Avery venait de me prévenir qu’il voulait me parler, et il avait demandé s’il pouvait débarquer dans l’heure suivante. J’avais tout de suite accepté, ayant une petite idée derrière la tête. Tamara n’était pas là, alors on avait l’appartement pour nous tout seul. Je savais que je n’allais pas avoir à lui dire deux fois avant qu’il ne me saute dessus. J’avais donc enfilé un maillot de bain deux pièces que je venais d’acheter pour le Spring Break et j’attendais dans le canapé qu’il toque. Je n’eus à attendre qu’une vingtaine de minutes quand j’entendis le son provenant de ma porte. Je me levais donc et j’entrouvrais juste légèrement la porte, un sourire malicieux se logeant sur mon visage. « Prépares toi à baver, parce que ce maillot me fait un corps de rêve ! », lançais-je pleine d’enthousiasme avant d’ouvrir complètement la porte afin de me dévoiler en maillot de bain. « Ouais je sais, maintenant t’as grave envie de moi », continuais-je en souriant. J’attrapais son bras pour le tirer à l’intérieur de l’appartement sans trop lui laisser le choix.

« Il était une fois un garçon venu des quartiers pauvres, accumulant problèmes sur problèmes. Un jour, ces derniers se sont arrêtés et il a réussi à entrer dans une université réputée pour faire ses études. Il a des supers amis, des cousins géniaux et une copine merveilleuse. Sauf que voilà, après avoir passé un mois tranquille, le garçon revoit sa sœur avec plusieurs marques de coups. Elle s'est fait agresser par un des anciens dealers de son grand frère défunt. Il réclame une somme d'argent astronomique pour combler les dettes du grand frère. Le dealer prévoit de faire du mal aux proches du garçon et de sa sœur s’ils ne leur donne par l’argent dans les délais. C'est pour cette raison que le garçon s’apprête à couper les ponts avec ses proches et rompre avec sa copine. Il fera tous pour qu'ils soient en sécurité quitte à souffrir dans son coin, seul et perdu. » C’est mon histoire, ma putain d’histoire. Briony est revenue lundi dernier et m’a annoncé que nos problèmes ne font que commencer. Je ne veux pas prendre de l’argent à mes amis ou bien même au reste de ma famille, je veux juste en finir en gagnant l’argent moi-même. Je ne sais pas comment avoir la somme ni combien de temps toute ses conneries vont durer. J’ai peur et je suis triste. Comme le raconte cette histoire je vais rompre avec ma copine, meilleure amie et femme, Holly. Je ne sais pas comment je vais m’y prendre. Je ne sais même pas si j’aurais le courage de la regarder dans les yeux. Je sais uniquement que je me trouve face à sa porte depuis cinq minutes sans avoir le courage de frapper. Ma main reste à quelques centimètres sans venir toquer sur cette stupide porte qui me sépare de la jeune femme. Après de longues minutes d’hésitation et de peur, je finis par frapper deux coups. Holly arriva rapidement avec un énorme sourire sur son visage. Bordel, pourquoi elle est si joyeuse aujourd’hui ? Elle ne peut pas être déprimée comme après avoir vue Titanic ?  Prépares toi à baver, parce que ce maillot me fait un corps de rêve ! J’ai complètement oublié qu’elle s’est acheté de nouveaux maillots de bain pour le Spring Break. Je fis un léger sourire certainement peu crédible en la regardant ouvrir la porte en grand. Ouais je sais, maintenant t’as grave envie de moi. Sans que je puisse dire quoi que ce soit elle me prit par le bras et m’attira dans l’appartement. Il est vrai que ce maillot lui va bien, très bien même. Elle est encore plus belle que d’habitude. Je me perds dans ses courbes parfaites ainsi que dans les motifs de son bikini pour revenir à la réalité de façon brutale. En effet, j’ai tellement reculé que je me suis pris une des chaises. Je .. Je me tus l’espace d’une seconde. Je ne sais toujours pas quoi lui dire, ni comment amener la chose. Tu devrais te rhabiller.

Tout se passait merveilleusement bien entre Avery. C’était… limite trop beau pour être vrai en fait. Toute cette histoire m’avait fait peur… très, très peur mais aujourd’hui, tout allait tellement bien que je n’y pensais plus. Je sortais avec mon meilleur ami. Quoi de plus banale, au fond ? La partie comme quoi nous étions mariés, je n’y pensais même plus. Après la virée que nous avions fait à Chicago et la partie un peu… triste quand nous étions passé par chez lui, je voulais tout faire pour lui faire plaisir. Alors forcément, en faisant du shopping et en trouvant des maillots sexy, j’avais tout de suite pensé à lui et je m’étais dit que ça ne pourrait que lui plaire. Il n’avait pas l’air très enthousiaste par sms, mais j’allais arranger ça. J’avais donc tiré mon petit ami pour qu’il entre dans mon appartement en plaisantant sur le fait que j’étais sûre et certaine de lui faire de l’effet. Okay, je voyais sur son visage quand il me regardait que c’était le cas, mais je sentais aussi que quelque chose n’allait pas. Et ça se confirma quand il se recula et butta contre une chaise. Je fermais la porte d’entrée en le regardant, légèrement… perplexe. Je .. Je fronçais les sourcils et je m’approchais de lui. Tu devrais te rhabiller.[/size] Je souris un peu et une fois à sa hauteur, je le regardais en demandant, « Ça va pas.. ? » Il savait qu’il pouvait tout me dire, non ? Enfin… j’espérais qu’il le savait. « Attends, j’reviens. Assieds toi. » J’allais dans la salle de bain pour enfiler un t-shirt et un jeans et je revenais dans le salon près d’Avery. « Tu restes dormir ? Tamara rentre pas normalement.. » Je souris en coin : moi j’avais envie qu’il reste !

