J'étais absorbée par la « conversation » que j'avais avec notre agresseur. La lumière se faisait enfin sur toutes ces années de questions et d'incertitudes. Le meurtre par vengeance donc .. Le plus pathétique, je crois. J'en avais entendu peu sur cette histoire d'associé viré, mais assez pour savoir que s'il l'avait été, c'était parce qu'il blanchissait de l'argent. Maintenant que j'avais la preuve et la certitude que mon père n'avait absolument rien fait pour mériter un tel châtiment, la colère qui bouillait en moi n'avait pas d'égal. J'avais perdu mon père à cause d'un homme qui était déjà un pourri à la base. Je fulminais et aucune de mes blessures ne me faisait autant mal que la peine que je ressentais. Soudain, Hannigan s'écroula à côté de mon corps et je sursautai de stupeur en voyant Roxy tenir une branche épaisse entre ses mains. Je n'eus pas le temps de réaliser ce qu'il se passait qu'elle passait ses bras autour de moi pour me soulever. Elle serra mes côtes et je gémis de douleur, s'ajoutant à ça celle de prendre appui sur ma jambe. « Roxanna, on peut pas se barrer comme ça ! Cette enflure a tué mon père ! » Je savais que j'avais complètement perdu la raison mais j'étais aveuglée par la colère. J'aurais dû penser à la sécurité de ma meilleure amie en premier lieu mais je mourais d'envie d'éliminer cette ordure moi-même, de venger mon père. La blonde ne m'écouta pas et continua de me traîner vers l'extérieur du square. À la lumière d'un lampadaire, je fus horrifiée de constater l'ampleur de la blessure que Rox avait au bras. « Oh mon dieu, ton bras ! » J'allais m'arrêter pour regarder ça de plus près mais elle s'entêta à continuer sa route tandis que la colère continuait de monter indécemment en moi. J'allais lui crier une nouvelle fois de s'arrêter lorsqu'elle se mit à hurler mon prénom et en moins de deux secondes, je perdis l'équilibre et me retrouvai face la première dans l'herbe. Le coup de feu qui avait retenti ne m'avait pas échappé et je crois que je ne m'étais jamais redressée aussi vite de ma vie. « Roxy .. ? » murmurai-je, la peur me prenant au ventre. Je vis qu'il ne l'avait pas touchée à un point mortel et même si je me sentis soulagée, la colère ne me quittait pas.

Elle n'eut pas le temps de me rejoindre que le fou s'approchait d'elle à vive allure. « Putain, mais tu te prends pour qui sale gamine ? » rugit-il en envoyant un coup de pied dans son bras blessé. Le hurlement de douleur qui retentit me déchira de l'intérieur et je sentis des larmes couler sur mes joues. Il était près de moi ; bien trop près. Son arme pointée sur Rox se trouvait juste au-dessus de ma tête. Il continua de profaner des injures à son intention, enragé de s'être fait avoir si facilement par une « gamine » de vingt ans. Il était tellement absorbé par son discours qu'il fut prit par surprise lorsque j'envoyai à nouveau l'une de mes jambes dans les siennes et il tomba à la renverse. Je me redressai, ignorant ma douleur et choquai son arme qui était à à peine quelques centimètres de sa main. Debout, je pointai le revolver sur lui tandis que je fulminais de rage. « Tu vas faire quoi avec ça ? » demanda-t-il, les deux mains de chaque côtés de sa tête et un sourire un peu moins triomphant sur les lèvres. « Te butter ! C'est pas ce que t'avais prévu pour nous ? Tu penses que tu peux tuer le seul membre de ma famille et ne pas avoir le retour de manivelle un jour ou l'autre ? Tu crois que tu peux t'en prendre à ELLE, » m'écriai-je en pointant Roxy, « et que je te laisse faire sans rien dire ? T'es encore plus taré que ce que je pensais. » J'entendis Rox me hurler dessus et même si elle était proche de moi, son cri me semblait à des années lumières tant j'étais aveuglée par la haine. Je ne me rendis compte qu'elle me parlait que lorsque sa voix s'adoucit. Je relevai un regard embué de larmes dans sa direction ; je ne comprenais pas ce qu'elle me disait. Je voyais ses lèvres bouger mais dans ma tête, aucun son n'en sortait. « Il a tué mon père, Rox .. » balbutiai-je en posant mon doigt sur la détente, le regard toujours fixé sur elle. « Il mérite pas de .. de vivre après ce qu'il a fait alors qu'il a aucun scrupules. »

