La vie de débauche, y'avais rien à dire mais c'était la vie. Je m'amusais tellement à me détruire la santé, à prendre toutes sortes de drogues et à boire de l'alcool jusqu'à plus soif. Mais il fallait aussi que je pense à réviser mes cours. AHAHAHAHA, c'est moi qu'avait pensé ça ? Tristesse, moi réviser ? Jamais. Je m'étais alors dirigée jusqu'au parc d'Harvard où j'allais pouvoir me poser tranquillement, histoire de fumer un joint pour décompresser de la journée qui venait de passer. Je sortis alors de mon sac un livre d'histoire de l'art, histoire de faire croire aux gens que je révisais, puis je m'allumais mon pétard tranquillement. Je tirais une taffe et inspirait la fumée, la laissant pénétrer dans mes poumons comme une sorte de libération. J'espérais que personnes ne viennent me déranger, autant vous dire que je n'allais pas le recevoir avec sympathie.

J'étais vraiment fatiguée de tout ça. La routine incessante, les mensonges constants. A croire que toute ma vie était fabriquée de toute pièce. Quelque part, c'était vrai. A commencer par mon prénom. Me présenter tout les jours sous le pseudonyme de Chrissy alors que dans la triste réalié, j'étais Carrie. Carrie Jade Théa Rosen. Ça, c'était moi. Mais il y avait tellement longtemps que je n'avais pas pu l'être. A tel point qu'au final, je ne savais même plus qui j'étais. Jolie petite menteuse. Et tout ça pour protéger encore et toujours Chrissy. C'était parfois lassant mais, je ne pouvais pas la laisser tomber. Après tout, c'était pour elle qu'on faisait tout ça. Et j'vivais un cauchemar, le cauchemar qu'aurait du être sa vie. Entre les mariages arrangés, l'absence de liberté et la bientôt prise de pouvoir. J'voulais pas être reine, c'était pas moi ça. Et pourtant, avais-je vraiment le choix ? Et comme à chaque fois, je me trouvais au même endroit qu'elle. Comme si nos pensées restaient sans arrêt connectée nous laissant inconsciemment rejoindre les même lieux. Je me laissais tomber à côté d'elle plissant les yeux à l'odeur de sa cigarette qui n'en était pas vraiment une. « Faudra que tu m'expliques pourquoi tu te pourris la santé comme ça. »

Je me laissais la plupart du temps, aller dans une spirale infernale, sans possibilité de trouver une sortie dans ma vie faite uniquement de mensonges. Je ne supportais pas cette fille à l'intérieur de moi. Cette fille qui devait porter le prénom de sa soeur, tout ça parce que j'avais été diagnostiqué schizophrène. Après tout, qu'est-ce que j'y pouvais moi, si j'étais devenue totalement folle ? C'était probablement la faute à mes parents, c'était eux les personnes à blâmer, pas moi, ni même ma soeur. Le livre devant le visage, je faisais semblant de réviser alors que j'étais entrain de me fumer un pétard, il fallait bien que j'en profite de temps en temps non ? Alors que je sentais une présence à côté de moi, je me doutais bien que c'était Carrie. Je tournais alors mon regard vers elle et esquissait un large sourire, avant qu'elle ne me demande pourquoi je me détruisais la santé comme-ça. J'hauchais les épaules puis détourna le regard de sa personne, en souriant amusée. J'aime bien. Tu devrais essayer un peu, ça déstresse. Je tournais alors de nouveau mon regard vers elle, c'est fou à quel point on se ressemblait toutes les deux.

Non mais j'avais vraiment un souci avec la drogue et tout ça. Peut être parce que je ne fumais pas moi même et que j'avais du mal à concevoir que ma jumelle puis s'adonner à ce genre d'excès. Puis parce que j'étais aussi convaincue qu'avec son traitement c'était une véritable erreur que de se permettre de prendre de la drogue. Et pourtant, j'pouvais dire ce que je voulais, elle ne m'écouterait pas. Chrissy était du genre à n'écouter personne de toute façon. L'pire dans tout ça, c'était le fait que ça la fasse rire. Le fait qu'elle trouve ça totalement normal. « J'en ai pas besoin. Et t'en a pas besoin non plus d'ailleurs. » Bien entendu, elle se contenterait sûrement de me rire une nouvelle fois au visage sans accorder d'importance à ma réflexion. Comme toujours. « Pourquoi t'es pas venue à mon mariage ? » J'pouvais concevoir que les rapports entre elle et mes parents étaient plutôt compliqués mais.. J'aurais vraiment pensée qu'elle aurait été présente. Qu'elle m'aurait soutenue dans cette épreuve et non.. Rien. J'avais juste été toute seule.

