Je bois une gorgée de Get en parcourant la salle des yeux. Les filles se comportent comme dans n’importe quel autre bar, la pression masculine en moins. Je dois avouer que c’est agréable, reposant même, de boire seule sans se faire aborder par un gros lourd qui voudra combler notre isolement affectif. Je ne me sens pas seule. Je suis venue ici parce que j’avais besoin de me détendre, de souffler, d’oublier un peu. En ce moment l’hôpital tourne à plein régime, à tel point que j’ai du annuler certaines de mes gardes à la caserne pour venir prêter main forte à mes collègues aux urgences. Et puis il y a les cours, la pression des examens, sans parler de l’ambiance à la maison ! Quelle idée de se mettre en coloc avec autant de gens… Alors j’ai saturé, j’ai fermé mes cahiers, coupé mon téléphone, et j’ai couru en ville à la recherche d’un endroit où je pourrais me détendre en toute tranquillité. Pourquoi un bar lesbien ? Je sais pas, pour pas mourir idiote je suppose. J’aime bien regarder les filles, les toucher. C’est tout le contraire d’un homme  plat, dur et sec, non une fille c’est moelleux, pulpeux, il y a des courbes et des rondeurs. Alors pourquoi je m’en priverais quand j’en ai envie ? Je ne suis pas vraiment « en chasse » ce soir mais je ne peux pas m’empêcher de détailler les corps qui passent devant mes yeux. Celle-ci est trop fine et se tient mal. Celle-là est bien foutue mais habillée trop vulgairement pour être attirante. Cette autre pourrait me plaire si elle avait de plus longs cheveux. Elle par contre capte tout de suite mon attention. Beaux cheveux cendre, regard clair, à l’air un peu fatiguée mais maintient impeccable, peau dorée, et une impression de déjà vu. Oui, je suis sûre de la connaître mais impossible de me rappeler d’où. Et comme toujours quand une question me turlupine je vais immédiatement chercher ma réponse. Je viens vers elle et lui lance tranquillement : « Salut, on se connaît non ? » Technique d’approche la plus nulle du monde, je vous l’accorde. A tous les coups elle va penser que je la drague. C’est vrai qu’elle est agréable à regarder, mais là tout de suite je veux juste me rappeler qui elle est parce que je suis vraiment sûre de la connaître. Et le Get ne m’est même pas encore monté à la tête.

J'en étais déjà à mon second verre de morito et ma tête ne me tournait pas encore. C'était assez inhabituel dans le sens où j'étais quelqu'un d'assez menue ne supportant pas bien l'alcool. Que pouvais je faire dans un bar alors ? Me détendre sans doute ? Ou peut être me sentais je seule. Même si j'étais en colocation, je n'avais pas forcément envie de parler de tout ce qui me trottait dans la tête à Nancy. Mon homosexualité n'était un secret pour personne mais le sujet de l'anorexie n'était jamais évoqué en soirée avec mes amis. Je n'aimais pas que les gens sachent et je préférais sincèrement fermer les yeux sur le retour de mes anciens démons. Alors que je pensais siroter calmement mon verre dans un coin du bar, une jeune fille aux cheveux couleur de feu s'approcha soudain de moi. En un instant, j'eus l'impression que nous nous connaissions déjà. « Salut, on se connaît non ? » demanda t'elle. Voilà qui confirma mes impressions. " A vrai dire j'ai pensé la même chose en voyant ton visage. J'étudie à Harvard et il y a plutôt beaucoup d'élèves.... peut être nous sommes nous déjà vue sans s'en souvenir ? " répliquais je le sourire aux lèvres. " Moi c'est Pandora, alias Panda pour les intimes et toi ? Veux tu t’asseoir avec moi ? ". J'espérais faire plus ample connaissance avec cette jeune fille qui semblait m'attirer.