tu es si pâle, si fragile.

Tu pris une très grande inspiration, comme si tu voulais retenir ton souffle. Les hôpitaux t'ont toujours emmerdés. C'est le lieu le plus triste, le plus glauque qui puisse exister. Et pourtant, aujourd'hui tu pilais sur ton orgueil et tu allais rendre visite à une amie malade. Elle n'était pas en phase terminale, donc tu n'aurais pas besoin de verser une seule larme. C'était déjà ça de bon. Le claquement de tes talons sur le plancher parfaitement lisse du couloir faisait un écho étrangement lugubre. Le bouquet de fleur que tu tenais dans tes mains faisait une tache très colorée dans le décor plutôt terne... Tu arrivas bien assez vite à la porte de chambre de Feldt et tu expiras silencieusement. La voir comme ça, c'était juste trop triste. La voir à travers cette grande fenêtre, c'était tellement triste. Elle ne méritait pas ça. En fait, personne ne le méritait, justement. Tu toquas un petit coup sur la vitre afin d'attirer son attention. Tu lui montra le bouquet, sourire aux lèvres, avant de le poser sur une table posée près de là. « Salut. Tu vas pas trop mal ? » demandas-tu, tout doucement en t'asseyant sur la petite chaise près de la glace. Au départ, tu aurais bien pu lui demander si elle allait bien, mais tu trouvais la question un peu inappropriée vue le lieu où elle est...

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tu es si pâle, si fragile.

Ca fait presque 5 jours que tu etais dans cette chambre et rien n'allait en s'ameliorant. T'avais meme plutot l'impression que ca s'empirait, que chaque jours tu devenais plus faible et tu allais y passer. Tu ne voulais pas penser a cela. Non, t'allais survivre, t'etais une combattante, tu l'as toujours ete. Seulement quand on se retrouve enfermée dans une chambre avec une vingtaine de personnes et qu'il y a presque rien a faire a part dormir toute la journee et a cracher ses poumons, ca devenait bien triste. Elios venait regulierement et Alex aussi etait passé, mais tes enfants tu ne les avaient pas encore vu et c'etait vraiment ce qui faisait le plus, ce manque envers eux. Tu ne pouvais rien faire de toute facon. Tu lancais souvent des regards vers la vitre pour voir si il y avait quelqu'un. Tu vis alors Olyvia, la demi-soeur d'Elios. Tu souris et t'approchais alors de la vitre. Elle avait ammené un bouquet de fleur. Elle etait une personne gentille. Tu ne savais pas si tu pourrais les avoir, mais peut-etre qui sait. Tu t'assieds dans une des chaises qui se trouvaient de ton cote de la vitre. C'est quand meme attroce, d'etre des rats de labo, enfin d'en avoir la sensation. "J'ai deja vu beaucoup pire." Dis-tu avec un petit sourire. Tu disais ca, mais en verite, ton physique devait en dire bien plus avec ton visage pale et amaigri. On te donnait a manger c'est juste que t'avais pas faim. "Tu vas bien toi?" Tu esperais qu'elle n'allait pas tomber malade. Ca serait dommage.

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tu es si pâle, si fragile.

Lorsque ton regard croisa celui de Feldt, tu eus presque un haut le coeur. La jeune femme que tu voyais là, assise sur cette chaise à travers la vitrine ne ressemblait à rien à celle que tu avais croisée dans le grand hall d'Harvard, quelques semaines plus tôt. C'était une personne qui t'avait semblé imposante à première vue, sûre d'elle-même, confiante... Gentille aussi, généreuse de son temps et de sa patience... Là, c'était une image terne et fade de la jeune femme qui s'affichait devant des yeux. C'était triste. Pour elle comme pour toutes ces personnes atteintes de la maladie. « J'ai deja vu beaucoup pire. » finit-elle par répondre après lui avoir demandé si elle n'allait pas trop mal. Elle afficha un petit sourire, comme pour essayer de te rassurer. Seulement tu voyait bien qu'elle disait ça que pour avoir l'air d'une dure à cuire. On sait tous que quand la maladie frappe, peu importe laquelle, ça nous met KO en moins de deux. Tu lui renvoyas néanmoins un petit sourire sincère. « Tu vas bien toi? » Tu hochas silencieusement la tête, sereine. Il est vrai que ton temps des fêtes ne s'est pas déroulé de la façon souhaité, mais au moins s'il y avait une chose qui s'était plutôt bien déroulée, c'était bel et bien ta rencontre avec ton demi-frère biologique. « Ça va plutôt bien... Je venais te faire part des dernières nouvelles concernant... Elios. » Tu te sentais un peu mal de parler de tout ça à travers une vitre. Sincèrement, tu aurais préféré pouvoir lui dire de vive voix, pouvoir lui faire une grande étreinte ou quelque chose comme ça pour la remercié de t'avoir donné un peu plus de courage pour affronter cette peur... M'enfin, la vie c'était à chier dans certain cas et ce l'était particulièrement pour Feldt en ce moment...

