« Une jeune femme de 20 ans est présumée morte dans la ville de Cambridge. La raison est inconnue, mais selon la lettre retrouvée, elle s'est suicidée. Néanmoins, le corps n'a pas été retrouvé malgré les recherches actives de la police, mais sans succès pour l'instant. Nous vous donnerons plus de détails, lorsque nous aurons des informations. »


Je me souviens de ce soir-là. J'avais tout perdu. Je ne pensais jamais m'en sortir. Alors j'ai préféré tout recommencé à zéro. Repartir sur de nouvelles bases, me sentir mieux, me sentir moi. Je n'ai pas seulement quitté Harvard, j'ai aussi quitté ma vie actuelle, mes amis, ma famille, j'ai tout abandonné. La vérité, c’est que j’ai essayé de mourir. J’ai vraiment essayé. Les médicaments ? Trop simple. Il me fallait quelque chose qui pouvait m’empêcher de m’en sortir. Je n’ai pas pu. Je n’ai pas pu me résoudre à passer ma tête dans la corde. Je n’ai pas réussi à monter sur le tabouret (Non pas que je suis naine, mais psychologiquement, ça ne voulait pas). Je pouvais plus rester ici, je me revois encore dans cet endroit froid, misérable, et Alicia, qu’est-elle devenue ? S’en sortait-elle mieux que moi ? Ou elle aussi avait été aussi lâche que je le suis actuellement ? Peu importe. Tout était difficile, c’était vraiment une situation peu évidente. Il faut beaucoup de courage pour mettre fin à sa vie, il faut beaucoup de courage pour faire souffrir ceux qu’on aime, ceux qu’on a aimé, je suis restée là, enfermée dans ma chambre, à réfléchir, si je le faisais, ou si je le faisais pas. C’est plus facile de détruire la vie de quelqu’un, que la sienne. Alors c’est ainsi que je suis partie, ne donnant aucun signe de vie. Juste une lettre. La dernière que j’ai écrite. Je suis partie à tout jamais.


Ou presque. Pendant tout ce temps, j’ai quitté les Etats-Unis, pour partir en Europe, j’ai parcouru pas mal de pays, j’ai rencontré pas mal de gens, des bons, des moins bons, je venais de me créer une nouvelle vie qui, malheureusement, n’était pas la mienne. Ce n’était pas vraiment Lily, c’était.. Je ne sais pas. Et le pire dans tout ça, je pense, c'est que pas une seule seconde j'ai songé à revenir en arrière, et pas une seule seconde j'ai pensé à ma famille et à toutes les personnes qui m'entouraient. Et puis j’ai atterri en Allemagne. Ne me demandez pas pourquoi j’ai atterri là-bas, moi-même je me pose encore la question. Surtout quand on ne parle pas un mot l’allemand, c’est difficile.. Je changeais souvent de ville en me demandant « Et que pensent les gens ? » Et puis, peu à peu, je suis redevenue moi, et j’en ai décrété que j’en avais strictement rien à foutre. Surtout depuis que je l’ai vu. Lui. Que foutait-il ici ? Vu ses yeux, je n’avais pas de mal à deviner qu’il était sous prod’. Un gars comme lui, c'est repérable. Ils sont pas vraiment discret aussi. Après tout, ça aurait pu être quelqu'un d'autre, mais non, je savais de qui il s'agissait peut-être parce que mes yeux l’ont contemplé en large et en travers, au point de reconnaitre chaque parcelle de son corps, de reconnaitre à chaque fois qu’il était dans un état second. Travis. Nous n’étions pas amis, et nous ne l’avions jamais été. C’était surement mieux comme ça. Je pouvais foutre sa vie en l’air, il reviendrait à chaque fois. Comme ce soir-là, où il s’est confié à moi. Il devait être vraiment mal en point. C’est le lendemain où j’en ai subi les conséquences. Je ne l’avais jamais vu dans cet état, il se sentait horriblement mal de m’avoir dit tout ça, mais bon, j’en avais rien à foutre.


Nous sommes arrivés chez Alicia. Belle baraque. Je ne disais rien, je n’avais rien à dire, juste j’écoutais. Je continuais d’écouter, je ne faisais que ça. Je n’avais pas mon mot à dire. De toute façon, je n’avais rien à dire sur le coup. Nous sommes restés quelques mois chez Alicia. C’était.. bizarre. En sachant que dans ma tête, s’établissait un plan pour une troisième guerre mondiale dans le Litracia. C’est dommage, parce que la Alicia, je commençais à bien l’aimer. Mais j’étais égale à moi-même. Et j’en étais désolée. Entre elle et moi, il y aurait pu y avoir un truc, c’est vrai, mais pour l’instant, je ne trouve pas. C’est ainsi que tous, les 3, nous repartions pour Harvard. Je ne leur avais jamais dit pourquoi j’étais encore là, à vrai dire, ils ne me l’ont jamais demandé. Et c’est peut-être mieux comme ça, après tout, je n’étais qu’une hallucination due au LSD, rien de plus.



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