Des fois je me demandais qui je pouvais bien être, est-ce que je devais être cette fille qui a une étiquette coller dans le dos et qui espère avoir une vie meilleure ? Non, sornettes. Je ne suis pas de ce genre de personnes et je ne le serais jamais. J'aimais avoir le libre contrôle sur ma vie, même si avec ma maladie ce n'était pas toujours facile d'être maitresse de ses propres choix. Et là, je voyais Carrie qui s'installait à côté de moi. Je savais qu'elle n'était pas d'accord sur le fait que je me détruise autant la santé mais qu'est-ce que j'y pouvais moi ? J'étais comme-ça et c'est tout, et même si avec toute la volonté du monde je décidais d'arrêter, j'ignorais si j'en étais capable. Ouais, peut-être bien que oui, peut-être bien que non. Je n'allais pas rire, je me contentais juste d'un sourire glissé à la commissure de mes lèvres. Sorry petite sœur, je ne pouvais pas changer de comportement du jour au lendemain, sans crier garde. Et là vint une question qui me perturba. Elle parlait de son mariage avec Nemo, et bien évidemment que j'avais été mise au courant. Mais là elle me reprochait de ne pas avoir été là pour elle et je la comprenais. Normalement c'était moi qui aurait du être à sa place. J'suis désolée Carrie... J'sais pas quoi te répondre... J'ai tout simplement pas d'excuses. J'haussais les épaules, comme-ci ça allait changer quelque chose. Qu'est-ce que je pouvais bien lui dire après tout ? Je ne voulais tout simplement pas faire tâche ? Mensonge. Je m'en fichais de ce que pouvais bien penser les autres.

C'était sûrement ça le plus affreux. Se sentir seule dans ce genre de situation. Et pourtant, est ce que je pouvais vraiment la blâmer ? Chrissy et moi, on avait toujours été assez proche. Carrément proche même. Comme si on ne faisait qu'un par moment. Mais y avait eu tout un tas de choses qui nous avaient éloignées peu à peu. Sa maladie était sûrement en première position même si je n'avais jamais arrêtée de prendre sa défense encore et encore. Pourtant, y avait cette fissure entre nous. Si plus jeune on était totalement indissociable, c'était plus vraiment le cas maintenant. Tant au niveau physique qu'au caractère. Le même visage mais pas le même genre. On avait empruntées des chemins différents et il arrivait de plus en plus souvent qu'on ne se comprenne pas. Comme si quelque chose était cassé. Pourtant, elle devait savoir que je me sentais aussi perdue qu'elle. J'voulais plus que tout récupérer mon identité. Etre de nouveau Carrie, le garçon manqué, beaucoup trop têtue qui n'accèderait pas au trône. J'voulais être encore cette fille là parce que c'était moi tout simplement. « T'es agaçante Sy' » J'avais chuchotée histoire d'éviter qu'une possible oreille indiscrète n'entende quelque chose de bizarre. En privée, on reprenait nos vraies prénoms. Il était impossible pour moi de l'appeler Carrie alors que.. Alors que c'était moi. « T'es fâchée contre moi ? J'ai fais quelque chose ? » C'était peut être ça la raison de son absence. Peut être que j'avais fais quelque chose et qu'elle ne m'en parlait juste pas.

C'est vrai que j'avais l'impression qu'on s'était éloignées Carrie et moi et dans le fond, ça me faisait mal, parce qu'on était jumelles et avait toujours été du genre super proches. Je suppose que la situation s'était dégradé entre nous au moment où j'avais été envoyé en pensionnat l'âge de mes onze ans. Je m'étais éloignée de ma famille et de Carrie par la même occasion, et bien que nous avions le temps de nous voir pendant les vacances scolaires, ça ne changeait rien, nous avions pris nos distances, ou du moins, j'avais pris mes distances et aujourd'hui j'en prenais un peu plus conscience. J'suis désolée Riri... J'inspirais profondément et tournait mon regard vers elle. Je n'avais pas spécialement envie qu'elle me voit différemment ou que je la répugne mais qu'est-ce que j'y pouvais si mon caractère avait autant changé ? Des fois je me demandais et j'essayais d'imaginer ce que pourrait être ma vie si j'avais gardé ma place d'aînée de la famille et si je n'étais pas tombé malade. Je voyais à la tête de Carrie qu'elle m'en voulait de ne pas être venue à son mariage et dans le fond je comprenais. Non non pas du tout choupette... Dit pas des trucs comme-ça. Je secouais alors négativement la tête et j'ignorais si c'était la drogue ou juste une envie soudaine, mais je la pris dans mes bras. J'avais l'impression que ça faisait une éternité que je ne l'avais pas touché, comme-ci elle était précieuse au point de vouloir m'éloigner d'elle.

