Je ne sais pas vraiment si je vais bien ou non mais clairement, je me rendais encore plus compte de ma joie d'avoir retrouvé ma vie en revivant mes mois de solitude, mes mois dans la peau d'un zombie, d'un autre, ombre d'une personne en me retrouvant dans ce pays qui m'avait fait être porté disparu. Nouvelle-Zélande, doux pays de ma perte ! Je marchais sans vraiment de but, droit devant moi, surement bien perdu décidant qu'il était surement temps de me poser. J'avais entrepris un jogging à l'aube et à présent, après l'avoir éternisé à plusieurs heures, d'une simple marche, je me retrouvais à l'entrée du bar, surpris, de trouver mon frère, le dernier qu'il me restait, mon unique famille proche, accoudé au bar. Je fonçais dans sa direction et je me posais à ses cotés. Je osais une main sur son bras, affectueusement avant de dire : crois-tu que c'est une heure pour picoler mon cher frère !? Je l'avais dit d'une voix qui se voulait douce et attentionnée.

Je fus arraché à mes sombres pensées par une main se posant affectueusement sur mon bras. Je relevais les yeux vers celui qui venait de m’interrompre et reconnus mon frère aîné. « Emrys… » commençai-je gêné mes yeux voyageant du verre devant moi à mon frère. Il avait beau s’exprimer d’une voix qui ne contenait aucun jugement, je me sentais comme le petit frère pris en faute. Je rangeais la photo de famille que j’étais en train de contempler et je répondis ensuite : « Je crois qu’il y a pas d’heure en ce moment… C’est le spring break non !! ». J’essayais de prendre un ton enjoué, de justifier que si je me trouvais là à boire tout seul dès le matin, c’était uniquement parce que c’était l’esprit des vacances. Mais la vérité c’était que je m’enivrais tout au long de la journée depuis que j’avais rompu avec ma petite amie. Mon frère et moi nous étions pas mal éloignés ces derniers temps, je ne savais donc pas trop si il allait être dupe ou non de mon mensonge.

La main sur son bras, je voulais montrer que malgré notre embrouille récente, je le regrettais et ne pouvait le zapper de ma vie parce qu'il était mon sang et qu'il était mon bon coté, le meilleur d'ailleurs. Soupirant, je n'aimais pas qu'il tente de me duper sur son état car il était impossible de croire qu'il allait bien meme en disant que c'était le spring break d'une voix folle, non ça ne marchait pas du tout. Je grimaçais en le regardant ainsi détruit et remarqua néanmoins avec un sourire la photo qu'il venait de ranger. D'abord, je n'avais rien dit mais je ne pus m’empêcher de le reprendre là dessus : Moi aussi, ça me manque... tu me manques ! Je vois bien que ça ne va pas et ça me rend fou de te voir ainsi ... Je pris son verre et but cul sec ce qu'il avait laissé - il l'avait bien entamé -. Je passais une main dans les cheveux, pensif avant de demander : alors raconte moi... tu sais que tu peux tout me dire !? Je le prenais par l'épaule, affectueusement.

Le regard d’Emrys capta mon geste lorsque je cachais la photo dans ma poche. L’avait-il reconnu ? Ses paroles me firent penser que oui et qu’en plus il n’avait pas été dupe de mon apparente décontraction. Il me confia qu’il n’aimait pas me voir ainsi avant de vider mon verre, probablement pour m’empêcher de finir mal alors qu’il n’était que 11h du matin. « Emrys j’veux pas t’embêter avec mes soucis… Je…» On n’était plus aussi proches qu’avant, alors j’savais pas vraiment ce que je pouvais lui dire ou pas, ou m’arrêter dans mes confidences, parce que ma vie était un désastre en ce moment et que si il s’en rendait compte il n’allait peut être plus vouloir en faire partie. Il posa sa main sur mon épaule et je lui servis un sourire triste : pourquoi fallait-il toujours que ce soit les pires situations qui nous rapprochent finalement. « Je suis cocu Emrys. » La suite : malheureux, triste, dépité et alcoolisé était sous entendu derrière ce simple adjectif –cocu- qui voulait dire un peu tout cela à la fois.

je voyais bien qu'il n'allait pas bien du tout et ça ne me plaisait pas. Qui pourrait apprécier de voir son unique famille, un être aussi cher à son cœur, si mal ? Personne alors forcément, je n'appréciais pas qu'il ose me dire qu'il pouvait m’embêter. Nerveusement, je tapais sa main comme un effet d'une règle sur ses doigts fins puis je dis nerveusement ; je t'interdis de ne pas me parler... je haie cette situation débile entre nous... t'es mon frère, je t'aime alors tu vas parler et c'est tout ! Je le regardais d'un air saoulé et presque déjà mal en point. Là, il sembla douter et me balança qu'il était cocu. Mes yeux s'ouvrèrent en deux billes folles tant j'étais choqué de cette révélation et puis, je comprenais pas trop que ça arrive à un super mec aussi respectueux et respectable que mon frère. Une grimace, partagé entre le dégout et l’énervement, je lui dis en serrant son épaule fermement : Je suis désolé frangin mais tu en es sur ? qu'est-ce qu'elle a dit ? vous en avez parlé non ? J'étais juste en rogne qu'une fille puisse faire du mal à mon frère; non rien que le fait qu'on lui fasse du mal me révolté.

