Le bal, un évènement que j'avais longtemps imaginé. Étais-je réellement à ma place ce soir ? j'en avais l'impression. Camille me faisait passer une agréable soirée, un brin rebelle. Il arrivait à me faire oublier mes troubles et mes inquiétudes. Sur la piste de danse, une main dans celle de Camille et une autre sur son épaule. Nous dansions et rigolions. Camille me ressemblait sur de nombreux points. Pour la première fois de la soirée, je m'amusais. Attendre, manger, parler. Tout ceci m'ennuyait terriblement et Camille l'avait remarqué. Mon attention semblait distraite, loin d'imaginer l'amertume qui se dégageait du jeune Lowell. Nous dansions encore et encore avant que je ne dise : " Tu me donnes soif Caldwell. Je vais nous ramener quelques choses à boire " dis-je avec un petit sourire avant de partir vers le bar. Mon regard s'arrêta sur cette silhouette. Aidan. Mon sourire se dissipa tout doucement. J'approchais doucement vers le bar m'apprêtant à commander deux boissons. " Bonsoir Stevensen " mon regard se tourna délicatement vers le jeune peintre. Son ton était neutre mais son regard était glacial. " Mes yeux se froncèrent et je lui fis : " Bonsoir Norrington, on passe une bonne soirée ? " dis-je simplement avant de sentir une main se coller derrière mon dos. Camille. Mon regard se porta aussitôt sur mon partenaire. Aidan était-il jaloux ? je n'en savais trop rien mais cette main semblait intriguer le jeune peintre : " Camille voici Aidan, Aidan voici Camille. " dis-je par pure politesse avec un petit sourire.

Tout individu dans cette pièce déambulait joyeusement, rigolant à souhait, oubliant leurs soucis pour une soirée. Comme si d’un coup de baguette magique, toute peur s’envolait. Tout conflit disparaissait. Ayant passé de longues minutes à danser avec sa partenaire d’un soir, elle le quitta pour rejoindre le bar. Le Dunster la suivit du regard, suivant la scène qui ne tarda pas à le faire réagir. Était-ce donc lui ? L’objet de sa venue, son rôle lors de cette soirée. L’un de ses rôles, l’un des costumes qu’il portait ce soir. Ils s’étaient promis de s’éclater, de passer une délicieuse soirée et de se servir des atouts de l’un et de l’autre, tels deux comédiens jouant sur scène. Les mains dans les poches, décontracté, il s’avança jusqu’à eux et déposa une main dans le dos de sa cavalière, fixant le jeune homme qui lui fut présenté quelques instants plus tard. Aidan. C’était donc lui, le président des artistes, le président du cœur de sa cavalière, celui qui allait regretter de ne pas avoir choisi la bonne cavalière. Il aimait bien Jackie, et était prêt à jouer le jeu. D’un grand sourire, il avança sa main vers celle du jeune homme, la serrant vivement. Aidan, enchanté. Je vous laisse quelques instants, ma cavalière m’a fait trop danser… Il déposa un baiser sur sa joue, et fit quelques pas en avant, rejoignant le bar. C’étaient quelques secondes essentielles où ils allaient se retrouver rien qu’à deux. Deux boissons étaient prêtes, deux coupes de champagnes. Ras le bol de la boisson pétillante. Il prit une coupe dans ses mains, se commanda un whisky sans glace et rejoignit sa cavalière et son ex, donnant la boisson à la jeune femme, buvant un coup dans son propre verre au liquide ambré. Sa main entoura la taille de la jolie blonde, comme si c’était sa copine. Ce n’était pas le genre à se montrer tendre en public mais ce soir, il était prêt à tout. Prêt à jouer, jeunes gens ?

