Jour 6

   

   

Heure : 18h
Lieu : L'un des grands salons que l'hôtel met à disposition pour les étudiants
Contexte : Judith a convié ses amis pour une réunion-débat ouverte à tous sur l'importance de l'abstinence
Participants :  sujet ouvert à tous  

 La plupart des étudiants voulaient profiter du SB pour s’envoyer en l’air ou se droguer, ou bien même les deux en même temps. Mais je n’étais pas –la plupart des étudiants- Moi je profitais des vacances pour organiser une réunion-débat ouverte à tous les harvardiens sur la banalisation du sexe dans notre société. Au moment où cinquante nuances de Grey se retrouvait en tête du box office, je trouvais ça important qu’on puisse remettre les choses à leur place, surtout avec le spring break et la tendance de certains étudiants à faire n’importe quoi durant ces deux semaines, sans parler des ces horribles agressions qui avaient eu lieu au premier semestre. A force de faire l’apologie du sexe, la société finissait par créer des tarés frustrés qui s’en prenaient aux autres… J’avais donc profité des immenses salons que l’hôtel mettait à notre disposition pour organiser ce petit meeting. J’avais placardé quelques affiches et envoyé quelques messages espérant réussir à sensibiliser un maximum de mes camarades.

TG

Ne nous abstenons pas de nous abstenir.

Pourquoi j’ai remis les pieds dans un Spring Break ? Je l’ignore, j’ai fait une erreur ça c’est clair. Au bout de plusieurs années à Harvard, je ne dois toujours pas avoir saisi à quel point le Spring Break n’est lié qu’à des mauvais souvenirs. Mon accident, mon coma, la perte de Poppy, son éternel pétage de plomb et j’en passe. Mais je suis venue ici en partie à cause de Milena qui avait finalement décidé de laisser un peu New York de côté après ma petite visite et également à cause de Salomée qui a apparemment plus besoin de moi qu’elle ne peut l’avouer. J’ai une pression si immense sur les épaules depuis mon retour que je ne sais à nouveau plus donner de la tête, au fond, partir avait été une réaction lâche certes, mais je n’avais plus rien à assumer. Je souffle une fois de plus dans ma chambre alors que je viens d’enfiler un tee-shirt et un short, plus rien à foutre que l’on voit toutes mes cicatrices. Je passe une main dans mes cheveux ultras courts et consulte mon portable qui se met à vibrer. Judith a besoin de moi, mais qu’est-ce qu’ils ont tous à compter sur moi ? Je ne réponds pas et me mets directement en route pour la salle, il ne me faut que quelques minutes pour y arriver. Je la vois alors dans la salle et je fronce les sourcils, ça pue l’arnaque son truc. « Tu as besoin de moi ? »

Une personne venait d’arriver : Haytam ! Un grand sourire ravi étira mes lèvres, même si lui il me regardait avec un air suspicieux. « Oh, c’est super que tu sois là Hay ! » fis-je en me levant aussitôt de ma chaise et en l’attrapant doucement par le bras, comme pour l’empêcher de faire machine arrière. « T’énerves pas hein… Je sais que tu veux plus entendre parler de ces histoires de club d’abstinence tout ça mais… » Je me pinçais les lèvres, pressentant que mon –piège- n’allait pas être du goût de mon ami. « J’ai pas pu m’empêcher d’organiser un petit meeting ici ! » lâchai-je avant de me justifier précipitamment : « C’est pour parler de la place du sexe dans la société, sensibiliser les gens, ils ont tendance à faire tellement n’importe quoi pendant le spring break tu vois. » Je lui lançais un regard suppliant ensuite : « Je t’en prie reste. Tu seras même pas obligé de parler, juste reste faire acte de présence, s’il te plait s’il te plait s’il te plait ! » Je joignis mes deux mains en le scrutant, espérant sincèrement qu’il allait rester, surtout que pour l’instant à part lui il n’y avait personne alors ma petite réunion allait peut être finalement tourner au tête à tête.

