La vie est une garce qui s'amuse avec la vie des gens. Aujourd'hui, du moins il y a peu de temps, c'est June qui a fait les frais de cette garce. Son copain est décédé. J'ignore comment, mais il est mort. Celui avec qui elle a partagé des baisers, des secrets, des histoires s'est envolé dans les étoiles. C'est poétique n'est-ce pas ? Pourtant dans la réalité, notre réalité, cette histoire d'étoile semble incroyablement ridicule. Pour avoir vécu à de nombreuses reprises la perte d'un être cher à mon cœur, je peux comprendre June. C'est avec la fervente attention d'être un ami compréhensible et d'être une épaule sur laquelle elle peut pleurer, que je me rends à la Lowell House. Bien évidemment, je suis trempé à cause de la pluie qui tombe sur la partie est des états unis. Comme si cette journée ne pouvait pas être plus désagréable. Je ne tarde pas à rejoindre la chambre de mon amie de longue date et frappe en espérant voir l'ex vice présidente rapidement.

June arrive puis m’ouvre la porte. Je suis content de la voir bien que les circonstances ne soient pas dès plus joyeuses. « Tu es tout mouillé Avery ! » Eh.. ouais. « Navré, j’risque de mouiller ton lit » J’hausse les épaules avec un petit sourire sur les livres. Je pénètre dans la chambre retirant ma veste trempé pour la déposer sur une chaise. J’ai l’espoir qu’elle sèche en quelques minutes. « Tout va bien, d’accord…. » J’hausse les sourcils. Vraiment ? Si c’était ton petit copain alors elle doit ressentir un grand vide. « T’es pas obligée de me mentir June » A moins qu’elle soit dans le déni. Ce qui est loin d’être une bonne nouvelle. « Tu veux en parler ? » Elle peut pleurer sur mon épaule. Je suis là pour cela.

« Eh.. Eh.. c’est bon j’vais bien, j’vais pas tomber malade » A la différence de ce que je raconte, je risque de choper la crève, mais j’n’ais pas envie qu’elle prenne autant soin de moi. Je suis venu jusqu’ici pour le contraire. « Certes Nork était mon petit ami mais avant sa mort il m’a trompé avec son ex alors je lui en veux beaucoup pour ça… » Je baisse les yeux. Ehm.. c’est pas évident non plus. « Je ne sais pas, parle moi plutôt de toi… » Elle essaye de changer de sujet. Encore une fois c’est normal. Je ne vais pas l’en blamer. Je ne vais pas non plus l’obliger de me parler de Nork. Je me permets de m’installer sur le lit de la lowell. « Je vais bien » Avec ses trois mots, je ne vais pas réussir à engager la conversation. Pris d'une envie de franchisse, je lui lance « Je suis allé à Londres le premier week-end d’octobre.. et j’ai vu un type se suicider du haut de la Tamise »

« Cela va vite chauffer et tu vas sécher tout de suite… » J’apprécie. Vraiment. Elle est si attentionnée et gentille. Je lui accorde un petit sourire puis m’installe sur son lit. Je tente de ne pas le mouiller en me plaçant à l’extrémité du matelas. « Tu ne veux pas un pull, t’es sûr ? » C’est fille est vraiment adorable. « Si ça t’fais plaisir alors donne en moi un » dis-je pour lui faire plaisir. June écoute attentivement mon récit. Si je ne lui raconte pas mes ressentiments alors elle ne me dira rien sur Nork. C'est une histoire de mise en confiance. « Ah ouai, et t’as fait quoi ? » Je souris nerveusement. Ce que j’ai fait.. Rien qui n’a pu sauver ce pauvre homme. Malheureusement. « Je me suis précipité, lui ai attrapé le bras mais il a .. » Je me heurte sur ce dernier mot. Ca me fait mal. Ca me bouleverse. « ..glissé » Je soupire et tourne ma tête vers elle avec un triste sourire.

« Tiens mon petit ! » J’entrouvre la bouche alors qu’elle me balance le pull dans la tronche. « J’suis plus petit madame » Eh ouais, j’ai vingt-et-un ans. Ca me fait bizarre de me dire que j’ai un an de plus depuis quelques jours. Mais c’est toujours aussi agréable années après années. « Ce n’est pas ta faute Avery, cet homme souhaitait mourir et même si c’est horrible, c’est comme ça…Tu as fait ce que tu as pu, ne t’en veux pas… » Ce n’est peut être pas entièrement de ma faute, mais j’me sens mal. J’me sens aussi comme un incapable qui n’a pas su tenir un mec pendant cinq minutes. Les images du suicide assaillent mon esprit. Je ferme les yeux pour les chasser en vain. « Ma conscience ne veut pas l'assimiler » Je lâche un nouveau soupir. « Mais j’vais pas me lamenter » Je fais référence au sms qu’elle m’a envoyé quelques heures plus tot. Même si elle dit ne pas vouloir se lamenter, elle le peut. Je ne compte pas lui prendre la place.