Camille serra la main d'Aidan. Ils s'échangèrent des regards plutôt furtifs avant qu'il ne dise " Aidan, enchanté. Je vous laisse quelques instants, ma cavalière m'a fait trop danser..." j'affichais un sourire au coin avant que mon partenaire vienne m'embrasser sur la joue. Voulais-je vraiment rendre jaloux Aidan ? peut-être, oui. Mon regard s'arrêta ensuite sur le jeune peintre. " C'est bien Jackie, elle est réputée pour faire tourner les têtes ". j'affichais une petite grimace avant de croiser mes bras contre ma poitrine. Camille partie alors au bar et nous laissa quelques secondes. Aidan porta sa coupe à ses lèvres et lâcha ensuite : " Il est beau gosse. " Il n'avait pas tort. Camille était élégante. Je fis : " Je trouve aussi. " consciente du feu que je pouvais déclencher. " En tout cas, je passe une bonne soirée et ça a l'air d'être réciproque Indiana. " Mes yeux se plissèrent conscients que ces paroles n'étaient que pur sarcasme. " je suis contente de l'apprendre Norrington. Ma soirée est aussi très agréable comme tu peux le voir. " dis-je avant que Camille ne revienne avec une coupe de champagne. Mon regard dévia légèrement sur le côté en sentant les mains de Camille contre ma taille, gênée. " C'est gentil merci " dis-je légèrement à Camille avant de regarder une nouvelle fois Aidan " ou est donc passée ta partenaire ? "

Robert n'aime pas le bal, non il l'exècre. Robert n'aime pas les mondanités, ni les couples mielleux, il n'aime pas voir les gens se pavaner. Alors ce soir Robert à décidé de venir s'en mêler. Robert à décidé de voir une coiffure, voir une robe massacrée. Robert encapuchonné, c'est glissé jusqu'au milieu de la salle, il a trouvé trois jolies proies. Voyant un jeune homme saisir la taille de sa cavalière blonde à robe rose, il s'est approché en catimini d'eux. Chacune de ses mains tiens une coupe de champagne débordante et alors qu'il se glisse dans leur dos, la tête baissée pour cacher on identité, préserver son anonyme visage, ses bras se lèvent au dessus des têtes de deux jeunes gens (hj Camille et Jackie) et renversent tout leurs contenus sur eux avant de s'encourir avec ce rire maléfique raisonnant à leurs oreilles.

Un signe, un geste et il faisait le reste. C’était avec un réel plaisir, presque malsain, que le jeune homme répandait le mal autour de lui. S’il devait fissurer le cœur d’une fille, il le faisait. Alors, rendre jaloux un ex ne semblait pas bien difficile. La discussion entre les deux personne stagnait, il n’y avait pas vraiment de malaise mais on ne pouvait pas dire qu’ils s’éclataient. Au contraire, on aurait dit deux connaissances qui se seraient rencontrées lors d’un voyage étudiant qui demandaient des nouvelles l’un de l’autre. Triste fin. Le Dunster n’eut pas l’occasion d’ajouter un peu de piment, puisqu’en moins de deux secondes, il sentit un liquide se déverser dans ses cheveux, descendant le long de son costume, sur sa chemise, cravate, ruisselant de manière parfaite sur lui. Se retournant vivement, il aperçut quelqu’un, encagoulé dans un pull noir, fuyant tout en lâchant un rire démoniaque. Connard va.  C’était d’un ridicule, d’un enfantillage que même Camille fut surpris de ce qu’il venait de se passer. Sa partenaire n’avait pas été épargnée, malheureusement. Bien sûr, Aidan n’avait rien eu. Bel hasard. Reprenant ses esprits, il analysa trente secondes la situation puis se mit soudainement à rire. Tout va bien, j’ai connu pire... Il y a un avantage à la situation… Il fixa la jolie blonde, passa sa main sur sa joue, essuyant quelques gouttes de son pouce et approcha son visage du sien, posant délicatement ses lèvres sur les siennes, arrêtant pour quelques secondes le temps, oubliant cet évènement, ignorant la présence d’Aidan. Ses yeux de braise se plantèrent dans les siens, il murmura juste assez fort pour qu’il ne rate pas une miette de la scène. Tes lèvres ont encore meilleur gout maintenant… Petit sourire et il se recula, s’attendant à tout.