Ça va pas.. ? C'est ma tête ou le fait que j'ai failli me casser la gueule avec une chaise qui lui fait comprendre ça ? Attends, j’reviens. Assieds toi. Elle se rendit dans la salle de bain certainement pour mettre quelque chose sur elle en plus de son maillot de bain. Pendant ce temps je me mis sur la chaise que j'ai bousculé juste avant. Tu restes dormir ? Tamara rentre pas normalement.. Ma gorge se noua un peu plus. Elle ne se doute de rien et c'est bien ça le pire. Nan, j'vais repartir. Faut juste que je te dise un truc avant.. Je soupirais, essayant tant bien que mal de croiser son regard. Allez courage Avery, tu peux le faire. J'entrouvris la bouche sans qu'aucun son ne sortent. J'ai pas envie de rompre putain. Pourquoi ce dealer stupide vient nous faire chier maintenant ? Il aurait pas pu faire ça avant, voir jamais. C'est fini... nous deux. C'est sorti, bien plus difficilement que prévu. Je redoute sa réaction. J'ai peur qu'elle croit que c'est uniquement une blague et qu'elle ne me prenne pas au sérieux. Je préfère mille fois qu'elle me dise de partir en me gueulant dessus.

Oh ça non, je ne me doutais de rien. En même temps, comment je pouvais me douter ? Bien sur qu’Avery semblait nerveux et il ne semblait pas dans son assiette, mais je m’étais dit que j’allais réussir à le détendre et à lui redonner le sourire. Je tenais vraiment beaucoup à lui, et avec notre relation, en un mois, j’avais appris à tenir à lui d’une autre manière encore. Je n’étais pas amoureuse de lui, mais… je savais que si on continuait comme ça, ça finirait par arriver. Parce que je l’aimais déjà énormément. Nan, j'vais repartir. Faut juste que je te dise un truc avant.. Je fronçais un peu les sourcils, m’arrêtant face à lui en le regardant. Je croisais les bras à ma poitrine. Je le sentais mal, parce qu’il avait l’air d’avoir beaucoup de mal à me parler. En un quart de secondes, j’imaginais le pire. Enfin.. à ce stade, le pire, c’était qu’il me dise qu’il m’avait trompé. C'est fini... nous deux. J’avais l’impression que l’information ne voulait pas passer dans mon cerveau. Un sourire se dessina sur mes lèvres. Un sourire… nerveux. « Quoi ? Qu’est-ce que tu racontes ? » Je le regardais, et je réalisais qu’il ne disait pas ça pour rire. Voilà pourquoi il était bizarre. Mon cœur se mit à battre plus vite. Beaucoup plus vite, et je serrais mes mains sur mes bras toujours croisés à ma poitrine. « Tu… tu… » Je secouais légèrement la tête en sentant les larmes me monter aux yeux. Dis moi que c’est une blague Av’, j’t’en supplie, dis moi que tu me fais marcher..

Fin du suspense : c'est un sourire qui se forma sur le visage d'Holly. Pas ce sourire qu'elle a quand elle est contente ou quand j'ai sortis une vanne pourrie.. nan c'est ce sourire qu'elle a quand elle ne comprend rien. Et je peux affirmer qu'elle ne comprend rien à ce que je viens de lui dire. Quoi ? Qu’est-ce que tu racontes ? Oh s'il te plait Holly ne me fais pas répéter cette phrase. J'avala ma salive, essayant de rester le plus froid possible pour qu'elle ne discerne pas mes vrais sentiments. Je ne repondis rien, laissant planer le silence dans la pièce. Je me leva doucement, croisant une nouvelle fois le regard de la jeune femme. Ses yeux ne sont plus éclatants comme il y a trente secondes. Maintenant ils sont perdus. Tu… tu… Je soupira doucement baissant les yeux vers ses mains. Je suis désolé. J'avala ma salive, restant calme et le plus crédible possible. On est pas fait pour être ensemble Holly.