C'était possible puisque j'avais parfois l'impression qu'on ne se disait plus rien. Comme si on tentée de couper le lien qui nous unissait de base. Plus de confidence, plus de messe basse. Y avait plus que ce secret datant de douze ans qui nous unissait encore. Peut être que j'étais un peu trop extrémiste. C'était pas moi ça. Moi j'étais l'optimisme à toute épreuve, le sourire incessant et le rire à longueur de journée. J'étais de celle qui riait pour un rien, qui trouvait le meilleur dans le pire et qui donnait de l'éclat à la pire des choses. Alors non, j'étais pas en train de perdre ma relation avec Chrissy. On s'éloignait juste un peu et on finirait par se retrouver en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. C'était comme ça, on pouvait pas faire autrement. Riri. J'avais l'impression qu'il y avait une éternitée qu'elle ne m'avait pas surnomée de la sorte. Peut être que c'était le cas. J'fermais les yeux et j'revoyais les premiers temps sans elle. L'absence insupportable et l'attente insoutenable de son retour. Maintenant, c'était presque comme si ce n'était pas important. « Pourquoi tu me repousses alors ? J'ai toujours l'impression que tu me repousses. » J'clignais à plusieurs reprises des yeux comme un mauvais tic alors que d'un coup, je sentais ses bras m'entourer signe d'une trève. « Tu sais que c'est pas ma faute tout ça Sy ? Tu sais que j'voulais pas moi ? » Peut être qu'elle me tenait pour responsable. J'savais plus trop en fait.

La relation avec Carrie s'était dégradé et est-ce que j'étais responsable ? Est-ce que je devais me blâmer pour ça ? Probablement, après tout j'étais devenue l'ombre de moi même, un fantôme qui ne pense qu'au sexe, à l'alcool et à la drogue. J'avais oublié ma soeur, je l'avais lâché au moment où elle avait eu le plus besoin de moi. Aujourd'hui je m'en voulais, je n'aimais pas cette situation dans laquelle nous nous étions fourrés et je voulais en sortir. Oui, j'étais persuadé qu'il était possible de prendre un nouveau départ. Non. Je ne te repousse pas... Je suis désolée de te laisser voir le contraire... J'inspirais profondément, pourquoi je devais la mettre aussi mal que ça ? Elle était mon tout, mon identique, et je savais que je n'avais pas le droit. Je sais... Je sais que tu ne le voulais pas... Carrie je sais juste plus du tout où j'en suis, mais tu sais que je t'aime pas vrai mon Riri ? Je la regardais, les yeux brillants d'espoir, je ne voulais pas qu'elle ne croit plus en moi.

Ouais, c'était ça le souci, tu savais plus trop. Peut être qu'elle te tenais pour responsable de tout. De l'échange d'identité et tout ce qui allait avec. Peut être que par moment elle pensait que tu lui avais volée sa vie et.. Tu voulais tellement pas que ce soit le cas. Parce que merde, tu le lui rendais quand elle le voulait. Tu voulais pas de tout ça toi, t'aurais carrément préférée pouvoir être un peu tranquille et vivre ta vie sans subir tout les inconvénient de la princesse accédant au trône. Alors non, tu supportais très mal le fait de sentir qu'elle te rejetait. Vraiment. T'avais carrément du mal avec ça. Et pourtant, elle t'assurais qu'elle ne te repoussais pas. Pourquoi avais tu cette désagréable impression alors ? Tu souriais même si ce n'était pas très sincère avant d'hausser les épaules. « Et je t'aime aussi Syssy. Tu sais que tu peux compter sur moi han ? Genre tout le temps. » Parce que ouais, elle pouvait t'appeler à n'importe quelle heure du jour comme de la nuit que tu serais là pour elle. C'était évident. Et tu tendais ton petit doigt pour qu'elle fasse de même comme lorsque vous étiez enfant. « Je serais toujours la pour toi Chrissy, promis. »