Il voulait qu'on se retrouve devant le bar de strip tease, il m'a pris pour qui un pote qui se rince les yeux devant des filles nues, non. Je suis cece et j'ai un minimum de respect et de connaissance sur ma personne pour savoir que je kiff en rien les filles. J'ai essayé une fois et ce n'était pas concluant pour dire assez décevant. Je croyais que les lesbiennes étaient chaudes, mais rien. Bref, là n'est pas le discours, je lui ai gentiment envoyé un sms lui indiquant l'adresse de cet endroit, idéal pour écouter de la bonne musique et d'éviter les filles en strings, euro. Il ne sera pas contente, j'en ai rien à foutre. Alors que le premier groupe se préparait tranquillement j'allais me chercher un verre. « Un desperado s'il vous plait. » J'étais anglaise, je buvais presque de la bière dans mon biberon. Si c'est vrai j'exagère pas du tout. Enfin bref, quoiqu'il en soit je scrutais la porte d'entrée dans l'espoir de le voir, le joli coeur de ses dames, afin de lui dire ma façon de pensée. Il arrive super... Au lieu d'un joli bonjour et d'une accolade, je venais juste lui dire. « Sérieux, la boite de strip tease ? Tu me prends pour qui Caldwell ? Tu fais chier... » Disais-je dans un haussement d'épaule avant de rajouter, naturellement. « Je suis contente que tu sois là, tu bois quoi ? » Ouai, c'est nous, on se prend la tête mais c'est pas méchant, jamais.

Benjamin Franklin disait qu’il ne fallait jamais remettre au lendemain ce qu’on pouvait faire le jour même. Camille s’inspirait très souvent de cette citation de l’inventeur connu afin d’être le meilleur. Le secret de sa réussite ? La peur ne faisait pas partie de son vocabulaire, du moins n’en faisait plus partie. Il était exclu de se faire envahir par cette émotion négative qui l’empêcherait d’exceller. La peur paralyse le monde : d’échouer, d’être rejeté, de se tromper, d’avancer. Les humains ont peur et remettent au lendemain tout ce qu’ils peuvent jusqu’au moment où une nouvelle peur détruit l’ancienne. Ainsi le processus se répète. Camille bossait tous les soirs jusqu’à pas d’heure pour réaliser ses rêves – et se barrer d’ici – et c’est ce qu’il avait prévu ce soir. Sur son bureau, quelques livres ouverts, des tasses de café vide, un cendrier où trônaient quelques malheureuses cigarettes à moitié fumées. Concentré sur un chapitre de neurosciences, il sursauta presque en entendant la porte s’ouvrir. Bordel, c’était qui l’abrutit qui se permettait d’entrer sans avoir demandé la permission ? Ludwick – ou le blondinet qui se trémoussait le soir contre quelques billets -. C’était drôle de le voir ainsi, presque en panique, de peur qu’on découvre ses activités nocturnes. Encore une belle preuve des conséquences de la peur, fléau de ce monde. A vrai dire, il se moquait pas mal de ce qu’il faisait avec son corps. Un silence s’installa, il le pénétra du regard.  Tu fais aussi dans le privé ? Magnifique idée.. Il se leva, s’approcha du jeune homme en souriant, un air carnassier sur le visage. Il s’arrêta à quelques centimètres de lui et répondit à sa question. Il n’allait surement pas apprécier. Tu as honte de te déshabiller contre un peu d’argent ? Pourquoi ne rien dire ? Ce serait assez drôle, tu pourrais faire une petite démo dans le salon des Dunster. Tu veux qu’on ailler proposer l’idée au président ? S’asseyant sur son lit, il le dévisagea, prêt à s’amuser un peu.