On était au spring break, ce qui veut dire la semaine de relâche avant les examens. La semaine où tous les étudiants font la fête, boivent, fument et couchent ensemble. & quand on accumule alcool + sexe, il arrive souvent des problèmes : on oublie les protections. Oui oui, tellement dans le feu de l'action que l'on oublie de prendre des précautions et après des conséquences très grave arrivent vite. J'avais donc décidé d'agir bénévolement dans un grand intérêt pour tous mes camarades étudiants d'Harvard. J'allais agir pour la bonne cause. J'avais acheté un petit stock de préservatifs et étant habillée assez bien, je m'étais postée près des salons de l'hôtel afin de distribuer les préservatifs. Ce que je ne savais pas c'est que à côté du salon où j'étais, une réunion/débat avait lieu concernant l'abstinence. c'était assez contraire avec ce que j'allais faire. Me mettant en place, j'approchais un étudiant afin de lui parler. Bonjour, je suis réceptionniste à l'hôtel et nous mettons en place une prévention contre l'abus d'alcool et le sexe sans protection. Veuillez prendre ceci et vous protéger. Je tendais un des préservatifs que j'avais en main, toute fière de moi de mon action. J'allais passer peut être pour une folle, mais je savais que la plupart allait sauter sur ce plastique et ce qui se trouve à l'intérieur. Ca leur évitait d'en acheter.

HJ:

J’étais en train d’essayer de convaincre Haytam de rester, après lui avoir tendu une sorte de piège pour le faire venir à ce petit meeting quand la présence d’une brune attira mon attention. A quelques mètres seulement du salon où nous devions tenir notre débat, la jeune femme était en train de distribuer des capotes. « Non mais je rêve ou quoi ?!? » m’exclamai-je en remarquant son petit manège. Je lâchais Haytam sur le coup et commençai à m’éloigner de lui en lui demandant néanmoins : « Ne bouge pas, je reviens tout de suite… » Je voulais pas qu’il profite de cette distraction pour s’échapper. Je m’approchais du distributeur ambulant de préservatifs (Elia), je tapotais doucement son épaule, malgré mon sang qui bouillonnait dans mes veines, et je me retins d’être impolie ou agressive, ce n’était pas dans mon tempérament même si je sentais que je risquais de perdre mon calme. « Excuse-moi… » Quand la brune se retourna vers moi, je lui demandais : « Je peux savoir à quoi tu joues ? »

TG

Ne nous abstenons pas de nous abstenir.

Ça sent purement le traquenard et je m’en veux déjà d’avoir foutu les pieds dans cette foutue pièce. Je soupire tout en enfouissant les mains dans les poches, je sors quelques mots, je viens de signer mon arrêt de mort ou de honte… j’en sais foutrement rien. Dès que je vois le regard de la rousse se poser sur moi je sais que c’est la fin et je me laisse entraîner comme je peux. « Oh non-pitié pas ça… Judith ! » Je la supplie tout en m’énervant légèrement, sans rien de méchant. Je ne supporte pas ces réunions que ce soit pour quoi que ce soit, là en l’occurrence pour l’abstinence. Non désolé je n’ai pas envie de crier sous tous les toits que je suis encore puceau. « Je t’avais déjà dit non et toi tu abuses… moi comme un con j’ai foncé tout droit dans le piège. » Je me claque le front comme pour me remettre les idées en place puis je souffle derechef. Ces réunions lui tiennent à cœur et j’aime l’aider mais pas pour ce genre de truc… Je suis alors son regard qui se détourne de moi pour aller scruter une jeune femme. Je laisse alors la demoiselle s’éclipser vers elle, serait-ce ma porte de sortie ?

Voilà j'avais enfin mit mon plan en oeuvre. Je distribuais des préservatifs bénévolement pour le bien de tous mes camarades, pour qu'ils ne choppent pas des MST ou que des enfants soient mis au milieu sans rien demander. Parce que je voyais souvent ce genre de choses arriver. Beaucoup de personnes tombaient enceinte à Harvard alors en période de spring break ça devait être pire. Le seul hic c'est que je faisais ceci devant la mauvaise salle, pourtant c'était pas faute que l'hôtel possède des tas de salles. « Excuse-moi… » Entendant une voix derrière mon dos, je me tournais pour voir une demoiselle rousse (Judith) en face de moi. « Je peux savoir à quoi tu joues ? » Bon elle avait pas l'air commode mais j'étais loin de penser qu'elle faisait quelque chose d'opposé à ce que je faisais, je lui tendais donc un préservatif. Tu en veux un c'est ça ? Comment pouvais je deviner qu'elle était en train de faire un débat pour rallier des personnes à la cause de l'abstinence ? C'était pas écrit sur son visage. Je distribue des préservatifs car comme tu sais on est en spring break et bien trop de jeunes font n'importe quoi entre l'alcool et le sexe et ils oublient de se protéger, chose qui peut entrainer des conséquences assez grave. J'étais très sérieuse dans mon discours et je me doutais pas que j'allais déclencher la haine de la jeune femme.

