Ça m'énervait. Ce froid, cette distance, alors que je ne savais pas du tout ce qui se passait. Pourquoi est-ce que je ne pouvais simplement pas envoyer un sms à ma soeur sans que ça soit considéré "bizarre" ? Certes, ça fait longtemps... Mais j'aurais espéré avoir une relation avec elle, comme j'ai avec Kenny disons. Même si ça fait 5 mois qu'on ne s'est pas parlé, on est toujours là l'un pour l'autre. Non ? J'comprends pas ce qui se passe avec elle... et en plus, quand on se voit finalement, elle est super réticente.

- T'as rien fait. Ah ? J'te déteste pas Apple. J'ai.. J'ai juste toujours eu l'impression de n'être rien à côté de toi et.. J'veux plus être la sœur de la merveilleuse Apple Kovalevski. J'suis une personne moi aussi. Bam, un poignard dans mon cœur. C'était un sujet sensible chez moi déjà, la richesse. La popularité. Ça ne me plaisait pas, tout ce qui m'arrivait... justement pour ces raisons-là. T'es pas la sœur de la merveilleuse Apple. Uniquement parce que j'suis pas merveilleuse. Je me pinçais les lèvres, ne sachant pas trop où je voulais en venir concrètement. J'suis tellement merveilleuse, que j'arrive même pas à me faire de petit ami qui m'aime et m'accepte pour c'que je suis. Tellement merveilleuse que le seul homme à qui j'ai donné plusieurs années de ma vie et mon enfant, m'a abandonné pour une autre fille. Fille qui était mon amie d'ailleurs et qui m'a trahie en brisant mon mariage. Tellement merveilleuse que je n'arrive même pas à te convaincre toi non-plus que j'suis une fille comme tout le monde, et que je n'ai jamais cherché à être gâtée alors que t'es ma propre sœur jumelle. Je pris une grande respiration. J'cherche un boulot... J'ai quittée les Eliots et dès que je me débrouille financièrement, je coupe les versements de maman et papa. J'ai une fille quand même, et autant que ça me fait chier d'avoir encore besoin d'leur argent, je n'ai pas le choix si je ne veux rien manquer pour elle. Puis bon... étudier à Harvard c'pas gratuit non-plus. Un jour, quand j'aurai officiellement hérité de Vogue, je saurai que j'aurai mérité tout ça.

J'n'étais pas plus merveilleuse qu'elle, au final. Juste... plus futée. J'ai eu la chance de faire mes erreurs après les siennes, j'ai pu apprendre en la regardant faut dire. J'ai été anorexique moi aussi, exactement au même moment qu'elle. J'ai juste... rien dit à mes parents. Autant que j'aime Charline et que j'aurais voulu la rejoindre à Londres parce que ça me faisais bizarre d'en être séparée, j'en avais marre de déménager et je voulais rester avec mon petit ami de l'époque et le reste de ma famille. Puis, je vivais mes premières années de "American dream" quoi... Je suis même retombée dans mes troubles d'alimentation tôt l'an dernier, lorsqu'Andy m'avait quitté. Je te le reproche pas. Je sais bien que t'as jamais voulu me foutre sur le bas côté mais.. Les choses sont quand même comme ça. Tu peux bien trouver ta vie misérable que ça changera pas le fait que tu seras toujours celle qu'on aime alors que je resterais le vilain petit canard. Tu crois que j'sais pas que je suis considérée comme une erreur ? J'te crois quand tu dis que t'es une fille comme tout le monde, j'dis juste que moi, je le suis de toute évidence pas. Je fronçais les sourcils. Alors là... là, c'était la meilleure. Je savais qu'elle avait des soucis d'infériorité, mais pas à ce point-là. Je me retenais de parler tant qu'elle enchaîna ses réactions à ce que je lui disais Oh.. Vraiment ? C'est.. Je trouve ça bien. T'as déjà des pistes ? J'hochai la tête. J'ai eu un entretien. Je raclai ma gorge. Mais... éclaire-moi là... Tu me dis que concrètement, tu me hais... parce que t'es jalouse ? J'ai ce que tu as toujours voulu... alors plutôt qu'essayer de me surpasser, tu as baissée les bras ? Tu n'as donc AUCUNE fierté d'qui tu es et qui tu es devenue ? Je me pinçais les lèvres. T'es au courant que ce n'est pas une compétition ? Si tu veux Vogue, j'te l'donne. Si tu veux toute ma part d'argent, j'te l'donne. Si tu veux que j'abandonne Harvard pour que tu paraisses mieux aux yeux de maman, j'le fais. C'est à c'point là, que j'm'en fous. On ne peut pas dire que j'suis attachée à tout ça, c'n'est que des biens matériaux pour moi. Ça l'a toujours été et tu LE SAIS. Du moins, tu l'savais. J'ai toujours désirée le mariage, la famille... Putain t'es la première qui devrait savoir, t'es la seule à qui j'en parlais quand on était p'tite, la seule à qui j'cassais les oreilles avec ça. T'as fréquentée des garçons bien avant moi, tu t'rappelles ? J'voulais même attendre le mariage pour... mais tu t'rappelles vraiment de rien ? J'avais du mal à respirer, j'étais en état d'anxiété, ça allait mal se finir.