J'avais toujours le chic pour me faire de drôle d'amis, certaines mauvaises langues diront que je ne sais pas les choisir, qu'il n'y a que ses gens là qui peuvent m'apprécier que je ne mérite que cela. J'ai pas envie de les écouter ce soir, non, je me contenterais juste de dire la chose suivante. J'aime bien trainer avec des cas, je me sens moins désespérée, quoique je savais au fond que je méritais peut-être plus que de me faire avoir et malmener comme cela, mais je n'allais rien dire, c'était ma façon de vivre, pourquoi changer au final ? « Je suis majeur, je fais ce que je veux d'abord. » Mon physique semblait être la risée de tout le monde, ce soir je ne m'occupais pas de ses paroles, elles glissaient juste sur moi sans véritablement m'atteindre, pour l'instant en tous les cas. « Je crois pas que tu es envie de voir cela, tu es trop sombre encore. » Installée derrière cette table, le serveur apporta la bière à mon ami, qui paya la conso, je n'aimais pas cela mais je disais rien, j'avais vraiment pas la tête à faire une quelconque remarque sur cela. Mais après réflexion je lui en payerais une plus tard, ça je pouvais le faire. « Tu crois sincèrement que des nichons allaient me faire changer d'avis, je ne suis pas un homme, je ne suis pas seulement dicter par mes parties. » Je lui faisais un clin d'oeil qui en disait long sur mon humeur de la soirée. Je regardais autour de nous, l'ambiance n'était pas encore au rendez vous, mais le groupe ne jouait pas encore. En trinquant. « A notre soirée ! » Je lui faisais un petit sourire forcé, histoire de dire je suis polie, même si j'étais très heureuse de passer du temps avec lui.

Camille était un homme. NON SERIEUX ? C'est un homme, tout le monde savait cela, je veux dire, il avait tout les tics de l'homme. Légèrement pervers, alcoolique, grossier. La totale, mais cela ne me gênait pas, ça me rappelait mes amis de Manchester, qui n'hésitait pas à me prendre pour un mec, pour dire des grossièretés. C'était moi, j'attirais toujours ce genre de mec étant en rien une princesse parfaite. Je ne serais jamais une princesse parfaite. Pourquoi changer. Il semblait motivé pour la soirée, on allait pas s'ennuyer. « Houla, il s'agit d'une proposition ? Tel est le cas, je suis pas assez bourré pour te demander ça. » Je n'étais pas prude, loin de là, je connaissais les choses de la vie, mais entendre Camille dire cela, c'était plutôt étrange, déstabilisant et assez bizarre en fin de compte. Je le regardais boire sa tequila, il avait une bonne descente. Je prenais le premier verre en le buvant en entier. Je ne pouvais éviter la grimace se dessiner sur mon visage alors qu'il arborait le thème du bal. ah le bal, une coutume américaine dont je n'étais pas franchement fan. « Un code vestimentaire ? le bal ? Pff encore une prise de tête typiquement américaine » Je le sentais mal, vraiment parce que je n'excellais jamais dans ce domaine. Devais-je inviter quelqu'un, si Kirill ne l'avait pas fais c'est qu'il ne voulait pas de moi, bordel, je crois que je vais me cacher sous mon lit et éviter ce genre de sujet. Je buvais cul sec mon second verre, celui là j'en avais réellement besoin.

BORDEL Camille est un cas à part, un ovni comme j'aime le lui dire constamment. Je sais pas trop ce qu'il attend de la vie, ni même ce qu'il veut faire plus tard. On ne parle jamais d'avenir quand bien même d'avenir professionnel. En même temps je m'en fiche. Je veux pas dire que ça me soule et que je me fiche des autres juste que... J'ai pas envie de savoir et l'alcool que je viens de boire commence sérieusement à me chauffer les oreilles. Reste concentrée Cece et tout ira bien dans le meilleur des mondes. Tu peux être une fille qui assure. Enfin, pas pour les bals en tous les cas. « Ne me fait pas dire ce que je n'ai pas dis. J'y serais, accompagnée même. Mais c'est trop complexe pour moi comme système, se montrer élire des gens qui seront forcement les plus populaires, les plus beaux. Nah franchement, c'est un truc qui fait plus chier qu'autre chose. » Je lui faisais de gros yeux alors qu'il s'approchait de moi. Il fait quoi là ? Ses paroles ne me choquent plus, je suis habituée à sa vulgarité typiquement masculine et provocante, c'est l'attitude qu'il prend comme si j'allais rougir. Bon okay je rougis dés qu'on me dit quelque chose, ça veut pas dire que je sois sensible à cela. « On ne te dit jamais non j'en conclue... » Je lui souriais avant de rajouter. « Donc, je ne suis pas le genre de femme que tu accueilles dans ton lit, je me sens offensée. » Avouais-je remplie d'ironie et de sarcasme absolument pas blessée de ne pas être ce genre de femme. Vraiment pas. Je levais la main, pour commander deux autres verres.