Dérapage incontrôlé

Cela fait bientôt 1 semaine que je ne suis pas sortie de ma chambre, a part pour aller en cours bien sûr même si niveau concentration j’étais plutôt au niveau -100. Je devenais un vrai zombi, j’avais perdu goût à tout, ce n’est pas mon genre de déprimer mais là j’avais l’impression que je n’avais plus aucun contrôle, quoi que je fasse, ça ne servait à rien.
La raison de cette dépression est simple, le week-end dernier alors que je rentrais chez mes parents pour un soit disant repas de famille, j’ai appris que mon père m’avait fiancée … Bien entendu je n’étais pas au courant et personne ne m’a demandé mon avis, j’ai juste le droit de dire « merci papa ». Et puis quoi encore. J’avais bien envie de me battre, de lutter contre cette famille qui me tournait le dos mais franchement plus les jours passent, moins j’en ai la force …
Le noir de ma chambre commença à me donner la nausée, ou c’était peut-être l’odeur de reformé, une semaine sans bouger, sans ouvrir la fenêtre, une semaine de relâchement total, ça laisse des traces …
Habillé comme une vraie pouilleuse, en jogging trop grand et pull difforme, je sortie dans le couloir. Plusieurs regards choqués me fusillèrent. Il est vrai que je ne sors jamais si je n’ai pas une tenue irréprochable, hors là c’est très très loin d’être le cas, avec mes yeux gonflé par les larmes et mes cheveux en bataille, je ressemblais plus à une aventurière de Koh-Lanta qu’à une étudiante en mode au look ravageur … Et pour la première fois de ma vie, l’image que je renvoyais aux autres ne m’importait absolument pas.
Je marchais dans les couloirs de l’Eliot House sans but. Je n’avais aucune destination, j’avais juste envie de marché, de prendre l’air, de réfléchir, de voir autre chose … Sans trop savoir pourquoi, je me dirigeais vers la chambre d’Andy, un ami sur qui je peux compter quoi qu’il arrive. Très peu de personne peuvent comprendre ce que j’endure mais lui oui, puisqu’avec Elysia ils vivent la même histoire que moi, fiancé de force par leurs parents, ils ne sont pas en couple, ils ne sont même pas vraiment amis. Je me suis dit que peut-être lui comprendrait …
Je frappai donc à la porte, un écho lointain me demanda qui c’était je me présentais donc et rentrait après invitation. Andy me dis de l’attendre deux minutes, le temps qu’il termine dans la salle de bain.
J’attendis qu’il sorte pour lui parler, il ne m’avait pas encore regardé, il était en train de chercher je ne sais quoi sur son bureau. Sans prévenir, sorti de nulle part je me mis à parler sans même le vouloir.

« On m’a fiancé Andy … » Lâchais-je à bout de force avant de tomber en larme sur le lit de mon ami.

Anxiété. Oppression. Mal-être. Doute. Peur. Sang. Elysia. Je me redressai vivement dans mon lit, le souffle court, réveillé par mon cauchemar, celui qui se répétait sans cesse, celui au cours duquel je retrouvais encore et encore Elysia les veines ouvertes dans la baignoire de sa salle de bain. This is your fault. Voilà ce qu'elle me disait. Je me pris le visage dans les mains en soupirant longuement, avant de me hisser hors du lit. Je m'étais endormi comme une masse après les cours, quelle heure était-il ? Je n'en avais pas la moindre idée, j'étais complètement déréglé. Je constaté au passage que j'avais même oublié de me changer avant de m'allonger. Je me rendis donc dans la salle de bain, retrouvant un rythme cardiaque acceptable et me déshabillai complètement pour me glisser sous la douche et enfin me sentir mieux, soulagé et apaisé par la chaleur de l'eau et le calme qui m'entourait. Je n'en pouvais plus de faire ce cauchemar. Mon psychologue disait que c'était normal, j'avais vécu un traumatisme et je ne devais pas hésiter à en parler mais je m'en sentais bien incapable, j'avais honte de ce qu'il s'était passé et je n'assumais pas. Je sortis de la douche une fois propre et alors que je me séchais les cheveux, j'entendis quelqu'un toquer à la porte. Je demandai de qui il s'agissait et la voix me répondit, c'était Joleen. Ca faisait bien plusieurs jours que je ne l'avais pas vue, que nous n'avions pas parlé. Comment allait-elle ? Je lui indiquai d'entrer et m'habillai rapidement d'un boxer, d'un short et d'un débardeur avant de m'ébouriffer les cheveux en sortant enfin de la salle de bain, m'approchant de mon bureau. Où est-ce que j'avais fichu mon portable ? Impossible de m'en souvenir. Je relevai la tête vers Joleen, choqué par ce qu'elle venait de m'annoncer. Quoi ? Elle vivait la même chose que moi ? Je la regardai fondre en larmes sur mon lit en ne sachant pas comment réagir dans un premier temps, mais ça semblait sérieux. Nous n'étions pas le premier avril.


