« La souffrance est un mot que je ne connais pas. » tu disais toujours cette phrase quand tu commençais à être submergée par toutes tes émotions. Triste, tu te perdais parfois dans ta propre vie et ce depuis que tu avais découvert que tu étais enceinte. Tu étais enceinte maintenant de quatre mois et tu ne pouvais plus faire marche arrière, le père de cet enfant n'était qu'un homme de passage comme beaucoup d'autre, mais tu savais qu'il était. Celui que tu avais rencontré pendant tes vacances. Celui qui avait réussit à te faire craquer en seulement quelques soirées, tu avais rougi à ses paroles, et tu avais mordillé ta lèvre. Chose que tu ne faisais jamais, du moins pas devant un homme. Pourtant, cette fois-ci tu avais été envoûté. Quelques verres, et tu avais fini la soirée en sa compagnie, juste pour parler pendant de longue heure. Il te connaissait bien plus que ta propre meilleure amie. Tu le connaissais, du moins tu supposais le connaître. Tu avais dormi dans ses bras, sans même t'en rendre compte. Le lendemain il t'avait apporté le petit déjeuner, comme si tu étais en couple avec lui. Il t'avait embrassé délicatement pour te saluer, il t'avait fait voler pendant quelques secondes. Il t'avait enivré, il t'avait rendu complètement dingue de lui. Pourtant, tu n'avais pas couché avec lui avant la dernière soirée que tu passais dans cette ville. Tu avais couché avec lui sur cette plage, au couché du soleil. Bien sûr, tu n'avais rien pour te protéger et tu n'avais pas pensé à tout cela. Tu avais tellement envie de lui et inversement, que tu en avais oublié l'essentiel. Tu avais son numéro, son skype et diverse chose, mais avec le temps, tu avais fini par l'oublier. Mais une chose avait réussit à te faire repenser à lui, cette chose qui poussait à l'intérieur de ton ventre. Tu ne voulais pas être mère, tu n'étais pas prête pour être mère. Tu n'avais que vingt-et-un et tu étais une étudiante et une grande fêtarde. Tu fumais, tu buvais et tu te droguais en permanence. Comment pouvais-tu porter un enfant dans ton ventre ? Tu avais du arrêter de fumer, tu étais suivie par un fantastique médecin d'après tes parents. Tu diminuais ta dose de drogue de plus en plus et tu en devenais dangereuse. Tu étais en manque, tu étais dépendante de cette merde. Tu pleurais, tu hurlais comme si quelqu'un se trouvait dans ta tête. Tu étais mal, tu étais au niveau le plus bas, tu te haïssais. Tu haïssais chaque personne qui t'entourait, tu ne dormais même plus la nuit, tu devenais de plus en plus en manque. Tu n'étais plus fréquentable, tu n'allais plus a l'université, tu suivais des cours à distances. Tu étais pâle, tu avais des cernes, ton visage était tiré, tes yeux étaient rouge, tu maigrissais à vu d’œil et pourtant ton ventre grossissait de plus en plus. Tu refusais cet enfant, tu refusais de changer ta vie pour un enfant, tu voulais le perdre, tu voulais le voir disparaître et reprendre le cours de ta vie. Tu t'éloignais de tout le monde, tu restais enfermé dans ta chambre, tu restais pendant des journées sans rien faire, sans rien manger. Tu inquiétais énormément de monde et pourtant, tu ne réagissais même plus. Plus les mois passaient et plus tu avais l'impression de mourir à petit feu, ton médecin avait beau te parler comme ton frère, tu n'avais plus envie de te battre. Tes larmes coulaient le long de tes joues, tes mains se nouaient autour de ce ventre que tu maudissais. Pendant ces neufs mois, tu avais pu repenser à chaque moment de ta vie, les bons comme les mauvais.