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tu es si pâle, si fragile.

Tu detestais tellement etre malade. T'avais la sensation que toute energie se vidait en toi et que tu allais te retrouver qu'avec la chaire sur les os. Peut-etre que tu allais finir ainsi, t'en avais le net presentiment que tu finirais comme un legume. Tu te sentais deja si mal. Ton coeur fibrillait dans ta poitrine, tes membres te faisaient mal et t'avais aucuns sens de l'appetit. T'essayais de garder une mine positive devant Olyvia. Elle avait pas vraiment besoin de te voir dans ton pire etat. C'etait difficile, mais tu tenais le coup. Tu t'assies sur une des chaises mises a votre disposition dans ce couloir des visites. Le seul contact exterieur. Le seul moyen ou tu pourrais parler a tes amis, voir tes enfants -et encore tu etais pas sure que cela allait arriver. « Ça va plutôt bien... Je venais te faire part des dernières nouvelles concernant... Elios. » Un petit sourire s'afficha sur ton visage. Olyvia etait la demi-soeur de ton petit-ami et tu l'avais aidé a nouer les liens avec ce dernier. Malgre, les premieres apparences, il s'agissait d'une jeune femme tres gentille et avec qui tu te sentais a l'aise. "Raconte moi tout." Ca allait te garder l'esprit un peu a l'ecart de la maladie qui te rongeait.

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tu es si pâle, si fragile.

Tu continuais de croire que parler de cette histoire dans un hôpital n'était peut-être pas le lieu le plus adéquat pour la chose, mais Feldt avait bien le droit de savoir. Qui plus est, ça pourrait peut-être, justement, lui faire oublier où elle se trouve et dans quel état elle est. Elle voulait peut-être qu'on arrête de la traiter comme une malade et que pour une fois, on puisse aller la voir sans pitié et sans regret. Du moins, si tu étais à sa place et que Thaïs ou quelqu'un d'autre de qui tu es proche venait te rendre visite, tu souhaiterais qu'on n'emploie pas les petites phrases toutes faites comme " tu vas t'en sortir " ou " ne t'inquiète pas, ils trouveront un remède ! ". Bref. Tu souris timidement à la jeune femme avant de t'asseoir sur une chaise près de la fenêtre. « Raconte moi tout. » Qu'est-ce qu'il y avait à raconter, au juste ? Elios avait réagit de la façon la plus prévisible qui soit. Il avait essayé de resté calme, bien que tu pouvais clairement lire en lui toutes ces émotions aléatoires qui s'entrechoquaient. Tu ne pensais pas non plus qu'il aurait très bien réagit en premier lieu, cela dit il t'avait surpris. « Au départ, il pensait que je voulais lui avouer mon amour... Ça m'a plutôt fait rire. Je me suis dit que si ça avait été que ça, ça aurait été plus facile... » murmuras-tu afin que toute la foule n'entendent pas. Tu repris, un peu plus sérieusement. « Il a plutôt bien réagit. Sur le coup, il était surprit... Mais il ne m'a pas viré de la table à laquelle on était assise... C'est plutôt bon signe. » C'est vrai... Il aurait pu te chasser, te demander de ne plus jamais l'approcher... Ce qu'il ne fit pas. « Je dois quand même lui laisser du temps pour digérer tout ça, c'est sûr... » conclus-tu en regardant la rouquine amochée dans les yeux.

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tu es si pâle, si fragile.

