✄ retrouvailles autour d'un petit verre

Cela faisait maintenant deux mois et demi que j'avais fait ma rentrée sur le campus de Harvard. Ce que j’avais remarqué, c’est que l’université d’Harvard était bien différente de celle de Milan. De une, le campus est beaucoup plus grand, il y a plus d’étudiants… Je ne sais pas, tout me semblait différent ici. Et ça me plaisait. Etant de nature curieuse, j’adore découvrir de nouvelles cultures, de nouvelles choses. Je ne regrette pour rien au monde ma décision de venir étudier aux Etats Unis. C’était de loin une des meilleures décisions que j’avais pu prendre ces dernières années. Enfin bon, je me concentrais pas mal sur mes études, après tout j’étais là pour ça, non ? Mais comme on dit, quand tout va bien, il y a toujours quelque chose qui vient nous perturber. En effet, il y a quelques jours de cela, j’avais croisé un « vieil ami » sur le campus… un vieil ami qui n’était autre qu’Alejandro. Je ne l’avais pas revu depuis qu’il était venu me rendre visite en France après que j’ai « fui » l’Espagne, lui y compris. Cela m’avait fait bizarre de le revoir, après tout ce temps. Mais j’imagine que cela devait arriver un jour ou l’autre. Et puis, de toute façon, de l’eau a coulé sous les ponts depuis, j’ai tourné la page et je sais que je suis capable de le considérer comme n’importe qui d’autres. Je ne dirais pas que les choses peuvent redevenir telles qu’elles l’étaient quand on était adolescent, mais c’est déjà ça. Bref, après l’avoir croisé brièvement, nous avions convenu qu’il passerait chez moi un soir. Et c’était ce soir. J’étais allé faire un petit tour dans Harvard Square en fin d’après-midi, mais finalement j’étais vite rentré à cause du froid qui s’était installé à Cambridge. Encore une chose qui différait avec Milan : le climat. Du coup, j’étais tranquillement chez moi, à attendre Alejandro. Certes c’était assez petit, mais j’étais assez contente de moi pour l’appartement que j’avais réussie à trouver. Modeste, mais très sympa.

© toxic heart.

✄ retrouvailles autour d'un petit verre

J’attendais patiemment l’arrivée d’Alejandro. J’étais partagé entre l’excitation et l’appréhension de le retrouver. J’étais contente de l’avoir revu, mais j’avais tout  de même une boule au ventre à l’idée de passer un moment avec lui. Les choses ne s’étaient pas tellement bien terminées entre nous et mon côté je lui en avais énormément voulu pour ce qu’il m’avait fait à l’époque. J’en avais eu gros sur le cœur pendant très longtemps, même après qu’il soit venu s’excuser en France. Un geste qui m’avait touché mais qui n’avait rien effacé de ses actes. Je l’attendais donc, je m’étais brièvement apprêté. Après tout, même si je fais très attention à mon image et à mon physique,  je suis loin d’être superficielle et il n’y aurait qu’Alejandro ce soir. Pas besoin d’en faire des caisses. J’avais simplement enfilé un jean slim noir, un débardeur beige et un gilet brillant noir. Simple et efficace. Les cheveux détachés, un peu ondulé, naturel. Il était 19h30 elle j’attendais encore, lorsque quelques minutes plus tard, j’entendis frapper à la porte. Légèrement en retard, je n’émettais aucun quant au fait que c’était le bel espagnol qui se tenait de l’autre côté de la porte. Pas manqué, je lui ouvris alors, et je découvris ce petit sourire que je connaissais bien, et que j’appréciais malgré tout. « Buenas tardes Clara », il n’en oubliait jamais ses origines, celui-là. « Salut Alejandro » répondis-je simplement, lui rendant son sourire. Il m’enlaça pour me saluer, méthode à laquelle je répondis automatiquement. Je n’avais même pas l’impression que cela faisait des années que je ne l’avais pas vu. Et pourtant si. « Non t’en fais pas, j’étais sorti prendre un peu l’air juste avant que tu n’arrives. Je vais bien, et toi ?  » Alejandro et sa politesse, sa classe légendaire. C’est bien quelque chose que l’on ne peut pas lui reprocher. Il retira sa veste et son écharpe tout en me tendant un sac. « Oh mais fallait pas ! » Cela me gênait, mais bon, un cadeau ne refuse pas. « Merci. Tiens, installe-toi. » lui dis-je en indiquant le canapé plus loin. « C’est plutôt petit mais… je me plais bien. » informais-je Alejandro au sujet de mon appartement. Je pris deux verres dans un placard ainsi que le cadeau du jeune homme et rejoignis l’espagnol sur le canapé. « Un verre ? » demandais-je alors, avec un joli sourire.  

© toxic heart.