J'avais promis à Judith que je viendrais à son débat cette après-midi. Surement parce qu'on faisait partie du même "groupe" pour ainsi dire, de la même catégorie de personnes et qu'on partageait les mêmes opinions. J'étais plutôt le genre de fille discrète qui ne faisait pas remarquer et qui préférait garder sa vision des choses pour elle seule mais bon, comme c'est une bonne amie, je vais faire un effort et la soutenir coûte que coûte. J'arrive un petit peu en retard parce que j'ai eu ma mère au téléphone et que celle-ci ne voulait plus me lâcher, me demandant de lui passer Jules alors que mon frère n'était pas dans les parages et que j'ignorais d'ailleurs où il se trouvait actuellement. Bref, je suis arrivée dans la salle avec du retard mais, le sourire aux lèvres malgré tout et j'ai directement rejoint Judith. Hey salut ! Désolé pour le retard ! J'ai souri au jeune homme qui se trouvait à ses côtés. Qu'est-ce que j'ai raté ?

Haytam s’était fait piégé. Je l’avais supplié de rester mais je n’eus pas le temps de poursuivre mon argumentaire, une jeune femme au physique de mannequin (Elia) débarqua pour s’improviser distributrice de capotes. Ou comment encourager les étudiants à la faute. Des préservatifs gratuits ça voulait clairement dit : allez y, niquez à tout va ! Je m’étais approchée d’elle pour l’interrompre. J’écarquillais de grands yeux : elle me proposait sérieusement des préservatifs. J’ouvrais la bouche choquée. « Mais… Non, bien sûr que non ! J’en veux pas » balbutiai-je. J’attrapais néanmoins le sachet qu’elle me tendait pour le balancer plus loin : « Tu sais qu’on est en train d’essayer d’organiser un débat ici… Et ta petite distribution va tout gâcher. » fis-je sur un ton sec. « Alors sois sympa et remballe tes affaires… S’il te plait. » J’avais du mal à être méchante, même énervée comme je l’étais, et puis je restais quand même intimidée par la brune. Ouf Marylin arrivait au côté de Haytam. Elle allait l’empêcher de s’enfuir. Et peut être que mes amis allaient pouvoir venir à ma rescousse.

Je connaissais pas cette jeune femme (Judith) et même si elle semblait pas très commode dans sa façon de me demander ce que je faisais, j'ignorais qu'elle était à l'origine d'un débat sur l'abstinence et je lui proposais un préservatif. « Mais… Non, bien sûr que non ! J’en veux pas » Elle le prit quand même et je la regardais le balancer. Ok elle elle avait un soucis avec le sexe. Ou alors elle était juste surprise et honteuse d'accepter une telle chose devant du monde. « Tu sais qu’on est en train d’essayer d’organiser un débat ici… Et ta petite distribution va tout gâcher. » J'étais pas certaine de comprendre, je levais donc un sourcil. Un débat ? demandais je ne comprenant et lui demandant ainsi un débat de quoi. « Alors sois sympa et remballe tes affaires… S’il te plait. » Je fis un grand aaaaaaah sans aucun son. Tu fais un débat sur l'abstinence c'est ça ? Si ça la gênait tant ma distribution et que ça allait tout gâcher, ça ne pouvais être que ça. Je range mes affaires mais je participe au débat. Ouais j'étais curieuse de savoir ce qu'elle allait dire. J'avais rien contre ces personnes qui ne pratique pas le meilleur sport au monde, au contraire c'était une bonne chose d'attendre longtemps et je les couronnerais même d'une médaille pour leur courage de ne pas céder à la chair humaine. C'était vraiment pas facile de se contenir en présence de personnes qu'on trouve irrésistible. Je rangeais alors les préservatifs dans les poches de ma veste pour lui montrer ma bonne foie et je partais dans la salle pour suivre ce débat.