Née avec ton frère jumeau, du moins tu étais la deuxième à sortir. Tu étais la plus fragile et la plus petite. Il avait certainement pris toute la nourriture et toute la place dans le ventre de ta mère. Mais, tu l'aimais, il était comme ton âme sœur. Tu lui ressemblais, comme lui te ressemblait. Tu vivais dans une magnifique maison, même si tu voyais rarement tes parents, tu pouvais toujours compter sur ton frère. Tu étais toujours fourrée près de lui, il arrivait parfois que tu cauchemardais et tu allais te blottir contre lui pour te rassurer. Tu l'aimais bien plus que tout le reste, il était totalement toute ta vie, même avec les années qui défilaient. Tu avais appris à vivre sans l'amour débordant de tes parents, puisqu'ils travaillaient en permanence et tu les voyais rarement. Pourtant, tu ne t’empêchais pas de débarquer au bureau de ton père au lieu de te rendre à l'école. Déjà petite, tu étais parfois très rebelle et s'était ce qui plaisait à ton père. Tu avais toujours eu un très bon feeling avec lui, il était important à tes yeux, bien plus que ta mère. Il venait de temps en temps jouer avec toi, malgré son travail très prenant. Il faisait l'effort de venir te coucher et raconter quelques histoires pour t'endormir, il déposait toujours un baiser sur ton front avant d'éteindre la lumière et de sortir de ta chambre. Il était ton père, un père que tu aimais tellement. Tu y tenais tellement, que tu avais du mal à te séparer de lui pendant plusieurs jours quand il partait pour des voyages d'affaires. Tu lui téléphonais le soir avant d'aller te coucher et cela te permettait de t'endormir plus facilement. Enfilant un maillot de lui, tu t'endormais avec son odeur. Tu t'amusais à cache-cache avec ton frère ou encore à l'embêter durant ses parties de jeu avec ses amis. Tu lui tirais les fils, tu lui piquais la manette, tu te plaçais devant l'écran. Pourtant il ne s'énervait jamais contre toi, il t'embêtait souvent et même régulièrement. Tu lui avais déjà envoyé un œuf en pleine face et tu avais du nettoyer tout avant que ta mère ne découvre cette porcherie que tu avais faite avec ton frère. Tu avais terminé plus d'une fois dans la baignoire totalement habillée, puisque tu ne faisais pas le poids face à ton frère. Plus les années passaient et plus tu étais proche de lui, tu te rendais à l'école en sa compagnie et tu faisais tes devoirs près de lui. Une promesse s'était faite entre lui et toi, ne jamais se séparer et ce jusqu'à la fin de la vie. Tu ne voulais pas souffrir et tu savais que si tu t'éloignais de trop de ton frère, tu allais souffrir. Ton voyage d'étude se déroulait sans lui, tu n'étais pas dans sa classe et donc pendant une semaine tu ne l'avais pas vu et tu en avais souffert. Même si tu entendais sa voix pratiquement chaque soir au téléphone, tu avais cette boule au ventre. Les larmes à tes yeux, tu ne comprenais pas tes amies qui regrettaient d'avoir un frère ou une sœur. Tu ne comprenais pas pourquoi tu étais si proche de ton jumeau, tu ne comprenais pas pourquoi tu avais un lien aussi fort avec lui. Tu repensais à ta première cuite, ou tu avais vomi pendant toute la nuit et qu'au final il était vers toi. Tu avais tiré ta première taffe à l'age de treize ans et tu avais commencé à fumer les joints à quatorze ans et tout cela dans le dos de ta famille. Mais, tu n'arrivais pas à mentir totalement à ton frère, tu ne pouvais pas lui mentir et lui cacher tout ça. Ta première soirée, comme la dernière que tu avais faite avant de découvrir que tu étais enceinte.

Pendant tous ces mois, tu te remémorais chaque moment de ta vie, avec plus ou moins de détail. Tu regardais chaque photo que tu avais prise, ou que ta famille avait prise. Tu avais commencé à mettre tout dans des caisses, tu allais déménager, tu allais prendre un appartement. Tu avais besoin d'être seule, tu avais besoin d'être une adulte. Tu déménagerais après ton accouchement. Les mois avaient été longs, mais au final tu avais tenu neuf mois comme prévu. Tu avais eu des contractions et tu n'avais eu la péridurale, tu avais senti la douleur du début jusqu'à la fin et au final après plusieurs heures d'efforts. Tu avais eu cette petite entre les mains, ce petit bout que tu avais refusé pendant de longs moises, se trouvait enfin dans tes bras. Tu ne pouvais plus faire marche arrière, et tu avais décidé de laisser cette petite entre de bonnes mains. Tu ne te voyais pas mère, surtout pas à ton âge. Tu avais eu du mal à t'en défaire, mais tu l'avais fait. Tu avais fini par accoucher sous X, mais tu avais laissé ton prénom et ton nom. Si un jour cette petite voulait te retrouver, tu allais la laisser venir. Tu l'avais quitté seulement quelques jours après et tu avais disparu totalement de sa vie. Tu avais emménagé dans ton appartement, seule. Tu reprenais tes études à Harvard comme avant, avec seulement une année de retard. Tu n'avais pas oublié le mal qui se trouvait en toi, non t'y pensais encore et encore. Tu n'arrivais pas à oublier Maxyme, cet homme que tu avais aimé pendant des années. Et avec qui tu voulais faire ta vie, malheureusement cette bombe te l'avait pris et depuis ce jour-là, tu n'étais plus la même. Tu te bourrais la gueule, tu fumais en permanence et tu couchais avec n'importe qui. C'était ainsi que tu étais tombée enceinte, mais tu n'allais pas t'arrêter en si bon chemin. Tu reprenais tes études, tu reprenais ton travail comme tatoueuse, ta vie reprenait un sens.