J'entendis à peine Billie prononcer mon prénom. Mon bras me brulait, j'avais la sensation de mourir à petit feu. Jamais aucune blessure aussi grave ne m'avait été infligée, pas même par mon père. Je sentais mon propre sang chaud couleur le long de mon épaule, mais je m'efforçais de l'ignorer, m'appuyant sur le bras le moins douloureux pour me rapprocher de Billie. Mais c'était sans compter sur le type que je venais de tenter d'assommer. Il fonça sur moi, le visage rougit par la rage. « Putain, mais tu te prends pour qui sale gamine ? » Hurla-t-il à mon intention alors que je soutenais son regard, jusqu'à ce qu'il shoote dans mon bras blessé par balle. Je hurlais de douleur, appuyant ma main sur mon bras alors qu'il pointait son arme droit sur moi. Je redressais mon visage dans sa direction, en larmes, mon corps tout entier secoué de tremblements de plus en plus puissants. J'étais morte de froid, et la peur devait aussi jouer énormément. « Tu crois que du haut de tes vingt ans tu pouvais m'avoir, sincèrement ? J'vais d'abord tirer dans chaque partie de ton corps pour terminer par ta tête, histoire que tu souffres jusqu'au bout ! » Il posa son doigt contre la détente et je fermais les yeux, m'apprêtant à endurer une douleur supplémentaire. Par quoi allait il commencer, ma jambe, mon abdomen sur lequel il avait déjà pointé son couteau plus tôt?

Avant qu'il n'ait eu le temps de tirer, je l'entendis tomber à nouveau. Tout se passa très vite, et Billie, debout, pointait l'arme de son agresseur contre lui. Ses yeux étaient allumés par la colère : Elle tenait entre ses doigts la possibilité de venger son père. « Tu vas faire quoi avec ça ? » - « Te buter ! C'est pas ce que t'avais prévu pour nous ? Tu penses que tu peux tuer le seul membre de ma famille et ne pas avoir le retour de manivelle un jour ou l'autre ? Tu crois que tu peux t'en prendre à ELLE, » Elle me pointa du doigts, alors que je la regardais, ne la reconnaissant pas. « et que je te laisse faire sans rien dire ? T'es encore plus taré que ce que je pensais. » Je me redressais à nouveau sur mes genoux, posant un pied à terre pour me contraindre à me redresser. « BILLIE NON ! » Hurlais-je à son intention, me poussant enfin à me redresser totalement sur mes deux genoux. « Ne le tue pas ... Tu le regretteras .. On va appeler la police et tout ira bien ... Justice sera faite ... » Dis-je alors, ma voix s'adoucissant. Car avec du recul, j'ai toujours pensé que j'aurais préféré savoir mon père croupissant en taule, plutôt que de l'avoir tué. Au moins je n'aurais pas eu sa mort sur la conscience. J'appuyais ma main sur mon épaule, compressant à nouveau ma blessure. Elle me lança un regard vide, toujours aveuglé par ses larmes et sa colère. « Il a tué mon père, Rox .. » J'eus un brusque mouvement m'avançant vers elle alors qu'elle posait son doigt sur la détente. « Ne fais pas quelque chose qui te pèsera sur la conscience à vie ... Crois moi... » Mes perles bleues ruisselaient de larmes. Je ne voulais pas qu'elle traverse la même chose que moi. « Il mérite pas de .. de vivre après ce qu'il a fait alors qu'il a aucun scrupules. »

