J'avais su que quelque chose n'allait pas à la minute même où j'avais posé mon pied sur l'escalier. Et à mesure que j'avançais vers ma chambre, mon présentiment se confirmait. J'entendais derrière la porte des bruits et des voix qui ne me laissais présager rien de bon, bien différents et beaucoup plus bruyant ce ceux qu'avait fait Marc lorsqu'il était venu me surprendre dans ma chambre, le jour de mon emménagement.

Je collais mon oreille contre la porte, et entendais des voix que je ne connaissais pas, et qui, criardes comme elles étaient, ne pouvaient être que celles de Mathers. Putain. De. Merde. Des mathers en train de saccager ma chambre fraichement refaite et redécorée, qui plus est. Je sentais la colère monter en moi et, dans un excès de rage, pensais tout d'abord à ouvrir la porte à la volée et à pousser une bonne gueulante digne de ce nom, mais je me ravisais pourtant. Ce serait bien trop simple. Je pris le temps de respirer un bon coup, de réfléchir un peu alors que de l'autre côté de la porte, elles s'en donnaient à coeur joie. Dans un éclair de génie, je sortis mon portable et enclenchais la fonction vidéo.

J'ouvris la porte doucement, et fis bien attention à ne pas déranger les deux intrus. Mon coeur fis un bon quand je vis ce qu'elles avaient fait de ma chambre. Je ne savais pas ce qui me dégoutais le plus. Le fait qu'elle dégage à présent une odeur absolument infecte, ou les deux mathers, aussi dégueulasses à regarder l'une que l'autre. Au bout de quelques secondes suffisantes, je me décidais à ouvrir un peu plus la porte, et à révéler ma présence. Tiens donc, mais qu'est-ce qu'on a là .. Un sourire triomphant sur mes lèvres et le portable levée bien haut pour qu'elles puissent voir, j'avançais un peu vers elles, pour bien capturer leur visages. Souriez, vous êtes filmées.

Une autre personne arriva par derrière et scanda la devise des Mather. Je venais à peine de me tourner vers elle que je sentis une masse me tomber sur la tête, et la sensation extrêmement désagréable d'être étouffée par toutes les particules de farines qui rentraient dans mes poumons. Je fermais les yeux et toussais comme une folle, m'appuyant sur le mur et lâchant mon portable, que la brunasse prit et claqua contre le mur. L'air fut irrespirable pendant quelques secondes, et la pièce tellement remplis de farine qu'il fut tout d'abord impossible de deviner où se trouvait le téléphone. Putain. De. Merde. Je toussais encore beaucoup trop, mais au moins ma vision se rétablissait peu à peu. Il y eu quelques secondes de battement où tout sembla s'arrêter, et où tout le monde pris conscience des enjeux : il fallait récupérer ce portable.

Sans laisser à la brune le temps de finir sa tirade, je me tournais vers elle et la poussait de toutes mes forces contre le mur, priant pour qu'elle se fasse bien mal. Titubant presque et toussant toujours, je me ruais vers l'autre côté de la pièce, où j’espérais trouver mon téléphone et le vis enfin. Comme les deux autres mathers. Je me jetais littéralement dessus, comme une déchaînée, et arrivais de justesse à le prendre en main avant les deux autres. Je savais que j'étais en minorité, et je savais aussi que ce téléphone ne resterait pas longtemps entre mes mains. Mais qu'importe, j'avais juste besoin de m'assurer d'une chose, d'une toute petite chose.

Que mon Iphone ne soit pas mort sur le coup, et que la vidéo ait eu le temps se télécharger sur le cloud. Ma colère se mélangea à une prière. Faites qu'il s'allume, faites qu'il s'allume. Il ne fallait que quelques secondes pour que la vidéo se télécharge et soit disponible. Juste quelques petites secondes. Les insultes fusaient, et je m'étais mise en boule pour protéger ce portable qui avait pris une valeur immense. J'appuyais sur la touche centrale.

Il s'alluma.