✄ retrouvailles autour d'un petit verre

Je ne savais pas trop comment envisager la soirée. Je ne savais absolument pas comment les choses allaient se passer, si malgré les différents que l’on avait eus il y a quelques années on allait retrouver notre complicité naturellement. C’était beaucoup de questions que je me posais, sans me rendre compte que mon invité était quand même arrivé, donc le temps n’était plus à la réflexion. Tout ce que j’avais à faire maintenant, c’était discuter et profiter du moment. « Ouais, Harvard ça bouge sacrément… » lâchais-je, comparant dans ma tête avec ma vie universitaire à Milan. C’était bien différent. Là-bas je pouvais me consacrer uniquement à mes études mais ici, tout est tellement actif que cela te donne envie de participer à tout, de tout voir. La preuve, je ne connaissais encore pas beaucoup de monde sur le campus pour le moment donc je me maintenais, mais plus ça allait, plus je me laissais aller à des sorties en tout genre. Je découvrais petit à petit les étudiants et la culture de Harvard. Alejandro avait apporté une bouteille de vin rouge, j’étais quelque peu gêné de ce cadeau mais avec lui, j’aurais dû m’y attendre de toute façon. Je l’invitais ainsi à s’installer sur le canapé, pendant que j’allais ouvrir la bouteille et chercher deux verres, pour enfin le rejoindre. Je le vis poser un regard curieux et observateur à l’endroit où je vivais, preuve qu’il s’intéressait un peu à ma vie d’aujourd’hui. « Oui, je suis toute seule. Je ne suis pas très solitaire, mais j’aime avoir quelques moments de solitude quand même. Puis tu as raison, c’est très sympa le coin, ça me plait. » Je me rappelais finalement que j’ignorais où il vivait, un détail qui m’était, il est vrai, totalement sorti de la tête. « Et toi ? Tu t’es trouvé une belle villa je suppose ? » lui demandais-je, connaissant son goût pour le luxe et après tout, il pouvait largement se le permettre. Je lui proposai alors par la suite un verre, qu’il accepta avec enthousiasme. Je rempli alors les deux verres, puis lui en tendit un. Après m’avoir remercié, Alejandro m’informa qu’il avait averti sa mère de ma présence à Harvard. Un détail que j’avais aussi omis de régler. J’avais tellement de choses en tête en ce moment que j’en oubliais tout. C’est vrai que j’aurai du avertir sa mère de mon cursus ici, je ne savais pas pourquoi je ne l’avais pas fait. Voilà que je me sentais mal maintenant. « Quelle excuse est-ce que tu m’as trouvé ? » demandais-je. « C’est vrai que j’aurais dû lui téléphoner, je prendrai le temps de le faire dans les jours qui viennent. Comment va-t-elle ? » demandais-je, c’est vrai qu’après mon départ d’Espagne je l’avais régulièrement eu au téléphone, c’était vraiment une femme très bien et que j’estimais beaucoup. Elle avait d’ailleurs dû se poser pas mal de questions quant à mon soudain départ, parce que, bien évidemment, elle n’avait jamais pris connaissance de l’histoire que j’avais eue avec son fils. Dans un sens, ça me rassurait. Il m’était arrivé parfois de me demander comment elle aurait réagi si à l’époque, Alejandro avait accepté de s’engager. En tout cas, ça n’avait pas été le cas, donc je suppose que je n’aurais jamais la réponse à cette question. 

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Harvard était un campus universitaire plutôt attractif ; la preuve, j’avais toujours été très studieuse, concentrée dans mes études et depuis que j’étais ici, je sortais plus, prenais plus de temps pour m’amuser… D’un autre sens, je ne pouvais pas m’en plaindre, cela me faisait du bien. Bien que je vive seule et que j’apprécie quelques moments de solitude, je ne suis pourtant pas solitaire du tout. J’ai souvent besoin de me sentir entourée, avec des gens à mes côtés. Me retrouver seule quand je ne le souhaite pas, c’est un peu difficile pour moi. C’est comme ça, j’ai toujours été comme ça. Je savais aussi qu’Alejandro n’était pas trop de ce genre non plus, ce que m’étonna un peu lorsqu’il m’annonça qu’il avait acheté un appartement à Boston, finalement assez loin de Harvard. L’excuse qu’il me lança quant à sa décision de cet achat m’arracha un léger rire. « J’aurai dû m’en douter ! Mieux valait le prendre alors, cet appart’ ! » En même temps, voir la mer rappelle le beau temps, la chaleur, l’été… et il faut dire que l’Espagne, c’est un peu ça. Au moins, il n’était pas dépaysé ! Même si je pense bien que le paysage lui rappelle assez souvent sa famille qui doit lui manquer… D’ailleurs, il me parla de sa mère. Il fallait vraiment que je lui téléphone, que je prenne de ses nouvelles, parce que je lui devais bien cela. Alejandro m’avait trouvé une excuse et j’avoue que cela me fit sourire. « Tout en subtilité, comme d’habitude » dis-je, en décrochant un fin sourire. J’en profitais pour prendre des nouvelles de sa mère, que j’appréciais vraiment et sans qui, je pense, je ne serais pas arrivée jusque-là. « Oh c’est bien. Tu m’étonnes, ça a dû lui faire bizarre quand son garçon chéri est parti » Tout ça me rappelait les étés et les années que j’avais passé à la Corogne, chez les Ortega. Ça restera inévitablement des supers souvenirs de mon adolescence, quoi qu’il est pu en advenir. Alejandro pris ensuite des nouvelles de ma mère. « Elle va plutôt bien. Mon père a essayé de reprendre contact avec elle mais elle a refusé. Je suis un peu le cul entre deux chaises en ce moment, ce n’est pas facile. Mais bon, on fait avec » dis-je, d’un ton évasé. La situation était compliquée, car je pouvais comprendre les raisons de ma mère mais au fond, j’espérais vraiment qu’ils renoueraient le dialogue un jour. Par la suite, alors que je buvais une gorgée de mon verre, je fus assez surprise par la question de mon invité. Il me semble que c’était un sujet plutôt…sensible, avec lui. « Pas en ce moment non… Et toi ? » Disons qu’avec les temps et les différentes histoires que j’avais pu avoir, je me méfiais assez des hommes, qui pour moi, sont tout sauf prévisibles. 

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