Un petit sourire se dessina au coin de mes lèvres suite aux paroles d’Emrys. J’avais eu des mots durs contre lui lors de notre dernière dispute, j’y étais allé fort dans les reproches, et de voir qu’il était toujours là malgré tout, à mes côtés, présent pour me soutenir dans cette nouvelle épreuve, cela me faisait chaud au cœur. « Merci Emrys… Tu sais qu’je suis désolé pour l’autre fois. » confessai-je gêné avant de de lâcher le morceau et de raconter à Emrys le pourquoi de ma présente à ce bar à une heure pourtant bien précoce. « J’en suis sûr ouais… » fis-je d’un air dépité. Sa main qui se ressera sur mon épaule m’aida à poursuivre. Parce que même plusieurs jours après c’était toujours aussi dur à raconter. La gorge nouée, je repris finalement : « C’est pas elle qui me la racontait dans un premier temps, c’est lui… Celui avec qui elle a… Bref, il s’appelle Mathéo Silver, j’sais pas si tu le connais, il était supposé être son meilleur pote mais je crois qu’on a pas la même conception de l’amitié. »

Je suis là pour soutenir mon frère et quand je vois que ce soutien si fort est reconnu, qu'un doux sourire s’affiche sur ses lèvres, je ne peux que me voir ravi. Ainsi, quand il s'excuse de ces erreurs, de notre conne de dispute, je ne peux que montrer à mes expressions que je suis lasse de ces disputes et ajouter ; ce n'est pas que toi, moi aussi, je m'excuse mais je t'aime et je veux pas qu'on se perde encore d'une façon débile ... Je grimace en commandant deux verres, me résignant car on n'en a tout deux besoin et je lui souris, débile. Alors que je reserre la pression sur son épaule, il me raconte plus, développe et je suis saoulé, saoulé de toutes ces merdes qui nous arrivent sans cesse et je ne peux que répondre : oui j'ai bien fait de commander à boire ... Je vois le serveur poser les verres et faisant un clin d'oeil, je fais comprendre qu'il est temps de boire. Je passe ma main dans mes cheveux, cherchant quoi dire et je me mord la lèvre, incompris. Putain... les meilleurs potes faut toujours sans méfier ... comme quoi ! Purée, j'sais pas quoi t'dire ... juste que tu ne peux que avaler doucement et digérer la pilule, ce sera chaud mais lui montre pas que ça te touche surtout pas ... avais-je en passant mes mains sur mes yeux.

Emrys me sourit avant de s’excuser à son tour… « Je crois les Zacharias, on est les rois des cons, alors les disputes débiles ça nous connaît… » tentai-je de relativiser. Il y en aurait surement d’autres, pour des raisons tout aussi bêtes, mais dans tous les cas j’étais sûr d’une chose : « Je t’aime aussi mon frère, alors qu’importe ce qu’il se passe, qu’on s’engueule, qu’on s’éloigne, qu’on se perde de vue, tout ce qui compte c’est qu’on finisse toujours par se retrouver. » Emrys avait commandé deux nouveaux verres, choix qui s’avéra judicieux, comme il le fit remarquer, vu l’annonce que je lui avais faite… « Et c’est pas fini… Attend la suite car il va peut être falloir redemander d’autres verres… » annonçai-je avec une pointe d’humour noir. Ouais la suite de cette tromperie allait être un sacré choc, j’allais peut être devoir attendre qu’Emrys ait fini son verre pour poursuivre. J’attrapai d’ailleurs l’une des boissons que le serveur nous avait amenées tout en écoutant les paroles d’Em. « Mais ça me touche… » confessai-je avec un regard qui trahissait tout le désespoir que cette trahison de Talya avait provoqué en moi. « J’arrive pas à réaliser qu’elle m’ait fait ça, qu’elle ait tout gâché. »

Et on se prépare à se prendre une murge parce que au final, il a raison, c'est le spring break alors profitons ! Je l'écoute parler de nous et j'aime comment il en parle, j'aime savoir que jamais je ne perdrais mon frère et entendre de telle parole, savoir que je peux compter sur lui meme si au fond, j'en ai jamais douté ! Il m'angoisse en m'annonçant que je vais devoir m’accrocher et surement prendre d'autres verres, là je flippe alors dès que le verre arrive, je trempe direct les lèvres à m'en bruler la gorge quand l'alcool coule. Là, je pige pas ... qu'est-ce que tu dis pas là ? Je bois comme un trou dès le matin. Je le sens vraiment mal et ça me touche profondèment autant que ça le touche apparemment que je le soutienne à ce point. Là, il me dit qu'il ne la comprend pas et je finis mon verre d'un coup : je pense qu'on ne peut jamais comprendre mais accouche ... avant que je finisse bourrer, tu me caches quoi ? Je désespére et pourrait me noyer dans le verre vide limite.