcément... triste. Mon médecin m'a dit que j'étais dépressif avant l'accident, que j'avais un journal intime pour vider mes pensées. J'l'ai lu ce journal et même si j'me rappelle de rien, c'que j'peux dire d'un œil extérieur c'est que... j'n'étais vraiment plus heureux, j'ai fait beaucoup de mauvais choix que j'ai pas su rattraper, je me suis attaché aux mauvaises personnes, j'ai fait souffrir beaucoup de mes proches... Alors, j'essaie d'le voir comme une seconde chance un peu. J'suis plus dépressif ! Eh ouais, c'est purement mental... j'avais oublié ce qui avait causé cette dépression alors me voilà guéri. Maintenant j'sais qu'je dois faire attention.. que j'dois me mettre au yoga aussi, ajoutai-je avec un rire. J'avais tiré une drôle de tête quand on m'avait dit qu'j'avais battu une certaine Feldt au point qu'elle porte plainte. Enfin voilà, j'ai l'occasion de rattraper mes erreurs, et j'veux les rattraper avec toi aussi. J'avais l'impression de ressembler à un alcoolique qui fait la liste des gens auxquels il doit s'excuser.. en fait, c'était à peu près ça. Je relevai les yeux vers Apple, soutenant son regard. Alors, je sais pas si j'te l'avais déjà dit... Mais, j'suis vraiment désolé du mal que j't'ai fait et j'ai été un véritable... trou du cul, ne mâchons pas les mots allez. Me redressant, j'écartai les bras, vulnérable. Si tu veux m'taper m'profites-en, je te le proposerai pas tous les jours. J'esquissai un sourire, sans bouger. J'étais pas stupide, j'avais bien vu la nostalgie dans les yeux d'Apple alors qu'elle me parlait. On avait vécu de beaux moments tous les deux et j'avais merdé, pour cette Briony dont je me rappelais pas et dont je ne voulais pas me rappeler. Je pouvais pas effacer les anciens souvenirs et la peine que j'lui avais causé, mais j'avais changé, j'comptais apprendre de mes erreurs et j'espérais qu'on pourrait retrouver la complicité qu'on avait avant que j'foute tout en l'air.

Je suis Apple Kovalevski, et même si je n'étais pas la plus talentueuse pour exprimer mes sentiments, c'est vrai que j'ai toujours eu du mal face à Andy. Les fois où j'ai réussi en fait, il m'a fait cracher de force pour savoir ce que je pensais réellement. Mais j'suis pas censée lui cacher tout ça, du moins pas avec la relation qu'on avait, j'aurais dû faire plus d'efforts de ce côté-là. Mais là, tout de suite, je ne ressentais rien. J'avais passé à autre chose je crois, pour mon bien et pour celui d'Andy aujourd'hui. Il n'avait pas le moindre souvenir et me voir pleurer n'aurait servi à rien d'autre que le faire fuir. Il n'aurait pas compris... Pas compris ma tentative de suicide parce que je ne m'imaginais plus sans lui, pas compris le nombre de chansons que j'ai pu lui dédier dans ma tête, le nombre de nuit que j'ai passé dans ma chambre à pleurer... Je n'ai jamais été parfaite, c'est un fait. Je ne suis pas une Cabot, ou du moins, pas une ancienne "vrai" Cabot... Puisqu'on s'entend sur le fait qu'aujourd'hui elles sont toutes des p'tites trainées qui couche partout, m'enfin... ! Encore là, ça ne me ressemblait pas ça non-plus (Thank God Marie Joseph !)

- Quoi ? Je quittais mes pensées, puis souriais en voyant sa tête bien surprise de ce que je venais de lui dire. Et toi ? Alors là, du tout au tout, il changeait d'expression pour un smirk légendaire. Cochon va. Je passais ma main dans mes cheveux et tournais le visage, les joues un peu rose. Bien sûr. Je le regardais de nouveau, le sourire aux lèvres avant de continuer mon histoire.

