J’avais rendez-vous avec Briony à propos d’un dossier sur la réserve où je vivais. Il fallait récupérer les œuvres volées que j’avais retrouvées dans le musée lors du SB. J’avais appelé ma mère pour qu’elle regarde mais elle était trop occupée avec les rituels chamaniques pour accepter ma demande. Seulement, elle avait prévenu le chef de la tribut et je devais aussi le faire vu qu’il ne voulait pas le faire. Il avait le Pow Wow de cet été à réaliser, il prenait le temps de tout planifier. Je me retrouvais donc toute seule avec pour simples choses : les photos et le procès-verbal que j’avais fait à la fin de ma visite dans le musée.

Le café que j’avais choisi contenait des livres et un lieu où l’on pouvait discuter tout en buvant un café. J’y allais souvent, et je trouvais cet endroit parfait afin de pouvoir travailler dans le calme. Assise à une table dans un coin de la pièce, j’avais mis mes écouteurs MP3 dans les oreilles. La musique amérindienne dans ce coin-ci de ma tête, je profitais de ce petit moment pour faire ma liste des courses pour mon rituel de la purification que je faisais toutes les Pleines Lune.

La liste des plantes inscrites sur ma feuille, je la rangeais vite fait bien fait pour qu’on ne me la prenne pas. Puis, tout en continuant le truc, je prenais alors les photos que j’avais prises pour le dossier. Il était nécessaire de le faire si la réserve voulait reprendre les objets volés. J’avais vu l’agent de police qui s’occupait de cela, il était venu en ville pour me voir. Je lui avais expliqué à l’aide d’un interprète et il me donnait main forte. Il avait « réquisitionné » les œuvres afin que l’on puisse les avoir en ville à Harvard. Puis, une fois, cela fait, je pouvais toujours les envoyer dans ma réserve en Arizona.

Soupirant doucement pour ce petit truc qui allait sans doute me saper ma semaine, je me disais qu’il fallait que je trouve aussi les choses pour arranger ce petit problème épineux. Je travaillais là-dessus lorsque je reçu une tape sur l’épaule, levant la tête, je voyais Briony devant moi. Lui disant : « Bonjour, tu vas bien ? » Parlant en langage des signes, je me demandais si elle allait me parler ou si elle prendrait les signes.

Avec l'université d'Harvard, j'avais pu voir plein de nouvelles choses. J'avais eu l'opportunité de m'ouvrir à de nouveaux domaines, d'apprendre à connaître des personnes qui ne venaient pas du tout de mon univers mais surtout d'affiner mon projet professionnel. Mon rêve même. J'savais c'que j'voulais faire plus tard. J'voulais faire partie de ces "lobbistes", ces gens qui se battent pour des causes, sans pour autant être d'un parti politique spécifique. J'voulais changer le monde à ma manière, à partir de ma propre échelle, j'voulais y parvenir. Et avec la rencontre de Kaya, j'mettais un doigt dessus. Cette jeune femme.. elle était très spéciale. J'veux dire par là que ses différences faisaient sa force selon moi. J'adorais ça. La jeune femme était d'origine amérindienne et terminait ses études cette année mais j'avais pour autant prévu de la laisser filer facilement. Jusqu'au bout j'allais être présente pour elle vous m'suivez ? C'pour ça que j'allais aujourd'hui la rejoindre dans un café pour qu'on puisse être tranquilles, toutes les deux seulement. En arrivant sur les lieux, j'repéra bien rapidement celle que j'considérais presque comme une amie à force. « Bonjour, tu vas bien ? » Un sourire se dessinait sur mes lèvres en voyant l'accueil chaleur de l'étudiante. J'lui répondis d'ailleurs en langues des signes, une langue dans laquelle j'avais mes bases avec un enseignement que j'faisais toute seule chez moi. Du coup, c'tait assez approximatif ahem. Malheureusement. Ca va et toi ? Par la suite, à voix haute, j'me commanda un cola. Pas d'alcool à l'heure là et j'avais besoin d'avoir quelque chose de frais. Tu as.. Ugh, j'savais pu c'tait quel symbole. Du nouveau ? Et tout en langage des signes héhé.

