« Je suis encore en train de courir dans ce champ qui me parait interminable… C’est étrange parce-qu’ il se met alors à pleuvoir et je me sens incroyablement bien…
- Et après ?
- Et après je me réveille. »
Allongée sur la banquette de sa psychologue, Maïa déblatère sa vie, comme elle le fait depuis l’âge de ses six ans chaque mois. C’était une idée de sa mère, selon laquelle les enfants qui suivent une thérapie s’en sorte mieux dans leur vie futur. Que Maïa ait été major de sa promotion et qu’elle décide de suivre des études de médecine par la suite, est-il le résultat de cette initiative ? Personne ne le sait, mais ce petit rendez-vous mensuel est devenu une habitude pour la jeune O’Connor et celle-ci prend cette heure à parler d’elle comme un défouloir vivant dans lequel elle peut se laisser aller librement. Née à Londres d’une mère fleuriste et d’un père comptable, la jeune Maïa est la cadette d’une famille modeste à deux enfants. En effet, la dernière des O’Connor a un frère, âgé de quatre ans son aîné, qui a décidé de suivre une voie de débauche, laissant l’espoir des parents reposer sur Maïa. Sa vie peut donc ainsi sembler tout à fait normale, sans prise de tête, sans secret à cacher, et pourtant ce n’est pas le cas. Tout ne peut pas être parfait. La mère de Maïa a toujours été quelque peu spéciale, elle aimait beaucoup faire des déguisements à sa fille et la déguiser à sa guise, et parfois elle s’énervait car son enfant ne ressemblait pas assez au personnage pour qui elle voulait la faire passer, ou parce-qu’il pleuvait et cela la déprimait. Une fois au contraire, Mme O’Connor décida sur un coup de tête de faire rater l’école à Maïa lorsqu’elle avait huit an pour l’emmener voir un ballet à Paris le soir, sans même prévenir personne. Ce n’est que bien plus tard que les médecins lui ont diagnostiqué une fluctuation anormale de l’humeur, signe qu’elle souffre de trouble bipolaire. Lors de son année de terminale, on demanda à Maïa ce qu’elle voulait faire l’année prochaine, car cela ne faisait aucun doute qu’elle allait réussir brillamment ses examens. A la maison, depuis la découverte de la maladie de sa mère, l’ambiance s’est dégradée, son père passait sa vie au travail et avait une peur bleue de se retrouver face à sa femme, son frère était partit faire le tour du monde avec des amis et Maïa se retrouvait donc chaque soir, seule en compagnie de sa génitrice. D’un côté, elle ne voulait pas l’abandonner, ayant trop peur de ce qui pourrait arriver si elle restait seule à la maison, mais de l’autre, cette vie ne lui convenait plus et son envie d’évasion ne cessait de s’accroître. Une fois son baccalauréat en poche, le père de la jeune femme lui promit de s’occuper assidument de sa mère et qu’elle pouvait partir dans une université réputée tel qu’Oxford, pour laquelle elle avait obtenu une bourse d’étude. Seulement, ce qu’il ne savait pas, c’est que Maïa avait également postulé pour une Université qui se situait bien plus loin qu’Oxford, et pour laquelle elle avait également obtenu une bourse.. C’est ainsi que la jeune femme se retrouva à Harvard à peine âgée de 18 ans, dans un pays qu’elle ne connaissait pas, avec des gens qu’elle ne connaissait pas et une manière de vivre complètement différente de celle d’Angleterre.