Il était tellement froid que ça me faisait froid dans le dos. J’avais l’impression d’être face à un étranger. Un étranger qui n’avait aucun scrupule à me faire de la peine. Merde alors, t’es mon meilleur ami. Pourquoi tu me fais ça ? On est bien ensemble, on est heureux et un jour, tu viens, et tu me dis que c’est fini ? Non… ça n’avait aucun sens. Aucun sens. Le pire dans tout ça, c’était qu’il ne me regardait même pas dans les yeux. Il était distant, fuyant et ça ne faisait qu’amplifier mon incompréhension. Je suis désolé. Je déglutis, essayant de ravaler mes larmes. Non. Non je ne voulais pas pleurer, pas devant lui. Mais je devais me mordre la joue pour m’empêcher de fondre en larmes, vraiment. On est pas fait pour être ensemble Holly. Je fronçais les sourcils, « Pas fait pour être ensemble ? C’est quoi cette excuse à la con ? », demandais-je d’une voix tremblante. « Je comprends pas tu vas – » Je m’arrêtais de parler, le regardant en entre ouvrant la bouche. « C’est qui ? C’est qui la pétasse ? » C’était la seule explication plausible, qu’il ait quelqu’un d’autre.

Pas fait pour être ensemble ? C’est quoi cette excuse à la con ? C'est la seule excuse que j'ai trouvé. C'est comme devant une classe remplie d’élèves et que tu dois faire un exposé, t'as peur, tu stresses, tu dis n'importe quoi, et bien Holly représente tous les élèves à elle seule. Nan pas qu'elle me fasse peur, c'est juste que je suis effrayé à l'idée de rompre. Maintenant c'est fait et la seule chose que j'ai envie de faire c'est de me barrer de l'appartement. Je comprends pas tu vas.. C’est qui ? C’est qui la pétasse ? Quoi ? Elle pense que je vois une autre fille ? Tu m'diras c'est le défilement d'idées qu'à une fille dans ce genre de situation. Ca pourrait être vraie, mais non. Je romps avec elle pour son bien et pas parce que je couche avec quelqu'un d'autre. Je passa un main sur mon visage en repondant simplement : Personne. Je marqua un pause en me dirigeant lentement mais surement vers la sortie. S'il te plait Holly, n'essaye pas de comprendre.

C’était peut-être ce qui m’avait fait le plus peur quand je m’étais mise en couple avec Avery. Les autres filles. Je lui faisais confiance, mais une partie de moi me disait de me méfier, parce qu’il était un mec à filles. Il disait que je lui contentais, mais parfois j’avais peur qu’il parte pour une autre. Une fille mieux, moins marginale, une fille plus belle, plus marrante. Alors forcément, c’était le premier truc qui m’était venu à l’esprit quand il m’avait dit que c’était fini. Il avait l’air fatigué, et même… un peu dépassé. Mais bordel je ne comprenais rien du tout. C’était comme si le ciel me tombait sur la tête. Il se leva et je le regardais faire sans arriver à bouger. J’étais… pétrifiée. Personne. Je déglutis en le regardant aller vers la porte. Une partie de moi voulait le mettre dehors en l’injuriant, mais une autre voulait le supplier de rester et de ne pas me laisser. S'il te plait Holly, n'essaye pas de comprendre. Je m’avançais un pas vers lui, n’arrivant plus à contenir les larmes dans mes yeux. Ça me faisait chier de pleurer, mais tant pis. « Ne pas essayer de comprendre.. ? Comment tu peux me demander ça alors qu’une des personnes les plus importantes dans ma vie est en train de me laisser tomber.. ? » Je continuais de m’approcher et j’attrapais son poignet avec douceur. « Me laisse pas.. », murmurais-je presque sur le ton de la supplication.  

Ne pas essayer de comprendre.. ? Comment tu peux me demander ça alors qu’une des personnes les plus importantes dans ma vie est en train de me laisser tomber.. ? Qu'est-ce que je suis censé répondre à ça ? Je suis désolé encore et encore. Je suis dans une merde pas possible et je dois tout faire pour te tenir à l'écart de la vie. Ou bien je lui mens tout simplement en lui disant que je préfère une autre. Nan, je peux pas choisir la dernière solution, j'peux pas lui faire autant de mal. J'ai un coeur quand même et puis cette fille me rend heureux, bien plus que je ne l'aurais penser. Y a des fois où je hais ma famille et aujourd'hui c'est Jarell que je déteste. Holly prit mon poignet, brisant ainsi les derniers centimètres qui nous sépare. Si seulement je pouvais tout lui expliquer. Me laisse pas.. Ses yeux, remplies de larmes me fixent attendant une réponse de ma part. J'ai envie de la prendre dans mes bras, de lui dire que je tiens à elle, l'embrasser.. Mais nan ! D'un geste je retira sa main de mon poignet et empoigna la porte. Je suis vraiment désolé, mais c'est fini. Peut-être qu'un jour elle comprendra pourquoi j'agis comme ça.. Sur ces pensées je sortis de l'appartement, laissant dernière moi Holly.