Ce que je n'avais pas prévu, c'était que ce salaud attrape la jambe blessée de Billie, serrant sa blessure en la faisant crier de nouveau sous la douleur. Il attrapa son arme et frappa Billie avec. Elle s'écroula sur le sol, à demi inconsciente. La situation était inversée, et tout ça par ma faute. M'ignorant royalement, notre agresseur pointa son arme sur Billie, éclatant de rire « Tel est pris qui croyait prendre, petite Ashlee. Fini de jouer, je vais en finir avec vous. » Il était prêt à appuyer quand je me redressais sur mes jambes d'un coup, sautant sur lui en hurlant. Il tira dans le vide, terminant à terre. Son arme vola. Il m'empoigna par les cheveux, me faisant crier à nouveau alors que tout mon poids s'appuyait sur mon bras ensanglanté à cause de la balle. « Mais bordel tu t'arrêtes jamais toi ! » Il donna un coup de poing dans mon épaule, et je balançais mes deux jambes dans son ventre pour le reculer. Billie commença à émerger de sa torpeur, et je vis l'homme tourner la tête vers elle, puis vers son arme. Il était temps d'agir et vite, ou nous allions mourir toutes les deux. J'entendais chacun des battements de mon coeur qui s'affolait, je n'arrivais plus à réfléchir. Son bras se tendit vers le revolver, et je me reculais brutalement en m'appuyant sur mes deux jambes, attrapant l'arme entre mes doigts ensanglantés et tremblants. Je reculais jusque Billie, me positionnant devant elle. Une déflagration retentit : Je tirais deux fois, sans regarder, alors qu'il s'apprêtait à se jeter sur moi et ma meilleure amie, couteau en main. J'ouvrais les yeux, je hoquetais de frayeur. Je venais de lui tirer en plein coeur. Le regard vide, son corps s'affaissa comme une vulgaire poupée de chiffon. Je lâchais brusquement l'arme, sans pour autant que mes mains ne bougent. Je venais de tuer un homme. Encore. Le souffle court, des larmes coulant sans cesse le long de mon visage, j'étais totalement figée.

Mon attention était détournée par Roxy et c'était une nouvelle erreur de ma part. Je fus pliée de douleur en sentant la main d'Hannigan se resserrer autour de mon tibia blessé et tandis que je chutai, il en profita pour se relever, attraper l'arme et me frapper à la tête avec. Je m'écrasai contre l'herbe gelée dans un bruit sourd, un gémissement passant la barrière de mes lèvres alors que je sombrais dans une inconscience partielle. J'étais bien ; je n'avais plus mal, je ne sentais plus rien. Mon corps me donnait la sensation de planer et je n'entendais que très vaguement les bruits d'agitation autour de moi. Cependant, un coup de feu ne tarda pas à me tirer de mon état amorphe et j'entrouvris mes paupières d'à peine quelques millimètres afin de voir ce qu'il se passait. J'eus vaguement conscience de la lutte entre les deux silhouettes ainsi que des cris. Si mon esprit commençait faiblement à réagir, mon corps lui restait plongé dans la paralysie. Puis tout se passa tellement rapidement que je ne me rendis compte que du coup de feu final ; celui qui mit un terme à tout. Hannigan tomba au sol et y resta, complètement immobile pendant que je sentais le corps de Roxanna se figer contre le mien. Elle ne bougeait plus et malgré ma torpeur, je savais ce qu'il se passait dans son esprit. Mon corps recommença à réagir et péniblement, je me hissai sur un coude et tendis la main vers celles de ma meilleure amie. Je lui fis difficilement lâcher le revolver, auquel elle était agrippée et le lançai à quelques mètres de nous. Je grinçai des dents en me mettant en position assise et lâchai une plainte sèche lorsque j'entrepris de retirer la ceinture qui tenait mon trench fermé. Je pris le bras de la blonde entre mes mains et entourai la blessure produite par la balle avec le bout de tissu, que je nouai fermement par-dessus. Mon esprit était totalement embrumé et je sentis que je m'apprêtais à sombrer à nouveau dans l'inconscience ; à cause de la douleur et du coup que j'avais pris à la tête.