On n'y croit jamais tant qu'on se retrouve pas au plein milieu. T'avais entendu de cette vague de malade et tu t'etais dis que non tu te feras pas touchée. Mais visiblement, tu t'etais bien trompée et tu n'avais pas cru qu'elle serait aussi dévastatrice. Tu avais la sensation que ton corps entier se decomposait a l'interieur de toi, tes organes mourant un peu plus chaque jours depuis que tu etais entrée dans cette chambre de quarantaine. Tu ne pouvais voir personne, tu ne pouvais sortir. Tu etais couchée dans ce lit a longueur de journée. On te donnait des medicaments contre la douleur mais ca ne changeait pas grand chose. Tu essayais bien souvent de penser a autres choses, mais c'etait dure. C'est pour cela que tu aimais beaucoup avoir des visites. Ca te permettait de penser a autres choses pendant un moment et de te concentrer sur la conversation avec tes amis. De plus, il s'agissait d'une conversation importante avec Olyvia. Tu savais deja qu'Elios etait au courant, mais tu voulais l'entendre d'elle, savoir comment il avait reagi. Il ne t'en avait pas vraiment parle, voir pas du tout meme. Tu ne savais pas comment il vivait avec la nouvelle mais tu ne voulais pas le pousser de s'exprimer. Ca ne servait a rien et vu la situation avec ses parents -a cause de toi- ce n'etait pas une bonne idée. Tu ecoutais ce que la jeune italienne te disait, souriant alors qu'elle t'annoncait qu'Elios avait cru qu'elle etait amoureuse de lui. Ca aurait ete plutot drole, mais tu savais que tu commencais parfois a jalouser les filles qu l'entouraient. Elles etaient toutes parfaites contrairement a toi qui avait quand meme beaucoup de defaut. Tu lui rendis un sourire alors qu'il finit. "C'est deja une bonne nouvelle. C'est normal qu'il a besoin de temps, mais ca viendra. Il viendra te voir quand ca ira mieux."

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tu es si pâle, si fragile.

« C'est deja une bonne nouvelle. C'est normal qu'il a besoin de temps, mais ca viendra. Il viendra te voir quand ca ira mieux. » Tu souris légèrement, presque timide. Tu voulais parler de ta rencontre avec ton demi-frère à Feldt, mais tu allais tout de même sauter les détails inutiles. Elle n'avait pas besoin de croire qu'au début, il croyait que c'était une mauvaise blague... Il a ensuite cru que tu étais là pour le trône, puis il s'est levé d'un bond... Tu as dû le rattraper pour que vous puissiez finir votre conversation calmement. Tu as dû le forcer pour qu'il t'écoute, qu'il comprenne la vérité. Tu lui as même montré la lettre que ton père avait écrite à ta mère... Ça avait prit du temps avant qu'il « réagisse plutôt bien », en vérité. Mais tu n'avais pas besoin d'énerver la jeune malade avec tous les à-côtés de votre dîner en tête à tête. Tu raclas difficilement la gorge, ayant un certain mal à avaler ta salive. « Oui, je suis certaine qu'il viendra me voir lorsque ça ira mieux... Mais je ne pense pas que ce soit dans les prochaines semaines... C'est que son monde vient de s'écrouler là. Son père était infidèle. Avant même qu'il soit au monde. Ça donne quand même un choc et... Je lui ai donc gâché sa vision de sa famille, tout ça. J'ai réduis ses souvenirs en cendres et... » Tu t'arrêtas net, voyant bien que si tu parlais davantage, tu finirais par paniquée et ce n'est pas ce que tu avais envie. Tu ne devais pas paniquer. Tu ne devais pas céder. Pense à tout ce que tu as endurée, toi, par rapport à ce mensonge. Tu as cru que ton père était mort ! Tu as cru que tu n'avais que ta mère alors qu'en fait, c'était elle la malhonnête. Tu pris une grande inspiration, forçant un sourire à se poser sur tes lèvres. « Excuse-moi. Je ne voulais pas t'emmerde avec ces histoires... Je devrais repasser... » dis-tu, gênée de t'être à nouveau emporter. Décidément, Feldt avait droit à la version non-censurée de toi. Et c'était un peu gênant...