« Jo... »


Je m'approchai d'elle, une tonne de questions me brûlant les lèvres mais ce n'était sans doute pas le moment de lui demander plus d'informations, j'avais l'essentiel et ça suffisait pour la rendre mal. Je pinçai les lèvres et vins m'asseoir à côté d'elle, passant un bras derrière ses épaules et l'attirant à moi en déposant un léger baiser sur ses cheveux dans un geste qui se voulait réconfortant.


« J'suis désolé pour toi. »

Dérapage incontrôlé

J’étais tellement fatigué que je ne pouvais pas m’arrêter de pleurer. Les larmes sortaient toutes seules … Je sentis les bras d’Andy qui m’entourèrent, puis il me serra contre lui. Je considèrais Andy comme l’un de mes meilleurs amis, il a toujours été là pour moi et même si parfois c’est une vraie tête à claque, il reste un mec en or. Son soutient était tout ce dont j’avais besoin.
Après 5 minutes à pleurer sur l’épaule de mon ami, je réussi à me calmer. Je levais la tête et je vis que lui non plus ne semblait pas en forme. Habituellement souriant, le visage frais il était aujourd’hui très fatigué, ces cernes étaient tellement prononcés qu’on aurait cru du maquillage.
Il est vrai que tout lui tombe dessus aussi en ce moment, lors de son anniversaire, ces parents avaient annoncé la date de son mariage, pour lui le clou était presque enfoncé. Et maintenant plus que jamais, je comprenais ce qu’il ressentait.

« Où est-ce qu’on a merdé ? Demandais-je spontanément. Non mais sérieusement, on a du foiré en beauté pour avoir écopé d’un karma aussi pourri. »

Malgré tous les commentaires que Joleen pouvait bien me faire, notamment sur mon rapport à l'argent - autant dire que j'étais un peu trop fier d'avoir tout ce que j'ai et ça ne lui plaisait pas que je sois si orgueilleux - je l'appréciais beaucoup et c'était réciproque. Ça me faisait mal au cœur qu'elle vive ce même enfer que je vivais avec Elysia et l'espace d'un instant, je l'imaginai faire la même ânerie que ma propre fiancée, si bien que j'eus grand peine à déglutir. Elle finit par se relever et je l'écoutais en silence, reportant mon attention sur elle avant de regarder le sol, haussant les épaules et me passant une main dans les cheveux.


« J'sais pas... On est nés dans un univers sans pitié et on fait partie des moins chanceux, j'imagine. »


Je pinçai les lèvres et relevai les yeux vers elle.


« Tu l'as su quand ? »

Dérapage incontrôlé

Les moins chanceux ? Tu m’étonnes ! Quand je pense que certains rêvent d’être à notre place. En apparence, tout est beau et parfait. De l’argent pour tous ce qu’on désire, des vacances aux quatre coins du monde, les meilleures écoles à porter de porte-monnaie sans même demandé quoi que ce soit. Et pourtant c’est loin d’être comme ça, on n’a rien sans rien et le prix à payer pour ça est bien plus lourd que n’importe quels millions de dollars. En permanence surveillé, pas le droit au moindre faux pas, on vous dit comment vous tenir, comment vous habiller, à qui parler, qui il faut absolument éviter. Vous avez une pression supplémentaire sur les épaules et les choix les plus simples ne vous appartiennent pas. A quoi ça sert d’avoir un compte en banque plein a craqué si vous ne pouvez pas vous payer un nouveau téléphone ou une nouvelle voiture sans que papa n’est « validé » votre choix … Parfois je rêverais d’échanger ma vie contre ces rageux du campus, ceux qui pensent que je vis au Paradis. Si ça c’est le Paradis alors jetez-moi en Enfer !