J'étais toujours assise derrière Rox qui n'avait toujours pas bougé. Je passai une main tremblante dans sa chevelure et appuyai mon front contre son dos, les yeux clos. « Je suis vraiment désolée .. » bafouillai-je en sentant des larmes brûlantes couler sur mes joues. Ma tête me donna l'impression de faire une vrille et je perdis mon équilibre précaire, m'étalant sur le ventre dans l'herbe. Je repérai un objet brillant à la lumière du lampadaire à quelques centimètres de mes yeux. Mon iPhone avait dû tomber de ma poche quand je m'étais relevée brusquement quelques minutes plus tôt. Je fis glisser une main fébrile dans l'herbe et clignai lentement des yeux pour tenter de rendre ma vision nette. Je déverrouillai le téléphone et composai le 911, laissant des traces de sang rondes là où mes doigts étaient entrés en contact avec le verre. Mes lèvres refusèrent de remuer lorsqu'un interlocuteur prit mon appel. À peine quelques secondes plus tard, je l'entendis au loin parler avec un calme agaçant. « Ne raccrochez pas, nous analysons votre localisation, » entendis-je avant de sombrer pour de bon.

Mes mains tremblaient encore, et je sentais mon coeur tambouriner contre ma poitrine, comme s'il allait s'en arracher. Mes doigts serrés autour de l'arme que je venais d'utiliser, je n'osais plus faire le moindre geste. Les mêmes mots tournaient en boucle dans mon esprit embrumé : Je viens de tuer un homme. Encore. Je venais de crier à Billie de ne pas le faire, de vendre cette ordure à la police, et j'étais celle qui au final venait d'appuyer sur la détente. Deux fois. Paralysée, je regardais le corps s'affaisser quelques mètres plus loin. Je déglutis, des larmes chaudes coulant le long de mes joues. J'avais la mâchoire serrée, le regard fixe, et il fallut que Billie force un peu pour détacher l'arme d'entre mes doigts, pour l'envoyer dans le décor. Mes bras retombèrent le long de mon corps grossièrement, alors que je fondais en larmes, le temps que je réalise ce qui venait de se passer. A l'aide de sa ceinture, elle fit un noeud près de ma blessure, et je poussais un gémissement de douleur aigu, mais malgré tout, je ne parvenais pas à détacher mon regard de l'homme que je venais de tuer. Une mare de sang s'étalait autour de lui progressivement. Je sentis vaguement une main glisser dans mes cheveux blonds, et la voix de Billie. « Je suis vraiment désolée .. » Immédiatement après, Billie s'effondra, me faisant revenir à la réalité. Je me retournais, mais la violence de mon mouvement me fit perdre l'équilibre. Ma blessure à l'épaule avait perdu beaucoup de sang, tout devint flou autour de moi. « Billie ... » bafouillais-je avant de sombrer dans le néant, mon corps heurtant à son tour le sol alors que ma vision devenait floue, avant d'être le noir total.

J'émergeais dans une chambre d'hôpital, mon bras enveloppé d'un bandage recouvrant ma cicatrice, et mon épaule recouverte également, ne laissant plus apparaître ma blessure. J'avais encore mal, mais seulement quand je bougeais. Je devais avoir été désinfectée. Immédiatement, des images de ce qui venait de se passer défilèrent dans mon esprit. La sortie du bar, Martin Hannigan, Billie ... Billie. Je me redressais en sursaut, criant alors. « Billie ! » J'entendis une voix faible sur ma gauche, et je tournais la tête. Dans un lit d'hôpital également, ma meilleure amie était là. De larges hématomes couvraient son visage, me faisant tressaillir. Je sautais de mon lit, arrachant leurs branchements à la con qui ne me servaient à rien pour me diriger vers elle, et prendre sa main dans la mienne. Elle était pansée de partout : La main, la cheville, son visage même. « Est ce que ça va ? Tu as rien de cassé ? » Mes yeux bleus s'étaient immédiatement voilés de larmes. Je n'arrivais pas à réaliser ce qui venait de se produire. Alors que nous étions censées retrouver le sourire, nous venions de passer une nuit en enfer. Elle tenta de s'excuser. Pour toute cette histoire. Je secouait la tête négativement, la coupant. « Tu voulais me protéger ... Tu étais ... Traquée. Je comprends tout maintenant. » Mes lèvres voulurent sourire d'un air rassurant, mais elles me brulaient aussi, je sentais leur commissure enflée, sans doute par les coups qu'Hannigan m'avait portés au visage. Je n'osais même pas me regarder dans le miroir. Je baissais les yeux quand Billie commença à parler de ce que je voulais éviter à tout prix, l'issue de cette soirée. Mon visage se ferma. « Tu veux que je te rapporte quelque chose à boire ..? »