Je ne te hais pas et j'ai jamais dis ça. C'est pas une question de compétition, d'être meilleure que l'autre ou de prouver ce qu'on vaut. J'voulais juste être aimée pour ce que j'étais. C'est ça. Bah alors, pourquoi met-elle la faute des autres sur moi ? Pourquoi est-ce que MOI je me bouffe sa colère si en réalité, elle en veut aux autres de ne pas l'aimer comme elle est ? En fait, putain, c'est quoi le lien avec MOI ? Son problème, c'est qu'elle fait des conneries et elle en veut à nos parents de ne pas "l'aimer quand même" (entre guillemet, parce que clairement, elle se fait des idées. Nos parents l'aiment beaucoup.) C'est de la jalousie. Pure et dure. Pour être en colère contre moi alors que moi, je l'ai TOUJOURS supporté... y'a pas trente-six façons d'appeler ça. Charline commençait à s'énerver, et lever le ton sur moi. Pourquoi t'essaie pas de te mettre à ma place juste deux secondes ? Pourquoi est ce que tu rapportes toujours tout à toi ? Pourquoi est-ce que TU me fais sentir comme de la merde, comme si j'étais RIEN pour toi. Pourquoi est-ce que tu mets tout l'monde que tu peux contre moi si je n'ai pas le droit de "tout rapporter à moi" alors ?! L’interrompais-je. J'me fiche de ce que tu as, de vogue et de tout le reste. J'te parle pas de qui a fais quoi la première, ni d'argent d'ailleurs. C'est pas non plus au niveau de ce que je me souviens ou pas. Tu voulais savoir ce qui allait pas et je t'ai répondu. Maintenant, tu fais avec. Mais j'ai pas besoin que tu me donnes quoi que ce soit. Pourquoi tu pourrais pas agir normalement pour une fois ? Pourquoi tu pourrais pas juste me dire que ça va aller et que j'suis pas misérable ? Pour une fois fois j'aurais voulu que tu agisses comme ma soeur pas comme... Pas comme ça. Au fond, elle voulait juste être rassurée, elle voulait juste mon support. Je fronçais les sourcils. Si tu m'avais parlée... Si seulement tu m'avais laissé en dehors de ton malheur... Et que tu aurais ouvert les yeux... Tu l'aurais vue. Tu l'aurais vue que j't'aime, que tu comptes énormément pour moi. J'm'en FOU que tu sois Mather, que tu prennes de la drogue, que tu deviennes stripteaseuse ou lesbienne, t'es bien la seule que j'aimerais peut-importe l'intensité de la tempête. Putain j'me suis fait violé et ça fait des semaines que j'dis rien à personne, et quand j'pense à vouloir m'ouvrir c'est TOI que j'suis venue chercher la première en sachant les risques qu'on se retrouve à s'disputer comme en ce moment. Pourtant, ma meilleure amie vit littéralement dans la chambre en face de la mienne. Tu t'fais des illusions Charline, maman, papa, Kenny, moi... tout le monde t'aime, t'adore même. Je me levai pour aller enfiler mes bottes. Me traiter comme une garce alors que t'as même pas cherché à apprendre à me connaître la moitié de nos vies, seulement à cause de tes caprices... = définition de jalousie. J'enfilais mon manteau rapidement et quittai.