Voyant mon amie, j’enlevais mes écouteurs des oreilles, et je lui répondais en signes : « Bien. » Ecoutant ce qu’elle me disait, je lui répondais en lui montrant les photos : « Lors du SB, j’ai trouvé ces objets, et j’ai pris des photos. Le procès-verbal est là comme tu peux le voir. Je me demande comment récupérer le reste. Mes parents ont appelé le Sénateur de l’Arizona pour qu’il puisse aider. » J’avais dis cela comme ça, mais bon, tout en me disant qu’il était bien que je change un peu de sujet, je disais : « Hum, cela va me prendre la tête, tu ne peux pas savoir…..C’est fou comme quoi, j’ai l’impression que ma dernière année à la faculté va me rendre dingue…. » J’avais dit cela comme ça, et faisant signe à la serveuse, je lui souriais. Je prenais toujours la même chose : de l’eau ! Je prenais alors le temps de l’observer un instant, et je lui demandais : « Tu viens au cours ce soir ? » Toujours en signes, j’essayais de parler avec mon amie. J’aimais bien sa présence, et il fallait que je fasse aussi un effort. En ce moment, j’étais un peu solitaire, mais je me rendais compte que cela n’était pas très bon pour moi. Je souriais et tout en voyant venir nos boissons, je me versais un verre d’eau.

J'espérais de tout mon coeur que mon cerveau était suffisamment éveillé pour que j'puisse comprendre la langue des signes et que j'puisse à mon tour communiquer. J'tais absolument pas totalement bilingue dans cette langue. J'me demerde, j'me fais comprendre mais tenir une conversation, c'est un peu plus compliqué ahem. « Bien. » Bon, ça, ça va. Par la suite, Kaya sortit alors quelques photos et j'sentis que ça allait être d'un coup plus dur à comprendre. «  Lors du SB, j’ai trouvé ces objets, et j’ai pris des photos. Le procès-verbal est là comme tu peux le voir. Je me demande comment récupérer le reste. Mes parents ont appelé le Sénateur de l’Arizona pour qu’il puisse aider. » Oh god, elle était allée vraiment très vite, j'tais pas trop sûre d'avoir tout compris mais au moins l'principal. « Hum, cela va me prendre la tête, tu ne peux pas savoir…..C’est fou comme quoi, j’ai l’impression que ma dernière année à la faculté va me rendre dingue…. » J'ris un peu. T'inquiète donc pas. J'comprenais tout à fait ses soucis. « Tu viens au cours ce soir ?  » La serveuse revint rapidement avec l'eau que Kaya avait demandé. Si j'venais au cours ce soir ? Sûrement oui. Normalement oui. J'pris les photos de Kaya et les regarda quelques instants. Expliques lentement le problème.

Mon calepin avec moi, je savais qu’il faudrait donc que je trouve des choses pour lui expliquer. C’est vrai j’avais parlé vite dans la panique, et j’avais oublié qu’elle comprenait si je parlais lentement. Je lui disais patiemment : « Il y a eu des vols dans la réserve indienne. Et il y a des objets qui sont un peu partout dans les pays. J’en ai retrouvé à Punta Cana dans le musée. » Lui montrant les photos avec la liste des œuvres d’arts volés, je souriais de mauvaise humeur, et je continuais de lui dire lentement les signes malgré ma frustration…. « J’ai fait un procès-verbal avec l’aide de la police de Punta Cana. Et appelé le gouverneur de l’Arizona pour qu’il fasse revenir les œuvres. Mais pour ça, je dois monter un dossier juridique. Et je n’y connais rien à ce truc. » Je continuais de lui dire en signes : « J’ai un dossier comme quoi il s’agit d’objets archéologiques, sauf qu’apparemment cela ne suffit pas. Il y a eu une loi qui interdit le vol de ces œuvres et qu’elles doivent être dans la réserve et non dans des musées quelconques. » J’avais dis cela comme ça, et tout en buvant mon verre d’eau, je me disais bien que pour l’instant, cela allait réellement me faire tourner en bourrique….

J’avais beau me démerder en langues des signes, j’étais pas encore tout à fait bilingue et il allait m’falloir encore de l’entraînement pour comprendre rapidement ce que Kaya voulait m’dire. La jeune femme reprit ses explications. « Il y a eu des vols dans la réserve indienne. Et il y a des objets qui sont un peu partout dans les pays. J’en ai retrouvé à Punta Cana dans le musée. »Musée. Objets volés. WTFF ? C’quoi ce bordel ? J’pris les photos de la dunster deux secondes pour les examiner et me reconcentra sur ses mains. « J’ai fait un procès-verbal avec l’aide de la police de Punta Cana. Et appelé le gouverneur de l’Arizona pour qu’il fasse revenir les œuvres. Mais pour ça, je dois monter un dossier juridique. Et je n’y connais rien à ce truc. » Okaaaay. Pourquoi j’fais pas des études de droit ? « J’ai un dossier comme quoi il s’agit d’objets archéologiques, sauf qu’apparemment cela ne suffit pas. Il y a eu une loi qui interdit le vol de ces œuvres et qu’elles doivent être dans la réserve et non dans des musées quelconques. » J’passais ma langue sur mes lèvres, en réfléchissant. Et cette loi suffit ?