- Rassure-moi, c'est un prénom d'fille ?
- Non. À voir sa gueule, j'éclatai de rire. J'rigole ! Bien sûr que si c'est une fille. Blonde, bonne, conne. Je ne portais pas particulièrement Chuck dans mon cœur... Ça fais vachement longtemps que je ne lui ai pas parlé faut dire, et je n'ai aucun souvenir avec elle autre que la fois où je l'ai surprise avec Andy et que ça m'a traumatisé à mort.

- Bah c'est sûr qu'avec ça... ça devient compliqué d'arrêter d'bouder. J'imagine que j'ai pas été très long à te rejoindre J'hochai négativement la tête. Nope. Vraiment pas ! Je relevai la tête, un peu fière. Je savais comment jouer le McDougall !

- Elysia... Elysia et un mec que j'pouvais probablement pas voir en peinture, alors y a pas d'raison qu'ce soit différent aujourd'hui. Hum. Ça c'était le cas de le dire... Ocean de son prénom. C'était mon mec de longue date... quand je l'ai trompée avec toi. Mais tu sais, comme j'étais à fond mariage avant le sexe ? Il me disait être okay avec tout ça, mais il me trompait derrière avec plein de filles... Enfin bref. Je t'ai promis de ne jamais te tromper, et j'ai tenue ma promesse si tu veux tout savoir. Je me pinçais les lèvres. On pourrait croire que j'suis "comme ça" puisque j'ai fait l'erreur une fois avec Ocean mais c'était différent... Je creusais ma tombe et j'ai eu la chance de me rattraper avec Andy. Même si j'n'étais déjà plus la même à partir du moment où j'ai choisi de me pervertir (quel beau mot tiens !)

- Tu sais, d'une certaine manière... Toute mon attention était sur lui. C'est pas facile de perdre la mémoire et j'vois pas comment rattraper les neufs années de ma vie qui sont parties en fumée.. mais pour autant, je suis pas forcément... triste. Mon médecin m'a dit que j'étais dépressif avant l'accident, que j'avais un journal intime pour vider mes pensées. J'l'ai lu ce journal et même si j'me rappelle de rien, c'que j'peux dire d'un œil extérieur c'est que... j'n'étais vraiment plus heureux, j'ai fait beaucoup de mauvais choix que j'ai pas su rattraper, je me suis attaché aux mauvaises personnes, j'ai fait souffrir beaucoup de mes proches... Alors, j'essaie d'le voir comme une seconde chance un peu. J'suis plus dépressif ! Je n'étais pas certaine de savoir s'il parlait de moi, là. Est-ce que j'étais un mauvais choix ? Je n'avais pas l'air de l'être non, mais forcément s'il m'avait quitté pour Briony... Par contre, ce n'était pas une maladie ? Quelque chose d'incurable, qui l'avait rendu aussi dépressif... ? Maintenant j'sais qu'je dois faire attention.. que j'dois me mettre au yoga aussi Je riais en imaginant Andy faire du yoga. Ah ça, je peux t'aider avec ça !

- Enfin voilà, j'ai l'occasion de rattraper mes erreurs, et j'veux les rattraper avec toi aussi. Je penchais la tête sur le côté comme un petit chien. Alors, je sais pas si j'te l'avais déjà dit... Mais, j'suis vraiment désolé du mal que j't'ai fait et j'ai été un véritable... trou du cul, ne mâchons pas les mots allez. Il ouvrit grand les bras et je replaçais mes jambes pour que mes pieds touche le sol. Si tu veux m'taper m'profites-en, je te le proposerai pas tous les jours. Il plaisante là ? J'éclatais de rire. C'est du passé, Andy. Je ne pensais plus à lui à tous les jours, je ne pensais plus mon temps à me demander ce que j'avais fait pour que l'histoire s'arrête aussi brusquement... C'est vrai que parfois, ça m'arrivait encore de l'imaginer encore dans ma vie, de me demander ce qu'il aurait fait s'il était avec moi dans une certaine situation. Il me manquait, mais j'avais réussi à me trouver toute seule, sans lui. Je profitai cependant de ses bras ouverts, pour m'y caler confortablement. T'es un trou du cul adorable. Je riais en fermant les yeux.