Vous avez certainement déjà entendu parler de cette sensation horrible qu'un poids lourd vous est passé sur le corps ? Eh bien c'était ce que je ressentais tandis que je me réveillais dans ce lit inconfortable, tirée de ma léthargie par une voix familière qui appelait mon prénom. Je bougeai un bras dans l'espoir de venir frotter ma gorge mais j'en fus incapable et ce geste m'arracha un gémissement de douleur. J'ouvris un œil, puis l'autre et tournai doucement ma tête en direction de la voix. Je vis Roxy détacher les bouts de plastique reliés à son corps et se précipiter pour venir s'agenouiller près de mon lit. « Rox .. » soufflai-je ; ma voix était encore plus faible qu'un murmure. Elle me parla, me demanda si je n'avais rien de cassé mais je me sentais incapable de lui répondre. Ma gorge se serra et des larmes s'échappèrent instantanément de mes yeux. Je n'avais pas la moindre idée de mon état physique mais c'était la dernière chose qui m'importait actuellement. « Je suis désolée .. » gémis-je de ma voix déraillée. « J'aurais jamais dû te cacher ça .. je .. » Elle me coupa la parole, m'expliquant qu'elle comprenait parfaitement. J'avais un doute. Je ne pouvais décemment pas croire qu'elle ne m'en voulait pas. À cause de moi, elle avait failli y rester cette nuit. Je baissai mon regard honteusement sur mes mains et remarquai que la droite était bandée. Mes souvenirs étaient flous et je ne me rappelais plus ce qui était arrivé à cette partie de mon corps. Avec hésitation, je relevai mon regard vers Roxanna et me mis à triturer nerveusement mes ongles. « Il faudra .. qu'on parle aux policiers. Qu'on leur dise que .. c'était de la légitime défense .. » expliquai-je et immédiatement, je vis le visage de ma meilleure amie se fermer. Mon estomac se contracta douloureusement de culpabilité. « Tu veux que je te rapporte quelque chose à boire ..? » me demanda-t-elle et je hochai la tête négativement. Il fallait qu'on parle, je ne voulais pas qu'elle se défile immédiatement. Pourtant, elle se leva et prétexta vouloir aller se chercher à boire pour elle-même avant de s'éclipser de notre chambre.

J'attendis. Longtemps. Dès qu'elle avait quitté la pièce, j'avais eu un mauvais pressentiment. Je fixai la porte depuis un bon moment sans flancher et je sursautai quand quelqu'un y donna trois coups secs. Mon cœur se mit à battre la chamade mais mes espoirs de voir une tête blonde passer le seuil furent rapidement anéantis. Deux officiers en uniforme entrèrent et me saluèrent, me demandant avec un signe de la main si je savais où se trouvait la demoiselle qui occupait le lit à présent vide. Je hochai la tête de gauche à droite et me mordis la lèvre pour retenir un flot de larmes. J'avais l'intime conviction qu'elle ne reviendrait pas. Je passai une heure à leur expliquer ce dont je me rappelais, ce que me voulait cet homme, pourquoi il s'en était pris à nous et je dus leur avouer que j'étais en réalité la fille de l'homme d'affaires qui s'était fait assassiner sur la côte Ouest des années plus tôt. Pendant que j'expliquai tout cela et que je m'évertuai à insister sur le fait que nous n'avions pas le choix et qu'il s'agissait de légitime défense, mon regard resta figé sur la porte de la chambre. Je savais qu'elle ne la passerait plus, mais je ne pouvais me résigner à lâcher tout espoir. Cependant je n'avais aucun doute: Rox était partie avec la ferme intention de rester le plus loin possible.