« La réserve est comme à part, il y a des lois propres et une police propre. Cette loi aide contre le vol de nos objets. » J’avais dis cela comme ça, et je me rendais compte que pour certains cela pouvait bien paraître assez étrange. Comprenant qu’il y aurait sans doute autre chose à faire, je buvais un peu d’eau, et je disais frustrée : « Après, je ne sais pas trop comment faire. En archéologie, je peux trouver, sauf que je ne voyais pas comment faire là pour ce truc juridique. » En attendant, je me rendais compte que mon amie avait sans doute autre chose à faire, je lui demandais : « Tu veux sans doute faire autre chose ? Il ne faudrait pas que je t’embête avec ce petit souci. » Reposant le verre d’eau, je me conduisais parfois un peu trop égoïstement, et je ne tenais pas non plus à imposer mon souci non plus.

Grâce à Kaya, j'touchais du doigt mon but professionnel, c'que j'comptais faire de ma vie. Aller dans les populations pour les comprendre, être avec eux. Faire en sorte de les aider, de les faire connaître aux yeux de tous, avec leurs soucis dûs à la nouvelle société de plus en plus indépendante. Mais avec l'amérindienne, c'est mon futur qui m'était venu. C'est beau j'trouve. « La réserve est comme à part, il y a des lois propres et une police propre. Cette loi aide contre le vol de nos objets. » Ah merde, c'tait pas cool du tout ça. Parce que les lois des tribus n'entraient pas du tout en compte avec les lois dites américaines ou même mondiales presque. « Après, je ne sais pas trop comment faire. En archéologie, je peux trouver, sauf que je ne voyais pas comment faire là pour ce truc juridique.  » Mmh. Okay.. ptete que j'peux aider. « Tu veux sans doute faire autre chose ? Il ne faudrait pas que je t’embête avec ce petit souci.  » J'souris un peu à la jeune femme, en répondant en anglais, pour voir si elle comprendre. Tu m'embêteras jamais avec ça. J'peux t'aider avec les papiers si tu l'souhaites, tu le sais ça ? Mais j'pourrais pas t'payer un avocat.

Regardant mon amie, je lui répondais en signe lentement pour qu’elle puisse bien me lire : « D’accord merci pour ton aide. C’est chouette que tu sois là. » J’avais dis cela patiemment, et j’espérais bien qu’elle puisse rester pour me donner un coup de main. Il était clair que pour l’instant, je ne voyais pas trop quoi dire. Je réfléchissais, et je m’apercevais que je devais aussi essayer de voir avec elle : « Donc, si on fait le dossier, on fait comment ? » Je comprenais que la suite serait alors assez intéressante pour moi. Je buvais un peu d’eau, et je réalisais que je commençais à paniquer un peu plus. Prenant mon collier dans ma main, je le triturais un peu plus afin de me rassurer. Sauf que cela ne fonctionnait pas vraiment, je trouvais même que pour le moment, je voyais une chose en plus : tout irait bien par la suite. Ainsi, pour l’instant, je regardais devant moi dans le vide, essayant de me raccrocher à une petite chose. Me réveillant alors en douceur, je disais en signes : « Est-ce qu’avec le dossier archéologique, on peut réussir ? Si on met la loi en plus ? » Je ne disais rien de plus, et je réalisais que pour le moment, j’avais une tonne de questions en tête.

C'est beau quand même de voir quelqu'un s'exprimer en langue des signes. C'est comme une danse avec des chorégraphies différentes à chaque fois. « D’accord merci pour ton aide. C’est chouette que tu sois là. » J'répondis par un simple sourire, tandis que j'appelais un sourire pour m'apporter mon verre du cocktail du jour. J'avais soif même si j'parlais pas au sens véritable du terme. « Donc, si on fait le dossier, on fait comment ? » J'savais pas trop comment m'y prendre pour l'coup. J'avais jamais été dans c'genre d'affaires. Déjà, faut réunir tous les éléments, voir si ta tribu avait des documents officiels pour prouver que les objets leur appartenaient tu vois c'que j'veux dire ? Parce que si y avait pas d'preuves.. alors le musée était sûrement dans tous ses droits, ou presque. Faut que j'vois si dans mes amis, y en avait qui étaient dans un cursus droit. Ca aiderait. « Est-ce qu’avec le dossier archéologique, on peut réussir ? Si on met la loi en plus ? » J'soupirais. J'étais perdue dans toutes les démarches juridiques. Dans l'dossier archéologique, tu as de quoi montrer que tu es dans tous tes droits ? Si oui, ça marche.