« Le week-end dernier, enfin je crois, j’ai perdu la notion du temps ces derniers jours. »

Je lui racontais donc l’histoire, le diner de « famille » en présence des Kellerman, famille que devait forcément connaitre la famille McDougall, les riches se connaissent tous, on sait tous ça … Je lui parlais de l’annonce de mon père et de l’euphorie de nos parents et même de ma sœur. Je parlais de mon sentiment de trahison et d’humiliation. Et bien sûr je n’oubliais pas Lorenzo, le « fiancé parfait » d’après ma mère, grand bien lui fasse, qu’elle l’épouse si il est si bien, elle n’a qu’à le laisser à Neveah puisque c’est la fille modèle de la famille, mais moi une chose est sûre, je n’en veux pas !

« Je n’ai pas reparlé à ma famille depuis, je ne veux plus jamais les voir. Tout ce que je veux c’est qu’on me rende le contrôle de ma vie ! Lançais-je sur un ton agressif, puis après m’être calmé je demandais. Je ne pourrais pas y arrivé, c’est au-dessus de mes forces, comment je vais m’en sortir ? » Demandais-je sans vraiment attendre de réponse, je savais bien qu’Andy était encore plus enfoncé que moi. J’avais juste besoin d’exprimer ce que je ressentais, et il n’y avait qu’avec lui que je pouvais parler de ça.

Je regardais alternativement Joleen et mes pieds, écoutant ce qu'elle avait à dire en songeant que je ne pouvais que trop bien comprendre ce qui lui arrivait, je ne pouvais que trop bien comprendre qu'elle me raconte tout dans les moindres détails et qu'elle s'énerve, parce que j'avais vécu la même chose. Aujourd'hui j'avais cessé de me battre, mon mariage était dans à peine quelques jours, mais j'avais eu envie d'hurler pendant cinq années complètes, espérant que quelqu'un m'entende et personne ne l'avait jamais fait. Si je pouvais être cette personne qui entendait Joleen, ce serait avec grand plaisir, afin que je puisse lui apporter le réconfort et le soutien dont moi, je n'avais pas bénéficié. C'était une épreuve difficile qui avait fini par m'avoir après plusieurs années, et je ne voulais pas qu'elle ait aussi raison de Joleen, elle ne devait pas baisser les bras. Elle devait encore avoir du temps devant elle, elle devait forcément pouvoir user de ce temps pour mettre un terme à ces fiançailles avant qu'il ne soit trop tard. Je me tournai finalement vers elle lorsqu'elle eut fini de parler et encadrai son visage avec mes mains, plantant mon regard dans le sien et fixant ses deux yeux à tour de rôle.


« Ne pars par vaincue Jo, tu as encore du temps devant toi et tu dois pas le gâcher. On trouvera une solution pour que tu évites ce mariage. Ok ? »


Je n'étais pas sûr de pouvoir vraiment l'aider mais c'était mieux que rien, n'est-ce pas ? Ça me faisait mal au cœur de la voir abandonner si vite, jeter l'éponge alors que le combat ne faisait que commencer, malheureusement.

Dérapage incontrôlé

Le soutient d’un ami, c’est tout ce dont j’avais besoin, et d’un plan aussi mais ça c’était mal barré. Il m’assura qu’il serait là, qu’il ne me lâcherait pas. Je ne devais pas abandonner, j’avais encore une chance, j’étais fiancé depuis une semaine, mes parents n’allaient pas me marié dans le mois, il avait raison ! J’avais eu raison de venir le voir.
Il avait mis ces mains autour de mon visage. Nous étions plus proches que jamais, c’était étrange. Je ne sais pas d’où me vint cette pulsion mais en une fraction de second mes lèvres se retrouvèrent sur celles de mon meilleur ami. Etait-ce ce chamboulement dans ma vie, le début de dépression qui m’habitait ou juste une attirance cachée ? Je ne savais pas pourquoi j’avais fait ça, et lorsque je repris mes esprits et que le baiser s’arrêta, je regardais Andy dans les yeux en attendant sa réaction.
J’avais peur, je ne voulais pas le perdre, il était le seul que je ne pouvais pas perdre maintenant, mon seul soutient, un vrai ami. Est-ce que je venais de tout gâcher ?