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« Oui, je suis certaine qu'il viendra me voir lorsque ça ira mieux... Mais je ne pense pas que ce soit dans les prochaines semaines... C'est que son monde vient de s'écrouler là. Son père était infidèle. Avant même qu'il soit au monde. Ça donne quand même un choc et... Je lui ai donc gâché sa vision de sa famille, tout ça. J'ai réduis ses souvenirs en cendres et... » Tu ecoutais attentivement Olyvia. C'est vrai que cela a du etre un choc enorme pour Elios, d'apprendre que son pere avait ete infidele. Qui ne serait pas sous le choc apres une annonce de la sorte? Si un jour quelqu'un apparaissait dans ta vie et te disait que vous aviez le meme pere alors que tes parents sont morts depuis si longtemps, tu reagirais clairement de la meme maniere. En plus de cela, il y avait toute l'histoire avec ses parents du comment ils t'avaient traité lors de votre visite au debut du mois. Cela avait ete un vrai desastre et Elios etait en froid avec ses parents depuis ce jour-la. Il ne devait vraiment pas se retrouver dans une situation facile. "Je pense que ses parents lui ont reduit ses souvenirs eux-meme…" Dis-tu en repensant a cette soirée, ce sejour, a comment ils n'avaient meme pas osé regarder leurs petits enfants et t'avais traite comme si tu n'etais qu'un vieux torchon. Vive les parents quoi. « Excuse-moi. Je ne voulais pas t'emmerde avec ces histoires... Je devrais repasser... » Tu secouais la tete, affichant un petit sourire. "Tu ne m'embetes pas. A vrai dire, ca me permet de penser a autre chose qu'a cette chambre et ce virus en moi." Toussant alors fortement, tu pris du temps pour reprendre ton calme. Si seulement, tu pouvais sortir et voir la lumiere du jour juste un peu. Seulement, c'etait completement impossible. Tu devais rester ici.

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Quelques fois tu te questionnes encore à savoir ce qui t'a pris de venir aux États-Unis pour rejoindre ce demi-frère qui ignorait, à l'époque, ton existence. Quelles avaient alors été tes réelles intentions ? Avais-tu agis ainsi pour te venger ? Pour te soulager ? Pour faire du mal à quelqu'un ? Non. Non. Et non. S'il y a bien un chose que tu savais, c'est que tu en avais marre de faire du mal aux gens près de toi. Et s'il y a une chose que tu ne voulais pas, c'était que ta venue dans la vie d'Elios soit porteuse de mauvaises nouvelles... Quoi que. À quoi tu t'attendais ? Qu'il t'accueille à bras grand ouvert ? Tu pris une grande inspiration et d'un léger coup de tête, tu chassas ces idées. « Je pense que ses parents lui ont reduit ses souvenirs eux-meme… » Tu arquas les sourcils, ne comprenant pas trop ce qu'elle voulait dire par là. Tu préféra changer de sujet littéralement. « Tu ne m'embetes pas. A vrai dire, ca me permet de penser a autre chose qu'a cette chambre et ce virus en moi. » dit-elle avant de se mettre à tousser. Ça semblait si grave... Mon Dieu que tu n'aurais pas aimé être dans ces draps-là. Tu lui souris légèrement lorsqu'elle s'arrêta de tousser. Après quelques secondes à hésiter, tu demandas enfin... « Tu as déjà vu le père d'Elios ? Il est comment ? » Tu préférais encore utiliser le terme « le père d'Elios » plutôt que de dire « mon père ». Tu ne savais rien de lui et ... il ne savait rien de toi. Alors tu n'allais pas commencer à l'appeler papa...

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tu es si pâle, si fragile.

Olyvia etait une fille gentille et malgre sa premiere impression assez mauvaise, tu avais fini par lui donner une chance. Elle avait ete menti toute sa vie en ce qui concernait son pere et tu n'aurais pas aime etre a sa place. C'est comme si on t'apprenait maintenant qu'en verite tes parents n'etaient pas mort. Bon, c'etait faux, tu le savais, mais voila, tu essayais de te mettre a sa place, et c'etait vraiment difficile. « Tu as déjà vu le père d'Elios ? Il est comment ? » Si tu l'avais deja vu? Ô que oui et cela n'avait pas ete une rencontre bien heureuse. Il avait ete odieux, tout comme la mere d'Elios. Tu te souviendrai toujours de ce sejours ou ils n'avaient meme pas osé lancer un regard sur les jumeaux. Tu ne voulais pas ruiner l'opinion d'Olyvia. Elle devait elle-meme se faire une opinion de son pere. T'en avais une bonne de lui en tout cas et a vrai dire, ne pas avoir reconnu son propre enfant pour ne pas ruiner sa vie, il aurait egalement du y penser avant d'avoir une affaire avec la mere de la jeune eliot en face de toi. "Oui, apres le nouvel an, on est allé en Italie avec Elios. Disons que ca n'a pas ete un beau sejour. J'veux pas te ruiner tes idées, mais il est odieux, hautain et meprise tout qui n'est pas de son monde ou comme il le veut." Lui dis-tu avec un petit air desolé. Il devait surement etre une bonne personne. Apres tout il etait le roi d'Italie et semblait etre aime par son peuple. Mais comment il t'avait traite avec sa femme, tu t'etais sentie plus qu'humilier ce soir-la.

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