Je voulais apporter du réconfort à Joleen, qu'elle se sente mieux, qu'elle oublie l'espace d'un instant qu'elle vivait le même calvaire que moi, je voulais qu'elle parvienne à ne plus y penser et ne plus songer à l'enfer qui l'attendait si elle ne brisait pas les fiançailles à temps. Et puis contre toute attente, elle m'embrassa... Pourquoi ? Je n'en avais pas la moindre idée, je ne savais pas à quoi elle pensait ni si elle réalisait simplement ce qu'elle faisait, tout semblait tellement flou dans son esprit et ça se comprenait parfaitement. Je ne bronchai pas alors qu'elle s'éloignait légèrement de moi, me regardant dans les yeux et semblant attendre une réaction de ma part. Peut-être pensait-elle que j'allais me lever, m'éloigner d'elle, la repousser et dire qu'elle ne devait plus m'embrasser. Eh bien non, si elle voulait oublier momentanément ses problèmes de cette manière, ça m'allait aussi. Je voulais tout autant oublier les miens, et au final, nous y trouverions tous les deux notre compte pourvu que notre amitié n'en soit pas détruite. Je glissai donc une main dans sa nuque et l'attirai à moi de nouveau pour m'emparer une seconde fois de ses lèvres, savourant leur doux contact. Je n'avais jamais pensé en arriver là avec Joleen, mais après tout pourquoi pas ? Ma deuxième main se posa au creux de ses reins, l'approchant un peu plus de moi.

Dérapage incontrôlé

J’avais eu peur l’espace d’un instant qu’Andy recule, qu’il me demande de partir. J’avais simplement besoin de tendresse, besoin d’avoir quelqu’un avec moi, je ne voulais pas être seule. Je ne pouvais pas. Et lorsqu’il me rendit mon baisé, alors toute mes craintes s’envolèrent. Peut-être avait-il comme moi, envie de se changer les idées. Je n’avais jamais envisagé Andy en tant qu’amant même pour une nuit. C’était mon meilleur ami, aucune ambigüité n’existait entre nous, c’est peut-être pour ça que je me sentais bien à cette instant, je savais que cette aventure ne jouerait pas sur notre amitié, ça pourrait même la renforcé.
Mon corps se détendait petit à petit, j’enroulais mes mains autour de son coup, et lorsqu’il m’attira à lui, je n’opposais aucune résistance. Mes mains commencèrent à se promener dans son dos, sur sa nuque, dans ces cheveux. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas profité d’un instant de répit.
Doucement je m’étendis sur le lit de l’Eliot, en l’attirant sur moi, tout ce que j’espérais à cet instant, c’est qu’il ne fasse pas machine arrière, qu’il ne m’abandonne pas.

J'avais beau avoir été surpris par le geste de Joleen, je ne l'avais pas repoussée pour autant. Je n'avais pas la sensation que cet écart puisse nuire à notre relation. A part prendre du plaisir ensemble et oublier nos problèmes un moment, je ne voyais pas ce qui pouvait en découler. Et puis Joleen était une belle fille, soyons honnêtes. Elle s'allongea après s'être rapprochée de moi et je pris place au-dessus d'elle, me soutenant d'un bras et me permettant ainsi de pouvoir parcourir son corps de ma main libre. Je déviai finalement mes baisers dans son cou, la mordillant et la suçotant en glissant ma main sous son pull pour le lui remonter doucement, jusqu'à le lui retirer. Je repris possession de ses lèvres, sentant la température de mon corps commencer à augmenter petit à petit. Que ce soit raisonnable ou pas, je n'avais pas l'intention d'arrêter ; s'il fallait me stopper, seule Joleen le pourrait en cet instant.